LIBERTE DE CONSCIENCE EN KABYLIE : le double chantage

A la vérité la réplique islamiste et la manipulation du régime étaient attendues après les actions menées à Tizi_Ouzou et Aokas le 3 août. La polémique sur le danger kabyle devait bien renaître pour permettre aux clans de faire leurs petites affaires en douce. C’est un classique : poseurs de bombes en 1976, Cap Sigli en 1978, massacres en série en 2001…Seul avril 80 qui a été mûri et assumé en tant que projet alternatif, au lieu d‘être un acte réactif, a permis de déstabiliser le pouvoir.

« Cette fois aussi la conjonction islamistes-pouvoir contre la perspective de rénovation démocratique est avérée », commente Bachir, enseignant à l’université Mouloud Mammeri entouré par un groupe de jeunes qui se demandaient comment « traiter » le regroupement organisé à Tizi-Ouzou ce lundi soir par des salafistes, à l’évidence étrangers à la région, du moins dans leur écrasante majorité. Les couleurs de la JSK, club démonétisé par le pouvoir, ont servi de maquillage à un regroupement majoritairement composé de personnes venues d’Alger, Boumerdes et, même, pour certaines, de Médéa. Recherchant visiblement la provocation les intrus ont même été jusqu’à débaptiser la place Matoub Lounes récemment inaugurée par l’APC de la ville.



Et voilà, c’est reparti comme en 14 renchérit Moumouh, ex-chroniqueur coqueluche du café Novelty : « Ali Belhadj, Mokri, Toufik et Boutef même combat » quand il s’agit de la Kabylie, c’est-à-dire de la question démocratique, avant d’ajouter un rien intrigué, « je ne pensais pas que Belhadj se ferait manipuler par le pouvoir dans une opération aussi grossière. »

C’était attendu mais, pour autant, faut-il emboiter le pas à ceux qui crient avec les loups. La faute de M. Samir Bouakouir qui s’est empressé de dénoncer « des écervelés » est la pire des attitudes.

Le combat pour la liberté de conscience est l’ordre du jour en Algérie et cela n’a pas de prix. Comme toutes les luttes démocratiques il est initié en Kabylie. S’il avait fallu attendre que le pouvoir ou ses clones islamistes abandonnent leur sectarisme pour revendiquer la démocratie, rien n’aurait été fait. Il ne faut surtout pas reculer. En même temps, une action sur un sujet aussi important doit être accompagnée par une stratégie de communication offensive associant le plus grand nombre. La grande partie des mosquées locales ont du reste appelé à ne pas se joindre à l’appel salafiste. C’est la seule manière de ne pas tomber dans le traquenard tendu à la liberté : le pouvoir en panne et en crise va essayer de rejouer le rôle de l’arbitre qui rassure contre « deux extrémismes », le temps de se retourner.

En l’occurrence, il faut plus agir que réagir. Ce qui ne veut pas dire perdre du temps ou reculer. Cela appelle intelligence et organisation. La Kabylie, quand elle a su mobiliser ses ressources, a su se doter des deux.

Ali Graichi

http://www.algerie-express.com/ae/category-table1909569166/2854-liberte-de-conscience-en-kabylie-le-double-chantage