Agressions contre les débits de boissons, diktat des islamistes et des voyous : la Madrague, d’un lieu de plaisance à un haut lieu de délinquance
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Agressions contre les débits de boissons, diktat des islamistes et des voyous : la Madrague, d’un lieu de plaisance à un haut lieu de délinquance
Au quartier Colonel-Si-M’hamed, à Aïn Benian, à l’ouest d’Alger, l’air est doux et humide en ce début du mois de juin. Les commerces ouverts et les enfants dans la rue donnent l’image d’un lieu paisible, populaire et joyeux.
Pourtant, dans la soirée de vendredi, quatre jeunes hommes ont forcé le rideau métallique d’un débit de boissons alcoolisées, situé à quelques centaines de mètres du commissariat. Ils volent quelques bouteilles de liqueurs sans être embêtés par les « voisins-spectateurs ». « Ce sont des habitants du coin qui m’ont appelé au téléphone, mais aucun n’est intervenu pour les en empêcher et personne n’a accepté de témoigner par la suite », raconte Amer, l’un des responsables du magasin, rencontré à la Madrague.
Ce qui le rend fou de rage, c’est l’inertie de la police et une sorte de « consentement » des riverains. « J’ai contacté la police au 1548, car j’étais loin. Ils ne sont arrivés que deux heures plus tard », poursuit-il. Les jeunes assaillants, eux, reviennent vers deux heures du matin. « Ils ont pris la caméra, la première fois, en oubliant de prendre l’enregistreur auquel elle était reliée. Ils sont donc revenus pour cela et ils en ont profité pour emmener d’autres bouteilles avec eux », poursuit-il.
Des menaces islamistes
Samedi matin, le débit de boissons appelé VI Saïdi baisse définitivement rideau. Mais ce point de vente, qui existe depuis 1997, devait, dans tous les cas, fermer avant le 8 juillet prochain. Pas pour des problèmes administratifs ou des irrégularités, mais à cause de la pression exercée par les islamistes et les jeunes voyous depuis plusieurs semaines. « Vêtus de qamis et portant des barbes, debout et bras croisés, ils s’installaient devant le magasin pendant des heures pour nous intimider et faire peur aux clients », s’indigne-t-il. L’heure de la prière arrivée, le groupe lui intime, avec des gestes, l’ordre de fermer le local. Pas question alors de rouspéter, il obtempère. C’est qu’ils se sont même présentés, une fois, avec des sabres à la main pour le menacer.
Le propriétaire du fonds de commerce, un vieux maquisard, a fini par céder aux menaces en signant un papier portant sur la fermeture définitive du lieu. Cela s’est passé lors d’une réunion tenue, il y a une dizaine de jours, à la mairie de Aïn Benian en présence des manifestants et des autorités locales, dont le président de l’APC. « J’avais peur qu’on incendie ma maison ou qu’on agresse mes enfants », dit le propriétaire. Pour lui et son associé, l’Etat a sa part de responsabilité. Quand ils partaient se plaindre, chaque responsable les envoyait vers un autre, selon eux. « Et à chaque fois, on se dit que demain, ça va éclater », renchérit Amer.
Après Aïn Benian, la Madrague
Le soleil éclatant de ces derniers jours de printemps et le bruit des vagues n’arrivent plus à calmer les crises d’angoisse des restaurateurs et gérants de débits de boissons. Après Aïn Benian, les jeunes et les islamistes vont s’en prendre à la Madrague, affirme Amer. Le patron du débit JSK, donnant sur la placette, Salim*, acquiesce. Ils disent vivre avec la peur au ventre. Pas seulement d’une éventuelle fermeture, mais aussi des agressions. Ils font donc comme ils peuvent pour se protéger. Certains marchent même avec des pistolets Taser. « Personnellement, je fais tout un plan pour transporter la recette », explique Salim.
Les jeunes vendeurs d’alcool clandestins font tout pour que les débits officiels ferment avant 18h30. Quitte à provoquer des bagarres devant les magasins pour les obliger à baisser rideau, « sinon ils ne peuvent pas commencer à travailler clandestinement », explique Salim. Les professionnels ne comptent plus sur les autorités pour mettre fin à ce phénomène. « Il faut passer vers 19h en voiture et vous verrez des jeunes vous proposer de l’alcool spontanément », jurent-ils, avant d’ajouter : « Si la police voulait vraiment régler le problème, il lui suffirait d’envoyer des agents en civil se faisant passer pour des clients et arrêter les vendeurs en flagrant délit, mais elle ne le fait pas. »
« Des clients ont sauté par-dessus la terrasse pour échapper aux voyous »
Deux ans après le meurtre d’un jeune homme à la Madrague, patrons de restaurants et de débits de boissons restent très marqués par les manifestations organisées, où jeunes voyous et islamistes avaient fait cause commune. « J’avais fermé pendant 21 jours, et aujourd’hui, on travaille comme des rats », dit Salim. Parmi les manifestants qui venaient devant son point de vente pour lui demander de fermer se trouvaient des clients, dont certains avaient des ardoises chez lui. « Les voyous et les islamistes manifestent ensemble. Les premiers volent et les autres prêchent », poursuit-il. Toujours au lendemain du meurtre, un groupe d’hommes avait fait irruption dans un restaurant qui dispose d’une grande et belle terrasse. « Les voyous ont racketté des clients, leur volant montres, portefeuilles et lunettes. Certains avaient tellement peur qu’ils ont sauté par-dessus la terrasse sur le port et ont fini avec des fractures », se souvient Mourad, le restaurateur.
Lui aussi avait dû faire face, pendant plusieurs jours, aux islamistes qui bloquaient avec des pierres la route menant à son établissement. « Nous n’avons pas accepté de fermer même si, en réalité, nous sommes restés quatre mois sans travail, car il n’y avait pas de clients », se souvient-il. Parmi les islamistes, certains sont venus le voir pour lui demander de changer d’activité ou de ne plus servir de l’alcool. Peine perdue, Mourad a refusé. « Ils m’ont dit qu’ils avaient des frères à qui ils allaient envoyer des messages par internet pour venir chez moi », relate-t-il.
Non loin, situé à proximité de l’entrée du port de plaisance, le débit de boissons tenu par Samir* au rez-de-chaussée d’une villa paraît plus tranquille dans l’après-midi du samedi. « Les journées les plus difficiles sont les jeudis et vendredis, et on essaie de gérer, à chaque fois qu’il y a un client », souligne-t-il. Comme d’autres travailleurs dans le secteur, il rêve de changer de métier. « Ce n’est pas un pays où on peut travailler dans ce domaine », estime le jeune homme, qui ne se sent pas en sécurité à cause de son métier.
Pour Mourad le restaurateur, l’équation est simple : « Les voyous créent des problèmes et les islamistes en profitent. » Avec ce manque de sécurité et l’inertie des services de sécurité, la Madrague ressemble aujourd’hui à une jungle où tout peut arriver. Et le restaurateur se prépare au pire. « J’ai une quinzaine d’employés, je leur ai tous ramené des barres de fer pour se protéger et protéger l’établissement », précise Mourad. A l’époque, il avait proposé aux restaurateurs de partir en groupe pour demander de rencontrer le wali d’Alger, mais personne ne l’a écouté, et depuis, la situation a empiré.
*Les prénoms ont été modifiés
Pourtant, dans la soirée de vendredi, quatre jeunes hommes ont forcé le rideau métallique d’un débit de boissons alcoolisées, situé à quelques centaines de mètres du commissariat. Ils volent quelques bouteilles de liqueurs sans être embêtés par les « voisins-spectateurs ». « Ce sont des habitants du coin qui m’ont appelé au téléphone, mais aucun n’est intervenu pour les en empêcher et personne n’a accepté de témoigner par la suite », raconte Amer, l’un des responsables du magasin, rencontré à la Madrague.
Ce qui le rend fou de rage, c’est l’inertie de la police et une sorte de « consentement » des riverains. « J’ai contacté la police au 1548, car j’étais loin. Ils ne sont arrivés que deux heures plus tard », poursuit-il. Les jeunes assaillants, eux, reviennent vers deux heures du matin. « Ils ont pris la caméra, la première fois, en oubliant de prendre l’enregistreur auquel elle était reliée. Ils sont donc revenus pour cela et ils en ont profité pour emmener d’autres bouteilles avec eux », poursuit-il.
Des menaces islamistes
Samedi matin, le débit de boissons appelé VI Saïdi baisse définitivement rideau. Mais ce point de vente, qui existe depuis 1997, devait, dans tous les cas, fermer avant le 8 juillet prochain. Pas pour des problèmes administratifs ou des irrégularités, mais à cause de la pression exercée par les islamistes et les jeunes voyous depuis plusieurs semaines. « Vêtus de qamis et portant des barbes, debout et bras croisés, ils s’installaient devant le magasin pendant des heures pour nous intimider et faire peur aux clients », s’indigne-t-il. L’heure de la prière arrivée, le groupe lui intime, avec des gestes, l’ordre de fermer le local. Pas question alors de rouspéter, il obtempère. C’est qu’ils se sont même présentés, une fois, avec des sabres à la main pour le menacer.
Le propriétaire du fonds de commerce, un vieux maquisard, a fini par céder aux menaces en signant un papier portant sur la fermeture définitive du lieu. Cela s’est passé lors d’une réunion tenue, il y a une dizaine de jours, à la mairie de Aïn Benian en présence des manifestants et des autorités locales, dont le président de l’APC. « J’avais peur qu’on incendie ma maison ou qu’on agresse mes enfants », dit le propriétaire. Pour lui et son associé, l’Etat a sa part de responsabilité. Quand ils partaient se plaindre, chaque responsable les envoyait vers un autre, selon eux. « Et à chaque fois, on se dit que demain, ça va éclater », renchérit Amer.
Après Aïn Benian, la Madrague
Le soleil éclatant de ces derniers jours de printemps et le bruit des vagues n’arrivent plus à calmer les crises d’angoisse des restaurateurs et gérants de débits de boissons. Après Aïn Benian, les jeunes et les islamistes vont s’en prendre à la Madrague, affirme Amer. Le patron du débit JSK, donnant sur la placette, Salim*, acquiesce. Ils disent vivre avec la peur au ventre. Pas seulement d’une éventuelle fermeture, mais aussi des agressions. Ils font donc comme ils peuvent pour se protéger. Certains marchent même avec des pistolets Taser. « Personnellement, je fais tout un plan pour transporter la recette », explique Salim.
Les jeunes vendeurs d’alcool clandestins font tout pour que les débits officiels ferment avant 18h30. Quitte à provoquer des bagarres devant les magasins pour les obliger à baisser rideau, « sinon ils ne peuvent pas commencer à travailler clandestinement », explique Salim. Les professionnels ne comptent plus sur les autorités pour mettre fin à ce phénomène. « Il faut passer vers 19h en voiture et vous verrez des jeunes vous proposer de l’alcool spontanément », jurent-ils, avant d’ajouter : « Si la police voulait vraiment régler le problème, il lui suffirait d’envoyer des agents en civil se faisant passer pour des clients et arrêter les vendeurs en flagrant délit, mais elle ne le fait pas. »
« Des clients ont sauté par-dessus la terrasse pour échapper aux voyous »
Deux ans après le meurtre d’un jeune homme à la Madrague, patrons de restaurants et de débits de boissons restent très marqués par les manifestations organisées, où jeunes voyous et islamistes avaient fait cause commune. « J’avais fermé pendant 21 jours, et aujourd’hui, on travaille comme des rats », dit Salim. Parmi les manifestants qui venaient devant son point de vente pour lui demander de fermer se trouvaient des clients, dont certains avaient des ardoises chez lui. « Les voyous et les islamistes manifestent ensemble. Les premiers volent et les autres prêchent », poursuit-il. Toujours au lendemain du meurtre, un groupe d’hommes avait fait irruption dans un restaurant qui dispose d’une grande et belle terrasse. « Les voyous ont racketté des clients, leur volant montres, portefeuilles et lunettes. Certains avaient tellement peur qu’ils ont sauté par-dessus la terrasse sur le port et ont fini avec des fractures », se souvient Mourad, le restaurateur.
Lui aussi avait dû faire face, pendant plusieurs jours, aux islamistes qui bloquaient avec des pierres la route menant à son établissement. « Nous n’avons pas accepté de fermer même si, en réalité, nous sommes restés quatre mois sans travail, car il n’y avait pas de clients », se souvient-il. Parmi les islamistes, certains sont venus le voir pour lui demander de changer d’activité ou de ne plus servir de l’alcool. Peine perdue, Mourad a refusé. « Ils m’ont dit qu’ils avaient des frères à qui ils allaient envoyer des messages par internet pour venir chez moi », relate-t-il.
Non loin, situé à proximité de l’entrée du port de plaisance, le débit de boissons tenu par Samir* au rez-de-chaussée d’une villa paraît plus tranquille dans l’après-midi du samedi. « Les journées les plus difficiles sont les jeudis et vendredis, et on essaie de gérer, à chaque fois qu’il y a un client », souligne-t-il. Comme d’autres travailleurs dans le secteur, il rêve de changer de métier. « Ce n’est pas un pays où on peut travailler dans ce domaine », estime le jeune homme, qui ne se sent pas en sécurité à cause de son métier.
Pour Mourad le restaurateur, l’équation est simple : « Les voyous créent des problèmes et les islamistes en profitent. » Avec ce manque de sécurité et l’inertie des services de sécurité, la Madrague ressemble aujourd’hui à une jungle où tout peut arriver. Et le restaurateur se prépare au pire. « J’ai une quinzaine d’employés, je leur ai tous ramené des barres de fer pour se protéger et protéger l’établissement », précise Mourad. A l’époque, il avait proposé aux restaurateurs de partir en groupe pour demander de rencontrer le wali d’Alger, mais personne ne l’a écouté, et depuis, la situation a empiré.
*Les prénoms ont été modifiés
Aokas Ultras- Nombre de messages : 4045
Date d'inscription : 28/02/2009
Re: Agressions contre les débits de boissons, diktat des islamistes et des voyous : la Madrague, d’un lieu de plaisance à un haut lieu de délinquance
http://www.tsa-algerie.com/actualite/item/699-agressions-contre-les-debits-de-boissons-diktat-des-islamistes-et-des-voyous-la-madrague-d-un-lieu-de-plaisance-a-un-haut-lieu-de-delinquance
Aokas Ultras- Nombre de messages : 4045
Date d'inscription : 28/02/2009
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