Avoir 20 ans à Akbou

Près de 80 000 habitants, des potentialités financières considérables avec un budget annuel de près de 114 milliards cm, une superficie immense s’étend sur 52,18 km², néanmoins, la ville d’Akbou avec toutes ces potentialités offre une image d’une ville morte où les jeunes trouvent du mal à vivre pleinement leur jeunesse et trouver leur marques dans la société.

Oisiveté quand tu nous tiens

Il suffit de faire, d’ailleurs, un tour dans la nouvelle ville à Akbou notamment au quartier du Stade, tout près du lycée Hafsa pour constater des groupes de jeunes désœuvrés et livrés à eux-mêmes. Des jeunes qui collent aux murs, ne sachant quoi faire de leur temps á la fleur de l’âge. Pour ceux qui ont un talent ou un don caché, il s’avère très difficile de l’exploiter vu le manque effrayant de centres de loisirs, de médiathèques ou de centres culturels á même de prendre en charge cet immense potentiel humain. . Comme c’est le cas de ces jeunes adeptes de la musique qui ne trouvent, que le siège de la maison de jeunes avec ses moyens limités, l’unique espace où ils peuvent s’exprimer : « J’ai une énorme envie de forger ma carrière dans le monde de la musique, cependant, réaliser ce genre de rêve parait difficile voire même utopique dans cette ville où l’art n’a plus de place » s’insurge Farid, un jeune de 17 ans, la guitare entre ses mains. L’exemple de ce jeune et parmi d’autre reflète, la réalité de beaucoup de jeunes Akbouciens.

Sur le volet sportif, du moins, il y avait, l’année dernière, pendant le mois de ramadhan, le conseil communal de sport qui a pris, au moins, une belle initiative d’organiser un tournoi inter-village regroupant ainsi près de 40 villages. D’ailleurs, des centaines de jeunes de différentes localités de Bicher jusqu’à L’mecheta , ont participé à ce rendez-vous sportif. Néanmoins, pour cette année le tournoi « est annulé pour manque de moyens »», selon un membre du CCS.

Un ramadhan entre « Tarawih » et « loto bingo»

Durant la première semaine de ce début de ramadhan, seules, les mosquées et les cafétérias connaissent une grande affluence. Dans des cafétérias, on assiste souvent à ces jeux qui ont devenu, au fur et à mesure, une tradition populaire. Jeux de carte, Rami, Belotte, Lotto, Domino tels sont, en effet, les loisirs chétifs des noctambules à Akbou.

Sur le plan de divertissement, le programme est tout simplement inexistant. Mises à part, quelques activités animées en général, par des associations culturelles, il n’y a, aucun affichage d’activités culturelles ou autres durant ce début du mois de Ramadhan. Pour preuve, l’unique salle de cinéma de la ville devient, au fil du temps, un lieu de conférence, de rassemblement ou de meetings, cédant ainsi sa vocation culturelle et éducative au politique : « Je me souviens dans les années 80 et 90 où la salle de cinéma était un lieu populaire connu de toute la région. On préparait des sorties entre amis pour y voir les meilleurs films de l’époque. La salle fonctionnait à merveille » dira Karim, commerçant d’un air nostalgique

Des soirées moroses !

Même si les ruelles de la ville sont prises d’assaut juste après la rupture de jeûne, ces familles, par conséquent, ne trouvent refuge que dans les nombreux salons de thé pour y déguster des glaces ou des boissons fraiches. D’ailleurs, ces « lieux de détente » restent l’unique destination favorite pour les familles de la région durant ces jours de chaleur suffocante : « On aimerait bien aller assister à des soirées artistiques, des pièces de Théâtres, des rendez-vous musicaux, malheureusement on n’a d’autre choix que de s’entourer autour d’une table avec les enfants et prendre une glace pour se rafraichir », affirme un père de famille.

Pourtant, il existait auparavant un Comité des fêtes qui prend en charge l’organisation des soirées et des spactacles au profit des familles et des jeunes !

« Le Comité des fêtes ne fonctionne plus depuis cinq ans »

Le comité de fêtes est un organe de l’APC et bénéficie chaque année d’une enveloppe financière considérable. Il a, par ailleurs, de ressort d’organiser des soirées, des galas, des rencontres et des spectacles pour le public de la région. Cependant et selon une source municipale, cet organe est dissous depuis 2007 : « Avant 2007, ce comité organise des événements, des rencontres, reçoit des touristes étrangers notamment au mois de ramadhan. Maintenant, l’APC n’en envisage rien sur ce plan. Sa dissolution est provoquée suite à une plainte déposée contre x pour « mauvaise gestion de l’argent au sein de ce comité ». L’affaire est toujours entre les mains de la justice qui n’a pas encore tranché » explique, N. Boucherit un élu de l’APC.



Menad Chalal

http://bejaia-aujourdhui.com/2012/07/avoir-20-ans-a-akbou/