Amar Adrar, l'invité de l'association culturelle Rahmani Slimane!

« Pourquoi s’acharne-t-on à coller à notre grand pays, l’Algérie, la double étiquette de pays arabe, de pays musulman ? A-t-on vraiment besoin de nous exiler à plus de quatre mille kilomètres pour nous trouver un ancrage, alors qu’il est plus simple, plus vrai et plus réaliste de se réclamer Numidien, Nord Africain ou Méditerranéen ? N’y a-t-il donc pas de place chez nous pour d’autres croyances ou même l’athéisme ? A quand la liberté de culte pourtant prônée par la constitution ? Et pourquoi pas, la laïcité ? Décidément, dans le monde nébuleux arabo-musulman, la bigoterie…. » In "Généalogie des Aït Ahmed ou Mhend" de Amar Adrar.

" D’après Mohand Akli Haddadou- Guide de la culture Berbère- il semble bien que toutes les archives aient été sciemment détruites pour taire l'existence d’un peuple Amazigh qui dérange la pensée arabo-islamique… Affirmer comme on le fait assez souvent de manière péremptoire que les algériens dans leur ensemble ont été à un moment ou un autre de leur histoire judaïsés, christianisés ou islamisés, relève de l’excès, de la pure fantaisie, d’un chauvinisme outrancier et du mensonge. En Kabylie, peut être plus qu’ailleurs, la vie a toujours été rude, et les gens sont beaucoup plus préoccupés par les problèmes de survie que par ceux de l’esprit. Comment imaginer que notre peuple qui a depuis toujours été illettré à plus de 95% puisse embrasser telle ou telle religion alors qu’il ignore la langue véhiculaire jusqu’à son alphabet ? ..." In "Généalogie des Aït Ahmed ou Mhend" de Amar Adrar.

" En survolant l’histoire de notre pays, on peut constater avec une certaine amertume, le calvaire vécu pendant quatorze siècles par notre peuple condamné par la force de l’épée à adorer ALLAH dans une langue qu’on a toujours voulu lui imposer, mais qu’il n’a jamais apprivoisé ! Quelle terrible corvée que de psalmodier toute une vie durant, des prières en se prosternant et sans avoir la moindre idée de ce que l’on raconte de bon ou de mauvais, de bienveillant ou de méchant à son bon Dieu ! Mais nos ancêtres n’étaient pas dupes pour autant ! Et s’ils s’étaient adonnés bien volontiers, sans relâche et sans conviction aucune à cette mécanique stérile qui consiste à prononcer la formule de la chahada, à reproduire machinalement par le geste ou le tatouage le signe de la croix, à épargner une mèche de cheveux (Tingate) à l’enfant lorsqu’on le coiffe pour la première fois, c’est que consciemment ou non, ils avaient compris qu’accepter de faire un travail de perroquet, en copiant, ou en en faisant semblant de ressembler à l’autre, était la rançon à payer et la seule manière efficace pour ne pas s’attirer les foudres des dominateurs théocratiques !... " In "Généalogie des Aït Ahmed ou Mhend" de Amar Adrar.

« Remarque sur les prénoms de personnes
L’arrivée de l’islam en Kabylie a eu entre autres conséquences la perte des prénoms berbères au profit des prénoms arabes plus ou moins modifiés. C’est ainsi que le prénom du prophète Mohamed, le plus répandu à cause du respect que chacun lui vouait, est devenu Mhemmed, Mhend ou encore Mohamed. De fait, le lexique des prénoms de personnes s’est terriblement appauvri ! Les prénoms peuvent se compter sur les doigts d’une seule main car il est de coutume en Kabylie que le prénom d’un défunt mâle soit immédiatement attribué au premier nouveau né de sa famille. Il arrive même quelquefois que l’on donne à ce dernier le prénom de son grand père encore vivant ou celui de son frère ainé récemment décédé….. » In « Généalogie des Aït Ahmed ou Mhend » de Amar Adrar.

Amar Adrar :
Né le 14 septembre 1948 au village Mouzaia, commune de Boukhlifa, wilaya de Bejaia. Comme les enfants de son âge, il était berger jusqu’à l’âge de 10 ans. Son père est tombé au champ d’honneur en 1956. Suite à la démocratie progressive prônée tardivement par le Général de Gaulle, Amar avait pu aller à l’école. Ses premiers maîtres étaient des soldats français.
En 1959, son village s’est dépeuplé, déclaré zone interdite ! Sa famille s’est réfugiée à Tichy. Là, il entra au Centre Social Educatif pour apprendre la menuiserie. Une année après, le responsable du centre, Monsieur « DE LA SALLE » s’est aperçu qu’il était trop jeune pour apprendre un métier et l’a orienté vers l’école primaire malgré son âge avancé…
Ainsi, Amar avait pu s’accrocher aux études, obtenir le baccalauréat et devenir ingénieur d’Etat en agronomie en 1978, spécialisé dans la foresterie et la pisciculture. Il avait aussi préparé un certificat de biométrie à l’école nationale supérieure d’agronomie de RENNES- France- en 1981.
Tout en étant responsable au niveau de la Direction de la pêche de Bejaia, il dispensait des cours à l’Université A.Mira ; faisait des recherches sur les plantes médicinales, et avait animé pendant deux ans sur l’antenne de Radio Soummam, une émission très écoutée, intitulée : « les plantes qui guérissent ». Retraité, il s’intéresse à l’histoire de sa famille et de la région de Bejaia.