GLAOIRE AUX FEMMES KURDES
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Azul- Nombre de messages : 29959
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Re: GLAOIRE AUX FEMMES KURDES
GLOIRE AUX FEMMES KURDES
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Re: GLAOIRE AUX FEMMES KURDES
La « Dame de fer » kurde veut s’inspirer de Theodor Herzl
Ex-guérillera du PKK, qui a tenté de l'éliminer, Neval Celik vit aujourd'hui sous la protection des Peshmergas au Kurdistan irakien, et travaille pour l'avenir des Kurdes
Par Pierre-Simon Assouline 27 janvier 2018, 13:17 0
Neval Sevda Celik à Erbil, Kurdisan irakien, en février 2016 (Crédit: Pierre-Simon Assouline)
Neval Sevda Celik à Erbil, Kurdisan irakien, en février 2016 (Crédit: Pierre-Simon Assouline)
« Je me suis toujours demandée comment les Juifs et les Kurdes, qui ont commencé à se battre pour leur liberté à la fin du 19e siècle, n’ont pas pour autant connu le même destin, » s’interrogeait, il y a plus d’un an, cette femme au passé rempli, assise face à nous, cigarette à la main dans un café d’Erbil, la capitale du Kurdistan irakien.
On trouve d’anciens combattants kurdes de toutes les formes sur ce territoire : vieux Peshmergas burinés, intellectuels dégarnis formés en ex-URSS, jeunes chauffeurs de taxis ayant quitté l’uniforme et la kalashnikov faute de salaire…
Et dans ce café cosy du quartier chrétien d’Erbil, cette femme d’apparence bourgeoise : Haut vichy, chevelure jetée en arrière, œil vif et voix posée, voici Neval Sevda Celik.
Bourgeoise, mais d’apparence seulement. Celik est son nom de guerre, hérité de quinze années de guérilla passées au sein du Parti turc des travailleurs kurdes (PKK), reconnu comme une organisation terroriste par l’Union européenne, qu’elle a quitté en 2004.
Aujourd’hui, c’est ainsi qu’elle signe ses articles sur le site Nerina Azad. Il y est quelques fois question de Theodor Herzl, de Ben Gourion et du « modèle israélien ».
Au Kurdistan, cette intellectuelle qui veut penser le Kurdistan de demain n’est pas la seule à s’intéresser au « petit pays ». Au souk d’Erbil, sur les étals des libraires, il n’est pas rare de tomber sur une biographie du fondateur de l’état juif en langue kurde, ou sur l’Altneuland de Theodor Herzl traduite en turc.
Enchaînant ses petites Vogue, elle continue : « Les Juifs et les Kurdes ont connu les mêmes promesses d’indépendance lors de la ratification du Traité de Versailles [un traité de paix signé le 28 juin 1919 entre l’Allemagne et les Alliés à l’issue de la Première Guerre mondiale], qui répartit les miettes de l’Empire ottoman démantelé après la Première Guerre mondiale. En vainqueurs, l’Angleterre et la France redessinèrent alors la carte du Moyen-Orient. Les Juifs eurent la garantie de Lord Balfour d’avoir un Etat. Les Anglais firent une promesse similaire aux Kurdes. Mais aujourd’hui, nous les Kurdes d’Irak, nous n’avons toujours pas de véritable gouvernement, ni de pays autonome. Et Israël avance ».
Et depuis le référendum pour l’indépendance qui a failli leur coûter très cher en septembre dernier, les Kurdes d’Irak ont même eu l’impression de reculer. « Seul Israël, lors de ce référendum, a soutenu le droit des Kurdes, » nous expliquait-elle plus récemment…
Couverture de Altneuland (« le pays ancien-nouveau ») de Theodor Herzl écrit en 1902, dans lequel où il décrit son utopie sioniste démocratique à travers un roman. Exemplaire de Neval Celik en turc (Crédit: bibliothèque de Neval Sevda Celik)
La méthode Herzl
L’unité et l’engouement créés par Herzl autour d’un projet national sont une source d’inspiration pour Celik. Tout comme son talent pour mêler actions concrètes et lyrisme utopique.
« A la fin du 19e siècle, Herzl a réussi à créer un embryon de société, une sorte de pré-gouvernement – sans avoir même de pays ! Il a créé ce proto-gouvernement avec des tendances pourtant très différentes, voire antagonistes, » souligne-t-elle en faisant référence au Congrès sioniste mondial.
« Il n’a pas eu peur non plus de passer pour un fou en réclamant des fonds aux grandes fortunes juives afin d’acheter des parcelles de terre aux Ottomans et aux Arabes, à travers le Fonds pour l’implantation juive, » avance Celik.
Le site de Neval Sevda Celik comprend plusieurs articles consacrés à l’auteur de l’Etat juif, livre-programme qui jeta les bases du futur Israël dès 1897.
Lors du premier Congrès sioniste à Bâle, Herzl propose un « plan de réunification nationale » qui veut inclure toutes les sensibilités politiques ou religieuses de la diaspora. Une unité qui fait largement défaut aux Kurdes, selon Celik.
Plutôt de nature intello que combattante, Celik veut parler des idées, des défis imminents que doit dépasser son peuple. Oui, aujourd’hui, elle dit « peuple », et même « nation ». Elle ne pense plus exclusivement aux camarades, à l’égalitarisme dogmatique du parti, et réfléchit en dehors des clous plantés par Abdullah Oçallan (dit Apo, l’Oncle en kurde) depuis son île-prison d’Imrali…
Trop d’années à s’abreuver des théories fluctuantes d’Apo – de la guerre totale menée contre la Turquie à la collaboration avec Ankara – lui ont donné soif de solutions concrètes, tangibles et ancrées sur une base solide. Et les idées de Nation, de peuple, d’indépendance sont venues remplacer le Parti qui était tout cela à la fois.
Theodor Herzl s’adresse aux participants au premier et au second Congrès sioniste, à Bâle, en 1897/8. (Crédit : GPO)
En ce sens, selon elle, Herzl a réussi quelque chose d’extraordinaire afin de jeter les bases du futur Israël, une chose qui manque aujourd’hui aux Kurdes : « il a créé une émotion. Une sensation ‘nationale’ ! ».
Herzl a éveillé le désir des juifs exilés, il a réussi à parler à leur cœur autant qu’à leur raison.
« A son contact les Juifs se sont comme réveillés en se disant ‘avoir un État, c’est possible’. Cela a permis de créer une unité solide ». Une révélation semblable l’a touchée alors qu’elle était encore dans le PKK : « je me suis sentie ‘nationale’, alors j’ai quitté le PKK, car Oçallan, le chef du PKK, a enterré l’idée d’un Kurdistan indépendant, pour proposer l’idée d’une fédération de peuples. Or, la liberté individuelle, la culture, la stabilité ne peuvent exister que dans un État-nation ».
S’inspirer de la « méthode juive »
Cevil Sevda Celik l’affirme sans ambages, les Kurdes, s’ils veulent enfin obtenir des résultats, doivent s’inspirer de l’histoire juive. « Les juifs sont solidaires, explique-t-elle, et leur lobbys sont organisés dans la Diaspora. Nous devons comprendre que nous sommes trop désunis. Les Kurdes ne peuvent pas se supporter entre eux ! Nous devons contacter ces organisations, et travailler avec elles pour s’en inspirer ».
Elle n’en regarde pas pour autant avec béatitude le PDK de Massoud Barzani et l’UPK de Talabani, qui tiennent et se partagent peu ou prou le Kurdistan irakien où elle demeure. Elle sait leurs excès, leurs limites. Mais malgré cela « où viennent se faire soigner le[s membres du] PKK lorsqu’ils sont blessés ? Où sont situées leurs bases arrières ? Oui, au Kurdistan irakien, malgré tout plus stable, plus inclusif, plus ouvert. Alors que l’Iran les pend, la Syrie les parque, et la Turquie les assassine ».
Alors elle préfère ce proto-état kurde, avec ses défauts, « son carriérisme outrancier qui a remplacé l’espoir d’indépendance », sa corruption, son clientélisme et ses désaccords qui se règlent encore par la violence. « Il reste en meilleure position pour définitivement offrir la liberté et l’indépendance aux Kurdes ».
Apo et Massoud Barzani réunis au souk d’Erbil sur des badges, en contrebas de la forteresse de la ville (Crédit : Pierre-Simon Assouline)
Aujourd’hui sur le site Nerina Azad elle écrit et elle analyse. « La contre-propagande de la Turquie est intense, ce travail est nécessaire. Mais je ne voulais pas donner d’interviews auparavant pour ne pas être instrumentalisée et devenir ‘l’opposante qui a quitté le PKK’. Mes critiques du PKK je les écris, je les argumente, mais je suis solidaire du peuple kurde de Turquie. Je suis une femme kurde qui veut faire des choses pour son peuple ».
Des assassins sont sur sa piste
L’histoire de Neval Sevda Celik est celle d’une conversion radicale. D’un retour à la vie normale, civile, presque à l’apaisement. Assise à la table de ce café d’Erbil, seul l’enchaînement des fines cigarettes trahit une certaine contraction. « Les Kurdes trouvent ce modèle plus élégant, » savoure avec plaisir celle qui a quitté l’ascétisme stalinien du Parti des travailleurs kurdes (PKK). Mais pas la cause kurde.
« Je suis une femme kurde qui veut faire des choses pour son peuple »
C’est la première fois qu’elle parle. Celik a quitté la Révolution, mais pas ses pudeurs. Dans l’idéologie du PKK, l’individu s’efface devant le collectif. Et parfois le « on » l’efface même physiquement, si la loi du PKK lui pose problème. Cette violence interne est l’une des raisons de son départ. Mais le bruit des armes ne l’a pas quitté pour autant : sa tête est encore mise à prix, des camarades dissidents comme elle ont été la cible d’assassinats non revendiqués.
En Turquie, on ne peut pas naître kurde
Celik est née en 1972 à Dyarbakir, dans la partie kurdophone de Turquie, dans une famille d’intellectuels totalement assimilée. L’école turque lui apprend une histoire particulière : ses livres d’école lui expliquent que les Kurdes « sont des arabes d’Irak », leur langue « un patois montagnard », mais que « la chance leur a souri » le jour où la Turquie a accepté de les intégrer en son sein.
Un Kurde irakien avec des portraits du président russe Vladimir Poutine, à gauche, du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, à droite, et du président du Kurdistan irakien Massoud Barzani pendant une manifestation devant les bureaux des Nations unies à Irbil, capitale de la région autonome, le 21 octobre 2017. (Crédit : Safin Hamed/AFP)
Bref, les Kurdes n’existent pas. Alors à l’Université d’Ankara quand elle rencontre des étudiants kurdes militants, c’est l’éveil. Elle rejoindra les rangs du PKK en 1992. Gravissant rapidement les échelons, elle se rend en Syrie pour diriger la propagande, puis dans différents pays de l’Union européenne d’où elle coordonne les activités des cellules du PKK.
Au moment de l’arrestation d’Abdullah Oçallan le 15 février 1999 au Kenya puis de son incarcération en Turquie, Celik est toujours une agente clandestine itinérante. Mais en apprenant la nouvelle, elle retourne dans les montagnes de Turquie, la forteresse naturelle du PKK pour réorganiser la clandestinité des guérilleros privés de leur chef.
Au milieu des montagnes du Qandil, terrain de prédilection des guérilleros, elle rejoint ses frères d’armes. Ses derniers, biberonnés à la doxa marxiste rejoignent la guérilla comme on entre en religion : vénération d’Apo, rééducation intellectuelle, punition de mort pour les têtes dures, vie dans la nature et le froid, nourriture chiche, et hygiène de circonstance.
Le PKK suit une discipline monastique, renforcée par l’interdiction punie de mort de nouer des relations entre combattants et combattantes. Leur vie se partage entre attente, déplacements furtifs dans les montagnes et guet-apens tendus aux forces turques sur les routes de l’Anatolie.
Des soldats turcs montent la garde sur le site d’une explosion à la voiture piégée attribuée aux rebelles du parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) à Diyardakir, le 15 août 2016. (Crédit : Ilyas Akengin/AFP)
Des montagnes, Celik commence à se tourner vers l’Occident, son modèle démocratique et ses libertés individuelles. Mais le PKK regarde naturellement à l’est. Le Moscou de Staline reste sa boussole. Malgré les adoucissements qu’a connu la ligne du parti des travailleurs kurdes, les médisants diront que le but de son combat reste précisément de poursuivre le combat. Et les lendemains qui chantent y restent par définition des lendemains.
Un jour indépendantiste, puis « socialiste réel » ou fédéraliste, la doctrine d’Apo prône la reprise du dialogue et le lendemain appelle ses troupes à tendre des embuscades. Et le combattant de base, tiraillé entre sa vie de moine-guerrier, le combat à mort contre Ankara, et l’idéologie fluctuante d’Apo parfois se défroque. Cela peut lui coûter la vie, ou quelques temps dans une prison révolutionnaire et montagnarde.
La séparation de Celik s’est faite plus en douceur, même si elle a connu plusieurs fois la prison. La rancœur du PKK ne l’a rattrapée qu’après.
Vient donc le temps des désaccords. Au 7e Congrès du Parti, peu de temps après l’arrestation d’Apo, on lui « propose » d’intégrer le Comité central. Elle refuse, car « l’organisation féminine n’y était pas assez représentée, dit-elle. Alors moi et quatre autres femmes avons été arrêtées et enfermées ». Leurs noms sont traînés dans la boue, selon les méthodes staliniennes en vigueur, on brise leur réputation. A sa sortie, elle rejoint le PWDK, une nouvelle tendance du PKK créée par un frère du leader, Osman, un peu plus libéral. « En 2004, nous avions une grosse base derrière nous, alors Oçallan, depuis sa prison, a ordonné que nous soyons isolés ».
Des Kurdes manifestent avec des panneaux disant « Non à la dictature » et le portrait du chef du PKK, Abdullah Oçallan, à Francfort, le 18 mars 2017 (Crédit : AFP/dpa/Boris Roessler)
« D’autre part, ajoute l’ex-guérillera, à cette période Nezar Bash (nom de guerre : Botàn) qui était alors le boss du PWDK a rencontré des émissaires des États-Unis, d’Israël et d’Europe pour sonder leur bonne volonté envers la cause kurde. De son côté, le PKK travaillait alors main dans la main avec la Syrie, l’Iran et l’Irak », de vieux ennemis des Peshmergas, intéressés à déstabiliser la Turquie en instrumentalisant le PKK. Alors le fossé a continué à se creuser.
La branche a définitivement quitté l’arbre lorsque le PWDK s’est installé de l’autre côté de la frontière du sud-est de la Turquie, en Irak. « L’accueil des Peshmergas a été très bon, et sans rancune, malgré les affrontements passés. Les sympathisants du PWDK sont nombreux en Turquie et les relations entre PKK et Peshmergas sont souvent passés par le dialogue des armes. Ils nous ont bien accueillis, car il n’est pas inutile de ménager de potentiels alliés de l’autre côté de la frontière, » indique Celik.
Aujourd’hui des assassins sont sur sa piste. C’est paraît-il assez courant ici. Plusieurs membres du PWDK ont déjà été éliminés, ici même, au Kurdistan irakien : « Kami Ilman, le diplomate, ou Kari Ilmasi, pour ne citer qu’eux ». Personne ne sait vraiment qui a tiré : peut-être la Turquie pour qui les revendications du PWDK riment trop avec « indépendance » ? Ou le PKK, pour les mêmes raisons d’ailleurs, mais aussi pour s’être soustrait à l’autorité d’Apo ? Autour de chez elle veillent des Peshmergas en armes. A la maison, les kalachnikovs restent à portée de main. Comme dans les montagnes.
Entre Erbil, et Dohuk, aux confins de l’Irak et de la Turquie, la démocratie et le patriotisme sont des idées subversives qui coûtent encore cher à leurs partisans.
En février 2016 un soldat peshmerga monte la garde dans un fortin surplombant le Tigre. Ce fleuve est alors la ligne de front entre les combattants de Peshmergas et de Daesh. (Crédit: Pierre-Simon Assouline)
Aujourd’hui, le Kurdistan irakien vit une période étrange : les anciens clans (Barzani et Talabani pour ne citer que les deux principaux) tentent de se transformer en partis politiques traditionnels (PDK et UPK) afin d’assurer la transition vers la démocratie. Mais le clientélisme persiste, et les vieilles méthodes pour régler les conflits par la violence subsistent. Le fiasco du dernier référendum accentue le sentiment d’isolement des Kurdes d’Irak. Un sentiment renforcé par la mainmise des pays frontaliers dans la politique interne du pays.
« L’Iran a agi en amont et en aval du référendum, explique-t-elle. Les Iraniens ont tenté, à travers leur alliés au Kurdistan irakien, de prévenir l’avènement d’un axe Etats-Unis-Kurdistan-Israël. Un Kurdistan indépendant aurait anéanti le rêve iranien de Croissant chiite, censé s’étendre de Téhéran à Damas ».
La guerre contre Daesh qu’ils ont combattu, a remis une fois encore les Peshmergas – nom des combattants kurdes irakiens – sur le devant de la scène internationale. Le président du gouvernement régional du Kurdistan irakien, Massoud Barzani a profité de cet élan pour tenter de briser les derniers liens qui le lient à Bagdad. Il a organisé un référendum pour l’autonomie, qui s’est tenu en septembre dernier et qui a donné lieu à des scènes de liesse sur tout le territoire.
Alors que le « oui » l’emporte à 92 %, Bagdad, soutenu par la Turquie, et dans le silence des Etats-Unis, menace les Kurdes d’envahir leur territoire. L’Irak pense que les Kurdes vont en profiter pour mettre la main sur une zone grise séparant l’Irak du Kurdistan, que les deux pays réclament et qui regorge de pétrole. A l’annonce du scrutin, les troupes irakiennes se sont emparées de villes de la zone en question – Kirkouk, la « Jérusalem des Kurdes », tombe à la mi-octobre.
La crainte que l’invasion soit totale pèse sur le Kurdistan irakien. Mais sous la pression internationale Bagdad stoppe son élan. Mahmoud Barzani, chef du territoire autonome « suspendra » le résultat du référendum, et annonce qu’il se retirera de la vie politique le 1er novembre.
Un fiasco.
Des Kurdes irakiens avec les drapeaux kurde et israélien à Kirkouk, en Irak, au soir du référendum sur l’indépendance du Kurdistan autonome, le 25 septembre 2017. (Crédit : Ahmad al-Rubaye/AFP)
« Les tentatives d’Israel et de Benjamin Netanyahu ont été précieuses pendant la période référendaire, » explique la ‘Dame de fer’.
Mais les relations entre Israël et le Kurdistan devraient être plus fortes ». Elle appelle Israël à intensifier son lobbying pour le Kurdistan, arguant qu’il n’existera jamais de meilleur allié à Israël, que les Kurdes dans la région.
Cernés par des pays hostiles ou ambivalents à leur égard, les Kurdes d’Irak ont pour voisins la Turquie, l’Irak, l’Iran, et la Syrie. Dans chacun de ces pays se trouve une importante communauté kurde implantée depuis des siècles. Les quatre parties mitoyennes de ces quatre pays forment le Grand Kurdistan dont plus personne ne rêve aujourd’hui – du moins à haute voix -, tant les divisions sont nombreuses entre les Kurdes irakiens eux-mêmes, et les Kurdes des pays limitrophes. Selon la propagande arabe, Israël travaillerait en sous-main à son établissement.
« Si seulement, » soupirent les Kurdes.
Ex-guérillera du PKK, qui a tenté de l'éliminer, Neval Celik vit aujourd'hui sous la protection des Peshmergas au Kurdistan irakien, et travaille pour l'avenir des Kurdes
Par Pierre-Simon Assouline 27 janvier 2018, 13:17 0
Neval Sevda Celik à Erbil, Kurdisan irakien, en février 2016 (Crédit: Pierre-Simon Assouline)
Neval Sevda Celik à Erbil, Kurdisan irakien, en février 2016 (Crédit: Pierre-Simon Assouline)
On trouve d’anciens combattants kurdes de toutes les formes sur ce territoire : vieux Peshmergas burinés, intellectuels dégarnis formés en ex-URSS, jeunes chauffeurs de taxis ayant quitté l’uniforme et la kalashnikov faute de salaire…
Et dans ce café cosy du quartier chrétien d’Erbil, cette femme d’apparence bourgeoise : Haut vichy, chevelure jetée en arrière, œil vif et voix posée, voici Neval Sevda Celik.
Bourgeoise, mais d’apparence seulement. Celik est son nom de guerre, hérité de quinze années de guérilla passées au sein du Parti turc des travailleurs kurdes (PKK), reconnu comme une organisation terroriste par l’Union européenne, qu’elle a quitté en 2004.
Aujourd’hui, c’est ainsi qu’elle signe ses articles sur le site Nerina Azad. Il y est quelques fois question de Theodor Herzl, de Ben Gourion et du « modèle israélien ».
Au Kurdistan, cette intellectuelle qui veut penser le Kurdistan de demain n’est pas la seule à s’intéresser au « petit pays ». Au souk d’Erbil, sur les étals des libraires, il n’est pas rare de tomber sur une biographie du fondateur de l’état juif en langue kurde, ou sur l’Altneuland de Theodor Herzl traduite en turc.
Enchaînant ses petites Vogue, elle continue : « Les Juifs et les Kurdes ont connu les mêmes promesses d’indépendance lors de la ratification du Traité de Versailles [un traité de paix signé le 28 juin 1919 entre l’Allemagne et les Alliés à l’issue de la Première Guerre mondiale], qui répartit les miettes de l’Empire ottoman démantelé après la Première Guerre mondiale. En vainqueurs, l’Angleterre et la France redessinèrent alors la carte du Moyen-Orient. Les Juifs eurent la garantie de Lord Balfour d’avoir un Etat. Les Anglais firent une promesse similaire aux Kurdes. Mais aujourd’hui, nous les Kurdes d’Irak, nous n’avons toujours pas de véritable gouvernement, ni de pays autonome. Et Israël avance ».
Et depuis le référendum pour l’indépendance qui a failli leur coûter très cher en septembre dernier, les Kurdes d’Irak ont même eu l’impression de reculer. « Seul Israël, lors de ce référendum, a soutenu le droit des Kurdes, » nous expliquait-elle plus récemment…
Couverture de Altneuland (« le pays ancien-nouveau ») de Theodor Herzl écrit en 1902, dans lequel où il décrit son utopie sioniste démocratique à travers un roman. Exemplaire de Neval Celik en turc (Crédit: bibliothèque de Neval Sevda Celik)
La méthode Herzl
L’unité et l’engouement créés par Herzl autour d’un projet national sont une source d’inspiration pour Celik. Tout comme son talent pour mêler actions concrètes et lyrisme utopique.
« A la fin du 19e siècle, Herzl a réussi à créer un embryon de société, une sorte de pré-gouvernement – sans avoir même de pays ! Il a créé ce proto-gouvernement avec des tendances pourtant très différentes, voire antagonistes, » souligne-t-elle en faisant référence au Congrès sioniste mondial.
« Il n’a pas eu peur non plus de passer pour un fou en réclamant des fonds aux grandes fortunes juives afin d’acheter des parcelles de terre aux Ottomans et aux Arabes, à travers le Fonds pour l’implantation juive, » avance Celik.
Le site de Neval Sevda Celik comprend plusieurs articles consacrés à l’auteur de l’Etat juif, livre-programme qui jeta les bases du futur Israël dès 1897.
Lors du premier Congrès sioniste à Bâle, Herzl propose un « plan de réunification nationale » qui veut inclure toutes les sensibilités politiques ou religieuses de la diaspora. Une unité qui fait largement défaut aux Kurdes, selon Celik.
Plutôt de nature intello que combattante, Celik veut parler des idées, des défis imminents que doit dépasser son peuple. Oui, aujourd’hui, elle dit « peuple », et même « nation ». Elle ne pense plus exclusivement aux camarades, à l’égalitarisme dogmatique du parti, et réfléchit en dehors des clous plantés par Abdullah Oçallan (dit Apo, l’Oncle en kurde) depuis son île-prison d’Imrali…
Trop d’années à s’abreuver des théories fluctuantes d’Apo – de la guerre totale menée contre la Turquie à la collaboration avec Ankara – lui ont donné soif de solutions concrètes, tangibles et ancrées sur une base solide. Et les idées de Nation, de peuple, d’indépendance sont venues remplacer le Parti qui était tout cela à la fois.
Theodor Herzl s’adresse aux participants au premier et au second Congrès sioniste, à Bâle, en 1897/8. (Crédit : GPO)
En ce sens, selon elle, Herzl a réussi quelque chose d’extraordinaire afin de jeter les bases du futur Israël, une chose qui manque aujourd’hui aux Kurdes : « il a créé une émotion. Une sensation ‘nationale’ ! ».
Herzl a éveillé le désir des juifs exilés, il a réussi à parler à leur cœur autant qu’à leur raison.
« A son contact les Juifs se sont comme réveillés en se disant ‘avoir un État, c’est possible’. Cela a permis de créer une unité solide ». Une révélation semblable l’a touchée alors qu’elle était encore dans le PKK : « je me suis sentie ‘nationale’, alors j’ai quitté le PKK, car Oçallan, le chef du PKK, a enterré l’idée d’un Kurdistan indépendant, pour proposer l’idée d’une fédération de peuples. Or, la liberté individuelle, la culture, la stabilité ne peuvent exister que dans un État-nation ».
S’inspirer de la « méthode juive »
Cevil Sevda Celik l’affirme sans ambages, les Kurdes, s’ils veulent enfin obtenir des résultats, doivent s’inspirer de l’histoire juive. « Les juifs sont solidaires, explique-t-elle, et leur lobbys sont organisés dans la Diaspora. Nous devons comprendre que nous sommes trop désunis. Les Kurdes ne peuvent pas se supporter entre eux ! Nous devons contacter ces organisations, et travailler avec elles pour s’en inspirer ».
Elle n’en regarde pas pour autant avec béatitude le PDK de Massoud Barzani et l’UPK de Talabani, qui tiennent et se partagent peu ou prou le Kurdistan irakien où elle demeure. Elle sait leurs excès, leurs limites. Mais malgré cela « où viennent se faire soigner le[s membres du] PKK lorsqu’ils sont blessés ? Où sont situées leurs bases arrières ? Oui, au Kurdistan irakien, malgré tout plus stable, plus inclusif, plus ouvert. Alors que l’Iran les pend, la Syrie les parque, et la Turquie les assassine ».
Alors elle préfère ce proto-état kurde, avec ses défauts, « son carriérisme outrancier qui a remplacé l’espoir d’indépendance », sa corruption, son clientélisme et ses désaccords qui se règlent encore par la violence. « Il reste en meilleure position pour définitivement offrir la liberté et l’indépendance aux Kurdes ».
Apo et Massoud Barzani réunis au souk d’Erbil sur des badges, en contrebas de la forteresse de la ville (Crédit : Pierre-Simon Assouline)
Aujourd’hui sur le site Nerina Azad elle écrit et elle analyse. « La contre-propagande de la Turquie est intense, ce travail est nécessaire. Mais je ne voulais pas donner d’interviews auparavant pour ne pas être instrumentalisée et devenir ‘l’opposante qui a quitté le PKK’. Mes critiques du PKK je les écris, je les argumente, mais je suis solidaire du peuple kurde de Turquie. Je suis une femme kurde qui veut faire des choses pour son peuple ».
Des assassins sont sur sa piste
L’histoire de Neval Sevda Celik est celle d’une conversion radicale. D’un retour à la vie normale, civile, presque à l’apaisement. Assise à la table de ce café d’Erbil, seul l’enchaînement des fines cigarettes trahit une certaine contraction. « Les Kurdes trouvent ce modèle plus élégant, » savoure avec plaisir celle qui a quitté l’ascétisme stalinien du Parti des travailleurs kurdes (PKK). Mais pas la cause kurde.
« Je suis une femme kurde qui veut faire des choses pour son peuple »
C’est la première fois qu’elle parle. Celik a quitté la Révolution, mais pas ses pudeurs. Dans l’idéologie du PKK, l’individu s’efface devant le collectif. Et parfois le « on » l’efface même physiquement, si la loi du PKK lui pose problème. Cette violence interne est l’une des raisons de son départ. Mais le bruit des armes ne l’a pas quitté pour autant : sa tête est encore mise à prix, des camarades dissidents comme elle ont été la cible d’assassinats non revendiqués.
En Turquie, on ne peut pas naître kurde
Celik est née en 1972 à Dyarbakir, dans la partie kurdophone de Turquie, dans une famille d’intellectuels totalement assimilée. L’école turque lui apprend une histoire particulière : ses livres d’école lui expliquent que les Kurdes « sont des arabes d’Irak », leur langue « un patois montagnard », mais que « la chance leur a souri » le jour où la Turquie a accepté de les intégrer en son sein.
Un Kurde irakien avec des portraits du président russe Vladimir Poutine, à gauche, du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, à droite, et du président du Kurdistan irakien Massoud Barzani pendant une manifestation devant les bureaux des Nations unies à Irbil, capitale de la région autonome, le 21 octobre 2017. (Crédit : Safin Hamed/AFP)
Bref, les Kurdes n’existent pas. Alors à l’Université d’Ankara quand elle rencontre des étudiants kurdes militants, c’est l’éveil. Elle rejoindra les rangs du PKK en 1992. Gravissant rapidement les échelons, elle se rend en Syrie pour diriger la propagande, puis dans différents pays de l’Union européenne d’où elle coordonne les activités des cellules du PKK.
Au moment de l’arrestation d’Abdullah Oçallan le 15 février 1999 au Kenya puis de son incarcération en Turquie, Celik est toujours une agente clandestine itinérante. Mais en apprenant la nouvelle, elle retourne dans les montagnes de Turquie, la forteresse naturelle du PKK pour réorganiser la clandestinité des guérilleros privés de leur chef.
Au milieu des montagnes du Qandil, terrain de prédilection des guérilleros, elle rejoint ses frères d’armes. Ses derniers, biberonnés à la doxa marxiste rejoignent la guérilla comme on entre en religion : vénération d’Apo, rééducation intellectuelle, punition de mort pour les têtes dures, vie dans la nature et le froid, nourriture chiche, et hygiène de circonstance.
Le PKK suit une discipline monastique, renforcée par l’interdiction punie de mort de nouer des relations entre combattants et combattantes. Leur vie se partage entre attente, déplacements furtifs dans les montagnes et guet-apens tendus aux forces turques sur les routes de l’Anatolie.
Des soldats turcs montent la garde sur le site d’une explosion à la voiture piégée attribuée aux rebelles du parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) à Diyardakir, le 15 août 2016. (Crédit : Ilyas Akengin/AFP)
Des montagnes, Celik commence à se tourner vers l’Occident, son modèle démocratique et ses libertés individuelles. Mais le PKK regarde naturellement à l’est. Le Moscou de Staline reste sa boussole. Malgré les adoucissements qu’a connu la ligne du parti des travailleurs kurdes, les médisants diront que le but de son combat reste précisément de poursuivre le combat. Et les lendemains qui chantent y restent par définition des lendemains.
Un jour indépendantiste, puis « socialiste réel » ou fédéraliste, la doctrine d’Apo prône la reprise du dialogue et le lendemain appelle ses troupes à tendre des embuscades. Et le combattant de base, tiraillé entre sa vie de moine-guerrier, le combat à mort contre Ankara, et l’idéologie fluctuante d’Apo parfois se défroque. Cela peut lui coûter la vie, ou quelques temps dans une prison révolutionnaire et montagnarde.
La séparation de Celik s’est faite plus en douceur, même si elle a connu plusieurs fois la prison. La rancœur du PKK ne l’a rattrapée qu’après.
Vient donc le temps des désaccords. Au 7e Congrès du Parti, peu de temps après l’arrestation d’Apo, on lui « propose » d’intégrer le Comité central. Elle refuse, car « l’organisation féminine n’y était pas assez représentée, dit-elle. Alors moi et quatre autres femmes avons été arrêtées et enfermées ». Leurs noms sont traînés dans la boue, selon les méthodes staliniennes en vigueur, on brise leur réputation. A sa sortie, elle rejoint le PWDK, une nouvelle tendance du PKK créée par un frère du leader, Osman, un peu plus libéral. « En 2004, nous avions une grosse base derrière nous, alors Oçallan, depuis sa prison, a ordonné que nous soyons isolés ».
Des Kurdes manifestent avec des panneaux disant « Non à la dictature » et le portrait du chef du PKK, Abdullah Oçallan, à Francfort, le 18 mars 2017 (Crédit : AFP/dpa/Boris Roessler)
« D’autre part, ajoute l’ex-guérillera, à cette période Nezar Bash (nom de guerre : Botàn) qui était alors le boss du PWDK a rencontré des émissaires des États-Unis, d’Israël et d’Europe pour sonder leur bonne volonté envers la cause kurde. De son côté, le PKK travaillait alors main dans la main avec la Syrie, l’Iran et l’Irak », de vieux ennemis des Peshmergas, intéressés à déstabiliser la Turquie en instrumentalisant le PKK. Alors le fossé a continué à se creuser.
La branche a définitivement quitté l’arbre lorsque le PWDK s’est installé de l’autre côté de la frontière du sud-est de la Turquie, en Irak. « L’accueil des Peshmergas a été très bon, et sans rancune, malgré les affrontements passés. Les sympathisants du PWDK sont nombreux en Turquie et les relations entre PKK et Peshmergas sont souvent passés par le dialogue des armes. Ils nous ont bien accueillis, car il n’est pas inutile de ménager de potentiels alliés de l’autre côté de la frontière, » indique Celik.
Aujourd’hui des assassins sont sur sa piste. C’est paraît-il assez courant ici. Plusieurs membres du PWDK ont déjà été éliminés, ici même, au Kurdistan irakien : « Kami Ilman, le diplomate, ou Kari Ilmasi, pour ne citer qu’eux ». Personne ne sait vraiment qui a tiré : peut-être la Turquie pour qui les revendications du PWDK riment trop avec « indépendance » ? Ou le PKK, pour les mêmes raisons d’ailleurs, mais aussi pour s’être soustrait à l’autorité d’Apo ? Autour de chez elle veillent des Peshmergas en armes. A la maison, les kalachnikovs restent à portée de main. Comme dans les montagnes.
Entre Erbil, et Dohuk, aux confins de l’Irak et de la Turquie, la démocratie et le patriotisme sont des idées subversives qui coûtent encore cher à leurs partisans.
En février 2016 un soldat peshmerga monte la garde dans un fortin surplombant le Tigre. Ce fleuve est alors la ligne de front entre les combattants de Peshmergas et de Daesh. (Crédit: Pierre-Simon Assouline)
Aujourd’hui, le Kurdistan irakien vit une période étrange : les anciens clans (Barzani et Talabani pour ne citer que les deux principaux) tentent de se transformer en partis politiques traditionnels (PDK et UPK) afin d’assurer la transition vers la démocratie. Mais le clientélisme persiste, et les vieilles méthodes pour régler les conflits par la violence subsistent. Le fiasco du dernier référendum accentue le sentiment d’isolement des Kurdes d’Irak. Un sentiment renforcé par la mainmise des pays frontaliers dans la politique interne du pays.
« L’Iran a agi en amont et en aval du référendum, explique-t-elle. Les Iraniens ont tenté, à travers leur alliés au Kurdistan irakien, de prévenir l’avènement d’un axe Etats-Unis-Kurdistan-Israël. Un Kurdistan indépendant aurait anéanti le rêve iranien de Croissant chiite, censé s’étendre de Téhéran à Damas ».
La guerre contre Daesh qu’ils ont combattu, a remis une fois encore les Peshmergas – nom des combattants kurdes irakiens – sur le devant de la scène internationale. Le président du gouvernement régional du Kurdistan irakien, Massoud Barzani a profité de cet élan pour tenter de briser les derniers liens qui le lient à Bagdad. Il a organisé un référendum pour l’autonomie, qui s’est tenu en septembre dernier et qui a donné lieu à des scènes de liesse sur tout le territoire.
Alors que le « oui » l’emporte à 92 %, Bagdad, soutenu par la Turquie, et dans le silence des Etats-Unis, menace les Kurdes d’envahir leur territoire. L’Irak pense que les Kurdes vont en profiter pour mettre la main sur une zone grise séparant l’Irak du Kurdistan, que les deux pays réclament et qui regorge de pétrole. A l’annonce du scrutin, les troupes irakiennes se sont emparées de villes de la zone en question – Kirkouk, la « Jérusalem des Kurdes », tombe à la mi-octobre.
La crainte que l’invasion soit totale pèse sur le Kurdistan irakien. Mais sous la pression internationale Bagdad stoppe son élan. Mahmoud Barzani, chef du territoire autonome « suspendra » le résultat du référendum, et annonce qu’il se retirera de la vie politique le 1er novembre.
Un fiasco.
Des Kurdes irakiens avec les drapeaux kurde et israélien à Kirkouk, en Irak, au soir du référendum sur l’indépendance du Kurdistan autonome, le 25 septembre 2017. (Crédit : Ahmad al-Rubaye/AFP)
« Les tentatives d’Israel et de Benjamin Netanyahu ont été précieuses pendant la période référendaire, » explique la ‘Dame de fer’.
Mais les relations entre Israël et le Kurdistan devraient être plus fortes ». Elle appelle Israël à intensifier son lobbying pour le Kurdistan, arguant qu’il n’existera jamais de meilleur allié à Israël, que les Kurdes dans la région.
Cernés par des pays hostiles ou ambivalents à leur égard, les Kurdes d’Irak ont pour voisins la Turquie, l’Irak, l’Iran, et la Syrie. Dans chacun de ces pays se trouve une importante communauté kurde implantée depuis des siècles. Les quatre parties mitoyennes de ces quatre pays forment le Grand Kurdistan dont plus personne ne rêve aujourd’hui – du moins à haute voix -, tant les divisions sont nombreuses entre les Kurdes irakiens eux-mêmes, et les Kurdes des pays limitrophes. Selon la propagande arabe, Israël travaillerait en sous-main à son établissement.
« Si seulement, » soupirent les Kurdes.
Re: GLAOIRE AUX FEMMES KURDES
Les forces turques et leurs supplétifs syriens sont entrés samedi dans une ville kurde stratégique du nord syrien à la faveur de violents bombardements, la Turquie se disant déterminée à poursuivre son offensive malgré le tollé international et les menaces de sanctions américaines.
A Ankara, le ministère de la Défense a affirmé que les forces turques avaient capturé Ras al-Aïn, ville frontalière de la Turquie. Mais selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) et un correspondant de l'AFP sur place, les forces turques y sont entrées mais les combats se poursuivent.
Voisine de la Syrie, la Turquie veut chasser de secteurs frontaliers la milice kurde syrienne des Unités de protection du peuple (YPG), qu'elle qualifie de "terroriste", pour créer en territoire syrien une "zone de sécurité" de 32 kilomètres de profondeur qui séparera sa frontière des régions kurdes.
Elle souhaite installer dans cette zone une partie des 3,6 millions de réfugiés syriens vivant sur son sol.
"Résistance féroce"
Les Forces démocratiques syriennes (FDS), coalition arabo-kurde ayant combattu les jihadistes avec le soutien des Etats-Unis, a appelé Washington à fermer "l'espace aérien face à l'aviation turque". Evoquant un "coup de couteau dans le dos", elles ont accusé les Américains de les avoir "abandonnées" en retirant des soldats des zones attaquées.
Samedi, neuf civils ont été "exécutés" par des rebelles proturcs participant à l'offensive d'Ankara, selon l'OSDH.
Ces morts portent à 38 le nombre de civils tués depuis le début de l'assaut mercredi, a indiqué l'OSDH, ajoutant que 81 combattants kurdes avaient été tués.
Ankara a annoncé la mort de quatre soldats en Syrie et de 18 civils dans la chute de roquettes kurdes tirées sur des villes frontalières turques.
Samedi matin, les forces turques et leurs alliés locaux ont lancé l'assaut sur Ras al-Aïn, presque entièrement désertée par ses habitants, selon l'OSDH.
Le bruit des bombardements était incessant alors que les combattants proturcs armés de lance-roquettes se dirigeaient vers le front, selon un correspondant de l'AFP près de la ville.
D'après un responsable des FDS, dont les YPG sont l'épine dorsale, "Ras al-Aïn résiste toujours et les affrontements se poursuivent". "Les FDS ont partiellement reculé en raison des violents bombardements mais ont lancé une contre-attaque."
Les forces turques et leurs alliés ont conquis une zone industrielle à la périphérie de Ras al-Aïn, d'après l'OSDH et un correspondant de l'AFP sur place.
Un responsable des combattants syriens proturcs, des ex-rebelles qui combattaient autrefois le régime syrien, a indiqué que leur progression était ralentie "par la résistance féroce des YPG".
D'après les médias turcs, Ankara veut prendre le contrôle d'une bande territoriale longue de 120 kilomètres et profonde d'une trentaine de kilomètres, allant des villes frontalières de Ras al-Aïn à Tal Abyad.
Au total depuis mercredi, les forces kurdes ont perdu 27 villages, selon l'OSDH.
Avec le soutien des Occidentaux, principalement les Etats-Unis ou encore la France, les FDS ont été le fer de lance en Syrie de la lutte contre le groupe Etat islamique (EI), dont le "califat" a été défait en mars.
Dans le cadre de cette lutte, des soldats américains ont été déployés dans des secteurs du nord-est syrien.
"Envoyer des aides urgentes"
Samedi, les FDS ont estimé que l'opération d'Ankara avait "activé les cellules" jihadistes.
Plusieurs pays s'inquiètent du sort des membres de l'EI aux mains des Kurdes.
Dans la nuit de vendredi à samedi, une voiture piégée a explosé près d'une prison dans la ville de Hassaké sans faire de dommages, selon un correspondant de l'AFP. Cette prison abrite des jihadistes, ont indiqué les forces de sécurité kurdes.
Dénonçant l'offensive turque, l'Allemagne a annoncé samedi avoir stoppé la livraison à la Turquie d'armes "qui pourraient être utilisées" contre les Kurdes en Syrie, avant une décision similaire de la France.
Au Caire, les ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe ont appelé au retrait immédiat des troupes d'Ankara.
La veille, les Etats-Unis avaient affirmé que le président Donald Trump allait signer un décret permettant le déclenchement à tout moment de sanctions contre la Turquie.
"Peu importe ce que certains disent, nous ne stopperons pas" l'opération, a répondu le président turc Recep Tayyip Erdogan.
Des ONG ont mis en garde contre un nouveau drame humanitaire en Syrie où la guerre, impliquant de multiples acteurs régionaux et internationaux, a fait plus de 370.000 morts depuis 2011.
Hassan, médecin à Tal Tamr, appelle "les organisations médicales internationales à envoyer des aides urgentes aux hôpitaux du nord-est de la Syrie".
"Nos moyens sont limités", déplore le docteur. "Il y a beaucoup de civils blessés, ils n'ont pas pu quitter Ras al-Aïn et les avions prennent pour cible les voitures", affirme-t-il.
A Ankara, le ministère de la Défense a affirmé que les forces turques avaient capturé Ras al-Aïn, ville frontalière de la Turquie. Mais selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) et un correspondant de l'AFP sur place, les forces turques y sont entrées mais les combats se poursuivent.
Voisine de la Syrie, la Turquie veut chasser de secteurs frontaliers la milice kurde syrienne des Unités de protection du peuple (YPG), qu'elle qualifie de "terroriste", pour créer en territoire syrien une "zone de sécurité" de 32 kilomètres de profondeur qui séparera sa frontière des régions kurdes.
Elle souhaite installer dans cette zone une partie des 3,6 millions de réfugiés syriens vivant sur son sol.
"Résistance féroce"
Les Forces démocratiques syriennes (FDS), coalition arabo-kurde ayant combattu les jihadistes avec le soutien des Etats-Unis, a appelé Washington à fermer "l'espace aérien face à l'aviation turque". Evoquant un "coup de couteau dans le dos", elles ont accusé les Américains de les avoir "abandonnées" en retirant des soldats des zones attaquées.
Samedi, neuf civils ont été "exécutés" par des rebelles proturcs participant à l'offensive d'Ankara, selon l'OSDH.
Ces morts portent à 38 le nombre de civils tués depuis le début de l'assaut mercredi, a indiqué l'OSDH, ajoutant que 81 combattants kurdes avaient été tués.
Ankara a annoncé la mort de quatre soldats en Syrie et de 18 civils dans la chute de roquettes kurdes tirées sur des villes frontalières turques.
Samedi matin, les forces turques et leurs alliés locaux ont lancé l'assaut sur Ras al-Aïn, presque entièrement désertée par ses habitants, selon l'OSDH.
Le bruit des bombardements était incessant alors que les combattants proturcs armés de lance-roquettes se dirigeaient vers le front, selon un correspondant de l'AFP près de la ville.
D'après un responsable des FDS, dont les YPG sont l'épine dorsale, "Ras al-Aïn résiste toujours et les affrontements se poursuivent". "Les FDS ont partiellement reculé en raison des violents bombardements mais ont lancé une contre-attaque."
Les forces turques et leurs alliés ont conquis une zone industrielle à la périphérie de Ras al-Aïn, d'après l'OSDH et un correspondant de l'AFP sur place.
Un responsable des combattants syriens proturcs, des ex-rebelles qui combattaient autrefois le régime syrien, a indiqué que leur progression était ralentie "par la résistance féroce des YPG".
D'après les médias turcs, Ankara veut prendre le contrôle d'une bande territoriale longue de 120 kilomètres et profonde d'une trentaine de kilomètres, allant des villes frontalières de Ras al-Aïn à Tal Abyad.
Au total depuis mercredi, les forces kurdes ont perdu 27 villages, selon l'OSDH.
Avec le soutien des Occidentaux, principalement les Etats-Unis ou encore la France, les FDS ont été le fer de lance en Syrie de la lutte contre le groupe Etat islamique (EI), dont le "califat" a été défait en mars.
Dans le cadre de cette lutte, des soldats américains ont été déployés dans des secteurs du nord-est syrien.
"Envoyer des aides urgentes"
Samedi, les FDS ont estimé que l'opération d'Ankara avait "activé les cellules" jihadistes.
Plusieurs pays s'inquiètent du sort des membres de l'EI aux mains des Kurdes.
Dans la nuit de vendredi à samedi, une voiture piégée a explosé près d'une prison dans la ville de Hassaké sans faire de dommages, selon un correspondant de l'AFP. Cette prison abrite des jihadistes, ont indiqué les forces de sécurité kurdes.
Dénonçant l'offensive turque, l'Allemagne a annoncé samedi avoir stoppé la livraison à la Turquie d'armes "qui pourraient être utilisées" contre les Kurdes en Syrie, avant une décision similaire de la France.
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