Le vieillissement de la population guette l’Algérie

Ce sera le 4e plus vieux pays du continent en 2050
Le vieillissement de la population guette l’Algérie

Depuis plusieurs années, l’Algérie vante la jeunesse de sa population sans se rendre compte que celle‑ci a déjà pris le train du vieillissement. Les données statistiques que l’Ined (Institut national d’études démographiques), un organisme public français, vient de rendre publiques, sont implacables pour l’Algérie et l’ensemble du continent africain.

« L’Afrique n’échappera pas au vieillissement de sa population en raison de l’allongement de la durée de vie et de la baisse de la fécondité », écrivent les chercheurs de l’institut. Pourtant, la part des jeunes y est importante, puisque les moins de 15 ans représentent 40 % de la population totale, contre 27 % dans l’ensemble de la population mondiale. Mais le processus d’inversement de la pyramide des âges est engagé et rien ne devrait le faire changer.

L’Algérie est au premier plan des pays où la proportion des habitants âgés de 60 ans et plus sera la plus élevée en 2050. En 2010, l’âge moyen des Algériens était de 26,2 ans pour une population de plus de 60 ans évaluée à 2,4 millions d’individus. Quarante ans plus tard, ce ne sera plus du tout la même histoire. L’âge moyen atteindra 42 ans et le nombre de personnes âgées explosera à 12,2 millions d’habitants, soit 26,2 % de la population totale de l’Algérie !

En Afrique, seuls trois pays verront leur population vieillir dans des proportions plus importantes que l’Algérie : l’Égypte, la Lybie et la Tunisie. C’est d’ailleurs toute la frange méditerranéenne de l’Afrique et du Moyen‑Orient qui rejoindra le modèle européen dans lequel la totalité des nations fait état d’un pourcentage de population âgée de 60 ans et plus supérieur à 20 % du nombre total d’habitants. Mais à la différence de beaucoup de pays européens, les pays africains n’ont pas toujours anticipé les problèmes générés par ce changement de structure de la population.


Trois défis à relever

Dans leur étude, les chercheurs de l’Ined pointent du doigt trois grands défis pour les dirigeants de pays comme l’Algérie : le défi de la prise en charge financière, celui de la prise en charge de la santé et celui du maintien d’un certain équilibre sur le marché de l’emploi. « Quelles seraient les conditions de vie des personnes âgées demain en Afrique si la prise en charge de la vieillesse restait organisée sur les bases qui la fondent aujourd’hui ? » s’interrogent les auteurs de l’étude. « Pour la grande majorité des Africains, il n’y a pour l’instant pas de retraite au sens où on l’entend pour les pays du Nord. »

L’Algérie n’est pas le pays le plus mal loti dans ce domaine puisque son taux de couverture (c'est‑à‑dire la part des pensionnés parmi les personnes âgées) approchait en 2005 – dernière année de recensement pour tous les pays étudiés – les 40 %. C’est moins bien que la Tunisie, qui dépasse les 45 %, et c’est mieux que le Maroc, qui n’atteint pas les 20 %. « En l’absence de pension suffisante, lorsqu’une personne âgée ne peut plus travailler, elle ne peut compter que sur son réseau familial. » Or, poursuivent les chercheurs de l’Ined, « on peut s’interroger sur la capacité future des familles à accompagner la vieillesse et l’éventuelle dépendance des aînés, sans le soutien de politiques publiques adaptées, en particulier pour l’accès aux soins ».

Mais selon l’Ined, l’évolution de la population algérienne pose un autre problème moins évident à première vue mais tout aussi préoccupant : celui de l’emploi. Face à l’abondance d’une main‑d’œuvre valide toujours plus âgée, ne disposant pas de pension suffisante, quel sera le rapport de force avec les jeunes entrant sur le marché du travail ?

http://www.tsa-algerie.com/divers/le-vieillissement-de-la-population-guette-l-algerie_21911.html