Affaire Nezzar : bouc-émissaire de Bouteflika ?
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Affaire Nezzar : bouc-émissaire de Bouteflika ?
Khaled Nezzar est-il d'abord une victime de Bouteflika qui, dès son investiture à la magistrature suprême, a accusé l'armée algérienne de "crimes de guerre" à l'origine de la décennie noire pour avoir interrompu les législatives de 92.
De fait, cette "affaire Nezzar" rebondit au moment où le chef de l'Etat, isolé, est la cible des ONG internationales qui mettent à nu la débâcle de sa gouvernance... Mercredi, le général à la retraite, Khaled Nezzar, a réagi au refus d'un tribunal suisse de lui accorder l'immunité dans le cadre d'une instruction "pour suspicion de crimes de guerre" : "Je n'ai rien à dire", a-t-il déclaré à l'AFP. "C'est une affaire de procédures. Ce n'est qu'un pas dans l'affaire" et précisant : "J'ai des avocats en Suisse et algériens qui sont bénévoles, dont Ali Haroun". Que signifient ces propos qui s'en remettent à la Justice de la part d'un homme qui, depuis son interpellation en France et le procès de Paris, en 2002, n'a cessé de faire des déclarations tonitruantes sur les tribunes et à travers des publications.
Or, depuis 2002 à ce jour, dix années sont passées et les "crimes de guerre" dont est accusé le général Nezzar apparaissent de moins en moins dans les rapports d'ONG internationales. Depuis aussi, ses détracteurs, comme Habib Souaïdia, Yous Nasrallah, ont disparu dans la nature et n'ont rien révélé depuis qui puisse attester de plus qu'ils n'ont dit et écrit à cette époque de la véracité de leurs propos. Par ailleurs, depuis 2002, l'arrêt du processus électoral des législatives de 1992 décidé par le général Nezzar, alors ministre de la Défense sous Chadli Benjedid, interprété comme étant à l'origine de la décennie noire par le FIS et par Bouteflika lui-même.
Une telle accusation, au sein même du pouvoir algérien, a constitué le soubassement idéologique de la concorde civile de Bouteflika qui ne s'est pas gêné, du reste, en lançant ses dernières réformes politiques, à faire de l'interruption du processus électoral l'origine de la propre débâcle politique de sa gouvernance. Le texte de la concorde civile appuie donc la thèse selon laquelle les 200.000 morts durant la décennie noire est une tragédie provoquée par l'arrêt du processus électoral de 1992 donnant le FIS largement majoritaire aux législatives, oubliant que l'apparition des maquis terroristes islamistes est antérieur à 1992. Le texte de la concorde civile ne reconnaît pas la qualification de "crimes de guerre" dans la décennie noire puisque la grâce amnistiante qui est accordée aux maquis terroristes est, depuis 2006, sortie de son cadre juridique pour devenir un instrument politique et électoraliste du chef de l'Etat en direction de l'électorat islamiste.
De fait, cette "affaire Nezzar" en 2012 sert avantageusement Abdelaziz Bouteflika qui, face à l'échec de la concorde civile dont il a fait l'hégérie de son règne, a une victime toute désignée : Khaled Nezzar qui a été jusqu'à traiter, dans le contexte de la concorde civile, le Président de "canasson". Abdelaziz Bouteflika, a, dès son investiture à la tête de l'Etat, qualifié l'intervention de l'armée algérienne dans l'arrêt du processus électoral de "première violence". Le général à la retraite, Khaled Nezzar rappellera ces propos le mois de juillet 2002 et accusera, après le procès de Paris, le premier magistrat du pays d'avoir trahi l'armée dans ses prérogatives institutionnelles.
Bouteflika jette-il en pâture le vieux général aux griffes de la justice helvétique qui le "soupçonnent de crimes de guerre" sur le témoignage de "deux témoins" durant, évidemment, les années 1990. Bouteflika a ainsi un bouc émissaire idéal pour rebondir sur la scène internationale dont il a été isolé et y apparaître, enfin, comme l'homme providentiel qui a sauvé l'Algérie de la décennie noire en en offrant une victime toute désignée : Khaled Nezzar.
Or, le contexte politique de l'Algérie et de l'opinion internationale a changé. Cette même opinion internationale qui, durant la décennie noire, a abandonné l'Algérie à son sort, en criant au respect des droits de l'Homme en faveur des "émirs" terroristes abattus ou incarcérés sans procès, ne s'est pas trop mouillée devant l'ampleur de la répression du pouvoir de Bouteflika contre la presse indépendante, semble se rendre à cette évidence que vient confirmer Al Qaïda au Maghreb islamique. La filiation des groupes terroristes algériens avec l'organisation mondiale d'Oussama Ben Laden trouve-t-elle ses origines de l'arrêt du processus électoral ou de sa nature idéologique qui ne peut se légitimer d'une conjecture, fausse au demeurant. Les ONG internationales, si promptes à accuser l'armée algérienne dans ce processus électoral, origine de tous les maux, semblent aujourd'hui, changer de fusil d'épaule en accusant le régime de Bouteflika d'avoir travesti la réalité politique de l'Algérie post-1992.
Par ailleurs, dans le contexte des Révolutions arabes, la notion de "crimes de guerre et crimes contre l'humanité" semble perdre de sa valeur historique et juridique quand on se rend à l'évidence que Bachar Al Assad extermine son peuple dans l'indifférence générale et que les dictateurs déchus, Kadhafi, Ben Ali, Assad, restent impunis si ce n'est que par des procès internes plus spéculaires, motivés par la vindicte populaire que par une réelle volonté politique d'en finir avec la dictature en tant que puissance idéologique, parente à l'islamisme. Bouteflika qui se réjouit certainement d'une telle "affaire Nezzar" peut-il sauver sa tête, lui qui a été le responsable directe de la tuerie préméditée des martyrs du Printemps noir de 2001 en Kabylie, tués à bout portant par les forces de la gendarmerie nationale. L'affaire Nezzar peut-elle redorer son blason de fin de règne ?
N.R.
De fait, cette "affaire Nezzar" rebondit au moment où le chef de l'Etat, isolé, est la cible des ONG internationales qui mettent à nu la débâcle de sa gouvernance... Mercredi, le général à la retraite, Khaled Nezzar, a réagi au refus d'un tribunal suisse de lui accorder l'immunité dans le cadre d'une instruction "pour suspicion de crimes de guerre" : "Je n'ai rien à dire", a-t-il déclaré à l'AFP. "C'est une affaire de procédures. Ce n'est qu'un pas dans l'affaire" et précisant : "J'ai des avocats en Suisse et algériens qui sont bénévoles, dont Ali Haroun". Que signifient ces propos qui s'en remettent à la Justice de la part d'un homme qui, depuis son interpellation en France et le procès de Paris, en 2002, n'a cessé de faire des déclarations tonitruantes sur les tribunes et à travers des publications.
Or, depuis 2002 à ce jour, dix années sont passées et les "crimes de guerre" dont est accusé le général Nezzar apparaissent de moins en moins dans les rapports d'ONG internationales. Depuis aussi, ses détracteurs, comme Habib Souaïdia, Yous Nasrallah, ont disparu dans la nature et n'ont rien révélé depuis qui puisse attester de plus qu'ils n'ont dit et écrit à cette époque de la véracité de leurs propos. Par ailleurs, depuis 2002, l'arrêt du processus électoral des législatives de 1992 décidé par le général Nezzar, alors ministre de la Défense sous Chadli Benjedid, interprété comme étant à l'origine de la décennie noire par le FIS et par Bouteflika lui-même.
Une telle accusation, au sein même du pouvoir algérien, a constitué le soubassement idéologique de la concorde civile de Bouteflika qui ne s'est pas gêné, du reste, en lançant ses dernières réformes politiques, à faire de l'interruption du processus électoral l'origine de la propre débâcle politique de sa gouvernance. Le texte de la concorde civile appuie donc la thèse selon laquelle les 200.000 morts durant la décennie noire est une tragédie provoquée par l'arrêt du processus électoral de 1992 donnant le FIS largement majoritaire aux législatives, oubliant que l'apparition des maquis terroristes islamistes est antérieur à 1992. Le texte de la concorde civile ne reconnaît pas la qualification de "crimes de guerre" dans la décennie noire puisque la grâce amnistiante qui est accordée aux maquis terroristes est, depuis 2006, sortie de son cadre juridique pour devenir un instrument politique et électoraliste du chef de l'Etat en direction de l'électorat islamiste.
De fait, cette "affaire Nezzar" en 2012 sert avantageusement Abdelaziz Bouteflika qui, face à l'échec de la concorde civile dont il a fait l'hégérie de son règne, a une victime toute désignée : Khaled Nezzar qui a été jusqu'à traiter, dans le contexte de la concorde civile, le Président de "canasson". Abdelaziz Bouteflika, a, dès son investiture à la tête de l'Etat, qualifié l'intervention de l'armée algérienne dans l'arrêt du processus électoral de "première violence". Le général à la retraite, Khaled Nezzar rappellera ces propos le mois de juillet 2002 et accusera, après le procès de Paris, le premier magistrat du pays d'avoir trahi l'armée dans ses prérogatives institutionnelles.
Bouteflika jette-il en pâture le vieux général aux griffes de la justice helvétique qui le "soupçonnent de crimes de guerre" sur le témoignage de "deux témoins" durant, évidemment, les années 1990. Bouteflika a ainsi un bouc émissaire idéal pour rebondir sur la scène internationale dont il a été isolé et y apparaître, enfin, comme l'homme providentiel qui a sauvé l'Algérie de la décennie noire en en offrant une victime toute désignée : Khaled Nezzar.
Or, le contexte politique de l'Algérie et de l'opinion internationale a changé. Cette même opinion internationale qui, durant la décennie noire, a abandonné l'Algérie à son sort, en criant au respect des droits de l'Homme en faveur des "émirs" terroristes abattus ou incarcérés sans procès, ne s'est pas trop mouillée devant l'ampleur de la répression du pouvoir de Bouteflika contre la presse indépendante, semble se rendre à cette évidence que vient confirmer Al Qaïda au Maghreb islamique. La filiation des groupes terroristes algériens avec l'organisation mondiale d'Oussama Ben Laden trouve-t-elle ses origines de l'arrêt du processus électoral ou de sa nature idéologique qui ne peut se légitimer d'une conjecture, fausse au demeurant. Les ONG internationales, si promptes à accuser l'armée algérienne dans ce processus électoral, origine de tous les maux, semblent aujourd'hui, changer de fusil d'épaule en accusant le régime de Bouteflika d'avoir travesti la réalité politique de l'Algérie post-1992.
Par ailleurs, dans le contexte des Révolutions arabes, la notion de "crimes de guerre et crimes contre l'humanité" semble perdre de sa valeur historique et juridique quand on se rend à l'évidence que Bachar Al Assad extermine son peuple dans l'indifférence générale et que les dictateurs déchus, Kadhafi, Ben Ali, Assad, restent impunis si ce n'est que par des procès internes plus spéculaires, motivés par la vindicte populaire que par une réelle volonté politique d'en finir avec la dictature en tant que puissance idéologique, parente à l'islamisme. Bouteflika qui se réjouit certainement d'une telle "affaire Nezzar" peut-il sauver sa tête, lui qui a été le responsable directe de la tuerie préméditée des martyrs du Printemps noir de 2001 en Kabylie, tués à bout portant par les forces de la gendarmerie nationale. L'affaire Nezzar peut-elle redorer son blason de fin de règne ?
N.R.
Taremant.Ighil.Alemmas- Nombre de messages : 562
Date d'inscription : 17/08/2011
Re: Affaire Nezzar : bouc-émissaire de Bouteflika ?
http://www.lematindz.net/news/8838-affaire-nezzar-bouc-emissaire-de-bouteflika.html
Taremant.Ighil.Alemmas- Nombre de messages : 562
Date d'inscription : 17/08/2011
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