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L’adoption de la LF 2016 referme la parenthèse du « patriotisme économique »

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L’adoption de la LF 2016 referme la parenthèse du « patriotisme économique » Empty L’adoption de la LF 2016 referme la parenthèse du « patriotisme économique »

Message  Yanis Zidane Ven 11 Déc - 22:05


Organisons la résistance populaire à l’offensive antisociale, antinationale et antidémocratique du pouvoir
L’infitah initié à la fin des années 1970 visait à déposséder le peuple algérien des richesses et des moyens de production qui, par le biais de la propriété juridique publique, lui appartenaient formellement.
Depuis 35 années maintenant, les régimes qui se sont succédé ont poursuivi cette politique de spoliation au service d’une jeune mais avide bourgeoisie algérienne privée en formation accélérée et du capital international qui a effectué un retour spectaculaire dans notre pays par le biais de la suppression du monopole d’Etat sur le commerce extérieur, du Plan d’ajustement structurel (PAS), du bradage de fleurons de l’industrie publique, de l’octroi de marchés juteux aux multinationales, de l’installation de banques et d’assurances venues drainer les ressources en devises du pays.
Cette entreprise de spoliation initiée par un régime dictatorial dans les années 1980 puis par des régimes autoritaires à façade démocratique a bénéficié du concours actif de l’islamisme, tant au gouvernement que dans l’opposition et les maquis. Au-delà des contradictions qui la traversent, cette sainte-alliance a infligé une défaite historique au mouvement ouvrier et populaire et au mouvement anti-impérialiste.
L’infitah a entrainé une polarisation sans précédent de la société algérienne. En haut, une minorité bourgeoise qui vit dans un luxe indécent et qui n’exige pas moins qu'on lui remette le pouvoir d’Etat afin de s’accaparer totalement les richesses et les biens du pays, en partenariat avec le capital international. En bas, les prolétaires, ceux qui ne possèdent aucun moyen de production et qui ne vivent que de la vente de leur force de travail. Au milieu, une petite-bourgeoisie dont des pans entiers sont tirés vers le bas, happés par un processus de paupérisation rampant.
En dépit des victoires remportées et des immenses dégâts économiques et sociaux engendrés, la rapace bourgeoisie algérienne soutenue par l’impérialisme (FMI, BM, puissances du G7, multinationales, banques…) n’a pas réussi à déposséder totalement le peuple algérien. Au milieu des années 2000, messieurs Ouyahia et Temmar promettaient la privatisation des 1 200 entreprises publiques restantes, y compris au profit du capital étranger, tandis que la loi Khelil de dénationalisation des hydrocarbures était adoptée par l’APN avec le soutien actif de la direction bureaucratique et anti-ouvrière de l’UGTA.
La parenthèse du « patriotisme économique »
Pourtant, cette promesse ne fut pas tenue. La loi Khelil sera amendée dans certaines de ses dispositions les plus antinationales alors que le processus de privatisation se retrouvera « en panne » comme ne cessaient de se lamenter les ultralibéraux de l’opposition et du pouvoir. Pis encore, reconnaissant publiquement en 2008 l’échec de sa politique économique basée sur une substitution du secteur privé au secteur public et sur l’appel aux investissements directs étrangers (IDE) dans un contexte de nouvelle crise du capitalisme mondial, Bouteflika amorcera l’année suivante une politique dite de patriotisme économique (LFC 2009) qui ambitionnait de protéger quelque peu l’économie nationale des soubresauts du capitalisme mondial et de l’avidité insatiable de ses banques et de ses multinationales.
Cette politique de « patriotisme économique », ô combien limitée et inconséquente, ne constituait pas une rupture avec les politiques libérales. Elle ne représentait qu'une simple pause dans le long cycle de l’infitah et visait juste à atténuer les effets les plus néfastes des politiques suivies jusque-là.
Frapper vite et fort
C’est cette parenthèse du « patriotisme économique » que le pouvoir a refermé aujourd’hui en faisant passer en force la LF 2016 à l’APN. Effrayé par la chute des revenus financiers issus de la vente des hydrocarbures, Bouteflika et Sellal jurent qu'ils maintiendront le caractère social de leur politique. Mais la réalité implacable ne leur laisse guère d’autre choix que d’appliquer avec de plus en plus de vigueur la politique antisociale, antinationale et antidémocratique que prônent depuis des années les ultralibéraux de l’opposition et du pouvoir. Austérité pour les masses à travers la hausse de la TVA sur des produits de base (électricité, gaz, carburants…), remise en cause annoncée des subventions, relance des privatisations d’entreprises publiques, cadeaux au capital étranger, français en premier lieu, tels sont les objectifs affichés par la LFC 2015 et la LF 2016 adoptée de façon antidémocratique à l’APN.
La fermeture brutale de la parenthèse du « patriotisme économique » effraie les forces qui l’avaient approuvée, même celles qui ne sont pas forcément antilibérales ou dans l’opposition. La « lettre des 19 » exprimait déjà l’inquiétude de personnalités proches de Bouteflika devant le cours ultralibéral et compradore des orientations du gouvernement. Les députés du PT, du FFS, ceux de l’Alliance de l’Algérie verte et du FJD et même du FLN ont dénoncé les caractères antisocial et antinational de la LF 2016. Ils se sont courageusement levés pour dénoncer son contenu et le coup de force qui a permis son adoption. Pour faire passer le projet de Benkhelfa-Bouchouareb à l’APN, Amar Sâadani a exercé des pressions sur les députés du FLN dont certains renâclaient, contrairement à leurs collègues du RND, à voter le projet de LF 2016.
Construire la riposte
Face à cette nouvelle et violente offensive du pouvoir, la riposte doit se construire. La bataille va maintenant se déplacer au Conseil de la nation (sénat) où le projet de LF 2016 sera présenté dans quelques jours. Des sénateurs et sénatrices entendent résister au coup de force du gouvernement. Il faut les encourager et les soutenir.
Mais il est clair que la LF 2016 sera finalement adoptée par le Parlement car le rapport de forces y est largement en faveur de la majorité FLN/RND. Ce n’est donc pas en son sein que l’offensive gouvernementale pourra être stoppée. Elle ne le sera pas davantage par une rencontre avec le président de la République, l’instauration d’une commission indépendante d’organisation des élections ou la tenue d’une conférence de consensus national.
La riposte doit se construire au sein du peuple afin qu'il prenne en main ses propres affaires. Lui seul est en mesure de mettre un terme à l’offensive actuelle. Les travailleurs du CVI Rouiba en lutte contre le non-paiement de leurs salaires et le sabotage de leurs entreprise-phare du secteur industriel public montrent la voie, comme ceux d’ArcelorMittal Annaba il y a quelques années, ceux d’autres entreprises menacées aujourd’hui (Alver d’Oran, Savest de Tébessa…) ou la population d’In Salah mobilisée pour défendre l’environnement contre les intérêts des multinationales et de leurs relais locaux. Le pouvoir a bien compris d’où vient la menace. C’est pourquoi il a réprimé avec une rare violence le pacifique rassemblement des ouvriers de la SNVI Rouiba.
Organiser la résistance populaire
La solution viendra de la mobilisation et de l’unité des travailleurs et des masses populaires. Les luttes au sein des institutions (Parlement, APC…) et les campagnes politiques sont nécessaires pour sensibiliser les forces sociales (travailleurs, chômeurs, paysans, femmes, étudiants, artisans…) dont la mise en mouvement pourra seule mettre un terme à la politique actuelle.
Une telle solution ne se décrète pas, elle se construit. Cela exigera du temps car le rapport de forces est encore largement en faveur du pouvoir qui représente et défend les intérêts de la bourgeoisie et du capital international. Contrairement à ce qu'affirment ceux qui se bercent d’illusions, ce dernier n’est pas finissant et encore moins vacant.
En l’état actuel du rapport de forces, la première tâche consiste à organiser la résistance populaire. Cela implique d’appeler :
- les travailleurs et syndicalistes, membres des syndicats autonomes ou de l’UGTA, ainsi que les collectifs de travailleurs, les chômeurs, les retraités… à dénoncer publiquement (déclarations, tracts, interviews…) la politique du gouvernement, à protester contre la répression qui frappe leurs camarades en lutte et à se solidariser entre eux.
- ces mêmes travailleurs, chômeurs et retraités à ne pas renoncer à leurs luttes (grèves, protestations…) afin de faire aboutir leurs revendications légitimes et de défendre les libertés syndicales menacées.
- les paysans pauvres et sans terres qui arrivent déjà difficilement à s’en sortir, les jeunes en formation (université, formation professionnelle, lycées…) dont l’avenir est bouché, les cadres et tous les citoyens attachés à la souveraineté nationale, à la justice sociale et à la démocratie à exprimer leur refus de cette politique suicidaire et répressive.
- toutes les forces politiques et sociales (partis, associations, mouvements, ligues…) à converger autour d’une plate-forme de résistance à la politique d’austérité, de bradage et de répression afin d’entreprendre le travail de sensibilisation et de mobilisation populaires.
C’est par l’action unie de résistance que se forgera un pôle porteur d’une alternative démocratique, nationale et sociale.
Alger, le 6 décembre 2015
Lamine Torki
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