Feu Madame BENGANA, mère de Katia
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Re: Feu Madame BENGANA, mère de Katia
Feu Madame BENGANA, mère de Katia. N'ayant pu résister au vide laissée par Katia, elle a fini par succomber, elle rejoignit sa fille bien aimée en 2008 pour l'éternité.
Madona- Nombre de messages : 3426
Date d'inscription : 30/01/2009
laic-aokas- Nombre de messages : 14024
Date d'inscription : 03/06/2011
Re: Feu Madame BENGANA, mère de Katia
Quand Dieu créa la femme
(Poème paru le 29 février 1994 à la mémoire de la lycéenne Katia Bengana assassinée par balles à Meftah le 28 février 1994 par les terroristes islamistes pour avoir refusé de porter le voile et osé aller au lycée).
A dix-sept ans tu es morte Katia
Comment peut-on être assassiné
Quand on n’a que dix-sept ans.
Tu avais des yeux ronds emplis de sourire
Tu n’es pas faite pour mourir
Il faisait si froid dehors Katia
Mais le froid n’est rien
Quand on est adolescente
On badine et on joue
Quand on est enfant
Ou presque adulte
Ou peut-être rien
Parce que tu étais trop grande
Pour être enfant
Trop petite pour être adulte
Même quand on est pauvre
On va à l’école
Même quand on est femme on y va aussi
Ce n’est pas de ta faute
Si tu es née femme
Et tu vas à l’école
Tu commençais à avoir l’âge
Pour aimer la vie
Le ciel bleu
Le sourire que Dieu t’a donné
Il faisait si froid dehors, Katia
Les balles des assassins pleuvent
Même à l’école on ne t’a pas appris
Que pleuvoir est un verbe impersonnel
L’école n’a pas prévu
Ce genre de choses
Tout est truqué, tronqué et traqué
Dans cette vie.
Tes pieds étaient dans la terre
Comme grandes racines
Et tes cheveux en l’air
Avaient la rumeur
Des feuilles de printemps
Tu n’avais que dix-sept ans
Et tu étais belle
Comme Hassiba et Hassiba
Comme les filles de Novembre
Tu n’avais que dix-sept ans
Les pierres s’écrasent sur le sol
La ville est légère comme une bulle
Alger abstraite et vitreuse
Couve des monstres d’un autre âge
De tube et d’alambics
Alger fait le sang, la chair
La pensée
Alger, calamité esthétique
Inonde le blanc
Alger, espace
De mugissement et de boue
Katia ! La douleur envahit les mots
Tu étais trop jeune pour mourir
Tes yeux étaient plus beaux
Que le regard des monstres
L’ombre s’est posée sur l’arbre jaune
Plein d’un essaim de guêpes
Le mur s’agrandit
Seule sous la lumière vacillante
Katia ouvre les yeux
Elle regarde devant elle
Par-dessus l’horizon
Elle va quitter la ville
Franchir à nouveau le mur
Pour nous rejoindre
Il ne faut pas courir
Se disait-elle
Et en marchant
Elle mesurait ses forces
Demain, se disait-elle, demain…
Elle sourit maintenant
Dans la nuit
Et des bourgeons de flammes naîtront
Katia tu n’es pour rien
Quand Dieu créa la femme.
Belkacem Rouache : Ecrivain, journaliste, scénariste.
(Poème paru le 29 février 1994 à la mémoire de la lycéenne Katia Bengana assassinée par balles à Meftah le 28 février 1994 par les terroristes islamistes pour avoir refusé de porter le voile et osé aller au lycée).
A dix-sept ans tu es morte Katia
Comment peut-on être assassiné
Quand on n’a que dix-sept ans.
Tu avais des yeux ronds emplis de sourire
Tu n’es pas faite pour mourir
Il faisait si froid dehors Katia
Mais le froid n’est rien
Quand on est adolescente
On badine et on joue
Quand on est enfant
Ou presque adulte
Ou peut-être rien
Parce que tu étais trop grande
Pour être enfant
Trop petite pour être adulte
Même quand on est pauvre
On va à l’école
Même quand on est femme on y va aussi
Ce n’est pas de ta faute
Si tu es née femme
Et tu vas à l’école
Tu commençais à avoir l’âge
Pour aimer la vie
Le ciel bleu
Le sourire que Dieu t’a donné
Il faisait si froid dehors, Katia
Les balles des assassins pleuvent
Même à l’école on ne t’a pas appris
Que pleuvoir est un verbe impersonnel
L’école n’a pas prévu
Ce genre de choses
Tout est truqué, tronqué et traqué
Dans cette vie.
Tes pieds étaient dans la terre
Comme grandes racines
Et tes cheveux en l’air
Avaient la rumeur
Des feuilles de printemps
Tu n’avais que dix-sept ans
Et tu étais belle
Comme Hassiba et Hassiba
Comme les filles de Novembre
Tu n’avais que dix-sept ans
Les pierres s’écrasent sur le sol
La ville est légère comme une bulle
Alger abstraite et vitreuse
Couve des monstres d’un autre âge
De tube et d’alambics
Alger fait le sang, la chair
La pensée
Alger, calamité esthétique
Inonde le blanc
Alger, espace
De mugissement et de boue
Katia ! La douleur envahit les mots
Tu étais trop jeune pour mourir
Tes yeux étaient plus beaux
Que le regard des monstres
L’ombre s’est posée sur l’arbre jaune
Plein d’un essaim de guêpes
Le mur s’agrandit
Seule sous la lumière vacillante
Katia ouvre les yeux
Elle regarde devant elle
Par-dessus l’horizon
Elle va quitter la ville
Franchir à nouveau le mur
Pour nous rejoindre
Il ne faut pas courir
Se disait-elle
Et en marchant
Elle mesurait ses forces
Demain, se disait-elle, demain…
Elle sourit maintenant
Dans la nuit
Et des bourgeons de flammes naîtront
Katia tu n’es pour rien
Quand Dieu créa la femme.
Belkacem Rouache : Ecrivain, journaliste, scénariste.
MOB AOKAS- Nombre de messages : 1880
Date d'inscription : 07/05/2013
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