Salim Bellouze chante Berkouk Azzedine (12 mai 2012 au centre culturel d'Aokas)
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Aokas Revolution- Nombre de messages : 3967
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Re: Salim Bellouze chante Berkouk Azzedine (12 mai 2012 au centre culturel d'Aokas)
https://www.youtube.com/watch?v=kjSK1uZxT5Y
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Re: Salim Bellouze chante Berkouk Azzedine (12 mai 2012 au centre culturel d'Aokas)
Azdine, Azdine l’artiste !
berkouk - Azdine, Azdine l’artiste !
e l’ai écouté, entendu, vu, il était là de sa frimousse un tant soit peu malingre, les cheveux hirsutes un tantinet grisonnants, le sourire luné, timide du reste comme à son accoutumée, le jean vieillot Azidine Berkouk à Akkar décoloré, l’humble artiste qui égaya nos enfances, notre référence du village, de sa main magique égouttant la chanson ensorceleuse, nous piquetant dans nos tréfonds comme pour nous flanquer des battements de cœur à part. Je n’ai pas écouté la chanson du feu maître Slimane Azem, j’ai écouté la voix de notre artiste, une
voix comme qui dirait que s’elle n’existait pas on l’aurait inventée, roque, un brin nasillarde, languissante et cajolant nos sens, l’errant, le vagabond des étoiles comme dirait l’autre, outrepassant l’espace commun, aussi loin que je peux jeter mon souvenir dans une enfance lointaine, je me rappelle cet homme toujours décentré, le regard éperdu d’où scintillaient deux chandelles hypnotiques, l’œil qui tente de déchiffrer le monde et de lui en donner sens, sens à son aberration, sens à son abîme, sens à ses mesquineries, sens à sa divagation frénétique, son œil tanguait, tendre et violent, interpellation de ceux non encore inoculés par l’ère du temps, sur les remous d’une nostalgie heureuse aujourd’hui inhumée, avare de mots, l’artiste, quand la parole est le silence purificateur, quand le mot est vain, le silence revendicateur, le silence enquiquineur, l’artiste allait et venait, comme le poète qui se doit d’errer pour capter les papillons pour nous en traduire le papillonnement, comme si Mohand Ou Mhand du reste, qui, dit-on, allait arpentant des espaces infinis et parsemait le monde de son poème; son poème rebelle refusant l’ordre établi.
Des fois, l’artiste, enguenillé, armé juste de son sifflotement, atterrissait dans un quelque coin esseulé et s’y perdait, s’y égarait, se délectait de sa déréliction qui enfin, elle, régit le calme précédant l’accouchement du poète, il en revenait la tête pleine, et bientôt dans une quelque fête nocturne les fils de sa mandoline parleraient la révolution des âmes. Il est pauvre, il n’en a cure, il est chétif, le poème qui arrache jusqu’à l’ultime surplus adipeux, son regard est parfois moqueur : que font ses êtres avec leurs rêves monnayés, que font ces êtres? Semblait son regard dire.
Un artiste, disait mon enfance, est quelqu’un comme lui, sa démarche est gracieuse, trop d’ailleurs, il marche comme à pas feutrés, c’est à croire qu’il ne veut pas réveiller les démons tapis au fin fond de la terre, solitaire, presque maladivement, personne n’a le droit de troubler sa quiétude intérieure qu’il drape jalousement dans sa timidité et sa décence.
Parfois, aux épousailles, tout un village qui se réveille de sa torpeur, toutes les différences sociales s’y affalent, les uns maniérés pour impressionner, des autres snobinards et guindés au qui vive d’un quelque regard espiègle qui émanerait du balcon, derrière les rideaux, c’est, ma foi, peut être le début d’une histoire disait Feraoun, deux regards qui se jettent la missive des cœurs, et en avant une vie en rose, clandestinement ou pas, pourvu que sa flanque aux cœurs de doux frissons. Azzedine est là, nous nous dirions, que nous importe les gueules fardés, les snobinards et les ventrus, nos cœurs ont juste besoin de la chanson du poète, le nouveau marié nous dédiera sa danse, ensuite nous aurons toute la soirée à nous. Azzedine, timide, le sourire trahissant sa rougeur, il est entrain de surmonter sa gêne, et en attendant un quelque rimailleur ou chanteur jeunot nous assourdit de son vacarme, c’est alors que des enfants impatients commencent la lapidation, sort de l’arène, disait la pluie de pierres, on veut juste notre poète. Azzedine! Azzedine! Azzedine! En brouhaha généralisé ou en chœur, le poète est tancé, j’arrive, dira la première note de sa mandoline : Séparées comment, séparés injustement, séparés involontairement, j’en ai goûté, l’amertume, et maintenant que tu es loin…dira Azzedine de sa voix enchanteresse, et nous partis, loin, très loin derrière nos cœurs chargées d’espérance. Azzedine continue, sa voix déchire la nuit, une étoile zébrant le firmament, une voix déchirant tendrement la nuit, la défloration de la pucelle, vite Azzedine! Dira l’un, passe de la mélancolie à la fête, et l’artiste passe à la fête, il faut que le marié danse, lancera une voix dans le tas, non, non, tente de se défendre le marié. Tu danseras ne t’en déplaises, dira un autre le forçant à entrer dans l’arène, c’est comme dans la coutume. Et il dansera ne lui en déplaise…
Plus loin, dans le voile de la nuit, des groupes se forment, y discutent, histoire de remettre à nouveau les pieds sur terre, l’artiste les a tellement transportés qu’ils leur faut un quelque sujet réaliste. De toute manière, ils ne tarderont pas à revenir. Ils reviennent, l’artiste est extenué, sa voix s’égosillant un tantinet, une cigarette et un verre Mascara pour se racler la voix du rossignol, Azzedine! Azdine! Scande la foule, un indécrottable fumeur crie : l’artiste, ma chanson, Eh combien le cannabis est succulent, et Azzedine entonne : Hey, eh zetla chhal mliha… le gars aux cheveux frisottés et nuageux, maigre comme un roseau, le regard méditerranée, il guette le moment de la chanson au rythme, effrénément, dans quelque temps il empoussiérera la colline de sa danse en coups de ciseaux, il gesticulera comme un bélier immolé, néanmoins, il nous flanquera de doux tournis, ce gars, aussi, s’il n’existait pas on l’aurait inventé! La foule scandera son sobriquet, et lui partira, partira…derrière la foule qui ose, un irrésolu, un timoré, il veut danser mais attend, il est à l’orée de se délester de sa frousse, un ami l’aiguillonne, et il se dénude enfin de sa carapace, lui aussi gesticule, il n’en a rien à foutre, il croit danser, vas-y lui dire le contraire, il en est heureux, il aurait aimé maintenant que la nuit soit encore plus longue…
Sur l’estrade, Azdine égrène le poème comme on égrène un chapelet, cuit, cuite fugueuse, il n’est plus timide, il aurait même aimé qu’on prenne sa mandoline pour qu’il danse lui-même.
Hier la nuit, un ami me dit : Viens, regarde, une vidéo sur Azdine Berkouk à Boutegwa. Ce n’est pas possible, lui dis-je, et nous plongeâmes dans notre vraie vie. Je vis mes miens, tous aussi beaux, je me rappelai leurs défauts, leurs qualités, je me rappelai juste leurs qualités, ils sont tous bons, ils chavirent dans le mot de l’artiste, la vidéo ricoche sur les visages, lui c’est le voisin, et lui, ah bon, ce n’est point possible, l’instituteur, le paysan, le manufacturier, l’infirmier, les élèves, les étudiants, nos jeunes altiers, nos musiciens, ils ont beaux être loqueteux, ils sont les plus beaux. Je manquai de verser une larme, que fais-je ici? Suis-je frappé d’une quelque malédiction? L’occident aux tentations pécheresses! J’arrive, me dis-je, pour m’accaparer de mon lot de poème.
Azedine s’égosille, Azdine est heureux, que lui importe le succès, c’est quoi le succès! Que médisent les médisants, la renommée est un sourire factice. Tu es notre poète, notre chanteur, même égarant un peu de la vélocité de tes mains expertes, ta main tisse de surchargées émotions. Ta mandoline cessant, elle continua n’empêche à gazouiller dans mon cerveau.
Lounes H.
berkouk - Azdine, Azdine l’artiste !
e l’ai écouté, entendu, vu, il était là de sa frimousse un tant soit peu malingre, les cheveux hirsutes un tantinet grisonnants, le sourire luné, timide du reste comme à son accoutumée, le jean vieillot Azidine Berkouk à Akkar décoloré, l’humble artiste qui égaya nos enfances, notre référence du village, de sa main magique égouttant la chanson ensorceleuse, nous piquetant dans nos tréfonds comme pour nous flanquer des battements de cœur à part. Je n’ai pas écouté la chanson du feu maître Slimane Azem, j’ai écouté la voix de notre artiste, une
voix comme qui dirait que s’elle n’existait pas on l’aurait inventée, roque, un brin nasillarde, languissante et cajolant nos sens, l’errant, le vagabond des étoiles comme dirait l’autre, outrepassant l’espace commun, aussi loin que je peux jeter mon souvenir dans une enfance lointaine, je me rappelle cet homme toujours décentré, le regard éperdu d’où scintillaient deux chandelles hypnotiques, l’œil qui tente de déchiffrer le monde et de lui en donner sens, sens à son aberration, sens à son abîme, sens à ses mesquineries, sens à sa divagation frénétique, son œil tanguait, tendre et violent, interpellation de ceux non encore inoculés par l’ère du temps, sur les remous d’une nostalgie heureuse aujourd’hui inhumée, avare de mots, l’artiste, quand la parole est le silence purificateur, quand le mot est vain, le silence revendicateur, le silence enquiquineur, l’artiste allait et venait, comme le poète qui se doit d’errer pour capter les papillons pour nous en traduire le papillonnement, comme si Mohand Ou Mhand du reste, qui, dit-on, allait arpentant des espaces infinis et parsemait le monde de son poème; son poème rebelle refusant l’ordre établi.
Des fois, l’artiste, enguenillé, armé juste de son sifflotement, atterrissait dans un quelque coin esseulé et s’y perdait, s’y égarait, se délectait de sa déréliction qui enfin, elle, régit le calme précédant l’accouchement du poète, il en revenait la tête pleine, et bientôt dans une quelque fête nocturne les fils de sa mandoline parleraient la révolution des âmes. Il est pauvre, il n’en a cure, il est chétif, le poème qui arrache jusqu’à l’ultime surplus adipeux, son regard est parfois moqueur : que font ses êtres avec leurs rêves monnayés, que font ces êtres? Semblait son regard dire.
Un artiste, disait mon enfance, est quelqu’un comme lui, sa démarche est gracieuse, trop d’ailleurs, il marche comme à pas feutrés, c’est à croire qu’il ne veut pas réveiller les démons tapis au fin fond de la terre, solitaire, presque maladivement, personne n’a le droit de troubler sa quiétude intérieure qu’il drape jalousement dans sa timidité et sa décence.
Parfois, aux épousailles, tout un village qui se réveille de sa torpeur, toutes les différences sociales s’y affalent, les uns maniérés pour impressionner, des autres snobinards et guindés au qui vive d’un quelque regard espiègle qui émanerait du balcon, derrière les rideaux, c’est, ma foi, peut être le début d’une histoire disait Feraoun, deux regards qui se jettent la missive des cœurs, et en avant une vie en rose, clandestinement ou pas, pourvu que sa flanque aux cœurs de doux frissons. Azzedine est là, nous nous dirions, que nous importe les gueules fardés, les snobinards et les ventrus, nos cœurs ont juste besoin de la chanson du poète, le nouveau marié nous dédiera sa danse, ensuite nous aurons toute la soirée à nous. Azzedine, timide, le sourire trahissant sa rougeur, il est entrain de surmonter sa gêne, et en attendant un quelque rimailleur ou chanteur jeunot nous assourdit de son vacarme, c’est alors que des enfants impatients commencent la lapidation, sort de l’arène, disait la pluie de pierres, on veut juste notre poète. Azzedine! Azzedine! Azzedine! En brouhaha généralisé ou en chœur, le poète est tancé, j’arrive, dira la première note de sa mandoline : Séparées comment, séparés injustement, séparés involontairement, j’en ai goûté, l’amertume, et maintenant que tu es loin…dira Azzedine de sa voix enchanteresse, et nous partis, loin, très loin derrière nos cœurs chargées d’espérance. Azzedine continue, sa voix déchire la nuit, une étoile zébrant le firmament, une voix déchirant tendrement la nuit, la défloration de la pucelle, vite Azzedine! Dira l’un, passe de la mélancolie à la fête, et l’artiste passe à la fête, il faut que le marié danse, lancera une voix dans le tas, non, non, tente de se défendre le marié. Tu danseras ne t’en déplaises, dira un autre le forçant à entrer dans l’arène, c’est comme dans la coutume. Et il dansera ne lui en déplaise…
Plus loin, dans le voile de la nuit, des groupes se forment, y discutent, histoire de remettre à nouveau les pieds sur terre, l’artiste les a tellement transportés qu’ils leur faut un quelque sujet réaliste. De toute manière, ils ne tarderont pas à revenir. Ils reviennent, l’artiste est extenué, sa voix s’égosillant un tantinet, une cigarette et un verre Mascara pour se racler la voix du rossignol, Azzedine! Azdine! Scande la foule, un indécrottable fumeur crie : l’artiste, ma chanson, Eh combien le cannabis est succulent, et Azzedine entonne : Hey, eh zetla chhal mliha… le gars aux cheveux frisottés et nuageux, maigre comme un roseau, le regard méditerranée, il guette le moment de la chanson au rythme, effrénément, dans quelque temps il empoussiérera la colline de sa danse en coups de ciseaux, il gesticulera comme un bélier immolé, néanmoins, il nous flanquera de doux tournis, ce gars, aussi, s’il n’existait pas on l’aurait inventé! La foule scandera son sobriquet, et lui partira, partira…derrière la foule qui ose, un irrésolu, un timoré, il veut danser mais attend, il est à l’orée de se délester de sa frousse, un ami l’aiguillonne, et il se dénude enfin de sa carapace, lui aussi gesticule, il n’en a rien à foutre, il croit danser, vas-y lui dire le contraire, il en est heureux, il aurait aimé maintenant que la nuit soit encore plus longue…
Sur l’estrade, Azdine égrène le poème comme on égrène un chapelet, cuit, cuite fugueuse, il n’est plus timide, il aurait même aimé qu’on prenne sa mandoline pour qu’il danse lui-même.
Hier la nuit, un ami me dit : Viens, regarde, une vidéo sur Azdine Berkouk à Boutegwa. Ce n’est pas possible, lui dis-je, et nous plongeâmes dans notre vraie vie. Je vis mes miens, tous aussi beaux, je me rappelai leurs défauts, leurs qualités, je me rappelai juste leurs qualités, ils sont tous bons, ils chavirent dans le mot de l’artiste, la vidéo ricoche sur les visages, lui c’est le voisin, et lui, ah bon, ce n’est point possible, l’instituteur, le paysan, le manufacturier, l’infirmier, les élèves, les étudiants, nos jeunes altiers, nos musiciens, ils ont beaux être loqueteux, ils sont les plus beaux. Je manquai de verser une larme, que fais-je ici? Suis-je frappé d’une quelque malédiction? L’occident aux tentations pécheresses! J’arrive, me dis-je, pour m’accaparer de mon lot de poème.
Azedine s’égosille, Azdine est heureux, que lui importe le succès, c’est quoi le succès! Que médisent les médisants, la renommée est un sourire factice. Tu es notre poète, notre chanteur, même égarant un peu de la vélocité de tes mains expertes, ta main tisse de surchargées émotions. Ta mandoline cessant, elle continua n’empêche à gazouiller dans mon cerveau.
Lounes H.
Azul- Nombre de messages : 29959
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