Patrycja Sasnal: "L'Algérie a déjà connu son printemps arabe en 1988"

Patrycja Sasnal, universitaire polonaise spécialiste du Moyen-Orient à l'Institut polonais des affaires internationales (PISM) a été invitée au forum géostratégique d’El Moudjahid pour parler des "expériences de transition démocratique".

L’Algérie est elle à l’abri de « l’ébullition » qui secoue certains pays arabes ? «L'Algérie a connu son printemps en 1988 », répond la conférencière. Avant de trancher : « l’Algérie est détachée de la réalité sociopolitique des pays arabes en ébullition». Car, selon elle, "elle jouit de plus de libertés que les autres pays voisins". "L'Algérie peut s'inspirer du modèle polonais" affirme P.Sasnal.

L’exposé de la conférencière a mis l’accent sur l’expérience polonaise, de son passage du régime communiste au libéralisme.Le changement en Pologne a commencé à s’opérer à l’aube des années 80. Cela a mené à des réformes de la constitution polonaise. Ces réformes sont passées par deux étapes : en 1992 et essentiellement en 1997. Depuis cette date, la constitution accordait moins de prérogatives qu’avant au président.

Le changement en Pologne a été politique et s’est réalisé sans violence. En revanche : « c’est qu’en Pologne, c’est le mouvement ouvrier qui était derrière les bouleversements politiques qu’a connus le pays » précise le colonel Nourredine Amrani présent parmi l’assistance, à l’adresse de la conférencière.

La conférencière relate son destin individuel dans une Pologne plongée dans la crise économique. Patrycja Sasnal a surtout axé son récit sur les années où tellement la crise économique atteignait son paroxysme qu’«on recevait de la nourriture en guise de cadeau dans les occasions familiales ».

Et pour l’anecdote argumente P.Sasnal pour illustrer les retombés de la crise économique : «un jour on a reçu un courrier de bananes d’Allemagne et mon frère mettait une heure pour avaler la banane après l'avoir laissée fondre dans sa bouche. Comme ça, exprès rien que pour déguster le fruit ».

Quelques années plus tard dans les années 90 "la Pologne entre dans l'ère du libéralisme donc du culte de l'individu". Et c'est là qu'on commençait à assister à la "désintégration" de la société polonaise. Toutes ces étapes et ces expériences ont été "amères" selon la conférencière. "Mes grands parents ont connu la seconde guerre mondiale ,mes parents les affres du communisme...".

Hamida Mechaï