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Algérie, la jeunesse perdue !

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Algérie, la jeunesse perdue ! Empty Algérie, la jeunesse perdue !

Message  Nouara Mar 19 Mar - 18:30

Agés entre 10 et 30 ans, ces innombrables jeunes exclus de l’enfance sans affection, de l’adolescence sans amour et des établissements scolaires sans aucune qualification, habités par l’attente corrosive et le rêve d’une hypothétique fugue, un départ définitif suicidaire qui leur est interdit, constituent la main-d'œuvre bon marché de l'économie parallèle et la pate de toutes les fascinations politiques fascisantes.

La jeunesse se révolte en attendant son heure. 1- De l’émeute permanente

Durant les cinq dernières années, les services de sécurité algériens ont dénombré chaque année près 10.000 rassemblements et manifestations populaires de protestation dont la majorité a tourné à l’émeute réprimée par les forces de l’ordre. La jeunesse se révolte régulièrement contre ceux qui vivent des richesses du pays sans compter, ceux qui boivent en riant la sueur des ouvriers, qui consomment sans le payer le grain blond des paysans, qui digèrent et s’approprient les généreuses idées des intellectuels après les avoir réprimés ou exilés, qui chevauchent et dénaturent les rêves des artistes, vieillissent et ruinent les espoirs de la jeunesse !

Le profond malaise social contenu par le verrouillage politique et les pratiques coercitives dissuasives de l’état d’urgence devait aboutir à une explosion généralisée avec la canicule de l’été 2010 si ce n’était la qualification de l’Algérie à la coupe du monde de football qui avait servi d’exutoire à la colère populaire évacuée dans une fête aux relents nationalistes annonciateurs d’exigences politiques nouvelles.

Cela fait plus d'une décennie que le pays vit au rythme des émeutes, la contestation a pu être régulièrement étouffée par l'usage disproportionné de la force occasionnant à maintes reprises mort d'hommes (500 morts en octobre 1988, des milliers de disparus durant la décennie des sanguinaires, 127 morts en Kabylie en 2001) et handicap à vie de centaines citoyens, suivie de concessions formelles de nature à éteindre momentanément le brasier. Limitée à des régions, et contenue dans des localités voire des quartiers populeux des grandes villes, la révolte a éclaté le 6 janvier 2011 simultanément dans plusieurs points du pays pour atteindre avec une fulgurance particulière toute l’Algérie. Comme à l'accoutumée ce sont les jeunes laissés pour compte qui se répandent comme un ouragan sur la cité pour détruire les édifices publics et les symboles d'un pouvoir jacobin qui tient d'une main la trique et de l'autre les dollars de la rente pétrolière prêt à acheter toute force sociale nouvelle.

Le ministre de l’Intérieur avait alors affirmé à la presse nationale que "ce qui s’est passé le jeudi 6 janvier est sans relation aucune avec les aspects socio-économiques (renchérissement des prix)", il ne croyait pas si bien dire ! En effet les causes ne sont pas strictement économiques ! Mais avait-t-il ajouté "ces jeunes n’ont obéi qu’à des instincts revanchards car ne mesurant pas les conséquences de leurs actes".

Qui sont ces jeunes ? Contre qui ont-ils une revanche à prendre et quelle est la nature de cette revanche ? Pourquoi ont-ils agi maintenant ? Qui a commencé l’émeute et pour quel motif mobilisateur ? Comment l’émeute a-t-elle pu se propager avec cette fulgurance sur tout le territoire national ? Les biens publics détruits et incendiés représentent-ils des symboles de la mauvaise gouvernance et de la Hogra institutionnelle, humiliation particulièrement ressentie par la jeunesse, et enfin qui est le premier bénéficiaire de cette insurrection ? L’émeute difficilement contenue traduit-elle une recomposition politique au sommet du pouvoir ?

<!--[if !supportLists]-->2- Qui sont ces jeunes qui se révoltent ?

Agés entre 10 et 30 ans, ces innombrables jeunes exclus de l’enfance sans affection de l’adolescence, sans amour et des établissements scolaires sans aucune qualification, habités par l’attente corrosive et le rêve d’une hypothétique fugue, un départ définitif suicidaire qui leur est interdit, constituent la main-d'œuvre bon marché de l'économie parallèle. Chômeurs déguisés ils s’occupent accessoirement dans des métiers marginaux, marchands à la sauvette, dealers, garçons de café, portefaix, ouvriers journaliers dans les stations de parpaings et les sablières.

N’appartenant à aucune classe sociale, ils constituent uns sous-prolétariat corvéable à merci. Leur culture est un conglomérat de clichés de la vie facile, d’images frustrantes de la jeunesse dorée européenne, des vérités éphémères que les télévisions construisent et déconstruisent quotidiennement dans leurs cervelles tourmentées par les films de violence et une frustration sexuelle jalonnée par des tabous religieux rigides et mortifères !

Coupés du passé, refusant l'oisiveté du présent verrouillé, ne voyant aucun avenir se profiler à l’horizon, ils n’ont aucune attache identitaire avec la nation. Sans logement, sans emploi, donc sans moyens de structurer une vie ordinaire, exclus des loisirs, de la consommation et de la culture, vulnérables dans leur précarité quotidienne, ils sont potentiellement mobilisables comme manifestants orientés vers la destruction ce qui symbolise leur déchéance sociale ( Banques, showrooms de véhicules, magasins de luxe) et ce qui à leurs regards blessés représente les instruments institutionnels par lesquels le pouvoir central s’assujettit l’Etat et bâillonne la société ( Institutions publiques, tribunaux, sociétés et Offices nationaux ) organes qui récupèrent la rente au profit des tenants du pouvoir qui s’imposent régulièrement par la force brute et la fraude électorale ( Sonelgaz , Sonatrach, Contributions diverses… )

3 - La revanche chimérique

La génération des émeutiers a l'âge de l'état d'urgence, instauré le 9 février 1992 et levé en 2011 par ordonnance présidentielle. Elle a grandi sous ses règles coercitives, ses restrictions des libertés, sa pratique de la répression tous azimuts et dans le climat délétère des concessions vitales faites à la culture islamique de l'interdit et du péché (Layadjouz). Elle n'a connu ni éducation, ni culture, ni sports, ni loisirs. Ses rêves ont été momifiés dans le hidjab pour les filles et le qamis pour les garçons, transformés en cauchemars sanguins habités de bruits guerriers, de tueries à l’arme blanche, d’explosions, de larmes et de douleurs.

Le ministre de l’Intérieur avait affirmé que ces jeunes révoltés "ont obéi à des instincts revanchards" ! Oui, ces jeunes qui attendent d’hypothétiques aides de l’Etat pour survivre , qui s’habillent des restes des stocks américains, ont une revanche à prendre sur les tenants du pouvoir qui ont programmé leur déchéance, les vampires qui sucent leur jeunesse, les passéistes qui obstruent leur avenir, les marchands véreux qui leurs proposent l’opium à la place de la rose, la soumission à la place de liberté, les larmes au lieu du rire, ceux qui les poussent à la fuite sur des radeaux de fortune au risque de leur vie , ceux qui leur offrent des bidons d’essence et des allumettes pour s’immoler.

Oui, ils ont une revanche à prendre sur les pachas voleurs qui se sont accaparés les richesses du pays, ces dirigeants qui se prennent pour des seigneurs, s’entourant de véritables cours insolentes, ces dictateurs qui achètent consciences et convictions. Les prédateurs qui bradent la mémoire collective, les sacrifices séculaires de la révolution algérienne, les cicatrices mal refermées et les tatouages bistre de nos grand-mères, ceux qui se sont partagé les grandes villes, les immenses terres, les belles villas, les opulentes banques, les rutilants véhicules, les jardins luxuriants, les musées naturels, les routes privées, les avions, les bateaux, les fruits du désert, le ciel et la mer.

Utilisée comme chair à canons par la nouvelle bourgeoisie alliée du capital international, la jeunesse algérienne, comme toutes les jeunesses du monde rêve d’amour et de révolution. Coupée par l’école intégriste des valeurs des ancêtres qui sacralisaient l’effort, le travail, la propreté et la parole donnée, les jeunes vivent l’errance et la déculturation. Sans repères, sans horizon, ils constituent la pate de toutes les fascinations politiques destructrices à venir, le fascisme, le racisme et l’intégrisme religieux notamment !

Rachid Oulebsir


Nouara

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Message  Nouara Mar 19 Mar - 18:31

http://www.lematindz.net/news/11279-algerie-la-jeunesse-perdue.html

Nouara

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