Israel menace de détourner et d'assécher le NIL
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Israel menace de détourner et d'assécher le NIL
L'Égypte et Israël mènent la bataille du Nil
Au Caire, Tangi Salaün Mis à jour le 28/06/2010 à 15:33 | publié le 08/09/2009 à 12:20 Réactions (1)
Mise en service en mars d'une des tranches du barrage hydraulique de Merowe, à 350 km au nord de Khartoum. D'une hauteurde 65 mètres, l'ouvrage s'étend sur 10 kilomètres au niveaude la quatrième cataracte du Nil.
Mise en service en mars d'une des tranches du barrage hydraulique de Merowe, à 350 km au nord de Khartoum. D'une hauteurde 65 mètres, l'ouvrage s'étend sur 10 kilomètres au niveaude la quatrième cataracte du Nil. Crédits photo : ASSOCIATED PRESS
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L'entreprise de séduction des pays africains engagée par Tel-Aviv inquiète Le Caire, qui ne veut pas voir remis en cause le partage des eaux du fleuve.
La tournée africaine effectuée par Avigdor Lieberman en septembre 2009 n'est pas passée inaperçue au Caire, qui a vu dans cette montée en puissance de l'État hébreu une «atteinte à la stabilité de l'Égypte», une «menace pour la sécurité nationale» ou encore un «développement dangereux». Le chef de la diplomatie israélienne a notamment sillonné l'Éthiopie, le Kenya et l'Ouganda, trois pays du bassin du Nil. Pour l'Égypte, cette initiative - la première du genre depuis vingt-cinq ans - est une nouvelle escarmouche dans la guerre de l'eau qui couve au Proche-Orient, et dont l'une des batailles clés pourrait se jouer au cœur de l'Afrique.
Cette tournée intervient en effet alors que les pays riverains du Sud, Éthiopie et Kenya en tête, réclament un nouveau partage des eaux du Nil. Le traité actuel, élaboré en 1929 par la puissance coloniale britannique, puis amendé trente ans plus tard, attribue des quotas très favorables à l'Égypte (55 milliards de m3) et au Soudan (18 mds), soit près de 90 % du volume annuel du fleuve. Il octroie en outre au Caire un droit de veto sur tous les travaux susceptibles d'affecter le débit du fleuve. Entamées il y a dix ans, les négociations sont au point mort. Pour l'Égypte, c'est une question de survie : 95 % de ses ressources en eau proviennent du Nil. À l'inverse, fait-on valoir au Caire, les pays d'Afrique centrale bénéficient de pluies abondantes, dont une grande partie se perd dans les marécages inexploités. Avant de demander à l'Égypte de faire des efforts, ajoute-t-on, il faudrait commencer par rationaliser l'utilisation de l'eau. C'est donc l'impasse. Le mois dernier, les dix pays du bassin du Nil, réunis à Alexandrie, se sont encore donné six mois pour parvenir à un accord.
Côté égyptien, la paranoïa guette. «Israël n'hésitera pas à conseiller à l'Éthiopie de construire des barrages sur le Nil», vient de mettre en garde le ministre de l'Irrigation, Mohamed Nasr Allam, rappelant que 80 % de l'eau qui coule au Caire proviennent du Nil Bleu, dont la source est en Éthiopie. L'Égypte prend l'affaire très au sérieux : en 1978, le président el-Sadate avait même menacé de déclarer la guerre à Addis-Abeba s'il ne renonçait pas à un projet de barrage sur le lac Tana.
Lutte d'influence
Le Caire s'inquiète aussi d'une possible sécession du Sud-Soudan, où un référendum d'autodétermination est prévu en 2011. «Nous ne voulons pas laisser le champ libre aux forces étrangères qui encouragent l'indépendance du Sud-Soudan, comme les États-Unis et Israël», confie un officiel égyptien. L'an dernier, Hosni Moubarak, qui effectuait à Juba la première visite d'un chef d'État égyptien depuis 1962, a promis d'y développer les investissements égyptiens.
Entre l'Égypte et Israël, la lutte d'influence bat son plein. Pendant que Le Caire finance le creusement de puits au Kenya ou le nettoyage des lacs ougandais envahis par les jacinthes d'eau, Tel-Aviv participe à la construction de barrages en Éthiopie et vient de s'engager à financer trois autres ouvrages en Ouganda. Cette entreprise de séduction des pays africains dépasse de loin une simple rivalité diplomatique. Pour Israël, c'est l'accès aux eaux du Nil qui est en jeu. Un trésor que le canal al-Salam («la paix»), creusé par l'Égypte pour irriguer le Nord-Sinaï, amène déjà à sa porte.
L'idée n'est pas nouvelle, puisqu'elle avait déjà été envisagée par le théoricien du sionisme Théodore Hertzel. En 1974, un projet envisageant la restitution de Jérusalem-Est aux Palestiniens en échange du transfert annuel de 840 millions de m³ - suffisants pour couvrir les besoins en eau d'Israël à l'époque - s'est encore heurté à l'hostilité de l'Éthiopie et du Soudan et au veto du premier ministre israélien Menahem Begin. Cinq ans plus tard, Israël a retenté sa chance après la signature du traité de paix de Camp David. Mais l'Égypte s'y est opposée, arguant qu'une telle décision requiert l'accord de tous les pays riverains. Israël a retenu la leçon. Et prépare peut-être la prochaine offensive.
Au Caire, Tangi Salaün Mis à jour le 28/06/2010 à 15:33 | publié le 08/09/2009 à 12:20 Réactions (1)
Mise en service en mars d'une des tranches du barrage hydraulique de Merowe, à 350 km au nord de Khartoum. D'une hauteurde 65 mètres, l'ouvrage s'étend sur 10 kilomètres au niveaude la quatrième cataracte du Nil.
Mise en service en mars d'une des tranches du barrage hydraulique de Merowe, à 350 km au nord de Khartoum. D'une hauteurde 65 mètres, l'ouvrage s'étend sur 10 kilomètres au niveaude la quatrième cataracte du Nil. Crédits photo : ASSOCIATED PRESS
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L'entreprise de séduction des pays africains engagée par Tel-Aviv inquiète Le Caire, qui ne veut pas voir remis en cause le partage des eaux du fleuve.
La tournée africaine effectuée par Avigdor Lieberman en septembre 2009 n'est pas passée inaperçue au Caire, qui a vu dans cette montée en puissance de l'État hébreu une «atteinte à la stabilité de l'Égypte», une «menace pour la sécurité nationale» ou encore un «développement dangereux». Le chef de la diplomatie israélienne a notamment sillonné l'Éthiopie, le Kenya et l'Ouganda, trois pays du bassin du Nil. Pour l'Égypte, cette initiative - la première du genre depuis vingt-cinq ans - est une nouvelle escarmouche dans la guerre de l'eau qui couve au Proche-Orient, et dont l'une des batailles clés pourrait se jouer au cœur de l'Afrique.
Cette tournée intervient en effet alors que les pays riverains du Sud, Éthiopie et Kenya en tête, réclament un nouveau partage des eaux du Nil. Le traité actuel, élaboré en 1929 par la puissance coloniale britannique, puis amendé trente ans plus tard, attribue des quotas très favorables à l'Égypte (55 milliards de m3) et au Soudan (18 mds), soit près de 90 % du volume annuel du fleuve. Il octroie en outre au Caire un droit de veto sur tous les travaux susceptibles d'affecter le débit du fleuve. Entamées il y a dix ans, les négociations sont au point mort. Pour l'Égypte, c'est une question de survie : 95 % de ses ressources en eau proviennent du Nil. À l'inverse, fait-on valoir au Caire, les pays d'Afrique centrale bénéficient de pluies abondantes, dont une grande partie se perd dans les marécages inexploités. Avant de demander à l'Égypte de faire des efforts, ajoute-t-on, il faudrait commencer par rationaliser l'utilisation de l'eau. C'est donc l'impasse. Le mois dernier, les dix pays du bassin du Nil, réunis à Alexandrie, se sont encore donné six mois pour parvenir à un accord.
Côté égyptien, la paranoïa guette. «Israël n'hésitera pas à conseiller à l'Éthiopie de construire des barrages sur le Nil», vient de mettre en garde le ministre de l'Irrigation, Mohamed Nasr Allam, rappelant que 80 % de l'eau qui coule au Caire proviennent du Nil Bleu, dont la source est en Éthiopie. L'Égypte prend l'affaire très au sérieux : en 1978, le président el-Sadate avait même menacé de déclarer la guerre à Addis-Abeba s'il ne renonçait pas à un projet de barrage sur le lac Tana.
Lutte d'influence
Le Caire s'inquiète aussi d'une possible sécession du Sud-Soudan, où un référendum d'autodétermination est prévu en 2011. «Nous ne voulons pas laisser le champ libre aux forces étrangères qui encouragent l'indépendance du Sud-Soudan, comme les États-Unis et Israël», confie un officiel égyptien. L'an dernier, Hosni Moubarak, qui effectuait à Juba la première visite d'un chef d'État égyptien depuis 1962, a promis d'y développer les investissements égyptiens.
Entre l'Égypte et Israël, la lutte d'influence bat son plein. Pendant que Le Caire finance le creusement de puits au Kenya ou le nettoyage des lacs ougandais envahis par les jacinthes d'eau, Tel-Aviv participe à la construction de barrages en Éthiopie et vient de s'engager à financer trois autres ouvrages en Ouganda. Cette entreprise de séduction des pays africains dépasse de loin une simple rivalité diplomatique. Pour Israël, c'est l'accès aux eaux du Nil qui est en jeu. Un trésor que le canal al-Salam («la paix»), creusé par l'Égypte pour irriguer le Nord-Sinaï, amène déjà à sa porte.
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adanaw- Nombre de messages : 99
Date d'inscription : 15/02/2013
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