4EME MONDIAL ET 4EME MANDAT : l’absurdité du raccourci, la gravité de la manip
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4EME MONDIAL ET 4EME MANDAT : l’absurdité du raccourci, la gravité de la manip
Un cheval barbe pur-sang a été offert ce samedi, au centre équestre Ahmed Benbella de Relizane, à Abdelaziz Bouteflika…via son Premier ministre, fait porteur pour l’occasion, par le président du club équestre local. Dans ce pays où l’on communique par messages subliminaux, le fait est sujet à interprétations.
Un cheval offert à Bouteflika, cela signifie-t-il que celui-ci sera de la course aux présidentielles de 2014? Doit-on donc considérer que Bouteflika a annoncé sa candidature depuis Relizane ? Le don ayant eu lieu au centre équestre Ahmed Benbella, cela signifie-t-il que les partisans de ce dernier ont pardonné et oublié le coup d’Etat de juin 1965 et qu’ils sont désormais les partisans de Bouteflika, lui qui a nommé plein de ministres de Maghnia dont certains membres de l’ex MDA de Benbella? Comme le cheval en question s’appelle Moun, un nom à quatre lettres qui, de surcroit, commence par un M, ne devrait-on pas entendre que le quatrième mandat sera aussi offert au nouveau propriétaire du pur-sang? Et, Moun pouvant s’écrire Moon, ce qui équivaut à Lune en anglais, on peut penser que les soldats du quatrième mandat sont entrés de plein pied dans le monde de l’astrologie. Et que notre Premier ministre a trouvé enfin son domaine d’excellence, lui qui, après s’être moqué de la poésie et des sciences sociales, s’est découvert nul en langues.
Le discours ésotérique du pouvoir et de ses porte-paroles nous oblige, en tout cas, à nous poser ce type de questions à deux dinars dévalués en catimini pour tenter de percer le mystère.
Voyons d’ailleurs comme Abdelmalek Sellal lui-même affectionne ce genre de discours sans queue ni tête, comme pour nous montrer qu’il ne maîtrise pas mieux les sciences exactes qui requièrent une capacité de raisonnement par la logique: ce qu’il trouve savoureux dans la qualification de l’équipe nationale de football au mondial 2014, et c’est lui-même qui nous le dit, c’est surtout qu’elle est la quatrième du genre. Dans ce pays où les responsables ont la phobie de la clarté, préférant communiquer par la blague, l’énigme, le raccourci ou la devinette, sans jamais se départir de la langue de bois, l’allusion est claire, miraculeusement claire: cette quatrième participation des Verts à une phase finale de coupe du monde est synonyme d’un inévitable quatrième mandat pour Bouteflika. Ne demandez pas à comprendre pourquoi ou comment une victoire dans un match de foot implique nécessairement un mandat de plus pour le chef de l’Etat en exercice. Sellal ne saurait pas vous le dire. Il n’en voit pas l’utilité, n’en éprouve pas le besoin et, de toutes façons, c’est au dessus de ses moyens. C’est pour cela qu’il se suffit de nous suggérer que cela relève de la fatalité. Un signe du Ciel, en quelque sorte. Un peu comme ce « Allahou Akbar » dessiné au laser dans le ciel du 5-juillet un certain jour de 1991. Quatrième mondial veut dite quatrième mandat. Sans laser. C’est comme ça, c’est à prendre ou à laisser.
Et pourtant, si l’on veut bien jouer le jeu de la vérité, quitte à passer pour des trouble-fête ou des rabat-joie, il y a bien des dénominateurs communs entre la qualification au mondial acquise au stade de Blida et le mandat de plus escompté par Sellal and co. La manière dont le ticket de la qualification a été arraché mardi dernier par la bande à Hallilozic ressemble déjà à celle au mode opératoire dont use la bande à Boutef depuis avril 2013 pour maintenir le chef au pouvoir. L’arbitre du match Algérie-Burkina Faso n’a pas brandi à la face de Madjid Bouguerra le carton rouge qu’il méritait indiscutablement, au regard des règles du jeu, après un tacle dangereux par lequel il a visé franchement le pied d’un adversaire en possession du ballon. Cela ressemble à s’y méprendre à la passivité observée par le Conseil constitutionnel qui s’est refusé, lui aussi, à enclencher la procédure légale et réglementaire pour prononcer l’état d’empêchement, comme le prévoit l’article 88. C’est Bouguerra, ainsi rescapé d’une expulsion au beau milieu du match, qui a marqué le but synonyme de qualification, à un moment où il devait se trouver dans les vestiaires. Et c’est Bouteflika, miraculé d’une disqualification légale pour cause d’incapacité à gouverner, qui a apprivoisé le DRS, remanié et tribalisé le gouvernement, rabiboché le FLN, verrouillé la cour suprême, bloqué les poursuites contre Khelil et lancé Sellal, Ghoul et Cie dans une campagne électorale avant l’heure, à un moment où il aurait du rester chez lui, comme un bon vieux retraité, ou séjourner dans un hôpital français ou suisse, peu importe, pour observer une convalescence en bonne et due forme, comme tout grand malade de 76 ans pouvant abuser du trésor public pour honorer ses frais d’hospitalisation à Paris ou Genève. Les similitudes entre le mondial et le mandat ne s’arrêtent pas là. Puisqu’on doit le quatrième mondial à un but gag dont l’auteur, déjà miraculé par la grâce d’un arbitre peu regardant, ne peut tirer gloire, on devra le quatrième mandat à un scrutin gaguesque. Et ce n’est pas fini : comme lors de leurs trois précédentes participations, les Verts n’iront certainement pas au second tour et, forcément, Bouteflika non plus. Logique : si d’aventure il participait à la présidentielle, il n’accepterait pas un score inférieur à ceux de 1999, 2004 ou 2009.
Mais ici s’arrêtent les équivalences entre le mondial et le mandat. Car, en définitive, le football reste un sport, un jeu, même si l’on en fait tantôt un fonds de commerce, aux sens propre et figuré, tantôt un instrument politicien ou un argument électoraliste, tandis que la politique, elle, c’est autrement plus sérieux. Un match n’est jamais « une affaire nationale » comme veut nous en convaincre Sellal. Une élection l’est toujours. L’Algérie supporterait sans problème une débâcle des Verts au Brésil, même s’ils devaient s’incliner par un score de 10 à 0 face à l’Allemagne, l’Argentine ou les Pays bas, ce qui, du reste, n’est pas à exclure. Même s’ils rêvent de miracle, les Algériens savent à quoi s’en tenir avec une équipe qui a peiné à défaire le Burkina Faso et qui n’y aurait sans doute pas réussi sans le coup de pouce de l’arbitre dont les jeunes Algériens se gaussent, histoire de savourer la victoire à leur manière, en racontant que Nedjma, sponsor généreux de l’EN, lui a accordé un forfait téléphone à vie. Un cynisme sans grande méchanceté qui fait malicieusement pièce à celui de Sellal, avec, en sus, plus d’imagination, plus de vérité et, bien sûr, plus d’humour. Et ce sont ces jeunes que Sellal s’essaie à embobiner !
Si une déroute de la sélection nationale au mondial devait advenir, elle serait sans conséquence durable sur le pays. Mais un quatrième mandat de Bouteflika pourrait être le prélude à bien des calamités. Le mandat en cours fait déjà de l’Algérie une curiosité planétaire, un statut qu’elle n’a pas volé puisqu’elle est sans doute le seul pays au monde dont le président laisse une soixantaine d’ambassadeurs dans l’attente de leur accréditation depuis des mois. Evoquer, dans ces conditions, la possibilité d’un quatrième mandat, est en soi un affront de plus au pays, autrement plus grave qu’une lourde défaite des Verts au Brésil. Mais c’est le quatrième mandat lui-même qui, s’il devait être offert à Bouteflika comme ce cheval de Relizane, mettrait le pays dans l’œil du cyclone, les trois mandats passés n’ayant servi qu’à réunir les conditions d’un cataclysme national : la corruption généralisée, la criminalité banalisée, les trafics en tous genres quasiment légalisés, l’incivisme érigé en norme nationale, la violence assurée de l’impunité, l’espace public livré aux bandes de voyous, la circulation routière impossible ou mortelle, les forces de sécurité transformées en instrument de répression, la justice asservie, l’administration instrumentalisée, les contre-pouvoirs anéantis, l’école ruinée, la santé inaccessible. La gravité de la manip est là. Car les germes du chaos sont semés. Un quatrième mandat, ce serait la saison de leur éclosion. Et le cataclysme adviendra alors. Même si, suprême utopie, les Verts revenaient du Brésil avec la coupe du monde.
N’attendons donc pas de Sellal de nous démontrer le rapport entre le quatrième mondial des Verts et un quatrième mandat présidentiel pour Bouteflika : il n’y en a point. Sauf qu’au pays des Khelil, Ghoul et Khalifa, tout se monnaie, un match de foot comme un mandat présidentiel.
Hassan Talbi
Un cheval offert à Bouteflika, cela signifie-t-il que celui-ci sera de la course aux présidentielles de 2014? Doit-on donc considérer que Bouteflika a annoncé sa candidature depuis Relizane ? Le don ayant eu lieu au centre équestre Ahmed Benbella, cela signifie-t-il que les partisans de ce dernier ont pardonné et oublié le coup d’Etat de juin 1965 et qu’ils sont désormais les partisans de Bouteflika, lui qui a nommé plein de ministres de Maghnia dont certains membres de l’ex MDA de Benbella? Comme le cheval en question s’appelle Moun, un nom à quatre lettres qui, de surcroit, commence par un M, ne devrait-on pas entendre que le quatrième mandat sera aussi offert au nouveau propriétaire du pur-sang? Et, Moun pouvant s’écrire Moon, ce qui équivaut à Lune en anglais, on peut penser que les soldats du quatrième mandat sont entrés de plein pied dans le monde de l’astrologie. Et que notre Premier ministre a trouvé enfin son domaine d’excellence, lui qui, après s’être moqué de la poésie et des sciences sociales, s’est découvert nul en langues.
Le discours ésotérique du pouvoir et de ses porte-paroles nous oblige, en tout cas, à nous poser ce type de questions à deux dinars dévalués en catimini pour tenter de percer le mystère.
Voyons d’ailleurs comme Abdelmalek Sellal lui-même affectionne ce genre de discours sans queue ni tête, comme pour nous montrer qu’il ne maîtrise pas mieux les sciences exactes qui requièrent une capacité de raisonnement par la logique: ce qu’il trouve savoureux dans la qualification de l’équipe nationale de football au mondial 2014, et c’est lui-même qui nous le dit, c’est surtout qu’elle est la quatrième du genre. Dans ce pays où les responsables ont la phobie de la clarté, préférant communiquer par la blague, l’énigme, le raccourci ou la devinette, sans jamais se départir de la langue de bois, l’allusion est claire, miraculeusement claire: cette quatrième participation des Verts à une phase finale de coupe du monde est synonyme d’un inévitable quatrième mandat pour Bouteflika. Ne demandez pas à comprendre pourquoi ou comment une victoire dans un match de foot implique nécessairement un mandat de plus pour le chef de l’Etat en exercice. Sellal ne saurait pas vous le dire. Il n’en voit pas l’utilité, n’en éprouve pas le besoin et, de toutes façons, c’est au dessus de ses moyens. C’est pour cela qu’il se suffit de nous suggérer que cela relève de la fatalité. Un signe du Ciel, en quelque sorte. Un peu comme ce « Allahou Akbar » dessiné au laser dans le ciel du 5-juillet un certain jour de 1991. Quatrième mondial veut dite quatrième mandat. Sans laser. C’est comme ça, c’est à prendre ou à laisser.
Et pourtant, si l’on veut bien jouer le jeu de la vérité, quitte à passer pour des trouble-fête ou des rabat-joie, il y a bien des dénominateurs communs entre la qualification au mondial acquise au stade de Blida et le mandat de plus escompté par Sellal and co. La manière dont le ticket de la qualification a été arraché mardi dernier par la bande à Hallilozic ressemble déjà à celle au mode opératoire dont use la bande à Boutef depuis avril 2013 pour maintenir le chef au pouvoir. L’arbitre du match Algérie-Burkina Faso n’a pas brandi à la face de Madjid Bouguerra le carton rouge qu’il méritait indiscutablement, au regard des règles du jeu, après un tacle dangereux par lequel il a visé franchement le pied d’un adversaire en possession du ballon. Cela ressemble à s’y méprendre à la passivité observée par le Conseil constitutionnel qui s’est refusé, lui aussi, à enclencher la procédure légale et réglementaire pour prononcer l’état d’empêchement, comme le prévoit l’article 88. C’est Bouguerra, ainsi rescapé d’une expulsion au beau milieu du match, qui a marqué le but synonyme de qualification, à un moment où il devait se trouver dans les vestiaires. Et c’est Bouteflika, miraculé d’une disqualification légale pour cause d’incapacité à gouverner, qui a apprivoisé le DRS, remanié et tribalisé le gouvernement, rabiboché le FLN, verrouillé la cour suprême, bloqué les poursuites contre Khelil et lancé Sellal, Ghoul et Cie dans une campagne électorale avant l’heure, à un moment où il aurait du rester chez lui, comme un bon vieux retraité, ou séjourner dans un hôpital français ou suisse, peu importe, pour observer une convalescence en bonne et due forme, comme tout grand malade de 76 ans pouvant abuser du trésor public pour honorer ses frais d’hospitalisation à Paris ou Genève. Les similitudes entre le mondial et le mandat ne s’arrêtent pas là. Puisqu’on doit le quatrième mondial à un but gag dont l’auteur, déjà miraculé par la grâce d’un arbitre peu regardant, ne peut tirer gloire, on devra le quatrième mandat à un scrutin gaguesque. Et ce n’est pas fini : comme lors de leurs trois précédentes participations, les Verts n’iront certainement pas au second tour et, forcément, Bouteflika non plus. Logique : si d’aventure il participait à la présidentielle, il n’accepterait pas un score inférieur à ceux de 1999, 2004 ou 2009.
Mais ici s’arrêtent les équivalences entre le mondial et le mandat. Car, en définitive, le football reste un sport, un jeu, même si l’on en fait tantôt un fonds de commerce, aux sens propre et figuré, tantôt un instrument politicien ou un argument électoraliste, tandis que la politique, elle, c’est autrement plus sérieux. Un match n’est jamais « une affaire nationale » comme veut nous en convaincre Sellal. Une élection l’est toujours. L’Algérie supporterait sans problème une débâcle des Verts au Brésil, même s’ils devaient s’incliner par un score de 10 à 0 face à l’Allemagne, l’Argentine ou les Pays bas, ce qui, du reste, n’est pas à exclure. Même s’ils rêvent de miracle, les Algériens savent à quoi s’en tenir avec une équipe qui a peiné à défaire le Burkina Faso et qui n’y aurait sans doute pas réussi sans le coup de pouce de l’arbitre dont les jeunes Algériens se gaussent, histoire de savourer la victoire à leur manière, en racontant que Nedjma, sponsor généreux de l’EN, lui a accordé un forfait téléphone à vie. Un cynisme sans grande méchanceté qui fait malicieusement pièce à celui de Sellal, avec, en sus, plus d’imagination, plus de vérité et, bien sûr, plus d’humour. Et ce sont ces jeunes que Sellal s’essaie à embobiner !
Si une déroute de la sélection nationale au mondial devait advenir, elle serait sans conséquence durable sur le pays. Mais un quatrième mandat de Bouteflika pourrait être le prélude à bien des calamités. Le mandat en cours fait déjà de l’Algérie une curiosité planétaire, un statut qu’elle n’a pas volé puisqu’elle est sans doute le seul pays au monde dont le président laisse une soixantaine d’ambassadeurs dans l’attente de leur accréditation depuis des mois. Evoquer, dans ces conditions, la possibilité d’un quatrième mandat, est en soi un affront de plus au pays, autrement plus grave qu’une lourde défaite des Verts au Brésil. Mais c’est le quatrième mandat lui-même qui, s’il devait être offert à Bouteflika comme ce cheval de Relizane, mettrait le pays dans l’œil du cyclone, les trois mandats passés n’ayant servi qu’à réunir les conditions d’un cataclysme national : la corruption généralisée, la criminalité banalisée, les trafics en tous genres quasiment légalisés, l’incivisme érigé en norme nationale, la violence assurée de l’impunité, l’espace public livré aux bandes de voyous, la circulation routière impossible ou mortelle, les forces de sécurité transformées en instrument de répression, la justice asservie, l’administration instrumentalisée, les contre-pouvoirs anéantis, l’école ruinée, la santé inaccessible. La gravité de la manip est là. Car les germes du chaos sont semés. Un quatrième mandat, ce serait la saison de leur éclosion. Et le cataclysme adviendra alors. Même si, suprême utopie, les Verts revenaient du Brésil avec la coupe du monde.
N’attendons donc pas de Sellal de nous démontrer le rapport entre le quatrième mondial des Verts et un quatrième mandat présidentiel pour Bouteflika : il n’y en a point. Sauf qu’au pays des Khelil, Ghoul et Khalifa, tout se monnaie, un match de foot comme un mandat présidentiel.
Hassan Talbi
moi- Nombre de messages : 8760
Date d'inscription : 30/01/2009
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