De la «printanisation» des Arabes à l’innocence des musulmans
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De la «printanisation» des Arabes à l’innocence des musulmans
Par Ahmed Bensaâda. Montréal (Canada)
En sciences expérimentales, l’exploration des propriétés d’un matériau est souvent réalisée en soumettant un échantillon à un certain signal. L’analyse de la réponse de l’échantillon à cette perturbation permet de déterminer des caractéristiques souvent insoupçonnées du matériau. Aussi étonnant que cela puisse paraître, il en est de même pour les sciences humaines.
A cet égard, les réactions politiques et sociales suscitées par le navet islamophobe intitulé L’innocence des musulmans sont instructives à plus d’un titre. En effet, bien que de très mauvaise qualité, ce «signal perturbateur» a permis de révéler au grand jour d’intéressantes informations concernant aussi bien les pays «démocratiseurs» que les pays arabes «démocratisés» par la grâce d’un récent printemps. Tout d’abord, et en guise de préambule, précisons qu’il est inacceptable qu’une personne, quels que soient ses actes, ses fonctions ou ses appartenances idéologiques, soit jetée à la vindicte populaire, suppliciée sur la place publique ou lynchée par des foules hystériques. En plus, notons qu’il n’y a rien de plus dégradant que de se réjouir de la mort d’un être humain, de se délecter des scènes sordides de sa torture ou de prendre plaisir à avilir, souiller ou railler sa dépouille. Seule la justice doit être invoquée et suivre son cours conformément aux lois et aux traités internationaux en vigueur.
Tortures, assassinats et behaviorisme
La triste mine arborée sincèrement par Mme Clinton à la suite de l’abominable exécution de son ambassadeur en poste en Libye contrastait nettement avec son impudent (et aussi sincère) gloussement de plaisir à l’annonce de l’atroce lynchage de Kadhafi. Elle s’était même laissée aller à une indécente tirade à saveur césarienne «We came, we saw, he died» (Nous sommes venus, nous avons vu, il est mort) qui, en fait, référait plus au film Gostbusters[1] qu’à la célèbre phrase de Jules César[2]. Plus encore, et contrairement à celles du diplomate américain, les odieuses images de l’ancien «guide» libyen, massacré puis exposé comme un trophée de chasse aux côtés de son fils, ont fait un buzz sur la Toile et la une des journaux télévisés de toute la planète. Deux ignobles évènements similaires, mais deux traitements médiatiques aux antipodes l’un de l’autre. Par ailleurs, il est à mentionner que l’exposition des cadavres des deux membres de la famille Kadhafi est non seulement en contradiction complète avec les règles de base de la justice, mais aussi avec les principes fondamentaux de la religion musulmane et le respect de la dignité humaine. En terme de justice, les personnes qui ont torturé et sauvagement trucidé Kadhafi sont identifiables puisqu’ils apparaissent à visage découvert sur les vidéos postées sur Youtube et que certains parmi eux ont même revendiqué leurs actes. Néanmoins, aucun d’entre eux n’a été inquiété par une quelconque juridiction et cela n’a offusqué personne, ni en Libye, ni en Occident, ni ailleurs. Une autre thèse sur l’exécution de Kadhafi vient d’être révélée par l’ancien Premier ministre libyen Mahmoud Jibril. Ce dernier a déclaré à Dream TV (Égypte) que l’auteur du tir mortel «était un agent étranger qui s’était mêlé aux brigades révolutionnaires ». Selon le journal italien Corriere Della Sera, il s’agirait probablement d’un agent de nationalité française[3], ce qui impliquerait directement la France dans l’assassinat de Kadhafi en plus de l’aide militaire apportée par ce pays à ces mêmes insurgés qui ont torturé l’ancien leader libyen. Dans le cas du diplomate américain, la condamnation internationale a été unanime, ce qui est tout à fait naturel et conforme au bon sens, contrairement à l’attitude adoptée par la «communauté internationale» à l’égard de Kadhafi et de son horrible fin. En outre, le courroux des Etats-Unis a été entendu par les autorités libyennes qui se sont empressées de chercher les coupables [4] et à rendre publiquement hommage à l’ambassadeur étasunien défunt lors d’une cérémonie officielle[5]. Mais au-delà de cette comparaison macabre entre la différence de traitement concernant ces deux personnes sauvagement assassinées, ce qui attire l’attention dans cette affaire est plus profond. Primo, la réaction de la rue à l’égard du film islamophobe a été extrêmement plus virulente dans les pays arabes «printanisés » que dans ceux qui ne l’ont pas été. Secundo, les classiques et virulents slogans antiaméricains ont refait leur apparition dans les pays arabes «démocratisés» alors qu’ils avaient complètement disparu de ces pays depuis le début du «printemps » arabe.
La Libye
Ce brusque revirement de situation dans ces pays qui auraient dû être «tellement reconnaissants» envers ceux qui les ont «démocratisés» en a surpris plus d’un, en particulier la secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton qui, comme on le sait, s’est fortement impliquée dans cette tâche[6]. «De nombreux Américains se demandent aujourd’hui, je me le suis demandé moi-même, comment cela a pu se produire. Comment cela a-t-il pu se produire dans un pays que nous avons aidé à libérer, dans une ville que nous avons aidée à échapper à la destruction ?» a-t-elle déclaré à propos de la Libye[7]. Ce qui l’a poussée à demander spécifiquement aux «nations du printemps arabe» de protéger les ambassades américaines et de mettre fin aux violences[8]. On est loin des déclarations dithyrambiques du sénateur McCain qui, en visite à Benghazi en avril 2011, avait exprimé son opinion sur les insurgés libyens : «J'ai rencontré ces braves combattants, et ils ne sont pas d’Al-Qaïda. Au contraire, ce sont des patriotes libyens qui veulent libérer leur nation. Nous devons les aider à le faire.»[9] On est encore plus loin de la position de Bernard-Henry Lévy (BHL), défenseur suprême de la «cause libyenne», dont Natalie Nougayrède disait : «Et peu importait, à ses yeux, le passé “kadhafiste” de certains membres du CNT, les mentions de la “charia”, ou encore, la présence parmi les rebelles d'anciens soutiens d'Al-Qaïda. Malgré des inquiétudes, rien n'a découragé le philosophe, grand pourfendeur de l'“islamo-fascisme”, d'ériger les insurgés, en bloc, en combattants de la liberté.»[10] En effet, et quoi qu’en disent McCain et BHL, il était de notoriété publique que d’anciens membres d’Al-Qaïda étaient non seulement très actifs dans la rébellion libyenne, mais y occupaient des postes de commandement[11]. Certains d’entre eux étaient des membres influents du Groupe islamique combattant (GIC) libyen qui, lorsqu’avalisé en 2007 par Ayman Al-Zawahiri en personne (n°2 d’Al-Qaïda à l’époque) appellera alors les Libyens à se révolter contre, je cite, «Kadhafi, les Etats-Unis et les infidèles»[12]. Peut-être est-ce là un élément de réponse à la question de Mme Clinton.
La Tunisie
En Tunisie, la réaction de la rue a aussi été violente. Aucun diplomate étranger n’a été tué mais des manifestants tunisiens ont perdu la vie et des intérêts américains ont été saccagés à Tunis. Comme en Libye, le courroux de l’administration américaine s’est fait entendre, et la réponse des autorités tunisiennes ne s’est pas fait attendre. Moncef Marzouki, le président tunisien, a dénoncé l'attaque de l'ambassade américaine à Tunis, y voyant un acte «inacceptable » contre un «pays ami». Dans un entretien avec la secrétaire d'État américaine, il a déclaré : «Nous ne faisons pas l'amalgame aujourd'hui entre ce que cet homme (le créateur du film, ndlr) a fait et l'administration et le peuple américains (...).»[13] Le Premier ministre tunisien, Hamadi Jebali a, de son côté, promis d’arrêter tous les salafistes impliqués dans les évènements de l’ambassade américaine. «Nous avons les preuves, nous avons la légitimité et la force publique, nous les utiliserons pour imposer l’ordre», s’est-il empressé de signaler[14]. Dans une déclaration au journal Al Hayet de Londres, le président du parti Ennahda, Rached Ghannouchi a, quant à lui, déclaré que les attaques des ambassades américaines dans les pays arabes visaient à faire rompre le dialogue instauré entre les Etats-Unis et les islamistes[15]. Il est intéressant de noter que la fermeté et l’unanimité des positions adoptées par les plus hautes personnalités politiques de la «nouvelle» Tunisie à l’égard des salafistes contrastent singulièrement avec la relative mansuétude avec laquelle étaient traitées ces mêmes personnes dans les nombreuses affaires de violence qui ont marqué la vie sociopolitique tunisienne depuis la chute de Ben Ali. C’est ce qui fit dire à l’éditorialiste Abdellatif Ghorbal : «D’un côté, (Ghannouchi) en encourageant ses “enfants” (par sa complaisance, par ses paroles et par ses silences) à s’en prendre aux femmes non voilées, aux artistes, aux journalistes, aux universitaires, aux intellectuels, aux théologiens, ou de l’autre, en invitant des prêcheurs de haine qui n’ont rien à envier à leurs homologues islamophobes occidentaux, et en empêchant de toutes ses forces que la moindre sanction soit prise contre sa descendance salafiste. Lorsque le pompier est un pyromane, il est normal et prévisible que le pays brûle.»[16]
L’Égypte
En Égypte, les violences ont rappelé les pires journées de la place Tahrir. Les alentours de l’ambassade des Etats-Unis aux Caire ont été témoins d’accrochages entre les manifestants et les forces de l’ordre qui avaient bloqué l’accès à l’édifice par des blocs de béton. Comme dans les autres pays, ce sont les salafistes qui ont été tenus responsables des violences. De leur côté, des chaînes de télévision ont montré les visages de personnes arrêtées, les accusant d’être des casseurs à la solde de je ne sais quel pouvoir occulte. Le président égyptien Mohamed Morsi, issu de l’influente confrérie des Frères musulmans, a d’abord soutenu les manifestations pacifiques contre le film anti-islamique avant de changer d’avis lorsque les protestations ont embrasé les rues cairotes. Il a alors fermement condamné les attaques brutales contre l'ambassade des Etats-Unis au Caire[17]. Dans une communication téléphonique avec le président américain, Mohamed Morsi lui a dit qu’«il fallait prendre des mesures juridiques de dissuasion à l'encontre de tous ceux qui veulent nuire aux relations entre les peuples, et tout particulièrement entre le peuple égyptien et celui des Etats-Unis»[18]. Comme on peut le remarquer, cette déclaration du président Morsi ressemble étrangement à celle de Rached Ghannouchi citée précédemment. De leur côté, les Frères musulmans avaient initialement appelé à manifester pacifiquement à travers toute l’Égypte le 14 septembre 2012, après la prière du vendredi, pour dénoncer le film islamophobe. La veille, Khairat El-Chater, le numéro 2 et éminence grise de la confrérie s’est fait accuser par le porteparole de l’ambassade américaine au Caire de double jeu. Dans un subtil échange de tweets, le diplomate indiqua à l’islamiste qu’il prônait l’apaisement dans ses micromessages en anglais, mais appelait à manifester dans ceux rédigés en langue arabe[19]. Un véritable camouflet pour Khairat El-Chater, lui qui aurait dû être le «vrai» premier président civil d’Égypte. L’appel à manifester pacifiquement a alors été retiré par la confrérie. Un second camouflet pour ceux qui se disaient les «défenseurs» de l’islam et de son prophète et qui viennent de découvrir, une fois au pouvoir, que les principes religieux et la raison d’Etat ne faisaient pas toujours bon ménage. Afin de plaire à l’administration américaine et pour rester dans l’air du temps islamiste post-printanier, Khairat El-Chater a signé un article dans le New York Times afin de présenter les condoléances de la confrérie au peuple américain pour la perte de leur ambassadeur en Libye ainsi que de ses collaborateurs. Il y indiqua également que «la violation des locaux de l'ambassade des Etats-Unis par des manifestants égyptiens est illégale en vertu du droit international» et que l'échec de la protection de la police (égyptienne) doit être étudiée», ou encore «en dépit de notre ressentiment concernant l'apparition continue de productions comme le film antimusulman qui a conduit à la violence actuelle, nous ne tenons pas le gouvernement américain ou ses citoyens responsables d'actes de quelques-uns qui violent les lois protégeant la liberté d'expression»[20]. Il faut dire que le président égyptien et la confrérie des Frères musulmans dont il est issu jouent gros dans cette affaire. Il s’agit effectivement d’un premier test à grande échelle de maintien de l’ordre et de protection des intérêts américains au sein du pays. En échange du soutien et du support prodigués par l’administration américaine à la confrérie islamiste au pouvoir dans ce pays[21], les Etats-Unis s’attendent (au minimum) que la sécurité de leur personnel et de leurs représentations diplomatiques soient assurée. C’est d’ailleurs aussi le cas pour tous les pays arabes touchés par le fameux «printemps» et dont les manifestations intempestives, inattendues et antiaméricaines ont décontenancé le Département d’Etat et sa secrétaire. Dans le cas de l’Egypte, le timing de ces troubles publics ont causé des soucis supplémentaires. En effet, dans un article publié par le Washington Post, A. Gearan and M. Birnbaum mentionnent que «les violentes manifestations déclenchées par la vidéo anti-islam et la réponse initialement maladroite de l'Égypte ont temporairement interrompu les négociations (entre les Etats-Unis et l’Égypte) sur un allégement de la dette égyptienne d’un milliard de dollars et sur l’accélération de l’obtention d’autres millions en aide diverses»[22]. D’un autre côté, la capitale égyptienne a accueilli, du 8 au 11 septembre 2012, une très importante délégation, regroupant pas moins de 118 hommes d’affaires américains représentant une cinquantaine de grandes compagnies étasuniennes dont IBM, Pepsi, Coca-Cola, Chrysler, Google, Microsoft, Visa, etc.[23] Cette délégation américaine, la plus imposante à avoir visité un pays du Moyen-Orient jusqu’à présent, a été reçue par le président Morsi le 9 septembre. Néanmoins, les manifestations antiaméricaines en Égypte ont débuté le 11 septembre, soit le jour même de la clôture des travaux de la mission commerciale, ce qui n’a pas dû donner une image attrayante du pays hôte à ces décideurs que le marché égyptien semblait intéresser.
La «lucidité» d’un célèbre téléprédicateur
Le portrait de la situation serait certainement incomplet sans l’avis de Youssef Al-Qardaoui, prédicateur vedette de la chaîne Al-Jazeera et président de l'Union mondiale des Oulémas musulmans. Membre influent de la confrérie des Frères musulmans, Al-Qardaoui a consacré son sermon du vendredi 14 septembre 2012, dans une mosquée de Doha, à la colère des musulmans à travers le monde. Il «conseilla» aux fidèles qui veulent protester contre le film offensant l'islam produit aux Etats-Unis de «s'éloigner de la violence et de ne pas assiéger les ambassades américaines»[24]. Cette position très «civilisée» et si bienveillante envers les intérêts américains tranche considérablement avec ses appels au meurtre contre Kadhafi ou ses exhortations au djihad contre le régime de Bachar Al-Assad. Rappelons qu’Al-Qardaoui, d’origine égyptienne, est détenteur d’un passeport diplomatique qatari, qu’il a été interdit de séjour en France par Sarkozy en personne en mars 2012[25], que son visa pour la Grande-Bretagne a été refusé en 2008(26) et qu’il est considéré persona non grata aux Etats-Unis[27]. Finalement, on peut dire que le brûlot cinématographique L’innocence des musulmans a permis de révéler au grand jour que le respect de la dignité humaine est un concept très relatif, contrairement à ce qui est si souvent péroré dans les cérémonies pompeuses, en Occident ou ailleurs. En outre, il a montré que les gouvernements islamistes qui exercent actuellement le pouvoir dans les pays touchés par le «printemps» arabe se comportent comme des vassaux du «grand ami» américain pour rester dans ses bonnes grâces et ne pas exacerber son ire. Cela semble indiquer que le «printemps» arabe n’a en réalité rien changé à l’inféodation des dirigeants de ces pays aux Etats-Unis. Néanmoins, il y a un aspect important du problème posé par le film islamophobe que les Occidentaux (et les Américains en particulier) ne semblent pas vouloir comprendre : il n’y a pas que les salafistes qui ont été insultés par ce navet. La très grande majorité des musulmans à travers le monde l’a été, même si cette majorité n’a ni manifesté, ni hurlé, ni cassé.
A. B.
RÉFÉRENCES
1- «We came, we saw, we kicked its ass.» (Nous sommes venus, nous avons vu, nous lui avons botté le derrière). Expression tirée du dialogue du film Ghostbusters. Voir le site : Dedefensa,
«We came, we saw, he died» (mais, “Assez, c’est assez”…)», 21 octobre 2011.
2- «Veni, vidi, vici» (Je suis venu, j'ai vu, j'ai vaincu). Célèbre expression prononcée par Jules César.
3- Lorenzo Cremonesi, «Un agente francese dietro la morte di Gheddafi», Corriere Della Sera, 29 septembre 2012.
4- AFP, «Libye : cinquante arrestations après la mort de l'ambassadeur américain», Jeune Afrique, 16 septembre 2012,
5- RFI, «La Libye rend hommage à l'ambassadeur américain tué à Benghazi», 21 septembre 2012.
6- Ahmed Bensaâda, Arabesque américaine : Le rôle des Etats-Unis dans les révoltes de la rue arabe, Editions Michel Brûlé, Montréal (2011) ; Editons Synergie, Alger (2012)
7- IIP Digital, «Déclaration de Mme Clinton sur la mort d'Américains en Libye», 16 septembre 2012.
8- Joe Sterling and Greg Botelho, «Clinton demands Arab Spring nations protect embassies, halt violence», CNN, 14 septembre 2012.
9- John McCain, «Statement by Senator McCain in Benghazi, Libya», U.S. Senate, 22 avril 2011.
10- Natalie Nougayrède, «BHL, porte-étendard libyen», Le Monde.fr, 8 novembre 2011.
11- Jean-Pierre Perrin, «Abdelhakim Belhaj, le retour d’Al-Qaïda», Libération, 26 août 2011
12- Ibid.
13- AFP, «Film anti-islam : le monde arabe a vécu un vendredi sanglant», Le Parisien.fr, 14 septembre 2012
14- Tunisie numérique, «Tunisie : Jebali promet d’arrêter un à un les salafistes impliqués dans les événements de l’ambassade US», 28 septembre 2012
15- Bissane El-Cheikh, «Ghannouchi à al-Hayat : attaquer les ambassades est un complot visant à stopper le dialogue de l'Amérique avec les islamistes», Al Hayat, 30 septembre 2012 17-
Catherine Le Brech, «L’attitude mouvante de Mohamed Morsi après les violences», FranceTV.fr, 14 septembre 2012.
18- Le Nouvel Observateur, «Mohamed Morsi condamne l'attaque contre la mission US au Caire», 13 septembre 2012.
19- Benjamin Barthe, «Prise de bec sur Twitter entre l'ambassade américaine et les Frères musulmans égyptiens», Le Monde.fr, 13 septembre 2012.
20- Khairat al-Chater, «‘Our Condolences,’ the Muslim Brotherhood Says», The New York Times, 13 septembre 2012.
21- Ahmed Bensaâda, «Egypte : des élections présidentielles sous haute influence», Le Quotidien d’Oran, 28 juin 2012.
22- Anne Gearan and Michael Birnbaum, «U.S. aid to Egypt stalled», The Washington Post, 17 septembre 2012.
23- American Chamber of Commerce, «U.S. Business Mission to Egypt. List of Participating U.S. Companie».
24- AFP, «Al-Qardaoui : sont dans l’erreur ceux qui tuent les ambassadeurs et répondent par la violence aux insultes contre l’islam», Elaph, 14 septembre 2012.
25- Georges Malbrunot, «Sarkozy contre la venue de Youssef Al-Qaradawi», Le Figaro.fr, 26 mars 2012.
26- BBC News, «Muslim cleric not allowed into UK», 7 février 2008.
27- Middle East Online, «Qaradawi ‘persona non grata’ in France», 26 mars 2012.
En sciences expérimentales, l’exploration des propriétés d’un matériau est souvent réalisée en soumettant un échantillon à un certain signal. L’analyse de la réponse de l’échantillon à cette perturbation permet de déterminer des caractéristiques souvent insoupçonnées du matériau. Aussi étonnant que cela puisse paraître, il en est de même pour les sciences humaines.
A cet égard, les réactions politiques et sociales suscitées par le navet islamophobe intitulé L’innocence des musulmans sont instructives à plus d’un titre. En effet, bien que de très mauvaise qualité, ce «signal perturbateur» a permis de révéler au grand jour d’intéressantes informations concernant aussi bien les pays «démocratiseurs» que les pays arabes «démocratisés» par la grâce d’un récent printemps. Tout d’abord, et en guise de préambule, précisons qu’il est inacceptable qu’une personne, quels que soient ses actes, ses fonctions ou ses appartenances idéologiques, soit jetée à la vindicte populaire, suppliciée sur la place publique ou lynchée par des foules hystériques. En plus, notons qu’il n’y a rien de plus dégradant que de se réjouir de la mort d’un être humain, de se délecter des scènes sordides de sa torture ou de prendre plaisir à avilir, souiller ou railler sa dépouille. Seule la justice doit être invoquée et suivre son cours conformément aux lois et aux traités internationaux en vigueur.
Tortures, assassinats et behaviorisme
La triste mine arborée sincèrement par Mme Clinton à la suite de l’abominable exécution de son ambassadeur en poste en Libye contrastait nettement avec son impudent (et aussi sincère) gloussement de plaisir à l’annonce de l’atroce lynchage de Kadhafi. Elle s’était même laissée aller à une indécente tirade à saveur césarienne «We came, we saw, he died» (Nous sommes venus, nous avons vu, il est mort) qui, en fait, référait plus au film Gostbusters[1] qu’à la célèbre phrase de Jules César[2]. Plus encore, et contrairement à celles du diplomate américain, les odieuses images de l’ancien «guide» libyen, massacré puis exposé comme un trophée de chasse aux côtés de son fils, ont fait un buzz sur la Toile et la une des journaux télévisés de toute la planète. Deux ignobles évènements similaires, mais deux traitements médiatiques aux antipodes l’un de l’autre. Par ailleurs, il est à mentionner que l’exposition des cadavres des deux membres de la famille Kadhafi est non seulement en contradiction complète avec les règles de base de la justice, mais aussi avec les principes fondamentaux de la religion musulmane et le respect de la dignité humaine. En terme de justice, les personnes qui ont torturé et sauvagement trucidé Kadhafi sont identifiables puisqu’ils apparaissent à visage découvert sur les vidéos postées sur Youtube et que certains parmi eux ont même revendiqué leurs actes. Néanmoins, aucun d’entre eux n’a été inquiété par une quelconque juridiction et cela n’a offusqué personne, ni en Libye, ni en Occident, ni ailleurs. Une autre thèse sur l’exécution de Kadhafi vient d’être révélée par l’ancien Premier ministre libyen Mahmoud Jibril. Ce dernier a déclaré à Dream TV (Égypte) que l’auteur du tir mortel «était un agent étranger qui s’était mêlé aux brigades révolutionnaires ». Selon le journal italien Corriere Della Sera, il s’agirait probablement d’un agent de nationalité française[3], ce qui impliquerait directement la France dans l’assassinat de Kadhafi en plus de l’aide militaire apportée par ce pays à ces mêmes insurgés qui ont torturé l’ancien leader libyen. Dans le cas du diplomate américain, la condamnation internationale a été unanime, ce qui est tout à fait naturel et conforme au bon sens, contrairement à l’attitude adoptée par la «communauté internationale» à l’égard de Kadhafi et de son horrible fin. En outre, le courroux des Etats-Unis a été entendu par les autorités libyennes qui se sont empressées de chercher les coupables [4] et à rendre publiquement hommage à l’ambassadeur étasunien défunt lors d’une cérémonie officielle[5]. Mais au-delà de cette comparaison macabre entre la différence de traitement concernant ces deux personnes sauvagement assassinées, ce qui attire l’attention dans cette affaire est plus profond. Primo, la réaction de la rue à l’égard du film islamophobe a été extrêmement plus virulente dans les pays arabes «printanisés » que dans ceux qui ne l’ont pas été. Secundo, les classiques et virulents slogans antiaméricains ont refait leur apparition dans les pays arabes «démocratisés» alors qu’ils avaient complètement disparu de ces pays depuis le début du «printemps » arabe.
La Libye
Ce brusque revirement de situation dans ces pays qui auraient dû être «tellement reconnaissants» envers ceux qui les ont «démocratisés» en a surpris plus d’un, en particulier la secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton qui, comme on le sait, s’est fortement impliquée dans cette tâche[6]. «De nombreux Américains se demandent aujourd’hui, je me le suis demandé moi-même, comment cela a pu se produire. Comment cela a-t-il pu se produire dans un pays que nous avons aidé à libérer, dans une ville que nous avons aidée à échapper à la destruction ?» a-t-elle déclaré à propos de la Libye[7]. Ce qui l’a poussée à demander spécifiquement aux «nations du printemps arabe» de protéger les ambassades américaines et de mettre fin aux violences[8]. On est loin des déclarations dithyrambiques du sénateur McCain qui, en visite à Benghazi en avril 2011, avait exprimé son opinion sur les insurgés libyens : «J'ai rencontré ces braves combattants, et ils ne sont pas d’Al-Qaïda. Au contraire, ce sont des patriotes libyens qui veulent libérer leur nation. Nous devons les aider à le faire.»[9] On est encore plus loin de la position de Bernard-Henry Lévy (BHL), défenseur suprême de la «cause libyenne», dont Natalie Nougayrède disait : «Et peu importait, à ses yeux, le passé “kadhafiste” de certains membres du CNT, les mentions de la “charia”, ou encore, la présence parmi les rebelles d'anciens soutiens d'Al-Qaïda. Malgré des inquiétudes, rien n'a découragé le philosophe, grand pourfendeur de l'“islamo-fascisme”, d'ériger les insurgés, en bloc, en combattants de la liberté.»[10] En effet, et quoi qu’en disent McCain et BHL, il était de notoriété publique que d’anciens membres d’Al-Qaïda étaient non seulement très actifs dans la rébellion libyenne, mais y occupaient des postes de commandement[11]. Certains d’entre eux étaient des membres influents du Groupe islamique combattant (GIC) libyen qui, lorsqu’avalisé en 2007 par Ayman Al-Zawahiri en personne (n°2 d’Al-Qaïda à l’époque) appellera alors les Libyens à se révolter contre, je cite, «Kadhafi, les Etats-Unis et les infidèles»[12]. Peut-être est-ce là un élément de réponse à la question de Mme Clinton.
La Tunisie
En Tunisie, la réaction de la rue a aussi été violente. Aucun diplomate étranger n’a été tué mais des manifestants tunisiens ont perdu la vie et des intérêts américains ont été saccagés à Tunis. Comme en Libye, le courroux de l’administration américaine s’est fait entendre, et la réponse des autorités tunisiennes ne s’est pas fait attendre. Moncef Marzouki, le président tunisien, a dénoncé l'attaque de l'ambassade américaine à Tunis, y voyant un acte «inacceptable » contre un «pays ami». Dans un entretien avec la secrétaire d'État américaine, il a déclaré : «Nous ne faisons pas l'amalgame aujourd'hui entre ce que cet homme (le créateur du film, ndlr) a fait et l'administration et le peuple américains (...).»[13] Le Premier ministre tunisien, Hamadi Jebali a, de son côté, promis d’arrêter tous les salafistes impliqués dans les évènements de l’ambassade américaine. «Nous avons les preuves, nous avons la légitimité et la force publique, nous les utiliserons pour imposer l’ordre», s’est-il empressé de signaler[14]. Dans une déclaration au journal Al Hayet de Londres, le président du parti Ennahda, Rached Ghannouchi a, quant à lui, déclaré que les attaques des ambassades américaines dans les pays arabes visaient à faire rompre le dialogue instauré entre les Etats-Unis et les islamistes[15]. Il est intéressant de noter que la fermeté et l’unanimité des positions adoptées par les plus hautes personnalités politiques de la «nouvelle» Tunisie à l’égard des salafistes contrastent singulièrement avec la relative mansuétude avec laquelle étaient traitées ces mêmes personnes dans les nombreuses affaires de violence qui ont marqué la vie sociopolitique tunisienne depuis la chute de Ben Ali. C’est ce qui fit dire à l’éditorialiste Abdellatif Ghorbal : «D’un côté, (Ghannouchi) en encourageant ses “enfants” (par sa complaisance, par ses paroles et par ses silences) à s’en prendre aux femmes non voilées, aux artistes, aux journalistes, aux universitaires, aux intellectuels, aux théologiens, ou de l’autre, en invitant des prêcheurs de haine qui n’ont rien à envier à leurs homologues islamophobes occidentaux, et en empêchant de toutes ses forces que la moindre sanction soit prise contre sa descendance salafiste. Lorsque le pompier est un pyromane, il est normal et prévisible que le pays brûle.»[16]
L’Égypte
En Égypte, les violences ont rappelé les pires journées de la place Tahrir. Les alentours de l’ambassade des Etats-Unis aux Caire ont été témoins d’accrochages entre les manifestants et les forces de l’ordre qui avaient bloqué l’accès à l’édifice par des blocs de béton. Comme dans les autres pays, ce sont les salafistes qui ont été tenus responsables des violences. De leur côté, des chaînes de télévision ont montré les visages de personnes arrêtées, les accusant d’être des casseurs à la solde de je ne sais quel pouvoir occulte. Le président égyptien Mohamed Morsi, issu de l’influente confrérie des Frères musulmans, a d’abord soutenu les manifestations pacifiques contre le film anti-islamique avant de changer d’avis lorsque les protestations ont embrasé les rues cairotes. Il a alors fermement condamné les attaques brutales contre l'ambassade des Etats-Unis au Caire[17]. Dans une communication téléphonique avec le président américain, Mohamed Morsi lui a dit qu’«il fallait prendre des mesures juridiques de dissuasion à l'encontre de tous ceux qui veulent nuire aux relations entre les peuples, et tout particulièrement entre le peuple égyptien et celui des Etats-Unis»[18]. Comme on peut le remarquer, cette déclaration du président Morsi ressemble étrangement à celle de Rached Ghannouchi citée précédemment. De leur côté, les Frères musulmans avaient initialement appelé à manifester pacifiquement à travers toute l’Égypte le 14 septembre 2012, après la prière du vendredi, pour dénoncer le film islamophobe. La veille, Khairat El-Chater, le numéro 2 et éminence grise de la confrérie s’est fait accuser par le porteparole de l’ambassade américaine au Caire de double jeu. Dans un subtil échange de tweets, le diplomate indiqua à l’islamiste qu’il prônait l’apaisement dans ses micromessages en anglais, mais appelait à manifester dans ceux rédigés en langue arabe[19]. Un véritable camouflet pour Khairat El-Chater, lui qui aurait dû être le «vrai» premier président civil d’Égypte. L’appel à manifester pacifiquement a alors été retiré par la confrérie. Un second camouflet pour ceux qui se disaient les «défenseurs» de l’islam et de son prophète et qui viennent de découvrir, une fois au pouvoir, que les principes religieux et la raison d’Etat ne faisaient pas toujours bon ménage. Afin de plaire à l’administration américaine et pour rester dans l’air du temps islamiste post-printanier, Khairat El-Chater a signé un article dans le New York Times afin de présenter les condoléances de la confrérie au peuple américain pour la perte de leur ambassadeur en Libye ainsi que de ses collaborateurs. Il y indiqua également que «la violation des locaux de l'ambassade des Etats-Unis par des manifestants égyptiens est illégale en vertu du droit international» et que l'échec de la protection de la police (égyptienne) doit être étudiée», ou encore «en dépit de notre ressentiment concernant l'apparition continue de productions comme le film antimusulman qui a conduit à la violence actuelle, nous ne tenons pas le gouvernement américain ou ses citoyens responsables d'actes de quelques-uns qui violent les lois protégeant la liberté d'expression»[20]. Il faut dire que le président égyptien et la confrérie des Frères musulmans dont il est issu jouent gros dans cette affaire. Il s’agit effectivement d’un premier test à grande échelle de maintien de l’ordre et de protection des intérêts américains au sein du pays. En échange du soutien et du support prodigués par l’administration américaine à la confrérie islamiste au pouvoir dans ce pays[21], les Etats-Unis s’attendent (au minimum) que la sécurité de leur personnel et de leurs représentations diplomatiques soient assurée. C’est d’ailleurs aussi le cas pour tous les pays arabes touchés par le fameux «printemps» et dont les manifestations intempestives, inattendues et antiaméricaines ont décontenancé le Département d’Etat et sa secrétaire. Dans le cas de l’Egypte, le timing de ces troubles publics ont causé des soucis supplémentaires. En effet, dans un article publié par le Washington Post, A. Gearan and M. Birnbaum mentionnent que «les violentes manifestations déclenchées par la vidéo anti-islam et la réponse initialement maladroite de l'Égypte ont temporairement interrompu les négociations (entre les Etats-Unis et l’Égypte) sur un allégement de la dette égyptienne d’un milliard de dollars et sur l’accélération de l’obtention d’autres millions en aide diverses»[22]. D’un autre côté, la capitale égyptienne a accueilli, du 8 au 11 septembre 2012, une très importante délégation, regroupant pas moins de 118 hommes d’affaires américains représentant une cinquantaine de grandes compagnies étasuniennes dont IBM, Pepsi, Coca-Cola, Chrysler, Google, Microsoft, Visa, etc.[23] Cette délégation américaine, la plus imposante à avoir visité un pays du Moyen-Orient jusqu’à présent, a été reçue par le président Morsi le 9 septembre. Néanmoins, les manifestations antiaméricaines en Égypte ont débuté le 11 septembre, soit le jour même de la clôture des travaux de la mission commerciale, ce qui n’a pas dû donner une image attrayante du pays hôte à ces décideurs que le marché égyptien semblait intéresser.
La «lucidité» d’un célèbre téléprédicateur
Le portrait de la situation serait certainement incomplet sans l’avis de Youssef Al-Qardaoui, prédicateur vedette de la chaîne Al-Jazeera et président de l'Union mondiale des Oulémas musulmans. Membre influent de la confrérie des Frères musulmans, Al-Qardaoui a consacré son sermon du vendredi 14 septembre 2012, dans une mosquée de Doha, à la colère des musulmans à travers le monde. Il «conseilla» aux fidèles qui veulent protester contre le film offensant l'islam produit aux Etats-Unis de «s'éloigner de la violence et de ne pas assiéger les ambassades américaines»[24]. Cette position très «civilisée» et si bienveillante envers les intérêts américains tranche considérablement avec ses appels au meurtre contre Kadhafi ou ses exhortations au djihad contre le régime de Bachar Al-Assad. Rappelons qu’Al-Qardaoui, d’origine égyptienne, est détenteur d’un passeport diplomatique qatari, qu’il a été interdit de séjour en France par Sarkozy en personne en mars 2012[25], que son visa pour la Grande-Bretagne a été refusé en 2008(26) et qu’il est considéré persona non grata aux Etats-Unis[27]. Finalement, on peut dire que le brûlot cinématographique L’innocence des musulmans a permis de révéler au grand jour que le respect de la dignité humaine est un concept très relatif, contrairement à ce qui est si souvent péroré dans les cérémonies pompeuses, en Occident ou ailleurs. En outre, il a montré que les gouvernements islamistes qui exercent actuellement le pouvoir dans les pays touchés par le «printemps» arabe se comportent comme des vassaux du «grand ami» américain pour rester dans ses bonnes grâces et ne pas exacerber son ire. Cela semble indiquer que le «printemps» arabe n’a en réalité rien changé à l’inféodation des dirigeants de ces pays aux Etats-Unis. Néanmoins, il y a un aspect important du problème posé par le film islamophobe que les Occidentaux (et les Américains en particulier) ne semblent pas vouloir comprendre : il n’y a pas que les salafistes qui ont été insultés par ce navet. La très grande majorité des musulmans à travers le monde l’a été, même si cette majorité n’a ni manifesté, ni hurlé, ni cassé.
A. B.
RÉFÉRENCES
1- «We came, we saw, we kicked its ass.» (Nous sommes venus, nous avons vu, nous lui avons botté le derrière). Expression tirée du dialogue du film Ghostbusters. Voir le site : Dedefensa,
«We came, we saw, he died» (mais, “Assez, c’est assez”…)», 21 octobre 2011.
2- «Veni, vidi, vici» (Je suis venu, j'ai vu, j'ai vaincu). Célèbre expression prononcée par Jules César.
3- Lorenzo Cremonesi, «Un agente francese dietro la morte di Gheddafi», Corriere Della Sera, 29 septembre 2012.
4- AFP, «Libye : cinquante arrestations après la mort de l'ambassadeur américain», Jeune Afrique, 16 septembre 2012,
5- RFI, «La Libye rend hommage à l'ambassadeur américain tué à Benghazi», 21 septembre 2012.
6- Ahmed Bensaâda, Arabesque américaine : Le rôle des Etats-Unis dans les révoltes de la rue arabe, Editions Michel Brûlé, Montréal (2011) ; Editons Synergie, Alger (2012)
7- IIP Digital, «Déclaration de Mme Clinton sur la mort d'Américains en Libye», 16 septembre 2012.
8- Joe Sterling and Greg Botelho, «Clinton demands Arab Spring nations protect embassies, halt violence», CNN, 14 septembre 2012.
9- John McCain, «Statement by Senator McCain in Benghazi, Libya», U.S. Senate, 22 avril 2011.
10- Natalie Nougayrède, «BHL, porte-étendard libyen», Le Monde.fr, 8 novembre 2011.
11- Jean-Pierre Perrin, «Abdelhakim Belhaj, le retour d’Al-Qaïda», Libération, 26 août 2011
12- Ibid.
13- AFP, «Film anti-islam : le monde arabe a vécu un vendredi sanglant», Le Parisien.fr, 14 septembre 2012
14- Tunisie numérique, «Tunisie : Jebali promet d’arrêter un à un les salafistes impliqués dans les événements de l’ambassade US», 28 septembre 2012
15- Bissane El-Cheikh, «Ghannouchi à al-Hayat : attaquer les ambassades est un complot visant à stopper le dialogue de l'Amérique avec les islamistes», Al Hayat, 30 septembre 2012 17-
Catherine Le Brech, «L’attitude mouvante de Mohamed Morsi après les violences», FranceTV.fr, 14 septembre 2012.
18- Le Nouvel Observateur, «Mohamed Morsi condamne l'attaque contre la mission US au Caire», 13 septembre 2012.
19- Benjamin Barthe, «Prise de bec sur Twitter entre l'ambassade américaine et les Frères musulmans égyptiens», Le Monde.fr, 13 septembre 2012.
20- Khairat al-Chater, «‘Our Condolences,’ the Muslim Brotherhood Says», The New York Times, 13 septembre 2012.
21- Ahmed Bensaâda, «Egypte : des élections présidentielles sous haute influence», Le Quotidien d’Oran, 28 juin 2012.
22- Anne Gearan and Michael Birnbaum, «U.S. aid to Egypt stalled», The Washington Post, 17 septembre 2012.
23- American Chamber of Commerce, «U.S. Business Mission to Egypt. List of Participating U.S. Companie».
24- AFP, «Al-Qardaoui : sont dans l’erreur ceux qui tuent les ambassadeurs et répondent par la violence aux insultes contre l’islam», Elaph, 14 septembre 2012.
25- Georges Malbrunot, «Sarkozy contre la venue de Youssef Al-Qaradawi», Le Figaro.fr, 26 mars 2012.
26- BBC News, «Muslim cleric not allowed into UK», 7 février 2008.
27- Middle East Online, «Qaradawi ‘persona non grata’ in France», 26 mars 2012.
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Re: De la «printanisation» des Arabes à l’innocence des musulmans
le soir d'Algerie 15/10/2012
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