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Guemache Idris à La Cité: « Un peuple qui croit que contrarier un imam est un tabou, c’est un peuple intraitable ».

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Guemache Idris à La Cité: « Un peuple qui croit que contrarier un imam est un tabou, c’est un peuple intraitable ». Empty Guemache Idris à La Cité: « Un peuple qui croit que contrarier un imam est un tabou, c’est un peuple intraitable ».

Message  Mhenni Mer 4 Fév - 16:30

Ça ne va absolument pas bien dans les alentours d'Ait-Smail. En plus du problème inquiétant émanant des lycées Maouche Idris, et d'Ait-Smail, le comité du village d’Ait-Aissiouth vient de rencontrer la pierre d’achoppement. Guemache Idris est à la tête dudit comité, membre de l'association des parents d'élèves, et enseignant des maths au CEM de Tizoual. Dans cette interview on a voulu au moins voir clair quant à l'avenir de la situation. Écoutons-le.



Qu'est ce qui a fait que le lycée Maouche idris est dans une crise aussi alarmante?



« Il est plein d’incohérences, il est conçu pour contenir environ 700 élèves, alors que ces dernières années il se retrouve avec plus de 1500. Donc inutile de vous faire un topo. D’ailleurs, l’année passée on avait discuté du problème du manque de salles, il a été procédé à l’aménagement à la hâte de cinq salles, les enseignants ont fait un débrayage pour dénoncer la non-conformité de ces salles mais en vain. Cette année on vit encore une surcharge sans précédent, 45 et 46 élèves par classe, dans des filières techniques ! Aberrant. Enfin, il nous faut une page complète pour relater tous les problèmes. Mais n’oublions pas que tout cela est dû au retardement incontestable de la réalisation du lycée d’Ait-Smail qui est devenu un mythe. Le projet du siècle « comme le métro d’Alger ».


Vous ne croyez pas que vous, parents d'élèves, avez lâché les commandes?



« C’est vrai. Il faut admettre cela, mais en ce qui me concerne, je suis toujours à point. Le problème c’est que les représentants de l’APE ne sont pas fronts vis-à-vis des problèmes. Ils essayent toujours d’esquiver en utilisant un langage purement politique. D’ailleurs c’est pourquoi je ne suis et ne serai jamais de leurs avis. Moi j’ai un esprit radicaliste et c’est ce qu’il faut pour y remédier aux problèmes que vit notre société. Personnellement je pense que cette acclamation ‘’ absence des parents ‘’ est utilisée par le système, sinon un droit est un droit. Logiquement, tous les élèves algériens ont droit à une scolarité dans de bonnes conditions. De ce point de vue, les autorités n’ont pas à attendre un mouvement des citoyens pour leur attribuer leurs droits. Enfin dans un Etat ! ».


Vous admettez tout de même que vous avez été absents, ce qui a poussé le problème au chaos, pourquoi vous l'avez été durant des années?


« Je pense avoir donné déjà la réponse ; c’est que moi, de mon côté, j’étais et je serai présent mais le vide vient des autres. A titre de rappel, à la dernière assemblée nous étions seulement deux d’Ait-Aissiouth, moi et Kader ».


Passons à votre poste au sein du comité du village Kroun, qu'est ce que vous revendiquez?


« Comme je l’ai souligné précédemment, le peuple réclame et revendique ses droits. En ce qui nous concerne, notre quartier est devenu une deuxième colline oubliée. Oubliés par les services de l’APC, nous souffrons d’un manque inexpliqué d’eau potable, je dis inexpliqué parce que nous habitons sur un lagon d’eau potable et saine, mais il n’ya pas de volonté. On ne peut pas s’en passer du projet raté de plus de dix milliards de centimes pour le captage de la source Laanaser. En deuxième lieu, nous revendiquons notre droit à une connexion internet via la fibre optique qui a traversé notre localité pour servir le chef lieu de la commune. Celle-là est une preuve de la bureaucratie et la pâmoison de la politique de nos représentants. Voila en gros nos doléances ».


Pour la source de Laanaser, l'opposition des citoyens ne fait pas défaut?


« Non ! Comme partout ailleurs, au début ça été ainsi, mais après les choses se sont mises en ordre. Ce qu’il faut souligner à propos de ce projet, c’est l’absence d’un suivi rigoureux pour condamner les auteurs d’un tel galvaudage. Aussi, il faut dire que maintenant les travaux de la station de pompage vont bon train, et c’est positif ».


Avez-vous réalisé tout votre plan d'actions?



« Pour vous dire vrai, nous n’avons pas encore obtenu notre agrément. On avait cru à un renouvellement du bureau mais comme l’ancien bureau n’avait pas son agrément alors on était contraint de procéder à la création du comité, nous l’avons fait, et au moment de la déposition du dossier on nous a dit qu’il faut la présence d’un huissier de justice. Bref ! On avait redéposé le dossier et là, il manquait les casiers de tous les membres fondateurs du comité, alors c’est tout un toutim ! ».


Apparemment, vous pensez à jeter l'éponge, qu'elle en est la raison?



« A vrai dire, j’ai cru au père noël ! On vit dans une société qui croit que la désinvolte signifie la liberté tout court. Mais non ! On connait tous ce que c’est la liberté, alors cessons d’entraver les volontés d’autrui. Off ! Un peuple qui croit que parler à un imam, voire le contrarier est un tabou, c’est un peuple intraitable ».


Malgré l'engagement d'un groupe de jeunes qui croient autant au mieux-vivre, vous êtes aussi découragé ?

« Je voudrais préciser que nous nous sommes mis d’accord pour s’éclipser, même si l’on reste dans le mouvement, mais il faut faire croire et démontrer que c’est fini quand même ».


Vous venez d'évoquer juste avant le problème des haut-parleurs, estimez-vous que les conflits religieux pèsent lourd sur Ait-Aissiouth?


« Trop lourd et grave de conséquences. N’oublions pas que nous sommes dans une société musulmane, alors le rôle d’un imam est crucial, mais, malheureusement, notre quartier est victime d’une absence flagrante de ce côté. Ce qui laisse les jeunes à leur triste sort ».


Qu'est ce que vous suggérez pour la renaissance d'une vraie solidarité citoyenne?


« De mon point de vue, et sans être egocentrique, pour qu’un vrai mouvement de solidarité naisse, il faut la participation des, soit disant, intellects et cadres du quartier. Sans cela, nous nous enfonçons dans la boue. Vous me diriez comment cela serait possible ? Et bah ! à partir du moment où chacun assumera son comportement ».


Propos recueillis par : M’henni Khalifi
La Cité, novembre 2014.

Mhenni

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