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MOHAMED CHAFIK MESBAH AU FORUM DE LIBERTÉ :«Le clan présidentiel veut mettre le pays à feu et à sang»

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Message  Aokas Ultras Mar 4 Juin - 13:41


Le politologue Mohamed Chafik Mesbah est aujourd’hui persuadé que Abdelaziz Bouteflika ne pourra plus reprendre ses fonctions de chef de l’Etat. L’ancien colonel des services de renseignement estime que le clan présidentiel est prêt à plonger l’Algérie dans le chaos pour se maintenir au pouvoir.

Tarek Hafid - Alger (Le Soir) - C’est un véritable scénario catastrophe que prédit Mohamed Chafik Mesbah si le «cercle présidentiel », comprendre les proches du Président Abdelaziz Bouteflika, tente de garder le pouvoir. «Le clan présidentiel veut mettre le pays à feu et à sang. Vous pensez que les baltaguias de l’économie (hommes d’affaires corrompus) qui tournent autour de Bouteflika vont laisser les choses se dérouler normalement ? Que vont devenir leurs intérêts ?» a asséné, hier, le politologue lors du forum du quotidien Liberté. «Je fais un distinguo très net entre le président de la République qui doit quitter ses fonctions dans la dignité et le cercle présidentiel, les gens de son entourage, qui ont trucidé le pays, ceux-là sont un autre problème. Que les autorités en charge de la transition démocratique décident de la question», a indiqué Mohamed Chafik Mesbah en précisant parler en son «nom propre» car n’étant pas «mandaté par l’armée ni le Département du renseignement et de la sécurité». Mesbah, qui dit détenir des informations «en provenance de France» sur l’état de santé de Abdelaziz Bouteflika, affirme que ce dernier n’est plus en mesure de gouverner. «Tout le monde s’accorde à dire que le président de la République ne sera plus en mesure d’exercer ses fonctions. Par conséquent, il y a lieu de réfléchir sur les perspectives. »Ainsi, l’avenir proche de l’Algérie devrait se jouer selon trois scénarios. «Le premier consiste en un coup d’Etat, je le dis crûment, pour destituer le président de la République et placer quelqu’un d’autre à sa place qui maintiendrait le statu quo. Sincèrement, je ne crois pas que ce soit possible car les chefs militaires actuels, qui ont des carrières professionnelles exemplaires et un niveau d’instruction appréciable, ne sont pas tentés par les démons de la politique même s’ils sont à l’écoute de la société. Ils savent que les coups d’Etat sont aujourd’hui révolus et qu’il y a une Cour de justice internationale. Ni l’armée, ni les services de renseignement ne songent à un coup de force qui les placerait en situation de rébellion vis-à-vis des autorités légales. C’est un scénario que j’exclus. Le second consiste à maintenir le chef de l’Etat en fonction de manière virtuelle pour gagner du temps pour dégager une autre solution. Mais la situation tout à fait cauchemardesque dans laquelle a été plongé le pays, l’état d’exaspération de la société et surtout les affaires de grande corruption ne permettent pas ce jeu. Le dernier scénario consistera à confirmer l’état d’indisponibilité du Président Bouteflika pour ensuite organiser des élections présidentielles dans les délais requis par la Constitution. Mais au vu de la situation politique héritée de la gouvernance passée, il est peu probable qu’il soit possible d’aller aussi rapidement à une telle méthode. Il serait impossible d’organiser un scrutin présidentiel transparent d’autant plus que je suis persuadé que l’entourage du président de la République s’efforcera de le contrarier, si ce n’est pas un candidat adoubé. Je souhaite éviter à mon pays cette situation de confrontation qui pourrait conduire à une effusion de sang». Mohamed Chafik Mesbah estime que la troisième solution est la plus indiquée, à condition qu’elle mène à l’élection du prédécesseur de Abdelaziz Bouteflika : le Président Liamine Zeroual. «A mon avis, il faut qu’il y ait un candidat qui puisse rassembler toutes les forces vives de la nation, notamment l’armée et les services de renseignement qui sont incontournables. J’ai proposé la candidature du Président Liamine Zeroual non pas par émotion ni par affection. C’est un choix rationnel, mûri. Il reviendrait au pouvoir dans le cadre d’un scrutin. Mais je sais qu’il est horripilé par le pouvoir. C’est quelqu’un qui a horreur du pouvoir. S’il revenait, ce serait par sacrifice. Il pourrait, dans un délai de deux années, permettre un retour normal de la vie politique, syndicale et associative. Il y aurait une Assemblée constituante élue qui aura à élaborer une nouvelle Constitution. Liamine Zeroual est un soldat qui répond à l’appel du pays. Dans mon esprit, si cette solution venait à se concrétiser, les candidats potentiels, je parle notamment des trois candidats Mouloud Hamrouche, Ali Benflis et Ahmed Benbitour, devraient se donner la main durant cette phase transitoire. S’il y a un appel de la patrie, Liamine Zeroual ne pourra pas se dérober.» Cette voix ne pourra se concrétiser qu’à travers une intervention de l’institution militaire. «L’institution militaire est obligée de jouer un rôle dans la période actuelle. Liamine Zeroual est la seule personne qui soit capable de mettre au pas les militaires. J’ai tiré les conclusions de la déclaration de François Hollande lorsqu’il évoquait Abdelaziz Bouteflika et l’Algérie. En parlant d’institutions fortes, le Président français faisait allusion aux services de renseignement et à l’armée et non pas à l’Assemblée populaire nationale et au Conseil de la nation», note-t-il. Mohamed Chafik Mesbah relève que le cercle présidentiel s’appuie sur deux hommes-clés : Tayeb Belaïz et Abdelmalek Sellal. Selon lui, Tayeb Belaïz a pour rôle principal de bloquer l’application de l’article 88 de la Constitution qui prévoit une série de mesures pour constater la vacance du poste de président de la République. «On peut reprocher à Abdelaziz Bouteflika de ne pas avoir de stratégie, mais sur le plan tactique, il est imbattable. Ce n’est pas pour rien qu’il a placé Tayeb Belaïz au Conseil constitutionnel. Tant que la situation sera contrôlable, Belaïz refusera d’appliquer les dispositions constitutionnels », explique-t-il. Quant à Abdelmalek Sellal, Mohamed Chafik Mesbah voit en lui le «candidat du cercle présidentiel» lors du prochain scrutin. Sellal, à qui l’ancien colonel des services attribue la place du plus mauvais candidat sur un total de 8 postulants à la magistrature suprême. Le trio de tête serait Liamine Zeroual, Mouloud Hamrouche, Ali Benflis.
T. H.


Aokas Ultras

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