Tliba dénigre Toufik : la nouvelle stratégie à double-tranchant du pouvoir

La lettre du général Toufik, dans laquelle il prend la défense du général Hassan, a suscité depuis sa publication une réponse médiatique musclée de la part du pouvoir.

Ce fut d’abord le gouvernement, par le biais du ministre de la Communication Hamid Grine, qui a dénoncé la lettre et son contenu en le qualifiant d’ « hyperviolence ». Considérant que le général Toufik « remet en cause l’État de droit et la souveraineté du pouvoir judiciaire », le ministre a appelé l’ex-patron du DRS « à être responsable de [ses] mots ».

Vint ensuite le tour du Secrétaire général du FLN, Amar Saâdani, de réagir à la lettre de façon très critique et parfois moqueuse. Estimant que la lettre émanait d’un homme « surestimé quand il était derrière les rideaux et gonflé une fois à la retraite », Saâdani a considéré que « cette lettre n’honore pas [le général Toufik]. Il a été contraint de la faire ».

Enfin, la dernière sortie en date en provenance du pouvoir est celle de Baha Eddine Tliba, député FLN et vice-président de l’APN. Ce dernier, lors d’un entretien télévisé, s’est attaqué au général Toufik tout en dénigrant le général Hassan. Du fait de son statut politique moindre que celui du Secrétaire général du FLN, Baha Eddine Tliba n’a pas retenu ses coups, n’hésitant pas parfois à frapper en dessous de la ceinture.

Le député a donc qualifié Louisa Hanoune de « marionnette » dont le général Toufik serait selon lui le « parrain ». Il a dénigré le général Hassan en le considérant « fabriqué par le général Toufik au détriment de compétences nationales ». Il a affirmé que le général Toufik a agi par « peur pour sa personne ».

Baha Eddine Tliba a utilisé dans l’ensemble des formules et porté des attaques indignes de la fonction de député ou d’un homme politique en général. La sortie médiatique de Baha Eddine Tliba représente en somme le moment où le pouvoir est sorti de la simple phase de réaction à la lettre, pour entrer de plain-pied dans une campagne de dénigrement du général Toufik et ses proches.

La prudence devrait pourtant être de mise, car ce procédé peut s’avérer contre-productif. Pour tous les défauts qu’il peut porter et symboliser, le général Toufik aura quand même été patron du DRS pendant 25 années, dont seize sous le règne du président Bouteflika. La contribution de ce Département sous son égide dans la lutte antiterroriste est significative. Personne ne peut le nier, y compris ses adversaires.

Pire : le dénigrement de sa personne est une épée à double-tranchant, car les actions entreprises par le général Toufik ont été techniquement faites avec l’aval du Président pendant seize ans. Dénigrer de façon aveugle le général Toufik sans prendre le temps d’établir un argumentaire raisonné, c’est aussi prendre le risque de voir émerger la question de savoir pourquoi il a fallu attendre l’été 2013, pour que le patron du DRS commence à déranger les plus hautes sphères du pouvoir.