D’Alger à Londres, l’itinéraire d’un sans-papiers Algérien
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D’Alger à Londres, l’itinéraire d’un sans-papiers Algérien
Parti d’Algérie il y a maintenant près de huit ans, Saïd Aït Djaoud a connu le racisme et enchaîné les galères en France avant de prendre pied en Angleterre
où il a désormais
élu domicile.
Depuis quelques mois, le gouvernement de coalition que dirige le conservateur David Cameron a considérablement durci la politique d’immigration en Grande-Bretagne. Ce tour de vis visant les chercheurs d’asile n’aurait laissé que « peu de chances » à Saïd Aït Djaoud de s’installer un jour en Grande-Bretagne s’il avait dû le subir.
" Je suis arrivé en Angleterre, il y a sept ans et demi, mais mon rêve était de vivre à Paris ", raconte ce natif de Tizi Ouzou, âgé aujourd’hui de trente-deux ans. Jusqu’à son départ d’Algérie, Saïd a passé l’essentiel de sa vie à Alger, où il a toujours ses yeux noirs intenses tournés vers la Kabylie, celle de ses deux idoles, Lounis Aït Menguellet et Matoub Lounès, assassiné en 1998. Titulaire d’un diplôme de technicien en informatique, il travaille pour un laboratoire pharmaceutique comme gestionnaire de stocks. Au cours d’un voyage d’étude à Marseille, il prend congé de sa mission, et avec un visa de six mois en poche, il gagne la capitale française.
" Les années 1990 ont été terribles. Aucune famille n’a été épargnée par le déchaînement de violences des islamistes. Nous avons tous été traumatisés. Par la suite, j’étais dans le noir, sans perspective. À vingt-trois ans je suis parti".
À Paris, sa terre promise, c’est le cauchemar. Son visa expirant, Saïd finit par délaisser le réseau familial trop envahissant, il dort dans des entrées d’immeubles, un peu partout, fréquente assidûment les piscines, « pour pouvoir me doucher ». Il doit son salut pour survivre à un forain de la foire du trône où il est payé 40 euros de midi à minuit à fabriquer des confiseries. « C’était une vie de chien. Je me suis senti rejeté, humilié en France. Il y a du racisme. Toutes les portes étaient fermées. Au bout de neuf mois, j’ai compris, et de nouveau je suis parti. »
Saïd prend alors la direction de la gare du Nord, muni d’une fausse carte d’identité qu’il a acheté 50 euros par une filière clandestine à la Fourche, il passe sans difficulté la PAF qui l’a « regardé trois fois » puis arrive sans encombre et beaucoup de veine à Londres à bord de l’Eurostar. Il s’installe non loin du quartier grouillant de monde, et d’islamistes, Litlle Algiers, la petite Algérie, au cœur de Finsbury Park, au nord de Londres. Ce n’est pas son monde, il n’y reste que deux semaines, avant de dénicher, avec la complicité d’un ami, une chambre à East Croydon, dans la banlieue sud de Londres, où il réside désormais. Croydon qu’il a vu s’enflammer, avec inquiétude, l’an dernier, lors des émeutes.
Déraciné, maîtrisant mal la langue anglaise, il a été exploité par des petits patrons peu scrupuleux dans des coffe-shops. « C’est un Anglais, un traiteur de Fabboy, qui m’a mis le pied à l’étrier. C’était un autre monde. Il y avait du respect, des valeurs. Il a été réglo dans le travail. » D’un seul coup, l’horizon de Saïd s’est éclairci. Il obtient le précieux sésame, un titre de séjour temporaire. Depuis quelques mois, Saïd vit sur un petit nuage.
Il décroche un emploi de serveur dans un café Arena vers Whitechapel, où il gagne 330 euros par semaine. Surtout il rencontre, « dans un bus », Elizabeth avec qui il se marie quelques mois plus tard. La jeune femme, comptable dans une entreprise de mobiliers, est nigériane de nationalité anglaise. Le mariage a été célébré à Alger, « pour montrer que ce n’est ni du business ni du pipeau », conformément aux exigences de la législation britannique. Dans deux ans, il obtiendra un visa illimité. « J’apprécie Londres, malgré sa froideur, ses opportunités qui vous donnent envie d’aller de l’avant. On ne te juge pas sur tes origines mais sur ton travail. »
Ballotté entre plusieurs rives, Saïd fait le rêve, à voix haute, de revenir un jour parmi les siens dans cette Algérie dont il se tient sans cesse informé : « Les choses changent un peu là-bas, trop lentement à mon goût, alors pourquoi pas ? »
Source : L'Humanité
Depuis quelques mois, le gouvernement de coalition que dirige le conservateur David Cameron a considérablement durci la politique d’immigration en Grande-Bretagne. Ce tour de vis visant les chercheurs d’asile n’aurait laissé que « peu de chances » à Saïd Aït Djaoud de s’installer un jour en Grande-Bretagne s’il avait dû le subir.
" Je suis arrivé en Angleterre, il y a sept ans et demi, mais mon rêve était de vivre à Paris ", raconte ce natif de Tizi Ouzou, âgé aujourd’hui de trente-deux ans. Jusqu’à son départ d’Algérie, Saïd a passé l’essentiel de sa vie à Alger, où il a toujours ses yeux noirs intenses tournés vers la Kabylie, celle de ses deux idoles, Lounis Aït Menguellet et Matoub Lounès, assassiné en 1998. Titulaire d’un diplôme de technicien en informatique, il travaille pour un laboratoire pharmaceutique comme gestionnaire de stocks. Au cours d’un voyage d’étude à Marseille, il prend congé de sa mission, et avec un visa de six mois en poche, il gagne la capitale française.
" Les années 1990 ont été terribles. Aucune famille n’a été épargnée par le déchaînement de violences des islamistes. Nous avons tous été traumatisés. Par la suite, j’étais dans le noir, sans perspective. À vingt-trois ans je suis parti".
À Paris, sa terre promise, c’est le cauchemar. Son visa expirant, Saïd finit par délaisser le réseau familial trop envahissant, il dort dans des entrées d’immeubles, un peu partout, fréquente assidûment les piscines, « pour pouvoir me doucher ». Il doit son salut pour survivre à un forain de la foire du trône où il est payé 40 euros de midi à minuit à fabriquer des confiseries. « C’était une vie de chien. Je me suis senti rejeté, humilié en France. Il y a du racisme. Toutes les portes étaient fermées. Au bout de neuf mois, j’ai compris, et de nouveau je suis parti. »
Saïd prend alors la direction de la gare du Nord, muni d’une fausse carte d’identité qu’il a acheté 50 euros par une filière clandestine à la Fourche, il passe sans difficulté la PAF qui l’a « regardé trois fois » puis arrive sans encombre et beaucoup de veine à Londres à bord de l’Eurostar. Il s’installe non loin du quartier grouillant de monde, et d’islamistes, Litlle Algiers, la petite Algérie, au cœur de Finsbury Park, au nord de Londres. Ce n’est pas son monde, il n’y reste que deux semaines, avant de dénicher, avec la complicité d’un ami, une chambre à East Croydon, dans la banlieue sud de Londres, où il réside désormais. Croydon qu’il a vu s’enflammer, avec inquiétude, l’an dernier, lors des émeutes.
Déraciné, maîtrisant mal la langue anglaise, il a été exploité par des petits patrons peu scrupuleux dans des coffe-shops. « C’est un Anglais, un traiteur de Fabboy, qui m’a mis le pied à l’étrier. C’était un autre monde. Il y avait du respect, des valeurs. Il a été réglo dans le travail. » D’un seul coup, l’horizon de Saïd s’est éclairci. Il obtient le précieux sésame, un titre de séjour temporaire. Depuis quelques mois, Saïd vit sur un petit nuage.
Il décroche un emploi de serveur dans un café Arena vers Whitechapel, où il gagne 330 euros par semaine. Surtout il rencontre, « dans un bus », Elizabeth avec qui il se marie quelques mois plus tard. La jeune femme, comptable dans une entreprise de mobiliers, est nigériane de nationalité anglaise. Le mariage a été célébré à Alger, « pour montrer que ce n’est ni du business ni du pipeau », conformément aux exigences de la législation britannique. Dans deux ans, il obtiendra un visa illimité. « J’apprécie Londres, malgré sa froideur, ses opportunités qui vous donnent envie d’aller de l’avant. On ne te juge pas sur tes origines mais sur ton travail. »
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Source : L'Humanité
Azul- Nombre de messages : 29959
Date d'inscription : 09/07/2008
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