Le professeur Kamal Bouamara: “L’État algérien n’a rien fait pour tamazight”
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Le professeur Kamal Bouamara: “L’État algérien n’a rien fait pour tamazight”
Le professeur Kamal Bouamara
“L’État algérien n’a rien fait pour tamazight”
Par : Mohamed Mouloudj
“L’État algérien n’a rien fait pour tamazight”
Par : Mohamed Mouloudj
Pour le Pr Kamel Bouamara de l’université de Béjaïa, “on ne comprend pas bien le rapport qu’il y a entre les problèmes techniques que connaissent cette langue et sa consécration dans la Constitution comme langue officielle”. M. Bouamara, spécialisé dans la langue et la littérature amazighes, souligne, par ailleurs, que les contradictions du pouvoir sont multiples. Faisant le parallèle avec le voisin marocain qui a décidé d’officialiser tamazight, il a indiqué que “l'état de cette langue au Maroc est tout à fait le même”, mais, a-t-il précisé, “le Makhzen l'a tout de même officialisé, fût-ce à moitié, dans le sens où elle figure dans la dernière Constitution marocaine comme langue officielle, mais que les lois organiques relatives à son officialisation réelle tardent à venir”. Pour lui, cette démarche “est plus logique et plus cohérente”, car, poursuit-il, “on reconnaît quelque chose comme officiel, au niveau de la loi fondamentale, puis on lui adjoint des lois organiques d'application et on lui octroie enfin des moyens matériels et financiers”. “En Algérie, on veut nous faire croire aujourd'hui que le processus doit être inversé : on la normaliserait (?) d'abord et on l’officialiserait (quand ?), après !”, indique notre interlocuteur, en s’interrogeant, dans ce cas de figure, sur quelle base juridique on créerait des cadres institutionnels pour normaliser cette langue ? Une question lancinante à laquelle le professeur tente de trouver des explications à travers une rétrospective sur l’évolution de la revendication.
Ainsi, il rappelle qu’en Algérie, “on a déjà expérimenté cette solution en 1995, avec la création du HCA, une institution politique dépendant de la présidence de la République. Et au début des années 2000, on a créé le CNPLET sous l’égide du ministère de l’Éducation nationale, dont le rôle était, entre autres, la standardisation de cette langue. Au niveau de l'université, il y a, depuis le début des années 1990, plusieurs départements de langue et culture amazighes”, a-t-il dit, en se questionnant sur l’état actuel de cette normalisation/standardisation.
“Officiellement, a-t-il ajouté, nous sommes encore et toujours au niveau du choix des caractères pour transcrire cette langue.” Comme solution que propose le professeur Bouamara, la suppression du caractère facultatif dont souffre l’enseignement de tamazight depuis 1995 en est la première. M. Bouamara ajoute, à ce sujet, que la nouvelle ministre de l’Éducation “aurait souhaité créer une académie qui s’occuperait de l’aménagement de cette langue. Une académie qui dépendrait encore du ministère de l’Éducation, c’est-à-dire, une institution alibi, tout comme le CNPLET qui a existé depuis au moins 10 ans, mais qui n’a rien — ou presque — réalisé en matière de normalisation de tamazight”. Interrogé sur le problème qui a laissé traîner depuis des années le projet de la normalisation de tamazight, M. Bouamara estime que “le CNPLET étant juridiquement sous l'égide du MEN (où la grille des salaires des employés est plafonnée), il ne peut donc pas recruter des chercheurs permanents, dont les salaires dépassent les salaires que le MEN dispensent”.
À propos des départements de langue et culture amazighes, il a ajouté qu’ils ont pour objectif principal la formation à l'emploi (essentiellement l’enseignement) et, secondairement, la formation à la recherche appliquée, eu égard aux moyens réduits dont ils disposent actuellement. Cela dit, explique le professeur, “on comprendra donc que l’État n'a pas beaucoup fait pour améliorer le sort de la plus algérienne des langues en Algérie, ni sur le plan de son statut juridique ni sur le plan du corpus”.
Pour lui, les vraies motivations du pouvoir algérien sont d’ordre politico-idéologique.
Ainsi, il rappelle qu’en Algérie, “on a déjà expérimenté cette solution en 1995, avec la création du HCA, une institution politique dépendant de la présidence de la République. Et au début des années 2000, on a créé le CNPLET sous l’égide du ministère de l’Éducation nationale, dont le rôle était, entre autres, la standardisation de cette langue. Au niveau de l'université, il y a, depuis le début des années 1990, plusieurs départements de langue et culture amazighes”, a-t-il dit, en se questionnant sur l’état actuel de cette normalisation/standardisation.
“Officiellement, a-t-il ajouté, nous sommes encore et toujours au niveau du choix des caractères pour transcrire cette langue.” Comme solution que propose le professeur Bouamara, la suppression du caractère facultatif dont souffre l’enseignement de tamazight depuis 1995 en est la première. M. Bouamara ajoute, à ce sujet, que la nouvelle ministre de l’Éducation “aurait souhaité créer une académie qui s’occuperait de l’aménagement de cette langue. Une académie qui dépendrait encore du ministère de l’Éducation, c’est-à-dire, une institution alibi, tout comme le CNPLET qui a existé depuis au moins 10 ans, mais qui n’a rien — ou presque — réalisé en matière de normalisation de tamazight”. Interrogé sur le problème qui a laissé traîner depuis des années le projet de la normalisation de tamazight, M. Bouamara estime que “le CNPLET étant juridiquement sous l'égide du MEN (où la grille des salaires des employés est plafonnée), il ne peut donc pas recruter des chercheurs permanents, dont les salaires dépassent les salaires que le MEN dispensent”.
À propos des départements de langue et culture amazighes, il a ajouté qu’ils ont pour objectif principal la formation à l'emploi (essentiellement l’enseignement) et, secondairement, la formation à la recherche appliquée, eu égard aux moyens réduits dont ils disposent actuellement. Cela dit, explique le professeur, “on comprendra donc que l’État n'a pas beaucoup fait pour améliorer le sort de la plus algérienne des langues en Algérie, ni sur le plan de son statut juridique ni sur le plan du corpus”.
Pour lui, les vraies motivations du pouvoir algérien sont d’ordre politico-idéologique.
Azul- Nombre de messages : 29959
Date d'inscription : 09/07/2008
Re: Le professeur Kamal Bouamara: “L’État algérien n’a rien fait pour tamazight”
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Azul- Nombre de messages : 29959
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