Un islamiste élu président: L’Egypte, le vrai laboratoire arabe…
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Un islamiste élu président: L’Egypte, le vrai laboratoire arabe…
Mohamed Morsi, candidat des Frères musulmans, a été élu président de l’Égypte, a annoncé ce dimanche 24 juin la commission électorale. L’identité politique islamiste du nouveau président égyptien ne doit pas voiler d’autres aspects fondamentaux de ces élections compliquées en Égypte où l’après Moubarak s’annonçait très difficile, ardu comme dans tous les pays qui ont renversé les dictatures lors de ce qu’on a appelé "le printemps arabe".
En effet, avant de juger, nous pourrions nous limiter, un instant, à tenter de situer la victoire de Mohamed Morsi qui devient le premier président égyptien élu démocratiquement depuis plus d’un demi‑siècle, malgré les tergiversations des militaires. Pour autant, la récapitulation des derniers moments de cette rupture avec la dictature laisse apparaître une victoire un peu juste. À peine plus de 51 % des voix en faveur du candidat des Frères musulmans contre 48,3 % pour son rival Shafiq qui a incarné le camp opposé à l’islamisme politique. Une partie du peuple qui s’en est remise à un candidat souillé par son appartenance à la classe politique déchue par l’insurrection cairote.
La société égyptienne semble donc bien divisée et Morsi devra montrer du talent pour se faire président de tous les Égyptiens très remontés contre le pouvoir. Dans le même temps, la realpolitik inhérente à ce genre de transition, où il faut s’appliquer à remettre de la vérité dans la gouvernance, pourrait ramener son lot de déceptions chez l’aile islamo‑conservatrice de l’électorat populaire qui a choisi la carte idéaliste des Frères musulmans pour montrer son désir de changement radical.
L’économie en prendra forcément un coup au pays des pyramides et du Nil dont les recettes du tourisme participent considérablement à assumer les dépenses courantes de l’État et à employer une frange importante de la population souffrant d’un chômage qui maintient de larges pans de la société dans une misère inimaginable pour un pays qui compte parmi les grandes nations africaines. La relance économique et la lutte contre le chômage seront déterminantes. Le nouveau président sera autant jugé sur sa détermination à opérer une rupture avec l’ancien régime que sur sa capacité à relancer la machine économique.
Mais les changements en Égypte ne concernent pas les seuls Égyptiens. L’Égypte est une grande nation sur le plan idéologique, qui n’a pas manqué d’influencer la région aux heures glorieuses du panarabisme. Une nation qui a pu soutenir les mouvements d’indépendance avant de sombrer dans la dictature, la politique étrangère à deux vitesses qui conduira à une démarche unilatérale au sein de la Ligue arabe pour des accords de paix avec Israël, au grand dam des autres pays du front pro-palestinien…
Aujourd’hui, quels effets secondaires pourrait entraîner l’accession de Mohamed Morsi aux commandes d’un pays en crise ? Il faut noter que, contrairement aux transitions progressives qui se déroulent en Tunisie, en Libye ou au Maroc où ce sont des Premiers ministres qui assurent une sorte d’intérim – trahissant le difficile retour vers la stabilité – Oum Dounia a choisi de donner (au moins en théorie) les pleins pouvoirs aux successeurs du Raïs. Après de longs mois d’incertitude, l’armée ayant eu grand mal à se résigner à un retour au pouvoir civil.
Une rupture peut-être plus franche qui imposera le modèle égyptien comme un cas d’école à suivre ou à combattre. Les grandes puissances pourront alors se faire une idée entière de la compatibilité de la démocratie dans les pays arabes avec leur hégémonie, de la viabilité de l’islamisme politique dans le concert des nations et dans le voisinage de l’État sioniste… Les autres sociétés arabes – ou qui se prétendent de la même substantifique moelle arabo‑islamiste – pourront aussi tirer les leçons du laboratoire égyptien. Le Caire n’hésitera probablement pas à tenter d’exporter sa démocratie chez ses clients traditionnels dont les pays maghrébins sont parmi les plus réceptifs à sa marchandise culturelle.
Voilà pourquoi l’issue du scrutin présidentiel en Égypte nous interpelle : pour les incidences régionales qu’il suppose plus que sur la nature du régime qu’ont choisi souverainement les citoyens de ce pays.
En effet, avant de juger, nous pourrions nous limiter, un instant, à tenter de situer la victoire de Mohamed Morsi qui devient le premier président égyptien élu démocratiquement depuis plus d’un demi‑siècle, malgré les tergiversations des militaires. Pour autant, la récapitulation des derniers moments de cette rupture avec la dictature laisse apparaître une victoire un peu juste. À peine plus de 51 % des voix en faveur du candidat des Frères musulmans contre 48,3 % pour son rival Shafiq qui a incarné le camp opposé à l’islamisme politique. Une partie du peuple qui s’en est remise à un candidat souillé par son appartenance à la classe politique déchue par l’insurrection cairote.
La société égyptienne semble donc bien divisée et Morsi devra montrer du talent pour se faire président de tous les Égyptiens très remontés contre le pouvoir. Dans le même temps, la realpolitik inhérente à ce genre de transition, où il faut s’appliquer à remettre de la vérité dans la gouvernance, pourrait ramener son lot de déceptions chez l’aile islamo‑conservatrice de l’électorat populaire qui a choisi la carte idéaliste des Frères musulmans pour montrer son désir de changement radical.
L’économie en prendra forcément un coup au pays des pyramides et du Nil dont les recettes du tourisme participent considérablement à assumer les dépenses courantes de l’État et à employer une frange importante de la population souffrant d’un chômage qui maintient de larges pans de la société dans une misère inimaginable pour un pays qui compte parmi les grandes nations africaines. La relance économique et la lutte contre le chômage seront déterminantes. Le nouveau président sera autant jugé sur sa détermination à opérer une rupture avec l’ancien régime que sur sa capacité à relancer la machine économique.
Mais les changements en Égypte ne concernent pas les seuls Égyptiens. L’Égypte est une grande nation sur le plan idéologique, qui n’a pas manqué d’influencer la région aux heures glorieuses du panarabisme. Une nation qui a pu soutenir les mouvements d’indépendance avant de sombrer dans la dictature, la politique étrangère à deux vitesses qui conduira à une démarche unilatérale au sein de la Ligue arabe pour des accords de paix avec Israël, au grand dam des autres pays du front pro-palestinien…
Aujourd’hui, quels effets secondaires pourrait entraîner l’accession de Mohamed Morsi aux commandes d’un pays en crise ? Il faut noter que, contrairement aux transitions progressives qui se déroulent en Tunisie, en Libye ou au Maroc où ce sont des Premiers ministres qui assurent une sorte d’intérim – trahissant le difficile retour vers la stabilité – Oum Dounia a choisi de donner (au moins en théorie) les pleins pouvoirs aux successeurs du Raïs. Après de longs mois d’incertitude, l’armée ayant eu grand mal à se résigner à un retour au pouvoir civil.
Une rupture peut-être plus franche qui imposera le modèle égyptien comme un cas d’école à suivre ou à combattre. Les grandes puissances pourront alors se faire une idée entière de la compatibilité de la démocratie dans les pays arabes avec leur hégémonie, de la viabilité de l’islamisme politique dans le concert des nations et dans le voisinage de l’État sioniste… Les autres sociétés arabes – ou qui se prétendent de la même substantifique moelle arabo‑islamiste – pourront aussi tirer les leçons du laboratoire égyptien. Le Caire n’hésitera probablement pas à tenter d’exporter sa démocratie chez ses clients traditionnels dont les pays maghrébins sont parmi les plus réceptifs à sa marchandise culturelle.
Voilà pourquoi l’issue du scrutin présidentiel en Égypte nous interpelle : pour les incidences régionales qu’il suppose plus que sur la nature du régime qu’ont choisi souverainement les citoyens de ce pays.
laic-aokas- Nombre de messages : 14024
Date d'inscription : 03/06/2011
Re: Un islamiste élu président: L’Egypte, le vrai laboratoire arabe…
http://www.tsa-algerie.com/divers/l-egypte-le-vrai-laboratoire-arabe_21244.html
laic-aokas- Nombre de messages : 14024
Date d'inscription : 03/06/2011
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