John Perkins, un assassin économique américain
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John Perkins, un assassin économique américain
John Perkins, un assassin économique américain
Dalil Bahdida Publié dans Maghreb Emergent le 14 - 02 - 2011
Au secours de ses victimes : les peuples
D'assassins célèbres, qui n'en a pas entendu ? De Boumarafi Lembarek de Mohamed Boudiaf à James Earl Ray de Martin Luther King, les exemples sont légion. Mais des assassins économiques (economic hit man) ? Peu ! L'Américain John Perkins, un « petit » diplômé, complexé par son extraction, fils d'instituteur et son insuccès auprès des femmes, en est un. Il lève le voile sur son métier dans un livre de passionnantes révélations et de nauséeuses conséquences. Dans des aveux à valeurs pédagogiques utiles pour tous John Perkins rend un énorme service aux peuples tout en soulevant un gros questionnement : pourquoi ces « Tribunaux internationaux » qui s'intéressent tant à ces dictateurs ne le font pas pour ce type de crimes ?
Il s'agit d'une série de gifles pour les décideurs de ces pays sous-développés qui souffrent de l'absence de démocratie et de libertés où les élus sont d'opportunistes cupides et certaines élites, dans des postures hypocrites, vantent certaines prétendues politiques de développement. Un livre de John Perkins qui donne un sens à « l'accusation de la main étrangère » brandie par certains pouvoirs à chaque fois qu'une révolte populaire éclate sans avouer qu'ils en sont son instrument. Un livre à lire absolument. A défaut de sa disponibilité en librairie, lire les comptes rendus sur la toile. Entre nausée et dégout, c'est le chemin qu'emprunte John Perkins pour sa rédemption.
Qui est-il ? Assassin financier repéré par la National Secutity Agency (NSA), initié par Claudine, s'est entrainé dans les « Peace Corps », entré en service en 1971 à l'âge de 26 ans au sein de la compagnie américaine « Chas.T.Main » avec un esprit de «vengeance au cœur ». Sa première victime fut l'Indonésie avec la complicité du président Suharto, un ami de l'Algérie, leader dans le mouvement des Pays non alignés. Son travail consiste à produire des études économiques qui permettaient à ce pays d'obtenir des financements auprès du Fonds monétaire international, la Banque mondiale et l'United States Agency for International Devellopment (USAID). Le premier projet financé dans ce pays concerne le gaz naturel liquéfié (GNL).
Avant d'aller dans certains détails de livre, quelques remarques : Les programmes d'ajustement structurel (PAS et le lecteur appréciera la subtilité de cet acronyme) sont appelés en anglais Social Adjustment Package c'est-à-dire une boite à outils pour des ajustements ou réglages sociaux ! Le titre de la première de couverture est différent de celui de la page de garde qui mentionne l'adjectif « mondiale » à la place de « globale ». C'est un lapsus-qalami et les lecteurs sont libres de penser ce qu'ils veulent de l'efficacité et du pragmatisme américains. Dans cette lecture, nous passerons sur l'ignorance de cet expert en assassinats financiers que l'Egypte se trouve en Afrique, comment se répercutaient ses actions sur les gens ordinaires (P47) et les traductions approximatives tel que le titre du livre de Judith Hand « Women, Power and the Biology of Peace en Les femmes, le pouvoir et la biologie du pouvoir au lieu de paix) (P82). Le tout illustré de son propre aveu : « Le Qatar est un pays dont je n'avais guère entendu parler durant ma période d'assassin financier. » !
Ce que raconte John Perkins dans son bouquin : Les cultures et identités formant l'Humanité se cumulant par leurs points communs, différences, contradictions et oppositions rend ardu la confection d'un compte rendu d'un livre écrit par un Américain pas comme les autres. D'autant plus que ce livre parle de crimes qui visent des peuples en entier et pour adoucir la forme, le mot « pays » est plus utilisé, des individualités connues tels que des chefs d'Etat probes, honnêtes ou militants anonymes. Si pour un citoyen américain en particulier et occidental en général, joindre l'humanisme au mercantilisme est naturel, même s'il admet qu'il peut y avoir opposition il niera la contradiction à raison et l'exemple parfait est chez les partis politiques : les oppositions ne se contredisent pas, elles visent toutes la prise de pouvoir.
Il l'entame avec cette dédicace: « à tous ceux qui se dévouent à créer un monde stable, durable et paisible ». Un énorme défi que certains démunis doivent et tentent de relever au péril de leur vie. Les morts vaines de millions de personnes qui n'ont demandé que justice et dignité de vie en sont la preuve. Le livre est partagé en cinq parties : Asie, Amérique Latine, Moyen Orient, Afrique et Changer le monde l'un de ses principaux enjeux le contrôle de l'Afrique sous le paravent de la coopération internationale.
Dans ce tome 2 ou suite, John Perkins auteur du best-seller « confessions d'un assassin économique » fournit les détails sur les procédés, assassins, chacals, complices et surtout les victimes : peuples ou pays. Ce livre est moins choquant que le premier.
Il nous apprend que des responsables de la Banque mondiale (BM) et du Fonds monétaire international, des enfants de chefs d'Etat se sont confessé à lui en avouant toutes les esbroufes, tous les montages bidonnés qu'ils ont réalisés.
D'après John Perkins, la recette pour assassiner un pays est simple : accord d'un important prêt par la BM par exemple à un pays qui réalise des infrastructures qui plaisent aux peuples qui applaudissent et élisent des despotes, à défaut ils leurs sont imposés. Au regard, de l'intérêt grandissant que porte la « communauté internationale » à certaines élections, il est facile d'en déduire qu'elles sont un enjeu majeur dans la globalisation. Après l'exécution de ces prêts, les assassins économiques entrent en action en allant réclamer le « bout de gras » à ce pays qui consiste en un pétrole à bas prix et autres richesses, voix dans les différents votes de l'ONU et apport en forces armées comme dans cette coalition internationale qui a rasé l'Irak. Perkins nous apprend que la préparation de cette recette se fait à très haute température, celle qui fait bouillir un peuple dans son pays transformé en poêle avec un comble : une partie de l'huile est formée des dirigeants de ce pays. Ce procédé est décoré par les formations de haut niveau dont bénéficiaient les cadres de certains pays sous-développés qui deviennent comme par magie les élites qui les dirigent quelques années plus tard.
Perkins exprime sa surprise dans la naïveté de ces opinions publiques qui croient que même dans un pays en guerre, qui a connu des tremblements de terre, des tsunamis, le taux de croissance peut être à 2 chiffres ce qui le place dans une très bonne trajectoire de progrès avec une vitesse de croisière des plus enviée. Et en bout de parcours l'horreur qu'il résume dans ces mots : « Le bébé se dirigea vers la femme en rampant…et se mit à pleurer…La lépreuse dont la chaire était en train de se pourrir sous mes yeux, leva ses yeux, cracha et déguerpit à toute vitesse…». Cette scène a été vécue par l'auteur en Indonésie. Dans sa quête du pardon et de rédemption, il s'appuie sur les constats faits par ses compatriotes humanistes telle que cette rencontre en 2005 avec Jim Keady et Leslie Kretzu, deux producteurs de films. Jim s'adressant à Perkins: « Dieu m' kidnappé…je rêvais de travailler à Wall Street…en 1993, à l'âge de 21 ans…j'ai visité l'Indonésie, le Laos, le Vietnam, la Birmanie, le Népal…j'ai vu la vraie pauvreté…je comprenais pour qui Jésus se battait…pas seulement Jésus, mais aussi le prophète Mahomet, (Mohamed qsssl), les prophètes juifs, Boudha et toutes les figures spirituelles vénérées dans le monde. »
Dans la partie Amérique Latine :
Dans tous ces pays de cette partie de l'Amérique, à quelques exceptions, les militaires étaient les complices des desseins américains, les hommes politiques des suppôts de pacotille qui encaissaient des pourboires. Le fantôme de Jaime Roldos (président de l'Equateur) mort le 24 mai 81 dans un accident d'avion après une réunion secrète avec les pétrolières à Huston suivi de celui d'Omar Torrijos du Panama en juillet 81 hante John Perkins. Pour lui (John Perkins), l'élection d'Evo Morales, Lulla et Hugo Chavez est un os chez la corporatocratie qui charge les Dirigeants américains de la salle besogne pour les éliminer. Ceux qui s'y opposent ou les gênent dans le contrôle de la planète, les squelettes dans les placards des chefs d'Etats peuvent être ressortis. L'affaire Monica Lewinsky, activée par Linda Tripp, en est l'une des plus célèbres. Bill Clinton « était allé très loin dans sa tentative de revoir les monnaies étrangères ». La menace sur des chefs d'Etat en est une autre arme et pour l'illustration, il fait parler son « confrère » Brett, un autre assassin financier : « Monsieur le Président, j'ai ici quelques centaines de millions de dollars dont vous et votre famille pourrez profiter…J'ai ici un pistolet, dès fois qu'il vous vienne l'envie de tenir les promesses que vous avez faites pendant votre campagne électorale. » Il rappelle pour l'histoire le sort de Guevara (P108) : «En octobre (19)67, Washington dépêcha l'un de ses chacals les plus efficaces…, l'agent de la CIA, Félix Rodriguez captura le Che (Guevara)…la CIA ordonna à l'armée bolivienne de l'exécuter ».
Dans les parties Pays arabes et Afrique :
Dans les pays arabes, la première opération de blanchiment d'argent à l'échelle d'un pays, d'un peuple, pilotée par John Perkins est SAMA. Des lecteurs ont entendu ou lu sur l'opération de destruction de la Banque d'Angleterre par Georges Soros qui voulait faire ses emplettes de Livres Sterling avec une dizaine de milliards de dollars. Les chefs de Perkins ont innové en détournant vers les banques américaines l'argent des Saoudiens (et autres pays producteurs de pétrole) à travers l'opération SAMA pour Saudi Arab Money-laundering Affair après que le Département d'Etat soit entré en contact avec la société Main. Avec quoi ? L'exploitation du conflit entre les égyptiens, syriens, jordaniens et israéliens. Comment ? En accordant, sur demande de Nixon au Congrès d'approuver, une aide de 2,2 milliards de dollars aux Israéliens lors de la guerre de Kippour (octobre 1973) en réaction à celle de 1967. Conséquence : tous les pays arabes ont décidé de ne plus vendre leur pétrole dont le prix a automatiquement flambé sur les marchés. L'Arabie Saoudite dirigée par les Saoud a pris peur et les Américains l'ont contrainte à accepter son parapluie conditionné en catimini par le placement de son argent résultant de la fiscalité pétrolière dans ses banques et en s'armant auprès des USA. Le royaume wahabite ayant la main haute sur l'OPEP, tous les autres pays « toutous » de cette organisation ont suivi comme des caniches. Conséquence : l'étalon dollar-pétrole a été intronisé (étalon dollar-or étant abandonné en 1971). En cours de cette opération, ce sont les Américains qui récoltaient les intérêts des placements et investissaient les dollars « opépiens » dans leur économie. Si John Perkins donne cette version « chancelante », les responsables politiques de ces pays racontent ce qui leur convient de ces deux conflits, certains généraux tels que Khaled Nezzar et Saadeddine Chazly pérorent et racontent leurs histoires de trahison, de mouvements de troupions dans le Sinai et le désert du Néguev…
Sur les différentes guerres d'Irak, John Perkins (P102) en reconnaissant l'échec des assassins financiers, révèlent : « Nos chacals ont bien essayé de sortir Saddam mais ses forces de sécurité étaient trop efficaces et loyales…c'est pour cette raison que Bush a déployé l'armée. »
L'enjeu du contrôle de l'Afrique:
« Georges Rich, fondateur-associé de la société Uhl, Hall and Rich » créée par le PDG de Main (dirigée entre autres par Jack Dauber) était le pilote et stratège du contrôle de l'Afrique. John Perkins avoue ne pas avoir saisi les objectifs réels de cette compagnie. Il dit qu'il est l'ordonnateur de ses voyages en Egypte, Koweït, Iraq et Arabie Saoudite. C'est Georges Rich qui lui a appris que « le Soudan faisait partie de l'Egypte jusqu'au 1956 ». Il lui apprend que le Nil prend naissance dans le Tanganyika, a deux branches (Nil blanc et Nil bleu). « Vous verrez de votre vivant l'Afrique devenir un champ de bataille pour le pétrole... Et l'Egypte doit en être la base. » John Perkins raconte sa galère pour recevoir les statistiques sur la démographie de ce pays avec l'Egyptien Asim, un diplômé de Harvard, conseiller d'Anouar Sadate qui l'a traité de « chien d'infidèle ». Et la suite est sous nos yeux : le tourbillon permanent dans lequel vit l'Egypte.
La société MAIN s'est imposée au Zaire, Libéria, Tchad et Afrique du Sud. L'équipe de John Perkins s'occupait du « Niger » (nous pensons qu'il s'agit d'une faute de traduction puisque la suite concerne le Nigéria), du Kenya et raconte le ratage de l'assassinat du président France-Albert René par l'équipe de Jack Corbin, un mercenaire à la Don Juan qui a commencé par faire la cour à la jeune épouse d'un général.
Aucune entrave ne devant bloquer le contrôle de l'Afrique est illustrée par l'assassinat de Saro Siwa, un nigérien (nigérian) membre de la tribu Ogoni : c'était un écologiste : « la société pétrolière Shell a décidé de me surveiller…au début de l'année (1994), moi et toute ma famille (avons été mis) en résidence surveillée pendant trois jours…300 000 personnes devaient manifester contre la dévastation du milieu naturel… j'ai été détenu sans nourriture pendant trois jours …»
« Ken Saro-Wiwa fut arrêté…trainé en cour par le gouvernement de Sani Abacha…le 10 novembre 1995, Ken Saro-Wiwa et huit de ses collègues furent pendus. ». L'autre exemple dans le pillage de l'Afrique cité dans ce livre est le Congo[1] (ex Zaïre) avec ses minerais (diamant, cobalt et surtout le tantale ou coltan) qui a la troisième plus grande forêt de la planète. Dans cette partie, John Perkins fournit une version différente sur l'assassinat de Patrice Lumumba en l'endossant aux Belges alors qu'un récent article du journal « Le Monde Magazine » l'attribue à William Tschombé qui l'a séquestré. Dans sa fuite, il a été repris et livré aux troupes de Mobutu Sese Seko (mort en exil au Maroc) qui l'ont exécuté sur les ordres de la CIA, son corps ensuite dissous dans l'acide.
Pour lui, la planche de salut de l'Afrique est résumée dans cet extrait d'un échange épistolaire entre une membre d'une ONG, une de ces organisations qui font de la pauvreté un enjeu au service des industries agroalimentaires, et John Perkins : « Si la paix et la transparence régnaient au Congo, ce serait beaucoup plus difficile, peut-être même impossible, pour les sociétés étrangères d'exploiter les ressources minières. S'il n'y avait pas de groupes rebelles et de conflits entre les tribus, il n'y aurait pas de marché pour les petites armes. ».
La dernière partie de ce livre, une autre fois absolument à lire, est réservée aux propositions et actions pour un monde meilleur qui commencent à essaimer à travers ces voix et cris qui s'élèvent un peu partout dans le monde et qui n'ont pas attendu ce livre.
John Perkins n'a pas écrit un mot sur les pays de l'Afrique du Nord ou du Maghreb. S'agit-il d'un territoire où sévissent d'autres assassins financiers et chacals ou bien tout simplement le qualificatif de « failed states » (Etats en échec permanent) dont Georges Bush fils les a affabulés est irréversible. Il est permis de penser qu'à travers tous les projets dans le domaine pétrolier et autres sources de l'énergie, les présences militaires, la gestion du terrorisme et des dettes extérieures que quelques uns de ces snipers en cols blancs reçus avec les honneurs sont dans les parages avec comme nouvelle cible le tableau de classification chimique de Mendeleev.
Le plus grand crime dont n'a pas parlé John Perkins est l'atteinte aux consciences nobles. Celles qui tentent de « réveiller » les peuples opprimés, alors que nous sommes une et une seule humanité, sont assassinées, harcelées, persécutées, détenues. L'autre coup qu'il a asséné lui, ses boss et complices, est la fatalité du découragement qui scie tous les courages positifs, toutes ces volontés pour moins d'atrocités et plus de paix. Un livre egocentrique, américain dans lequel John Perkins nie les esprits révolutionnaires illettrés qui ont su fédérer et canaliser les forces des peuples.
La rédemption de John Perkins risque d'être ardue à obtenir. Son mérite est là : il demande pardon. Et si les autres, tous les autres, suivent cet exemple.
Dalil Bahdida.
L'histoire secrète de l'empire Américain. Assassins financiers, chacals et la vérité sur la corruption à l'échelle globale. John Perkins. Editions alTerre. 2008. Titre original : The Secret History of the American Empire.
[1] Propriété privée de 1884 à 1980 du roi des Belges Léopold II prédécesseur du roi Baudouin. Source : Supplément Magazine du journal Le Monde du 15 janvier 2011.
Dalil Bahdida Publié dans Maghreb Emergent le 14 - 02 - 2011
Au secours de ses victimes : les peuples
D'assassins célèbres, qui n'en a pas entendu ? De Boumarafi Lembarek de Mohamed Boudiaf à James Earl Ray de Martin Luther King, les exemples sont légion. Mais des assassins économiques (economic hit man) ? Peu ! L'Américain John Perkins, un « petit » diplômé, complexé par son extraction, fils d'instituteur et son insuccès auprès des femmes, en est un. Il lève le voile sur son métier dans un livre de passionnantes révélations et de nauséeuses conséquences. Dans des aveux à valeurs pédagogiques utiles pour tous John Perkins rend un énorme service aux peuples tout en soulevant un gros questionnement : pourquoi ces « Tribunaux internationaux » qui s'intéressent tant à ces dictateurs ne le font pas pour ce type de crimes ?
Il s'agit d'une série de gifles pour les décideurs de ces pays sous-développés qui souffrent de l'absence de démocratie et de libertés où les élus sont d'opportunistes cupides et certaines élites, dans des postures hypocrites, vantent certaines prétendues politiques de développement. Un livre de John Perkins qui donne un sens à « l'accusation de la main étrangère » brandie par certains pouvoirs à chaque fois qu'une révolte populaire éclate sans avouer qu'ils en sont son instrument. Un livre à lire absolument. A défaut de sa disponibilité en librairie, lire les comptes rendus sur la toile. Entre nausée et dégout, c'est le chemin qu'emprunte John Perkins pour sa rédemption.
Qui est-il ? Assassin financier repéré par la National Secutity Agency (NSA), initié par Claudine, s'est entrainé dans les « Peace Corps », entré en service en 1971 à l'âge de 26 ans au sein de la compagnie américaine « Chas.T.Main » avec un esprit de «vengeance au cœur ». Sa première victime fut l'Indonésie avec la complicité du président Suharto, un ami de l'Algérie, leader dans le mouvement des Pays non alignés. Son travail consiste à produire des études économiques qui permettaient à ce pays d'obtenir des financements auprès du Fonds monétaire international, la Banque mondiale et l'United States Agency for International Devellopment (USAID). Le premier projet financé dans ce pays concerne le gaz naturel liquéfié (GNL).
Avant d'aller dans certains détails de livre, quelques remarques : Les programmes d'ajustement structurel (PAS et le lecteur appréciera la subtilité de cet acronyme) sont appelés en anglais Social Adjustment Package c'est-à-dire une boite à outils pour des ajustements ou réglages sociaux ! Le titre de la première de couverture est différent de celui de la page de garde qui mentionne l'adjectif « mondiale » à la place de « globale ». C'est un lapsus-qalami et les lecteurs sont libres de penser ce qu'ils veulent de l'efficacité et du pragmatisme américains. Dans cette lecture, nous passerons sur l'ignorance de cet expert en assassinats financiers que l'Egypte se trouve en Afrique, comment se répercutaient ses actions sur les gens ordinaires (P47) et les traductions approximatives tel que le titre du livre de Judith Hand « Women, Power and the Biology of Peace en Les femmes, le pouvoir et la biologie du pouvoir au lieu de paix) (P82). Le tout illustré de son propre aveu : « Le Qatar est un pays dont je n'avais guère entendu parler durant ma période d'assassin financier. » !
Ce que raconte John Perkins dans son bouquin : Les cultures et identités formant l'Humanité se cumulant par leurs points communs, différences, contradictions et oppositions rend ardu la confection d'un compte rendu d'un livre écrit par un Américain pas comme les autres. D'autant plus que ce livre parle de crimes qui visent des peuples en entier et pour adoucir la forme, le mot « pays » est plus utilisé, des individualités connues tels que des chefs d'Etat probes, honnêtes ou militants anonymes. Si pour un citoyen américain en particulier et occidental en général, joindre l'humanisme au mercantilisme est naturel, même s'il admet qu'il peut y avoir opposition il niera la contradiction à raison et l'exemple parfait est chez les partis politiques : les oppositions ne se contredisent pas, elles visent toutes la prise de pouvoir.
Il l'entame avec cette dédicace: « à tous ceux qui se dévouent à créer un monde stable, durable et paisible ». Un énorme défi que certains démunis doivent et tentent de relever au péril de leur vie. Les morts vaines de millions de personnes qui n'ont demandé que justice et dignité de vie en sont la preuve. Le livre est partagé en cinq parties : Asie, Amérique Latine, Moyen Orient, Afrique et Changer le monde l'un de ses principaux enjeux le contrôle de l'Afrique sous le paravent de la coopération internationale.
Dans ce tome 2 ou suite, John Perkins auteur du best-seller « confessions d'un assassin économique » fournit les détails sur les procédés, assassins, chacals, complices et surtout les victimes : peuples ou pays. Ce livre est moins choquant que le premier.
Il nous apprend que des responsables de la Banque mondiale (BM) et du Fonds monétaire international, des enfants de chefs d'Etat se sont confessé à lui en avouant toutes les esbroufes, tous les montages bidonnés qu'ils ont réalisés.
D'après John Perkins, la recette pour assassiner un pays est simple : accord d'un important prêt par la BM par exemple à un pays qui réalise des infrastructures qui plaisent aux peuples qui applaudissent et élisent des despotes, à défaut ils leurs sont imposés. Au regard, de l'intérêt grandissant que porte la « communauté internationale » à certaines élections, il est facile d'en déduire qu'elles sont un enjeu majeur dans la globalisation. Après l'exécution de ces prêts, les assassins économiques entrent en action en allant réclamer le « bout de gras » à ce pays qui consiste en un pétrole à bas prix et autres richesses, voix dans les différents votes de l'ONU et apport en forces armées comme dans cette coalition internationale qui a rasé l'Irak. Perkins nous apprend que la préparation de cette recette se fait à très haute température, celle qui fait bouillir un peuple dans son pays transformé en poêle avec un comble : une partie de l'huile est formée des dirigeants de ce pays. Ce procédé est décoré par les formations de haut niveau dont bénéficiaient les cadres de certains pays sous-développés qui deviennent comme par magie les élites qui les dirigent quelques années plus tard.
Perkins exprime sa surprise dans la naïveté de ces opinions publiques qui croient que même dans un pays en guerre, qui a connu des tremblements de terre, des tsunamis, le taux de croissance peut être à 2 chiffres ce qui le place dans une très bonne trajectoire de progrès avec une vitesse de croisière des plus enviée. Et en bout de parcours l'horreur qu'il résume dans ces mots : « Le bébé se dirigea vers la femme en rampant…et se mit à pleurer…La lépreuse dont la chaire était en train de se pourrir sous mes yeux, leva ses yeux, cracha et déguerpit à toute vitesse…». Cette scène a été vécue par l'auteur en Indonésie. Dans sa quête du pardon et de rédemption, il s'appuie sur les constats faits par ses compatriotes humanistes telle que cette rencontre en 2005 avec Jim Keady et Leslie Kretzu, deux producteurs de films. Jim s'adressant à Perkins: « Dieu m' kidnappé…je rêvais de travailler à Wall Street…en 1993, à l'âge de 21 ans…j'ai visité l'Indonésie, le Laos, le Vietnam, la Birmanie, le Népal…j'ai vu la vraie pauvreté…je comprenais pour qui Jésus se battait…pas seulement Jésus, mais aussi le prophète Mahomet, (Mohamed qsssl), les prophètes juifs, Boudha et toutes les figures spirituelles vénérées dans le monde. »
Dans la partie Amérique Latine :
Dans tous ces pays de cette partie de l'Amérique, à quelques exceptions, les militaires étaient les complices des desseins américains, les hommes politiques des suppôts de pacotille qui encaissaient des pourboires. Le fantôme de Jaime Roldos (président de l'Equateur) mort le 24 mai 81 dans un accident d'avion après une réunion secrète avec les pétrolières à Huston suivi de celui d'Omar Torrijos du Panama en juillet 81 hante John Perkins. Pour lui (John Perkins), l'élection d'Evo Morales, Lulla et Hugo Chavez est un os chez la corporatocratie qui charge les Dirigeants américains de la salle besogne pour les éliminer. Ceux qui s'y opposent ou les gênent dans le contrôle de la planète, les squelettes dans les placards des chefs d'Etats peuvent être ressortis. L'affaire Monica Lewinsky, activée par Linda Tripp, en est l'une des plus célèbres. Bill Clinton « était allé très loin dans sa tentative de revoir les monnaies étrangères ». La menace sur des chefs d'Etat en est une autre arme et pour l'illustration, il fait parler son « confrère » Brett, un autre assassin financier : « Monsieur le Président, j'ai ici quelques centaines de millions de dollars dont vous et votre famille pourrez profiter…J'ai ici un pistolet, dès fois qu'il vous vienne l'envie de tenir les promesses que vous avez faites pendant votre campagne électorale. » Il rappelle pour l'histoire le sort de Guevara (P108) : «En octobre (19)67, Washington dépêcha l'un de ses chacals les plus efficaces…, l'agent de la CIA, Félix Rodriguez captura le Che (Guevara)…la CIA ordonna à l'armée bolivienne de l'exécuter ».
Dans les parties Pays arabes et Afrique :
Dans les pays arabes, la première opération de blanchiment d'argent à l'échelle d'un pays, d'un peuple, pilotée par John Perkins est SAMA. Des lecteurs ont entendu ou lu sur l'opération de destruction de la Banque d'Angleterre par Georges Soros qui voulait faire ses emplettes de Livres Sterling avec une dizaine de milliards de dollars. Les chefs de Perkins ont innové en détournant vers les banques américaines l'argent des Saoudiens (et autres pays producteurs de pétrole) à travers l'opération SAMA pour Saudi Arab Money-laundering Affair après que le Département d'Etat soit entré en contact avec la société Main. Avec quoi ? L'exploitation du conflit entre les égyptiens, syriens, jordaniens et israéliens. Comment ? En accordant, sur demande de Nixon au Congrès d'approuver, une aide de 2,2 milliards de dollars aux Israéliens lors de la guerre de Kippour (octobre 1973) en réaction à celle de 1967. Conséquence : tous les pays arabes ont décidé de ne plus vendre leur pétrole dont le prix a automatiquement flambé sur les marchés. L'Arabie Saoudite dirigée par les Saoud a pris peur et les Américains l'ont contrainte à accepter son parapluie conditionné en catimini par le placement de son argent résultant de la fiscalité pétrolière dans ses banques et en s'armant auprès des USA. Le royaume wahabite ayant la main haute sur l'OPEP, tous les autres pays « toutous » de cette organisation ont suivi comme des caniches. Conséquence : l'étalon dollar-pétrole a été intronisé (étalon dollar-or étant abandonné en 1971). En cours de cette opération, ce sont les Américains qui récoltaient les intérêts des placements et investissaient les dollars « opépiens » dans leur économie. Si John Perkins donne cette version « chancelante », les responsables politiques de ces pays racontent ce qui leur convient de ces deux conflits, certains généraux tels que Khaled Nezzar et Saadeddine Chazly pérorent et racontent leurs histoires de trahison, de mouvements de troupions dans le Sinai et le désert du Néguev…
Sur les différentes guerres d'Irak, John Perkins (P102) en reconnaissant l'échec des assassins financiers, révèlent : « Nos chacals ont bien essayé de sortir Saddam mais ses forces de sécurité étaient trop efficaces et loyales…c'est pour cette raison que Bush a déployé l'armée. »
L'enjeu du contrôle de l'Afrique:
« Georges Rich, fondateur-associé de la société Uhl, Hall and Rich » créée par le PDG de Main (dirigée entre autres par Jack Dauber) était le pilote et stratège du contrôle de l'Afrique. John Perkins avoue ne pas avoir saisi les objectifs réels de cette compagnie. Il dit qu'il est l'ordonnateur de ses voyages en Egypte, Koweït, Iraq et Arabie Saoudite. C'est Georges Rich qui lui a appris que « le Soudan faisait partie de l'Egypte jusqu'au 1956 ». Il lui apprend que le Nil prend naissance dans le Tanganyika, a deux branches (Nil blanc et Nil bleu). « Vous verrez de votre vivant l'Afrique devenir un champ de bataille pour le pétrole... Et l'Egypte doit en être la base. » John Perkins raconte sa galère pour recevoir les statistiques sur la démographie de ce pays avec l'Egyptien Asim, un diplômé de Harvard, conseiller d'Anouar Sadate qui l'a traité de « chien d'infidèle ». Et la suite est sous nos yeux : le tourbillon permanent dans lequel vit l'Egypte.
La société MAIN s'est imposée au Zaire, Libéria, Tchad et Afrique du Sud. L'équipe de John Perkins s'occupait du « Niger » (nous pensons qu'il s'agit d'une faute de traduction puisque la suite concerne le Nigéria), du Kenya et raconte le ratage de l'assassinat du président France-Albert René par l'équipe de Jack Corbin, un mercenaire à la Don Juan qui a commencé par faire la cour à la jeune épouse d'un général.
Aucune entrave ne devant bloquer le contrôle de l'Afrique est illustrée par l'assassinat de Saro Siwa, un nigérien (nigérian) membre de la tribu Ogoni : c'était un écologiste : « la société pétrolière Shell a décidé de me surveiller…au début de l'année (1994), moi et toute ma famille (avons été mis) en résidence surveillée pendant trois jours…300 000 personnes devaient manifester contre la dévastation du milieu naturel… j'ai été détenu sans nourriture pendant trois jours …»
« Ken Saro-Wiwa fut arrêté…trainé en cour par le gouvernement de Sani Abacha…le 10 novembre 1995, Ken Saro-Wiwa et huit de ses collègues furent pendus. ». L'autre exemple dans le pillage de l'Afrique cité dans ce livre est le Congo[1] (ex Zaïre) avec ses minerais (diamant, cobalt et surtout le tantale ou coltan) qui a la troisième plus grande forêt de la planète. Dans cette partie, John Perkins fournit une version différente sur l'assassinat de Patrice Lumumba en l'endossant aux Belges alors qu'un récent article du journal « Le Monde Magazine » l'attribue à William Tschombé qui l'a séquestré. Dans sa fuite, il a été repris et livré aux troupes de Mobutu Sese Seko (mort en exil au Maroc) qui l'ont exécuté sur les ordres de la CIA, son corps ensuite dissous dans l'acide.
Pour lui, la planche de salut de l'Afrique est résumée dans cet extrait d'un échange épistolaire entre une membre d'une ONG, une de ces organisations qui font de la pauvreté un enjeu au service des industries agroalimentaires, et John Perkins : « Si la paix et la transparence régnaient au Congo, ce serait beaucoup plus difficile, peut-être même impossible, pour les sociétés étrangères d'exploiter les ressources minières. S'il n'y avait pas de groupes rebelles et de conflits entre les tribus, il n'y aurait pas de marché pour les petites armes. ».
La dernière partie de ce livre, une autre fois absolument à lire, est réservée aux propositions et actions pour un monde meilleur qui commencent à essaimer à travers ces voix et cris qui s'élèvent un peu partout dans le monde et qui n'ont pas attendu ce livre.
John Perkins n'a pas écrit un mot sur les pays de l'Afrique du Nord ou du Maghreb. S'agit-il d'un territoire où sévissent d'autres assassins financiers et chacals ou bien tout simplement le qualificatif de « failed states » (Etats en échec permanent) dont Georges Bush fils les a affabulés est irréversible. Il est permis de penser qu'à travers tous les projets dans le domaine pétrolier et autres sources de l'énergie, les présences militaires, la gestion du terrorisme et des dettes extérieures que quelques uns de ces snipers en cols blancs reçus avec les honneurs sont dans les parages avec comme nouvelle cible le tableau de classification chimique de Mendeleev.
Le plus grand crime dont n'a pas parlé John Perkins est l'atteinte aux consciences nobles. Celles qui tentent de « réveiller » les peuples opprimés, alors que nous sommes une et une seule humanité, sont assassinées, harcelées, persécutées, détenues. L'autre coup qu'il a asséné lui, ses boss et complices, est la fatalité du découragement qui scie tous les courages positifs, toutes ces volontés pour moins d'atrocités et plus de paix. Un livre egocentrique, américain dans lequel John Perkins nie les esprits révolutionnaires illettrés qui ont su fédérer et canaliser les forces des peuples.
La rédemption de John Perkins risque d'être ardue à obtenir. Son mérite est là : il demande pardon. Et si les autres, tous les autres, suivent cet exemple.
Dalil Bahdida.
L'histoire secrète de l'empire Américain. Assassins financiers, chacals et la vérité sur la corruption à l'échelle globale. John Perkins. Editions alTerre. 2008. Titre original : The Secret History of the American Empire.
[1] Propriété privée de 1884 à 1980 du roi des Belges Léopold II prédécesseur du roi Baudouin. Source : Supplément Magazine du journal Le Monde du 15 janvier 2011.
Madona- Nombre de messages : 3426
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