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COMMENT PEUT- ON ETRE KABYLE?

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Message  Taremant.Ighil.Alemmas Jeu 2 Aoû - 13:26

COMMENT PEUT- ON ETRE KABYLE?

Malika BARAKA





1/ De la difficulté d’être kabyle



L’autonomie individuelle ou collective signifie être libre, se prendre en charge et être responsable de son destin.

L’autonomie est elle possible pour la Kabylie ?

Aussi pertinent que soit le projet politique d’autonomie de la Kabylie, la question est de savoir s’il existe une volonté consciente ou inconsciente d’être autonomes chez les Kabyles.

En étudiant l’histoire de la Kabylie, force est de constater que cette option n’a pas vraiment intéressé les Kabyles depuis qu’ils ont perdu leur autonomie en 1871.

Face aux agressions mettant en péril leur existence, les Kabyles ont su admirablement résister. Mais souvent, ils réagissent plus qu'ils ne proposent et ont des difficultés à élaborer un projet qui leur est propre et à prendre en charge leurs propres affaires.

On mesure l’étendue du désastre en constatant la pauvreté des résultats obtenus au regard des terribles souffrances et des énormes sacrifices des Kabyles pour une cause qu’ils ont toujours cantonné dans la revendication, qu'ils réduisent souvent à des slogans et qu'ils préfèrent englober dans des combats qui ne servent pas toujours leurs intérêts, voire qui mettent en péril leur propre existence.

Le « mal » kabyle

Quelles sont les raisons qui ont empêché les Kabyles, connaissant leur potentiel de mobilisation et leur courage, d’avoir leur propre école et leurs propres médias, de garder leurs institutions et de travailler à développer leur économie, en somme d’être autonomes ? Sans doute, le contexte politique, idéologique et culturel ont toujours été défavorables. Mais le frein principal ne reside t- il pas d’abord en eux même ?

La source du « mal kabyle » se situerait moins dans les forces hostiles qui entourent les Kabyles que dans leur propre façon d’être. Déstructurés, acculturés, aliénés, ils évoluent dans des contradictions qui les empêchent d’avoir une pensée et un discours cohérent et autonome.

Ayant soif de reconnaissance publique et institutionnelle, ils sont pourtant les premiers à nier leur propre existence. Avant d’être Kabyle, on est d’abord démocrate, islamiste, Algérien, Berbère, Français, Allemand, Américain et même citoyen du monde ! On commence à peine à murmurer l’affirmation de sa kabylité..

Il y a un contraste entre les impressionnantes mobilisations publiques (marches, sit-in), témoins d’une forte volonté d’exister et l’impossibilité intrinsèque de se prendre en charge et de faire soi même ce qu’on exige des autres de faire. Ainsi, la langue, qui fait l’essentiel de la revendication identitaire et dont on réclame bruyamment l’instruction publique, est de moins en moins transmise dans les familles kabyles aux enfants, mettant ainsi gravement en péril la pérennité de la langue et de toute la culture véhiculée par elle :la Kabylie linguistique et culturelle rétrécit de jour en jour dangereusement.

L’élite kabyle qui devrait éclairer et jouer le rôle de guide pour sa société a, au contraire, aggravé la confusion et l’aliénation et est responsable pour un grande part de l’échec de la Kabylie à faire entendre sa voix. Cette région a pourtant produit une élite nombreuse et compétente dans divers domaines : enseignement, gestion, justice, génie civil, économie, santé…

En dehors de la période coloniale qui a vu une élite peu nombreuse mais d’une valeur exceptionnelle, mettant son savoir au service de sa culture pour le passage fondamental de l’oral à l’écrit et le début des années 80, qui a vu une élite engagée et responsable, la Kabylie se retrouve depuis une vingtaine d’années « sans tête », fait surtout visible lors d’évènements dramatiques. Les manifestations ou actions en Kabylie, sont le fait quasi exclusif de jeunes gens, jusqu'à l’émergence récente des aarchs.

Mise à part une petite minorité d’intellectuels qui continue son chemin dans l'isolement, la plupart des autres se sont intégrés et assimilés à d’autres forces et à d’autres cultures dominantes en tentant d’oublier qu’ils sont kabyles et même qu’ils ont peut être milité un jour pour leur idendité.

Les Kabyles forment l’élite de nombreuses organisations, partis politiques et occupent des postes importants au sein du pouvoir algérien, prônant, apparemment sans beaucoup d’état d’âme, des idées, programmes et idéologies sevant d'autres causes etpouvant porter prédudice à la Kabylie.

L’élite kabyle, en général, croit que son non engagement pour la Kabylie est un gage de sérieux et de crédibilité et dit lutter pour les valeurs universelles qui passent selon elle par le reniement de ses propres valeurs.

Ce détachement, voire l’indifférence des intellectuels à la cause kabyle est dune gravité extrême pour la société. Sans élite capable d’exprimer, clarifier et rendre intelligible les luttes du terrain, les sacrifices risquent de rester vains et l’histoire condamnée à se répéter. Les expériences ne sont ni étudiées pour en tirer des leçons, ni engrangées, ni transmises. La jeunesse kabyle, encore fraîchement nourrie à la culture maternelle, est condamnée à tout recommencer jusqu’a ce qu’elle soit happée à son tour par le désir de réussir son destin individuel. L'élite kabyle croit que le destin individuel est indépendant du destin collectif de leur communauté, traitée souvent avec condescendance ou mépris, voire utilisée comme le fait parfois l’élite politique à des fins politiciennes (tout en refusant de la représenter.)

Ainsi la Kabylie, grande productrice d’une intelligentsia absente ou compromise, se retrouve sans élite propre, intellectuelle ou politique, à même d’exprimer, de traduire, d’expliquer et de défendre ses aspirations et son combat.

Quels remèdes ?

La réponse n’est pas seulement l’inscription dans la constitution algérienne de la langue amazighe en tant que langue nationale et officielle ou, pour l’émigration, son introduction dans l’enseignement ici, en France.

Ces conditions sont sans doute nécessaires mais sont loin d’être suffisantes, car le problème est malheureusement plus profond et plus grave que celui d’une reconnaissance institutionnelle. On le constate d’ailleurs dans les classes de tamazight ici en France, très peu chargées : Il ya perte de sens; à quoi cela peut il servir d’apprendre à lire et à écrire cette langue ?

En fait l’origine du mal est, à mon avis, celui du sens. Comment trouver du sens a être kabyle aujourd’hui ou tout au moins avoir un intérêt quelconque à l’être, en dehors de l’intérêt nostalgique, dans les sociétés actuelles où les Kabyles sont constamment à la recherche d’un ailleurs plus structuré et structurant?

Malmenés par l’histoire, formés par des systèmes de pensée exogène, les Kabyles notamment les lettrés se retrouvent dans un univers centré autour de l’individu, leur donnant l’illusion de la liberté, en rupture avec leur héritage et leurs racines. Or, sans les valeurs secrétées par la culture, on ne peut seul trouver un sens à sa vie. Les valeurs sont un code de conduite qui donne des repères, qui structure et construit la personnalité. Elles humanisent et sauvent l’Homme de l’absurdité. Guides et projets, les valeurs sont ce dont personne ni aucune société ne peut se passer.

C’est parce que les Kabyles sont sortis de leur système de valeurs, perdant ainsi leur lien d’appartenance au groupe, qu’ils ne peuvent ni reconnaître leurs intérêts, ni les prendre en charge, ni faire le lien avec l’intérêt du groupe.

L’observation de ce qui se passe dans le monde permet de dire qu’il est dangereux de couper le fil de la tradition sous peine de déstabilisation et de destruction. Il faut avoir l’intelligence de s’approprier les idées nouvelles qui permettent d’évoluer tout en veillant à leur congruence avec le fondement de la société.

Les Kabyles ressentent profondément et doulouresement la menace sur leur culture qui survit difficilement grace au travail de transmission des femmes kabyles. Ayant perdu les valeurs communautaires permettant sa pérennisation, elle est à la merci des systèmes exogènes prédateurs. A chaque génération, la jeunesse découvre, révoltée, un monde hostile minorant, méprisant ou niant l’héritage et la mémoire qu’elle porte en elle.

Une lumière à l’horizon, cependant. Depuis un an, on assiste à cette intéressante jonction entre la jeunesse et la tradition kabyle, rencontre combien symbolique qui montre la voie : c’est la refondation des aspirations actuelles sur le système d'organisation et de valeurs kabyles : Taqbaylit ( kabylité.) Face à une agression grave mettant en péril la population, le mouvement des aarchs a démontré que ce sont les institutions traditionnelles qui ont défendu, protégé et assurer la cohésion de la région, par ailleurs bien malmenée par l’élite politique kabyle.

L'espoir est que les Kabyles pourront ainsi se reconstituer en tant que peuple porteur de ce qui lui est spécifique : langue, institutions, histoire, coutumes et valeurs, mythes...

Se recentrer sur ce qui leur est propre, en prônant les valeurs positives comme la démocratie directe et participative de Tajmaat, l’autonomie comme mode d’organisation, la solidarité, l'égalité, la bonne gouvernance, le respect des lois, et en s’ouvrant sur certaines valeurs actuelles, nécessaires pour avancer, en trouvant de justes mesures pour intégrer les femmes, la jeunesse et les notions de libertés individuelles seront les conditions de leur pérennité.

Ce n’est pas un repli sur soi. Les individus comme les peuples fragilisés ont besoin de retrouver leurs repères pour se restructurer et reconstituer leurs forces. Ils pourront, en s'affirmant, acquérir les capacités de s’ouvrir pour s’enrichir au contact des autres, sans risque de désintégration.

En retrouvant leur personnalité, les Kabyles reconstitueront les liens et le ciment de leur communauté et pourront parler enfin en terme de droits et de destin collectif.

Le peuple kabyle fort de ses racines et de sa pensée véhiculée par ses grandes femmes et grands hommes, penseurs, écrivains, artistes, poètes ( comme Yusef Ukaci , Cheikh Mohand Oulhocine , Si Moh ou M’hand, Fadhma nSoumer, Fadhma, Taos et Jean Amrouche, Belaid Nait Ali, Amar Boulifa, Amar Imache, Benai Ouali, Mouloud Feraoun, Mouloud Mammeri, Iguerbouchene, Hanifa, Slimane Azem, Matoub Lounes, Mohand Arab Bessaoud et tant d’autres) retrouvera le sens de son existence, redonnera à la langue et à la culture leurs places naturelles pour exprimer son vécu, et reprendra ainsi son destin en main.

Légitimement, les Kabyles ont le droit, en tant que peuple, d’avoir leur propre espace, d’être souverain sur les questions qui sont vitales pour leur existence et de vivre dans une société qui leur ressemble.

Bien sur, les contraintes extérieures à la réalisation de ce destin sont très fortes aussi bien régionales que nationales et internationales.

Mais la solution serait d’abord de savoir de quel lieu on parle, ce que l'on veut en commençant à se prendre en charge. Il s’agit de savoir passer de la phase de réaction et de revendication à la phase de construction. La culture de résistance n’est pas une fin en soi et la révolte, certes compréhensible, pourrait emprunter des voies n’allant dans le sens de l’autodestruction et de l’automutilation (boycott scolaire, grèves interminables mettant à mal le secteur économique, détérioration de biens publics..)

Il s'agit de se donner les moyens philosophiques, politiques, culturels, économiques de son autonomisation.

L’autonomie ne se demande pas, ne se revendique pas. Elle se construit. Dans le cas contraire, l’autonomie restera un slogan creux, vidée de son sens.

Sans aller loin chercher des modèles en Europe ou ailleurs, il y a l’exemple d’une communauté bien de chez nous : les Mozabites qui vivent dans le même Etat et dans un milieu naturel très hostile.

Ils ont su s’accommoder des contraintes de l’Etat en construisant leur propre espace vital. Un système d’enseignement mozabite performant existe à coté de l’école publique algérienne. Les Kabyles, quant à eux, ont décidé d’un boycott d’une année pour les résultats que l’on sait sans songer à se donner les moyens de créer leur propre école. Les Mozabites ont conservé leurs propres institutions internes, ont une élite au service de la communauté même quant elle travaille au sein du pouvoir et ont un niveau de vie supérieur a la moyenne algérienne. Ils souffrent peu de la crise économique car ils ont su se prendre en charge en constituant un tissu de petites industries performantes.

Ils n’attendent pas desesperement qu’on vienne résoudre leurs problèmes, et ne sont pas préoccupes prioritairement par la reconnaissance des autres. Ils vivent une autonomie de fait.

Je ne dis pas qu’il faille les suivre à la lettre, mais c’est une démarche à méditer …



2/ Des Kabyles et de l’Algérie



La nation algérienne

Les Algériens, Kabyles et non Kabyles sont frères : les liens qui les unissent sont anciens et puissants.

Ils partagent le même fonds ethno-culturel amazigh et ont traversé les mêmes vicissitudes de l’histoire. L’histoire récente, notamment le combat mené pour l’indépendance et les difficultés de la vie sous le régime algérien avec l'injustice et la souffrance partagées, ont forgé un fort sentiment d’appartenance nationale.

C’est dire que le projet d’autonomie, mal expliqué et compris à tort comme une division ou une séparation avec le reste de l’Algérie, trouve un terrain sinon hostile du moins peu enthousiaste. Bon nombre de Kabyles perçoivent cela comme une déchirure, une amputation et une déconstruction de l’Algérie qu’ils ont pour une grande part contribué à édifier, même s’ils se sont sentis profondément trahis à l’indépendance.

En effet, l’idée d’indépendance de l’Algérie a été pensée, pour une grande part, par les Kabyles de l’Etoile Nord Africaine dès les années 20. Personne n’ignore le lourd tribut payé par la wilaya III dans l’histoire de la révolution algérienne et le sacrifice de ses aspirations identitaires pour l’objectif commun : la libération de l’Algérie.

Si le fonds amazigh est commun à tous les Algériens, son expression culturelle est plurielle. La diversité actuelle est le résultat de l’histoire faite d’un chapelet de colonisations et d’une géographie particulière (désert, montagnes). Diversité linguistique des langues parlées : langues amazighes, l’arabe et ses variantes régionales, le français. Diversité des cultures vécues : targuie, zénète, chenouie, mozabite, chaouie, tlemcenienne, oranaise, constantinoise, annabie, algéroise, kabyle….

Avant la colonisation française, l’Algérie était composé d’entités plus ou moins autonomes avec des relations d’interdépendance (on a d’ailleurs adopte ce genre d’organisation pour mener à bien la guerre d’indépendance.)

C’est la pensée jacobine coloniale, pensée hégémonique (poussant l’absurde jusqu’à enseigner à tous les peuples colonisés que leurs ancêtres étaient des Gaulois), qui de ces différences a fait des antagonismes. La France coloniale, tout en tentant d’assimiler les Kabyles, a établi des systèmes de domination qui ont favorisé l’arabisation de l’Algérie.

Sur la base de l’Etat colonial, s’est greffée une autre idéologie tout aussi hégémonique : l’arabo-islamisme. Ces idéologies avec l'apport récent de l'islamisme ont amené les Algériens, d’expression culturelle diverse à des identifications idéologiques différentes prônant la négation de l’autre, à l’origine des graves conflits actuels.

Ces identifications vont éloigner les Algériens les uns des autres : les amazyghophones particulièrement les Kabyles avec leurs referant puisés dans l’histoire autochtone amazighe et ses grandes figures Massinissa, Jugurtha, Tacfarinas… et les arabophones qui vont faire valoir d’autres appartenances, puisés dans l’histoire et la culture du moyen orient … C’est ainsi qu’on se mobilisera plus volontiers pour les Palestiniens que pour les Kabyles !

L’ Etat algérien

L’Etat-Nation est fondé sur l’unicité de la nation (une seule langue, une seule école…) Il reconnaît les individus citoyens (quand leur droits sont respectés) mais pas les communautés culturelles qu’il nivelle, appauvrit, voire détruit . Les Etats Nations se sont souvent construits sur des génocides culturels. Il est source de violence, de conflits, de division et de partition quand les nations sont hétérogènes.

Après une guerre de libération qui a montré que dans la résistance, les Algériens savaient s’organiser efficacement en entités régionales, la phase de construction de l’Etat indépendant n’a malheureusement pas suivi cet esprit. L’Etat algérien, avec des frontières dessinées par le colonialisme, a précédé la Nation. Défini par le haut, il a épousé le modèle colonial, s’est construit autour de constantes arabo islamiques en y intégrant toutes les pratiques autoritaires d’exercice du pouvoir.

Il ne traduit pas la réalité de la diversité culturelle de la nation algérienne et répond par la violence à chaque velléité de revendiquer cette réalité.

Par ailleurs, les Kabyles sont parmi les Algériens les plus fortement aliénés et les plus fervents défenseurs de la pensée jacobine. Ils sont ainsi pris à leur propre piège, partagés entre le désir de reconnaissance de leur spécificité et leur adhésion à une algérianité univoque et uniforme pour tous.

Depuis le mouvement national, ils tentent de fait intégrer la dimension amazigh et la diversité algérienne dans le corps doctrinal de l’Etat algérien tout en étant les défenseurs du concept de l’Etat Nation qu'ils espèrent démocratiser.

La diversité n’est par conçu comme une différence à assumer mais comme une entité à partager également entre tous. Ainsi, pour résoudre le problème des langues, l’élite politique kabyle demande que tamazight soit la langue de tous les Algériens et en cela, elle est dans le même système de pensée que celui du pouvoir qui impose l’arabe à tous les Algériens. L'autre illustration est le triptyque identitaire « inventé » par les Kabyles, fait d’un montage identitaire pluriel mais identique pour tous. Il est difficile pour les Algériens et en particulier les Kabyles de concevoir qu’ils puissent vivre ensemble et pourtant ne pas tout partager.

L’autonomie

L’idée d’autonomie crée une véritable rupture avec la pensée hégémonique et passe par une révolution des mentalités. Ce n’est pas une solution de dépit ou une alternative. C’est le cadre naturel de toute entité qui veut être libre et responsable d’elle-même.

L’organisation autonome de la société fait partie de la culture traditionnelle kabyle et amazigh en général : systèmes horizontaux d’organisation, esprit réfractaire au pouvoir central.

L’autonomie de la Kabylie ne signifie ni sécession, ni partition ni indépendance.

Parler d’autonomie,

c’est exprimer l’idée de vouloir vivre ensemble dans le droit à la différence, en dehors des systèmes de domination
C’est redéfinir les liens entre Algériens pour construire une unité nationale non fondée sur la négation d’une partie de la nation
C’est retrouver la véritable fraternité en aidant les régions qui le souhaitent, comme la Kabylie à se réapproprier leur espace, à pouvoir vivre dans et par leur culture sans s’imposer aux autres et sans que les autres leur imposent des valeurs qui peuvent être destructrices pour elles
C'est donner une chance à l’Algérie de sortir enfin du colonialisme, rendre la démocratie effective en donnant aux individus et aux peuples les moyens politiques directs de s’exprimer et de se réaliser;
C'est reconstruire un Etat algérien avec une constitution et des institutions en phase avec la réalité de la nation;
C'est ne plus voir une nation sommée de s’adapter à un état construit sur des idéologies, par ailleurs toutes exogènes; .
C'est un peuple kabyle appartenant à une nation algérienne multiculturelle.





3 / Des Kabyles et du monde amazigh



Le peuple kabyle forme avec les autres peuples amazigh la grande nation amazigh.

Les Kabyles ont été à l’origine du pan-berbérisme notamment pour contrer l’idéologie arabiste et ont été à l’avant garde du combat pour l’amazighité de l’Afrique du Nord.

Cependant, le pan-berberisme véhicule, même s'il repose sur une réalité, une réplique de la pensée hégémonique pan-arabiste en prônant un berberisme uniciste, niant ou effaçant les différences entre les peuples amazigh leur attribuant des réalités culturelles, socio- économiques et une aspiration identiques.

Là aussi, on devra tenir compte de la réalité et de la diversité pour proposer un projet d’avenir pour l’Afrique du Nord.

L’idée d’autonomie de la Kabylie est vécue par certains Imazighens kabyles et non kabyles comme un abandon de la lutte. Il s’agit au contraire de créer un espace de liberté sur la terre amazigh.

Le combat continue, plus que jamais, pour la réappropriation de l’identité de l’Afrique du Nord, de son histoire et de sa pensée portée d’une part par ses cultures vécues et d’autre part, par les hommes de savoir qui ont marqué la pensée universelle : Apulée, Saint Augustin, Ibn khaldoun, Ibn Batouta, Averroès ( Ibn Rochd)…



4/ Des Kabyles et du monde méditerranéen



Le peuple kabyle est par excellence un peuple méditerranéen. La société kabyle est, pour le sociologue Pierre Bourdieu, un véritable conservatoire de l'inconscient méditerranéen et sa tradition culturelle constitue "une réalisation paradigmatique de la tradition méditerranéenne". La condition faite aux femmes kabyles, l’une des plus dures d’Afrique du Nord , comparée aux autres sociétés amazighophones et arabophones, est l’illustration parfaite de l’appartenance méditerranéenne.

Son histoire est imbriquée avec celles des peuples méditerranéens. Sa culture et sa langue portent les influences des cultures phénicienne, latine, grecque, arabe, française…. L’inverse est également vrai.

A l’époque des Hammadites, Bgayet a eu son époque de gloire en servant de capitale intellectuelle et commerciale de la Méditerranée. Le monde amazigh dans sa globalité a joué un rôle fondamental dans la production et la transmission des savoirs entre la Méditerranée orientale et occidentale.

Le peuple kabyle doit naturellement s’inscrire dans toutes les dynamiques méditerranéennes et entretenir une relation privilégiée avec les peuples de la Méditerranée, creuset des grandes civilisations que compte l’humanité.



5/ Des Kabyles et du monde africain



La terre de Kabylie appartient à la terre d’Afrique. Le président Léopold Sédar Senghor disait des chants de Taos Amrouche qu’ils ont un pouvoir évocateur de l’âme ancestrale de l’Afrique.

La Kabylie partage la même histoire de colonisation et de décolonisation, vit les mêmes destructions du tissu culturel et institutionnel africain et a les mêmes difficultés à s’affirmer dans ce monde ethnocide.

Elle se devra être solidaire de tous les mouvements de renouveau de l’africanité, de réappropriatioin des richesses naturelles pour un développement véritable de l’Afrique.



6/ Des Kabyles et du monde musulman



Les Kabyles sont en majorité musulmans. Ils partagent la foi avec les musulmans du monde mais ont leur propre approche de la religion.

Ils vivent un islam tolérant qu’ils ont su intégrer à leurs propres valeurs et qui n'a jamais été pour eux une source de conflits.

C’est un peuple qui distingue traditionnellement la gestion des affaires de la cité, du domaine spirituel.

C’est l’un des rares peuples musulmans qui ne verse pas collectivement dans le fondamentalisme religieux quand il est menacé, mais qui utilise ses propres valeurs pour se défendre et se protéger.



7/ Des kabyles et du monde en général



Le peuple kabyle devra établir des échanges et se lier d’amitié avec les autres peuples qui luttent pour leur droits collectifs.

Il devrait s’intéresser à tous les mouvements internationaux qui vont dans le sens de la préservation et protection des richesses culturelles de l’humanité, contre l’uniformisation et la mort de la diversité culturelle.

L’organisation sociale particulière aux Kabyles avait été remarquée à la fin du 19eme siècle par des hommes comme Kropotkine, Karl Marx, Renan, comme un modèle de justice sociale.

Le peuple kabyle, comme les autres peuples du monde, constitue une richesse pour l’humanité et doit bénéficier des moyens nationaux et internationaux pour aider à sa préservation.



8/ Conclusion



Les Kabyles sont à un moment charnière de leur histoire.

Ils doivent se donner les moyens d’organiser le débat pour réfléchir à leur devenir. L’élite doit assumer ses responsabilités en s’impliquant dans ce débat.

Jamais les données sur la question n’ont été aussi claires. Le choix est soit de se laisser mourir en s’assimilant à toutes les cultures dominantes, soit de décider de vivre en tant que tels, c’est à dire en tant que peuple responsable envers les siens et envers les autres. Tous les faits montrent que la Kabylie, en consentant le sacrifice ultime, a choisi la vie. Le seul chemin possible, dans ce cas, est le processus inéluctable vers son autonomisation, rejoignant en cela sa quête ancestrale de liberté.

Tout cela, bien sûr, peut paraître utopique. Mais le rêve n’est-il pas le moteur qui, en réenchantant l'avenir, pousse les sociétés à avancer et à se réaliser, leur permettant d'échapper à l'attentisme, l'immobilisme, le désespoir et finalement à la mort?


Taremant.Ighil.Alemmas

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Message  Taremant.Ighil.Alemmas Jeu 2 Aoû - 13:27

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Message  Taremant.Ighil.Alemmas Jeu 2 Aoû - 13:28

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