Poésie Tujjya, premier recueil de Rabah Mehaddi

En Kabylie, la poésie demeure un moyen d’expression populaire pour ne pas dire le reflet de ce qui constitue le vécu de chacun de nous, puisque à ce jour elle garde toujours sa forme orale. Bien que des tentatives de passer à la forme écrite ont pu aboutir, cela demeure insuffisant pour propulser la poésie kabyle au rang d’œuvres littéraires.

Tout de même, il faudra saluer le courage de nombreux poètes, lesquels à leur dépend essayent de conquérir le monde de l’édition. C’est le cas de Rabah Mehaddi, qui a pu sortir du lot en éditant un recueil de poésie intitulé Tujjya aux éditions le “savoir”. Le titre choisi est en somme révélateur d’autant plus qu’il illustre le malaise de toute une société, rangée par des maux que l’auteur a su dénoncer par des vers écrits avec une certaine simplicité. En fait, l’auteur veut envoyer un message ou un appel aux gens qui souffrent de l’injustice, de l’indifférence des autres, de la maladie, car des fois la poésie peut être un remède pour apaiser les angoisses et par conséquent procurer le bien être.

Ainsi, en parcourant l’œuvre poétique de Rabah Mehaddi, cet enseignant natif de Azazga, plus exactement à Axxam N’El Berj, une maison qui a servi de refuge aux moudjahidine pendant la Révolution de 1954, c’est toute la vie de l’auteur et son environnement qui trouve sa place dans ce qu’il a composé dans sa langue maternelle, toutefois avec une certaine nostalgie surtout lorsqu’il évoque la maison de jadis qui n’est plus de nos jours, l’ambiance des fêtes, l’amitié, la fraternité et la solidarité, tant de valeurs perdues sans qu’on se rende compte finalement.

En somme, à travers Tujjya, un mot qui reflète le sentiment d’abandon, peut être tout ce qui a constitué auparavant nos traditions et notre culture, le poète Rabah Mehaddi, a réussi par son œuvre à nous faire comprendre que le changement ne doit pas occulter nos valeurs.

M. H.