ENTRETIEN : Hocine Hocini : «Quand les citoyens se mobilisent, l’arbitraire recule...»

Relaxé en compagnie de son ami Salem Fellak, Hocine Hocini revient sur son procès ainsi que sur la mobilisation citoyenne née autour de leur affaire. Jugé pour offense à l'Islam pour ne pas avoir observé le jeûne, Hocine Hocini affirme que la mobilisation doit continuer en faveur des personnes qui sont poursuivies à Ighzer Amokrane pour ne pas avoir jeûné pendant le ramadan ainsi que pour celles qui comparaitront prochainement devant la justice à Larbâa Nath Irathen pour appartenance à un culte non musulman. Lire également : URGENT : PROCES DES NON-JEÛNEURS : Le tribunal a prononcé la relaxe pour les deux prévenus


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DNA : Le tribunal vient de prononcer la relaxe en votre faveur dans un procès qui a tenu en haleine l’opinion publique. Quel votre sentiment ?

Hocine Hocini : Je suis content de la décision du juge qui a prononcé la relaxe dans notre affaire. Nous avons cru, depuis le début, en la justice de notre pays. C’est d’abord sa victoire. En ce qui me concerne, je n’ai jamais douté de l’issue du procès, j’ai fait confiance à la justice algérienne qui vient de n’innocenter. Je n’ai commis aucun délit ni infraction.

Votre affaire a suscité un élan de solidarité citoyenne qui s’est concrétisé par deux rassemblements de soutien devant le tribunal de Aïn El Hammam à l’occasion de la tenue du procès le 21 septembre et du verdict d’aujourd’hui…

Nous avons reçu des centaines de messages de soutien émanant aussi bien de la Kabylie que du reste du pays, mais aussi de l’étranger à travers notamment les réseaux sociaux. Cette formidable mobilisation citoyenne autonome montre que l’esprit de liberté est toujours vivace dans la conscience populaire. Les citoyens refusent l’arbitraire et se mobilisent pour lutter contre. Le moins que l’on puisse dire est que la mobilisation populaire d’aujourd’hui nous a fait chaud au cœur. C’est la preuve que nous ne sommes pas seuls devant l’injustice qui a failli nous frapper. Mais tant mieux que l’affaire se termine par un dénouement heureux.

Ne pensez-vous pas que votre procès remet sur la table la question de la liberté de conscience en Algérie ? Le HCI (Haut conseil islamique) vous a condamné dans un communiqué.

Il est vrai que la liberté de conscience est parfois malmenée en Algérie. Mais quand les citoyens se mobilisent, l’arbitraire recule. Le procès ne devait pas avoir lieu, tout bonnement. A partir du moment où la Constitution garantit la liberté de conscience, la police ou la justice n’a pas à s’immiscer dans la foi des gens. J’ai le droit de ne pas faire carême et je l’assume. Libres aux autres d’observer le mois du ramadan, mais moi, je ne suis concerné ni de près ni de loin. C’est la Loi suprême de mon pays qui me donne ce droit. Quant au HCI, il est libre de dire ce qu’il veut, l’essentiel est que la justice ait tranché. Et elle a tranché en notre faveur. Tout le reste nous ne m’intéresse pas.

Qu'allez-vous faire maintenant ?

Je suis content que la justice de mon pays m’innocente. J’imagine que c’est le même sentiment chez mon ami Salem. Cependant, le combat continue. Il ne faut pas oublier, en effet, que d’autres procès sont instruits à l’encontre de citoyens qui ne font pas carême ou qui ont épousé la foi chrétienne. Nous allons nous mobiliser pour le procès des quatre chrétiens prévu au tribunal de Larbaâ Nath Irathen, dans la wilaya de Tizi Ouzou. Il y a aussi le procès des non-jeûneurs d’Ighzer Amokrane dans la wilaya de Béjaïa. Il faut élargir le champ des libertés par la mobilisation de l’opinion publique. (Photo DNA : Hocine Hocini à sa sortie du tribunal mardi 5 octobre)



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