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Violences, frustrations, puritanisme : l'énorme tabou de la sexualité dans les banlieues

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Violences, frustrations, puritanisme : l'énorme tabou de la sexualité dans les banlieues Empty Violences, frustrations, puritanisme : l'énorme tabou de la sexualité dans les banlieues

Message  Madona Dim 20 Jan - 17:10

L'acquittement de la majorité des suspects dans l'affaire des tournantes de Fontenay-sous-bois met en exergue un autre problème : celui de la sexualité dans les banlieues, souvent taboue et cachée.

Atlantico: Le procès des tournantes de Fontenay-sous-Bois dans le Val de Marne vient de se terminer. Un procès à huis clos, une instruction mal menée, une forme de gêne, on sent comme un malaise à ce sujet, comme si la sexualité était méconnue voire taboue en banlieue. Est-ce le cas ?
Maria S. : La sexualité en banlieue est à la fois taboue et sauvage. Malheureusement pour moi, j’ai connu le destin de la femme musulmane. J’ai été violée en punition pour mon « insolence » et mon insoumission. La femme en islam est méprisée, réduite à l’état de chose qui baisse les yeux et qui ne répond pas à l’homme. Cela ne m’étonne pas que les victimes des tournantes n’aient pas pu parler. Cela ne m’étonne pas non plus que les violeurs n’aient aucune conscience du mal qu’ils font. Dans leur esprit, la femme violée est coupable d’avoir été violée. J’en sais, hélas, quelque chose…

Marc Hatzfeld : Il y a dans notre société un tabou sexuel général, il y a un retour en force du puritanisme. La sexualité n’est pas le problème spécifique des classes populaires. Il est vrai qu’elles subissent plus que les autres la dureté de la vie. Du coup, face à ces conditions, les gens sont rudes et cela touche à leur vie familiale et personnelle. Les gens qui vivent dans ces milieux souffrent de façon générale. Sur la question sexuelle, vingt ans en arrière, il y avait encore une vraie souplesse dans les rapports amoureux entre les gens et il existait encore une très grand latitude pour les gens de cultures différentes de se rencontrer.

Depuis 5-15 ans, on est face à un repli des jeunes sur des entre-sois divers, que je ne qualifierais pas de communautaires, car ces entre-sois touchent des critères culturels mais aussi des aspects géographiques. D’une cité à une autre, on se mélange de moins en moins. Autre exemple, concernant les couples mixtes. Il y en avait vraiment beaucoup à l’époque, les sociologues disaient même que les jeunes ne voyaient pas les différences de couleurs de peau ou de façons de se comporter.

Aujourd’hui, ils contrôlent tout et surtout l’appartenance. Il y aussi un autre aspect que l'on doit manier avec prudence mais aussi fermeté, c'est cette grande tension entre l'homme et la femme. Il y a une tendance montante de la part de certains hommes à vouloir contrôler le comportement féminin. Si dans certaines cités elles sont libres, dans d'autres elles sont sous le contrôle langagier, vestimentaires et autres de certains garçons. C'est très douloureux pour elles et elles le subissent en général de façon violente. Il faut préciser pour éviter les amalgames que ces problèmes ne sont pas liés à l'islam. Ils touchent beaucoup de milieux et se trouvent souvent conforter par un discours politique et religieux qui tend à les légitimer.

Les habitants de banlieues sont-ils frustrés sexuellement ?
Maria S. : Les garçons des banlieues sont à la fois soumis à l’influence de la pornographie et du puritanisme musulman qui idolâtre la virginité des femmes avant le mariage. Alors, les filles « qui couchent », autrement dit toutes les « gauloises » sont dans leur esprit des « putes ». Moi qui suis d’origine portugaise, j’ai été néanmoins classée dans cette catégorie. Parce que j’ai eu le tort ou l’imprudence de céder aux avances de mon futur mari. J’ai par la suite dû expier devant sa famille la faute d’avoir couché avec lui avant le mariage. Quelque part, je devais être reconnaissante d’avoir été épousée, alors que j’étais au fond une putain chrétienne que seule la conversion à l’islam et la soumission totale à mon mari pouvaient peut-être sauver.

Marc Hatzfeld : Frustré, le mot est fort car il appartient à un langage médical mais en tous cas, la sexualité des jeunes filles et garçons dans les banlieues est partiellement sous contrôle. Il est par exemple difficile pour des jeunes gens de trouver des lieux pour avoir des relations sexuelles fluides. A cela s'ajoute parfois aussi l'absence de consentement de l'entourage. La frustration n'est pas liée à la banlieue, elle existe chez beaucoup de personnes dans beaucoup de milieux. Il ne faut pas en faire une spécialité de la banlieue.

Peut-on aborder facilement la question de la sexualité en banlieue?
Maria S. : Les banlieues qui regroupent des populations musulmanes importantes sont un lieu du non-dit. Il y a beaucoup d’enfants, beaucoup de familles polygames, les gens ont donc une sexualité active. Les jeunes garçons en parlent entre eux, et les jeunes filles entre elles. Mais il est inconcevable qu’ils en parlent ensemble. Le viol est fréquent. Et les filles violées sont rejetées par les autres filles au lieu d’être soutenues par elles.

Marc Hatzfeld : Ce n'est pas un sujet qui s'aborde sous le regard d'autres jeunes mais en vis-à-vis, il n'y a en revanche pas de problèmes. Il m'est arrivé d'avoir des conversations avec des jeunes de banlieues sur leur sexualité et le sexe en général. J'ai recueilli des aveux très honnêtes et touchants, portés souvent sur les difficultés à exprimer l'amour ou sur l'absence d'intimité ou d'anonymat dans la conduite de rapports amoureux. C'est vrai que l'éducation sexuelle des jeunes des milieux populaires est sommaire car elle est vient en partie des discours laconique de l'entourage et de K7 porno visionnées dans les caves. Ce que je retiens surtout c'est qu'il y a une véritable aspiration à de la liberté amoureuse.

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Message  Madona Dim 20 Jan - 17:11

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Message  Madona Dim 20 Jan - 17:11

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