Entretien avec Christian Prouteau, fondateur du GIGN français: "A In Amenas, on est dans un schéma très compliqué qui est plus proche de la guerre"
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Entretien avec Christian Prouteau, fondateur du GIGN français: "A In Amenas, on est dans un schéma très compliqué qui est plus proche de la guerre"
Le GIGN est une unité d’élite de la gendarmerie française, spécialisée dans les opérations de contre‑terrorisme et de libération d'otages. C’est elle qui a mené l’assaut contre les preneurs d’otages de l’Airbus d’Air France à Alger en décembre 1994. Son fondateur, Christian Prouteau répond aux questions de TSA.
L’assaut des forces spéciales algériennes à In Amenas s’est‑il déroulé dans de bonnes conditions, selon vous ?
L’assaut s’est déroulé dans les conditions imposées par la situation, par le site et par le nombre des preneurs d’otages. Les conditions d’intervention étaient très difficiles. Le site lui-même est dangereux. On est sur un site gazier qui est très grand et où il y a beaucoup d’otages et beaucoup de preneurs d’otages.
Ce n’est pas une prise d’otages traditionnelle avec trois ou quatre preneurs d’otages et deux ou trois otages. On est dans un schéma très compliqué qui est plus proche de la guerre. En, fait, ce sont les pires conditions qu’on peut avoir dans une opération. Dans la mesure où il semblait qu’il n’y avait rien à négocier puisque les exigences des ravisseurs étaient, je pense, inacceptables pour le gouvernement algérien. Il n’y avait qu’une solution, c’est l’intervention. Et celle-ci, dans les conditions dans lesquelles elle s’est conduite, ne pouvait aller que vers un résultat qui est celui qu’on connaît.
Que pensez-vous du bilan ?
Le bilan humain est très lourd et je pense qu’on ne parle même pas du nombre des éléments des forces spéciales tués. Le bilan est regrettable parce qu’il y a des morts, mais il est satisfaisant parce qu’il fait que cet évènement ne se reproduise plus. Il ne faut pas oublier que dans ce genre de situation, ça peut donner des idées à d’autres extrémistes et de laisser penser que c’est facile d’attaquer…
Le groupe terroriste a pu entrer en Algérie et parcourir une centaine de kilomètres pour accéder au site gazier…
Ils étaient une trentaine si on se fie aux chiffres. Comment ont-ils pu arriver jusque‑là, abstraction faite de la proximité de la frontière, sans qu’aucun dispositif de sécurité n’ait pu les déceler ? C’est très grave, parce que cette partie-là est tellement sensible pour l’Algérie. Il s’agit de l’énergie qui apporte une part non négligeable de ressource financière à l’État et qui doit être protégée. Les personnes en charge de la protection de ces zones ont des questions à se poser. J’espère que l’État algérien les posera. Surtout quand on connaît la déstabilisation de ces parties transfrontières qui sont sous le contrôle, plus au moins accepté, de groupes qui ressemblent plus à des pillards qu’à des gens qui défendent une quelconque cause.
Les forces spéciales algériennes se sont‑elles précipitées, selon vous ?
Tant que vous n’y êtes pas, vous pouvez toujours faire des spéculations. Je n’étais pas sur place, peut-être qu’il n’y avait plus possibilité de négocier. Cela dit, les gens n’avaient pas d’eau et n’avaient pas quoi manger. Je parle du deuxième assaut. Parce le premier assaut était donné suite à une tentative de fuite des ravisseurs avec les otages. Pour le deuxième assaut, ils étaient retranchés dans la partie technique de l’usine et là, il n’y a pas d’eau ou pas beaucoup. On aurait pu essayer de jouer à la montre. Cela dit, on aurait pu se retrouver dans une situation semblable à celle de la prise d’otages comme cela s’est passé avec la prise d’otages à l’aéroport d’Alger en 1994. Ils auraient pu commencer à exécuter les otages un par un. C’est ce qui s’est passé d’ailleurs. On a peu de détails sur les conditions de l’intervention et des raisons qui ont conduit à ce que la deuxième intervention se déroule dans un délai relativement court.
Il n’y a pas eu beaucoup d’informations sur l’opération, est‑ce normal dans ce genre de situation ?
Dans les conditions de l’information du monde moderne, ce n’est pas très normal. S’agissant de l’Algérie qui défend sa position d’État souverain, il est évident qu’elle essaie de donner le moins d’informations possibles pour pas donner le flanc à la critique qui est toujours plus facile quand on ne se retrouve pas dans l’action.
L’assaut des forces spéciales algériennes à In Amenas s’est‑il déroulé dans de bonnes conditions, selon vous ?
L’assaut s’est déroulé dans les conditions imposées par la situation, par le site et par le nombre des preneurs d’otages. Les conditions d’intervention étaient très difficiles. Le site lui-même est dangereux. On est sur un site gazier qui est très grand et où il y a beaucoup d’otages et beaucoup de preneurs d’otages.
Ce n’est pas une prise d’otages traditionnelle avec trois ou quatre preneurs d’otages et deux ou trois otages. On est dans un schéma très compliqué qui est plus proche de la guerre. En, fait, ce sont les pires conditions qu’on peut avoir dans une opération. Dans la mesure où il semblait qu’il n’y avait rien à négocier puisque les exigences des ravisseurs étaient, je pense, inacceptables pour le gouvernement algérien. Il n’y avait qu’une solution, c’est l’intervention. Et celle-ci, dans les conditions dans lesquelles elle s’est conduite, ne pouvait aller que vers un résultat qui est celui qu’on connaît.
Que pensez-vous du bilan ?
Le bilan humain est très lourd et je pense qu’on ne parle même pas du nombre des éléments des forces spéciales tués. Le bilan est regrettable parce qu’il y a des morts, mais il est satisfaisant parce qu’il fait que cet évènement ne se reproduise plus. Il ne faut pas oublier que dans ce genre de situation, ça peut donner des idées à d’autres extrémistes et de laisser penser que c’est facile d’attaquer…
Le groupe terroriste a pu entrer en Algérie et parcourir une centaine de kilomètres pour accéder au site gazier…
Ils étaient une trentaine si on se fie aux chiffres. Comment ont-ils pu arriver jusque‑là, abstraction faite de la proximité de la frontière, sans qu’aucun dispositif de sécurité n’ait pu les déceler ? C’est très grave, parce que cette partie-là est tellement sensible pour l’Algérie. Il s’agit de l’énergie qui apporte une part non négligeable de ressource financière à l’État et qui doit être protégée. Les personnes en charge de la protection de ces zones ont des questions à se poser. J’espère que l’État algérien les posera. Surtout quand on connaît la déstabilisation de ces parties transfrontières qui sont sous le contrôle, plus au moins accepté, de groupes qui ressemblent plus à des pillards qu’à des gens qui défendent une quelconque cause.
Les forces spéciales algériennes se sont‑elles précipitées, selon vous ?
Tant que vous n’y êtes pas, vous pouvez toujours faire des spéculations. Je n’étais pas sur place, peut-être qu’il n’y avait plus possibilité de négocier. Cela dit, les gens n’avaient pas d’eau et n’avaient pas quoi manger. Je parle du deuxième assaut. Parce le premier assaut était donné suite à une tentative de fuite des ravisseurs avec les otages. Pour le deuxième assaut, ils étaient retranchés dans la partie technique de l’usine et là, il n’y a pas d’eau ou pas beaucoup. On aurait pu essayer de jouer à la montre. Cela dit, on aurait pu se retrouver dans une situation semblable à celle de la prise d’otages comme cela s’est passé avec la prise d’otages à l’aéroport d’Alger en 1994. Ils auraient pu commencer à exécuter les otages un par un. C’est ce qui s’est passé d’ailleurs. On a peu de détails sur les conditions de l’intervention et des raisons qui ont conduit à ce que la deuxième intervention se déroule dans un délai relativement court.
Il n’y a pas eu beaucoup d’informations sur l’opération, est‑ce normal dans ce genre de situation ?
Dans les conditions de l’information du monde moderne, ce n’est pas très normal. S’agissant de l’Algérie qui défend sa position d’État souverain, il est évident qu’elle essaie de donner le moins d’informations possibles pour pas donner le flanc à la critique qui est toujours plus facile quand on ne se retrouve pas dans l’action.
Madona- Nombre de messages : 3426
Date d'inscription : 30/01/2009
Re: Entretien avec Christian Prouteau, fondateur du GIGN français: "A In Amenas, on est dans un schéma très compliqué qui est plus proche de la guerre"
http://www.tsa-algerie.com/divers/a-in-amenas-on-est-dans-un-schema-tres-complique-qui-est-plus-proche-de-la-guerre_23493.html
Madona- Nombre de messages : 3426
Date d'inscription : 30/01/2009
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