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Ramadan 2014 : Résistance citoyenne kabyle contre la dictature islamiste

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Message  moi Mar 8 Juil - 0:58

Ramadan 2014 : Résistance citoyenne kabyle contre la dictature islamiste


sté par: K. S Dans Actualité, Kabylie, Politique, Société 9 heures Passé 0 257 Vues
Ramadan 2014 : Résistance citoyenne kabyle contre la dictature islamiste Liberte-de-culte-et-de-conscience-2
Le ramadan est de retour. Ce monstre, ce ramadan collectivisé, politisé, instrumentalisé dans le seul but de la répression est là. Un ramadan islamiste, à l’image du pays, de ses dirigeants, reflétant malheureusement la mentalité d’une grande majorité algérienne. Et avec lui le malaise, l’angoisse économique, sociale et spirituelle. Et le pire : ce sentiment d’impuissance, cette terrible impression que nous ne pouvons rien y faire. Juste subir, nous cacher, ‘’attendre’’ quelque part que ça passe. Le ramadan transforme beaucoup d’entre nous en hypocrites et en menteurs.
L’initiative citoyenne rassemblement pour la liberté de culte et de conscience en Kabylie s’inscrit avant tout dans l’optique de casser  ce sentiment d’impuissance. Elle est une occasion pour le peuple de se manifester publiquement contre la prise du pouvoir de l’islamisme politique et social dans notre terre. Elle s’appuie sur le fait qu’une bonne partie des kabyles sont des non-jeuneurs, mais ce n’est pas son principal argument. Elle est surtout basée sur le fait que notre peuple est laïc par essence et que même les non-jeuneurs kabyles conçoivent le ramadan comme une croyance strictement personnelle et ne voient aucun inconvénient à ce que les gens mangent. Les kabyles sont par exemple très largement favorables à l’ouverture des restaurants et des cafés pendant le mois de ramadan.
L’histoire nous apprend pourtant que si les peuples ont des aspirations, cela n’est pas suffisant pour les réaliser. Il faut aussi un cadre d’action et de combat. C’est aussi un élément important du rassemblement pour la liberté de culte et de conscience : créer ce cadre, le fortifier et canaliser l’énergie laïque qui reste en Kabylie. Il s’agit bien de celle ‘’qui reste’’, parce que nous savons que les forces islamistes gagnent de plus en plus de terrain et que les valeurs républicaines reculent en conséquence.
L’initiative rassemblement pour la liberté de culte et de conscience avait été lancée l’an dernier ; il était important qu’elle soit renouvelée chaque année, avec une adhésion citoyenne de plus en plus importante et une généralisation au territoire kabyle.
Pour rappel, l’année dernière, deux rassemblements avaient été organisés le 3 Aout, 21ème jour du ramadan. L’un se tenait à la place Matoub à Tizi, l’autre devant la gendarmerie à Aokas. Les déjeuner républicains organisés à l’occasion de ces rassemblements avaient fait le tour du monde. Alors que le pouvoir fait absolument tout, pour normaliser le ramadan et imposer son observation, le lancement du a Aout dernier avait suscité un débat d’une exceptionnelle vigueur et amené les kabyles à s’exprimer largement sur le sujet. Le jour venu, ils se sont mobilisés de manière conséquente (environ 500 personnes à Tizi et 200 à Aokas. A la suite du rassemblement de Tizi, le collectif citoyen Yal Yiwen I Iman-is est lancé pour prendre en charge la question de la laïcité en Kabylie en lui garantissant un caractère hors parti politique, et faire rapprocher les militants RCD, PST et autres vers cette initiative kabyliste. Trois semaines après, c’est le collectif organisera le rassemblement soutien à Zedek Mouloud, qui, après sa participation à Tizi le 3 Aout, avait vécu des intimidations et des pressions de son village, qui l’amenaient à annoncer publiquement son retrait de la scène artistique.
Tizi-Ouzou, le 3 juillet
C’est donc le collectif citoyen Yal Yiwen qui organise cette année le rassemblement du 3 juillet. L’appel est lancé sur internet, une dizaine de jours avant le jour J, comme l’an dernier et l’invitation parvient à 5 000 utilisateurs facebook. Alors que nous attendions le même nombre de participants que l’an dernier, les manifestants seront seulement au nombre de 80, au maximum 100. La mobilisation a donc été bien moindre cette année, ce qui est la principale raison de la tension palpable qui régnait place Matoub à Tizi ce jeudi. Il faut ajouter la présence d’un groupe particulièrement enragé de la presse arabophone et d’un groupe de jeunes hommes qui venaient très visiblement provoquer et perturber l’action. Alors que ces jeunes se livraient à faire du tapage, des injures et du bruit, des soit-disant journalistes arabophones couvraient leur propos, créant ainsi une foule a coté de la foule des manifestants, un événement parallèle à l’évènement. Un sabotage en bonne et due forme, difficile à contenir sans en arriver à la bagarre.
C’est Bouaziz Ait Chebib qui prendra la parole soudain, canalisant ainsi l’attention des manifestants pour la laïcité, ce qui brisera l’attention que les perturbateurs cherchent à susciter. Dans sa prise de parole, il a notamment appelé les kabyles à ne pas répondre aux provocations et à s’élever plus haut qu’elles. Pour lui, le tapage relève du fait que le pouvoir a ‘’sous-traité la répression‘’ mais que les manifestants savent d’où le coup est venu.
S’en sont suivies de courtes interventions de représentants du collectif citoyen, ainsi que de Slimane Azem, et Dda Moh Hachim, autres figures du MAK. Il a été notamment rappelé que la revendication kabyle est appuyée par la déclaration universelle des droits des l’Homme, et que la manifestation pour la tolérance est dédiée à Katia Bengana, lâchement assassinée par les islamistes à l’age de 17 ans, pour avoir refusé de porter le hidjab. Des photos de Katia étaient brandies, des banderoles flottaient sur la place Matoub : « liberté de culte et de conscience », « yal yiwen i iman-is ». Des pancartes disaient : « manger n’a jamais été un manque de respect », « liberté de conscience est conscience » et « libérez la liberté, elle fera le reste ».
Chewing-gum ou cigarette à la bouche, bouteille d’eau à la main, les manifestants ont continué à discuter après la prise de parole et ont pris des photos devant les banderoles. Mais le déjeuner républicain associé à l’action n’a pas eu lieu, la manifestation ayant été quelque peu écourtée car entachée par des menaces contre les organisateurs.
Quelle analyse faire de la mobilisation moindre, cette année, des citoyens, si on prend l’année dernière comme référence ? Souvenons-nous l’indignation provoquée l’an dernier par l’infraction de la gendarmerie dans le café ouvert de Tifra, au début du mois de juillet. Probablement pour couper le souffle à la mobilisation citoyenne pendant le ramadan pour un éventuel déjeuné républicain, la police n’a, contrairement à ses habitudes, procédé à aucune répression du ramadan, que l’on sache, en Kabylie. Ce fait tout à fait remarquable constitue au passage une conséquence de notre mobilisation l’an dernier, mais explique peut-être, en partie, pourquoi il n’y avait pas le même engouement cette année pour le rassemblement. Autre élément qui a joué contre la mobilisation : l’ambiance de grande passivité provoquée par la coupe du monde, ses matchs, le suivi des résultats etc.. Rappelons qu’une euphorie particulière régnait en kabylie, surtout au début du mois, à la vue de l’Algérie se faire qualifier et disputer des matchs à la coupe du monde. Le foot a participé à rendre moins insupportable la répression du ramadan. Nous avons aussi réfléchi sur le choix de la date (3 juillet, c’est-à-dire le 7ème jour du ramadan), une date postérieure aurait-elle était plus adéquate ? Nous pensions qu’une date prématurée servirait à ‘’rentabiliser ‘’ le ramadan au maximum en termes d’action, c’est-à-dire à interpeller les autres régions pour s’organiser, pendant le ramadan, et dire non au fascisme islamiste. Le choix de la date avait donc un double effet. Un autre élément d’analyse qui ne peut nous échapper est le fait que l’action n’ plus l’effet de nouveauté qu’elle avait l’an dernier où elle brisait un tabou, en vertu de quoi, elle avait bénéficié d’une attention médiatique singulière de la part même de la presse écrite nationale ; globalement hostile, avant son déroulement, ce qui avait eu un effet publicitaire. Cette année, aucun média écrit ni même électronique n’a véritablement soutenu l’action compte-tenu de son importance. Pas moins de quatre artistes engagés et résidant à l’étranger ont été contactés pour soutenir l’action, ils ont tous répondu négativement. Deux hommes d’affaires avaient aussi proposé leur aide ou ont été sollicités, mais ont retiré leur soutien à la dernière minute. Le seul soutien dont l’action a bénéficié, c’est le soutien ouvert du toujours rebelle, toujours présent Zedek Mouloud qui nous a réitéré son adhésion mais qui n’a pu participer parce qu’il partait en France précisément ce jour-là.
Sinon, l’action avait été lancée exactement comme l’an dernier, par le même biais (internet) et avec à peu prés la même avance sur la date de l’évènement (10 jours au lieu de 15). Si la mobilisation populaire a été plus basse, l’action de Tizi a eu plusieurs retombées positives. D’abord et comme souligné, elle est la première à se réaliser en ce mois, résolue à faire du rassemblement républicain une tradition. Elle permet, comme on le constate, aux citoyens ailleurs de s’organiser localement pour mener les mêmes actions antifascistes, puisque suivront maintenant Akbou et Vgayet. Par le renouvellement de l’action, Tizi et Aokas font tâche d’huile. Il faut également noter que même si les médias ont tu l’action, elle a eu de véritables répercussions puisque les islamistes, contre lesquels les actions sont organisées, sont, comme  l’an dernier, venu prier place Matoub pour réagir à notre manifestation. Celle-ci a donc bien permis de secouer les fascistes qui sentent une menace contre leur ordre moral. Enfin, le rassemblement de Tizi est véritablement une action et pas une réaction, il ne s’est pas fait comme une réponse aux agissements du pouvoir : le 3 juillet, la Kabylie a parlé la première. Et c’est très rare dans ses actions politiques, le plus souvent purement réactives.
Aokas, le 5 juillet
Sur toile de fond de rassemblement de la ville des genets, Aokas, qui s’était organisés depuis un mois, choisit aussi une date prématurée du mois de ramadan pour réaliser son rassemblement. Le 5 juillet est choisi par les organisateurs, ici encore des citoyens, qui font certes une action politique, mais au nom d’aucun parti. Le 5, c’est pour eux une date symbolique à reconquérir et une date pour laquelle une manifestation pour la liberté a toute sa place. L’ambiance était au top dans le village côtier, où la foule était à peine moins nombreuse qu’à Tizi, mais où on sentait que les non-jeuneurs manifestaient dans l’acceptation générale de la population. Les seuls intrus, c’est comme d’habitude les représentants de la presse arabophone, qui, comme à Tizi, ont essayé de dévier l’évènement, en formant une foule autour d’une discussion ‘’contre’’. Ici le d éjeuner républicain s’est tenu, pratiquement tous les manifestants ont mangé, dans ce village dont les jeunes nous disent qu’il comporte énormément de non-jeuneurs. L’action, dédiée aussi ici à la mémoire de la martyre Katia Bengana, brandira ses photos. Les banderoles plus acerbes qu’à Tizi : on demande aussi l’ouverture des bars pendant le ramadan, et on condamne le salafisme avec des propos directs. Mais ici encore, comme à Tizi, aucune atteinte à la religion n’est portée. Le rassemblement se poursuit en marche à travers la ville, sous le regard largement approbateur des citoyens. Elle terminera à la mairie de la ville, où les manifestants accrocheront leurs banderoles pour la tolérance et la liberté. Ils termineront par de brèves prises de parole, d’un organisateur de l’action, de Mouloud Mebarki du MAK, et d’un représentant de yal yiwen i iman-is. Aokas brillait sous le soleil, et avait réalisé son action à 100%. Les jeunes venus de Tazmalt et ailleurs dans la région de Vgayet, ont tout de suite décidé de reconduire l’action samedi 12 juillet à Akbou. Le rendez-vous est pris pour l’historique vallée de la Soumam. S’en suivra un rassemblent à Vgayet, le dernier samedi du mois de ramdan, c’est-à-dire le 19.
La kabylie veut un autre ramadan, un ramadan kabyle. Elle refuse un ramadan dictatorial, elle veut un ramadan qui se fait dans le respect de toutes et de tous. Elle s’organise dans les limites de ses moyens, dans un combat où elle est débutante, puisqu’il est nouveau, et où elle est véritablement seule. Elle mène courageusement le plus noble des combats, pour la première fois dans l’union MAK/RCD/FFS/PST etc, pour la première fois depuis 2001, aussi. Elle suscite une infinie admiration,  de vifs espoirs, mais aussi la rage, la jalousie et l’envie. Belle et rebelle, fidèle à ses coutumes libertaires, la Kabylie défend sa nature républicaine et ira à terme vers de magnifiques succès.
Samia ait Tahar
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