Président de l’APW de Béjaïa : «Il y a des gens au pouvoir qui veulent que la wilaya de Béjaïa régresse»
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Président de l’APW de Béjaïa : «Il y a des gens au pouvoir qui veulent que la wilaya de Béjaïa régresse»
Président de l’APW de Béjaïa : «Il y a des gens au pouvoir qui veulent que la wilaya de Béjaïa régresse»
Vous êtes à la tête de l’assemblée de wilaya de Béjaïa depuis deux ans. Quel état des lieux faites-vous du développement local ?
L’état des lieux que je vais dresser est un constat qui est partagé par toute la population de la wilaya de Béjaïa. Le développement de la wilaya est toujours à l’état embryonnaire et cela est dû à d’énormes contraintes. Car à ce jour nous n’avons bénéficié d’aucun programme pour désenclaver notre wilaya ou investissement créateur de richesse et d’emploi. Les budgets de wilaya et des communes sont dérisoires, ils ne peuvent pas répondre aux besoins urgents des citoyens.
Nous considérons Béjaïa parmi les dernières wilayas en termes de développement local. Je cite à titre d’exemple le manque de raccordement en gaz naturel (40%), nous sommes à la traîne en matière de logements. Cette question de logement est un élément de stabilité. Si l’Etat algérien ne nous dote pas d’un programme consistant, il doit se préparer à faire face au mécontentement de la population qui s’exprime parfois violemment. Imaginez que la demande, pour ce qui est seulement de la ville de Béjaïa, tourne autour de 30 000 dossiers alors que nous n’avons en chantier que 400 unités. Comment veut-on que les citoyens ne sortent pas dans les rues ? Concernant le projet de la plateforme pétrochimique, nous tournons toujours en rond et ce depuis 2013.
-Justement, où est-ce qu’on est avec le projet de la plateforme pétrochimique?
Nous avons opéré plusieurs choix de terrain. La première assiette proposée était celle d’El Kseur. Quelque temps après, le ministère de l’agriculture s’est opposé sous prétexte que le terrain est agricole. Moi, je dis que lorsqu’il s’agissait d’implanter l’une des plus grandes prisons d’Algérie à Oued Ghir, personne ne s’est opposé au fait qu’elle soit construite sur une immense superficie de terre agricole hautement fertile. La même commission de la Sonatrach s’est déplacée à Boudjellil où un terrain a été choisi. Aussitôt la commission revient pour nous dire qu’il y a des contraintes d’ordre technique. Et donc, impossible d’implanter ce projet à Boudjellil.
D’autres avaient proposé Beni Ksila. Mais c’est tout le monde qui sait que Beni Ksila est une région protégée du littoral, il y a risque sur l’environnement et le tourisme dans la région. Nous pressentons que des gens à un certain niveau de la décision cherchent des prétextes pour délocaliser ce projet vers une autre wilaya. Ce n’est pas normal. Une fois le travail de la commission de choix de terrain est terminé, on nous appelle pour nous dire qu’il y a des contraintes techniques sur le site en question. Boudjellil et El Kseur sont les sites les plus indiqués vu leur proximité avec le port, les servitudes de la Sonatrach, les voies de communications comme le rail, la pénétrante et l’aéroport. Ils tergiversent. Ils cherchent des arguments pour convaincre le Premier ministre, qui avait insisté sur la nécessité que cette plateforme soit construite à Béjaïa, de revenir sur sa décision.
L’installation de cet équipement n’a pas posé de problème ailleurs. A un certain niveau du pouvoir, il y a des gens qui veulent que la wilaya de Béjaïa régresse. Nous avons constaté la même chose pour le projet du stade de 30 000 places. Au début, il allait être construit à El Kseur. Puis, le ministère de l’agriculture a émis des réserves. Heureusement que nous avons réussi à maintenir ce projet à Béjaïa.
-Quelle solution préconisez-vous pour les problèmes posés par les citoyens qui recourent fréquemment aux fermetures des routes ?
Les APC et l’APW disposent d’un budget dérisoire. Nous avons donc demandé l’augmentation des budgets communaux pour que ces collectivités puissent régler beaucoup de problèmes des villageois et des hameaux et cela va limiter le recours des citoyens aux fermetures des routes. Ce sont des gens qui souffrent. Avant de sortir dans la rue, ils épuisent tous les recours. Les APC peuvent avec plus de moyens financiers et matériels endiguer les problèmes urgents comme ceux de l’assainissement, l’éclairage, le transport scolaire, les pistes, les cantines scolaires. Je comprends ces villageois sans pour autant encourager le recours systématique aux fermetures des routes eu égard aux préjudices économiques et sociaux qu’elles engendrent. Pour régler aussi ce phénomène, on a toujours demandé à l’administration, qui a des services qui sont capables d’agir, d’anticiper sur les problèmes. Lorsque vous envoyez des lettres à l’ADE, à la Sonelgaz, aux différents services de l’administration locale et qu’il n’y a pas de réponse, les villageois recourent aux fermetures des sièges d’APC.
-Les élus de l’APW de Béjaïa ont-ils des propositions à même d’améliorer le cadre de vie de la population ?
La venue du Premier ministre dans notre wilaya a été l’occasion pour nous de lui faire part de nos propositions. Pour le désenclavement de la wilaya, nous lui avons demandé d’engager au niveau du ministère une réflexion pour développer la côte Ouest de Béjaïa qui s’étale du chef lieu jusqu’à Azefoune (Tizi Ouzou). Nous avons par exemple demandé l’inscription d’un projet d’autoroute qui reliera Alger à Béjaïa par la côte Ouest, la création d’une ville nouvelle sur ce littoral qui permettra d’atténuer l’exode rural vers le chef lieu de wilaya, et surtout de préserver le foncier et le valoriser à travers l’investissement touristique, car ce foncier est en train d’être bradé. A l’état actuel des choses, la wilaya est saturée, on n’offre pas de véritables opportunités d’investissement et ce n’est pas à cause du manque du foncier. Rien n’est fait pour le développement de l’agriculture de montagne. A Beni Maouche, nous avons un vrai levier à soutenir. La figue sèche peut être exportée. Pour les transports, l’accord de principe est donné pour l’extension du port et de l’aéroport, mais nous n’avons enregistré aucune inscription de ces projets à ce jour.
-Le CHU de Béjaïa est-il définitivement acquis ?
Lors de sa dernière visite, le ministre de la Santé s’est engagé à poser la première pierre pour la réalisation de ce CHU en mai 2014. Huit mois plus tard, cette promesse n’est pas encore concrétisée. Ce qui est certain, c’est que le terrain a été choisi à Djebira (Boukhelifa). Mais l’opération de distraction de l’assiette de terrain n’est pas encore effectuée. Ce programme va donc accuser beaucoup de retard. Et ils nous disent pourquoi le citoyen a perdu confiance en son gouvernement ? Nous avons aussi proposé un centre d’accueil pour les personnes âgées et les personnes aux besoins spécifiques, mais on n’a rien eu. Afin de sortir cette région de sa léthargie culturelle et remettre notre wilaya sous les feux des projecteurs, nous avons également revendiqué, au même titre que Tlemcen et Constantine, un festival, une année de dialogue et de savoir entre les civilisations, à l’image des manifestations culturelles qui se font dans les autres wilayas.
-Les zones d’activité et la zone industrielle de Béjaïa ne sont pas attractives…
Nous avons demandé la délocalisation des entreprises vers la périphérie de la ville de Béjaïa afin que nous puissions récupérer des assiettes foncières urbaines et y installer des équipements publics. Ce foncier doit être libéré et revenir à l’APC de Béjaïa. La zone industrielle de Béjaïa est devenue une zone d’habitation. Plusieurs lots ont été détournés au profit des promoteurs immobiliers. Quant aux zones d’activité à travers les localités, les lots ne sont pas attribués à des professionnels.
La plupart des postulants n’ont pas les moyens de monter leurs affaires. Il y a une mauvaise approche d’étude des dossiers des investisseurs. Et cela, c’est la responsabilité de la commission (Calpiref) qui attribue des parcelles à des connaissances sans pour autant vérifier la viabilité des projets et le sérieux de ces derniers ou s’ils ont les moyens d’installer leurs unités. La wilaya a dépensé beaucoup d’argent pour la réhabilitation des zones d’activité mais nous constatons qu’il y a toujours des problèmes d’assainissement, d’accès et d’inexistence des réseaux divers (eau, électricité, gaz…).
S
Vous êtes à la tête de l’assemblée de wilaya de Béjaïa depuis deux ans. Quel état des lieux faites-vous du développement local ?
L’état des lieux que je vais dresser est un constat qui est partagé par toute la population de la wilaya de Béjaïa. Le développement de la wilaya est toujours à l’état embryonnaire et cela est dû à d’énormes contraintes. Car à ce jour nous n’avons bénéficié d’aucun programme pour désenclaver notre wilaya ou investissement créateur de richesse et d’emploi. Les budgets de wilaya et des communes sont dérisoires, ils ne peuvent pas répondre aux besoins urgents des citoyens.
Nous considérons Béjaïa parmi les dernières wilayas en termes de développement local. Je cite à titre d’exemple le manque de raccordement en gaz naturel (40%), nous sommes à la traîne en matière de logements. Cette question de logement est un élément de stabilité. Si l’Etat algérien ne nous dote pas d’un programme consistant, il doit se préparer à faire face au mécontentement de la population qui s’exprime parfois violemment. Imaginez que la demande, pour ce qui est seulement de la ville de Béjaïa, tourne autour de 30 000 dossiers alors que nous n’avons en chantier que 400 unités. Comment veut-on que les citoyens ne sortent pas dans les rues ? Concernant le projet de la plateforme pétrochimique, nous tournons toujours en rond et ce depuis 2013.
-Justement, où est-ce qu’on est avec le projet de la plateforme pétrochimique?
Nous avons opéré plusieurs choix de terrain. La première assiette proposée était celle d’El Kseur. Quelque temps après, le ministère de l’agriculture s’est opposé sous prétexte que le terrain est agricole. Moi, je dis que lorsqu’il s’agissait d’implanter l’une des plus grandes prisons d’Algérie à Oued Ghir, personne ne s’est opposé au fait qu’elle soit construite sur une immense superficie de terre agricole hautement fertile. La même commission de la Sonatrach s’est déplacée à Boudjellil où un terrain a été choisi. Aussitôt la commission revient pour nous dire qu’il y a des contraintes d’ordre technique. Et donc, impossible d’implanter ce projet à Boudjellil.
D’autres avaient proposé Beni Ksila. Mais c’est tout le monde qui sait que Beni Ksila est une région protégée du littoral, il y a risque sur l’environnement et le tourisme dans la région. Nous pressentons que des gens à un certain niveau de la décision cherchent des prétextes pour délocaliser ce projet vers une autre wilaya. Ce n’est pas normal. Une fois le travail de la commission de choix de terrain est terminé, on nous appelle pour nous dire qu’il y a des contraintes techniques sur le site en question. Boudjellil et El Kseur sont les sites les plus indiqués vu leur proximité avec le port, les servitudes de la Sonatrach, les voies de communications comme le rail, la pénétrante et l’aéroport. Ils tergiversent. Ils cherchent des arguments pour convaincre le Premier ministre, qui avait insisté sur la nécessité que cette plateforme soit construite à Béjaïa, de revenir sur sa décision.
L’installation de cet équipement n’a pas posé de problème ailleurs. A un certain niveau du pouvoir, il y a des gens qui veulent que la wilaya de Béjaïa régresse. Nous avons constaté la même chose pour le projet du stade de 30 000 places. Au début, il allait être construit à El Kseur. Puis, le ministère de l’agriculture a émis des réserves. Heureusement que nous avons réussi à maintenir ce projet à Béjaïa.
-Quelle solution préconisez-vous pour les problèmes posés par les citoyens qui recourent fréquemment aux fermetures des routes ?
Les APC et l’APW disposent d’un budget dérisoire. Nous avons donc demandé l’augmentation des budgets communaux pour que ces collectivités puissent régler beaucoup de problèmes des villageois et des hameaux et cela va limiter le recours des citoyens aux fermetures des routes. Ce sont des gens qui souffrent. Avant de sortir dans la rue, ils épuisent tous les recours. Les APC peuvent avec plus de moyens financiers et matériels endiguer les problèmes urgents comme ceux de l’assainissement, l’éclairage, le transport scolaire, les pistes, les cantines scolaires. Je comprends ces villageois sans pour autant encourager le recours systématique aux fermetures des routes eu égard aux préjudices économiques et sociaux qu’elles engendrent. Pour régler aussi ce phénomène, on a toujours demandé à l’administration, qui a des services qui sont capables d’agir, d’anticiper sur les problèmes. Lorsque vous envoyez des lettres à l’ADE, à la Sonelgaz, aux différents services de l’administration locale et qu’il n’y a pas de réponse, les villageois recourent aux fermetures des sièges d’APC.
-Les élus de l’APW de Béjaïa ont-ils des propositions à même d’améliorer le cadre de vie de la population ?
La venue du Premier ministre dans notre wilaya a été l’occasion pour nous de lui faire part de nos propositions. Pour le désenclavement de la wilaya, nous lui avons demandé d’engager au niveau du ministère une réflexion pour développer la côte Ouest de Béjaïa qui s’étale du chef lieu jusqu’à Azefoune (Tizi Ouzou). Nous avons par exemple demandé l’inscription d’un projet d’autoroute qui reliera Alger à Béjaïa par la côte Ouest, la création d’une ville nouvelle sur ce littoral qui permettra d’atténuer l’exode rural vers le chef lieu de wilaya, et surtout de préserver le foncier et le valoriser à travers l’investissement touristique, car ce foncier est en train d’être bradé. A l’état actuel des choses, la wilaya est saturée, on n’offre pas de véritables opportunités d’investissement et ce n’est pas à cause du manque du foncier. Rien n’est fait pour le développement de l’agriculture de montagne. A Beni Maouche, nous avons un vrai levier à soutenir. La figue sèche peut être exportée. Pour les transports, l’accord de principe est donné pour l’extension du port et de l’aéroport, mais nous n’avons enregistré aucune inscription de ces projets à ce jour.
-Le CHU de Béjaïa est-il définitivement acquis ?
Lors de sa dernière visite, le ministre de la Santé s’est engagé à poser la première pierre pour la réalisation de ce CHU en mai 2014. Huit mois plus tard, cette promesse n’est pas encore concrétisée. Ce qui est certain, c’est que le terrain a été choisi à Djebira (Boukhelifa). Mais l’opération de distraction de l’assiette de terrain n’est pas encore effectuée. Ce programme va donc accuser beaucoup de retard. Et ils nous disent pourquoi le citoyen a perdu confiance en son gouvernement ? Nous avons aussi proposé un centre d’accueil pour les personnes âgées et les personnes aux besoins spécifiques, mais on n’a rien eu. Afin de sortir cette région de sa léthargie culturelle et remettre notre wilaya sous les feux des projecteurs, nous avons également revendiqué, au même titre que Tlemcen et Constantine, un festival, une année de dialogue et de savoir entre les civilisations, à l’image des manifestations culturelles qui se font dans les autres wilayas.
-Les zones d’activité et la zone industrielle de Béjaïa ne sont pas attractives…
Nous avons demandé la délocalisation des entreprises vers la périphérie de la ville de Béjaïa afin que nous puissions récupérer des assiettes foncières urbaines et y installer des équipements publics. Ce foncier doit être libéré et revenir à l’APC de Béjaïa. La zone industrielle de Béjaïa est devenue une zone d’habitation. Plusieurs lots ont été détournés au profit des promoteurs immobiliers. Quant aux zones d’activité à travers les localités, les lots ne sont pas attribués à des professionnels.
La plupart des postulants n’ont pas les moyens de monter leurs affaires. Il y a une mauvaise approche d’étude des dossiers des investisseurs. Et cela, c’est la responsabilité de la commission (Calpiref) qui attribue des parcelles à des connaissances sans pour autant vérifier la viabilité des projets et le sérieux de ces derniers ou s’ils ont les moyens d’installer leurs unités. La wilaya a dépensé beaucoup d’argent pour la réhabilitation des zones d’activité mais nous constatons qu’il y a toujours des problèmes d’assainissement, d’accès et d’inexistence des réseaux divers (eau, électricité, gaz…).
Mohamed Bettache. Président de l’APW de Béjaïa |
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moi- Nombre de messages : 8760
Date d'inscription : 30/01/2009
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