Mostefa Bouchachi : Un député…dépité

Fait sans précédent dans l’histoire de l’Assemblée populaire nationale (APN), le député du front des forces socialistes (FFS), maître Mostefa Bouchachi a décidé de claquer la porte de l’hémicycle Zighoud Youcef à compter aujourd’hui.
Dans une lettre qu’il a adressée hier au président de l’Assemblée Mohamed Larbi Ould Khalifa qu’il a postée sur son compte Facebook, le désormais ex député annonce sa démission définitive de l’APN en raison écrit-il des “refus successifs” des propositions de son parti et de l’absence de débat au sein de l’Assemblée.
Mostefa Bouchachi qui est par ailleurs une figure connue de la lutte pour le respect des droits de l’homme en Algérie, souligne qu’il ne se faisait pas “d’illusion” sur le fonctionnement de l’Assemblée après son élection en mai 2012 surtout que son parti le FFS n’avait pas la majorité. “… Depuis que j’ai rejoint l’APN j’ai été choqué par la manière dont est gérée cette institution qui légifère au nom du peuple” écrit encore Bouchachi. L’ex député série une foultitude “d’anomalies” et de “violations” du règlement intérieur de l’Assemblée notamment par les interférences de l’exécutif.
Un député… dépité
Il pointe aussi le fait que les propositions de loi de son parti et d’autres formations “ne sont jamais prises en considération”, précisant que pas moins de dix projets ont été ignorés par le bureau de l’APN. Mostefa Bouchachi ne comprend pas également pourquoi, les ministres répondent en retard aux questions orales des députés et qu’aucune disposition ne les force à le faire à temps.
L’élu du FFS, motive en outre sa démission de l’Assemblée par le refus catégorique opposé au groupe parlementaire du FFS et ceux des autres partis de constituer des commissions d’enquête notamment sur les événements tragiques de Ghardaïa. Enfin, Bouchachi est choqué par le fait que l’APN censée contrôler l’usage qui est fait de l’argent public “conformément à sa mission” se contente “d’adopter tout ce qu’on lui propose qu’il s’agisse des projets de lois de finances notamment la loi sur le règlement budgétaires”.
Sur les traces d’Ait Larbi
“Devant cette situation et de peur de perdre l’estime de moi-même, et celui des algériens qui ont placé leur confiance en moi ainsi que le sacrifices des chouhada pour que la construction de l’Etat-national, je vous présente M. le président, ma démission et mon retrait de l’Assemblée populaire nationale”, écrit Bouchachi. C’est incontestablement une décision inédite qu’un député renonce à son mandat au sein de l’APN et surtout à un bon paquet des privilèges attachés à la fonction.
En libérant sa conscience, Mostefa Bouchachi disqualifie cette APN mal élue, peuplée de gens qui n’ont pas forcément une relation avec la politique. Son geste courageux se veut aussi une oeuvre pédagogique à savoir qu’une Assemblée qui fonctionne comme une chambre d’enregistrement n’est pas une fatalité. La quitter, constitue une manière de contester son fonctionnement. Comme l’autre avocat et militant des droits de l’homme, Mokrane Ait Larbi qui avait démissionné à mi mandat du sénat, Mostefa Bouchachi honore sa profession.

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