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Message  ugaret Ven 12 Sep - 0:09

CULTURE

ABDENNOUR ABDESSELAM, ÉCRIVAIN ET CONSULTANT À LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE
«Il y a 7000 livres en tamazight»
08 Septembre 2008 - Page : 21
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Un intérêt particulier est accordé depuis quelques années à la langue amazighe au niveau de cette institution.

Depuis que tamazight a été constitutionalisée comme langue nationale suite à une décision du président Abdelaziz Bouteflika, plusieurs institutions étatiques se sont ouvertes à cette langue et culture. Un dynamisme particulier est constaté au niveau de la Bibliothèque nationale qui accorde, dans ses différentes activités, un intérêt particulier à tamazight. Tel que son statut de langue nationale l’exige. C’est à un auteur de plusieurs livres sur tamazight et militant de longue date qu’échoit la mission de redonner au livre amazigh sa place. Il s’agit de Abdennour Abdesselam qui répond à nos questions au sujet de l’avenir du livre amazigh.

L’Expression: Depuis quelque temps, vous êtes consultant pour le domaine amazigh au niveau de la Bibliothèque nationale d’Algérie: en quoi consiste exactement cette mission?
Abdennour Abdesselam: En tant que consultant au niveau de la Bibliothèque nationale, je suis chargé de la mise en place, entre autres, de la bibliothèque amazighe dans le fonds maghrébin. La Bibliothèque nationale s’est fixé l’objectif de rapatrier en son sein et, autant que faire se peut, l’ensemble des références bibliographiques, tous domaines confondus, ainsi que les ouvrages concernés pour les mettre à la disposition du public, particulièrement les étudiants et les chercheurs. Le projet a été initié par le docteur Amin Zaoui, directeur général de la Bibliothèque nationale.
Actuellement, plus de 7000 références ont été répertoriées. Le travail de classification et de tri reste à faire.

L’existence de ce département a-t-elle apporté un plus au livre écrit en langue amazighe?
Tous les livres en langue amazighe présentés par les auteurs sont inscrits dans les registres de la bibliothèque et un numéro d’Isbn est alors affecté. Cela permet d’apprécier la cadence de l’édition dans le domaine, de lister les thématiques et de les conserver dans le patrimoine écrit global. Au fur et à mesure de l’ouverture des annexes de la Bibliothèque nationale au niveau national, des exemplaires leur sont acheminés et sont ainsi mieux connus du public intéressé. Le service des acquisitions s’y attelle.

Vous avez initié une rencontre mensuelle au niveau de la Bibliothèque nationale dont l’objectif consiste à inviter un auteur, à le faire connaître, lui et ses livres. Pouvez-vous dresser un bilan de cette initiative inédite?
La rencontre a été initiée à partir de la moitié de l’année en cours. Nous avons invité cinq auteurs qui ont présenté leurs ouvrages ainsi que leurs projets d’écriture. Les rencontres se sont déroulées dans une bonne ambiance et toujours rehaussées par la présence de personnalités connues. Toutes les rencontres ont été suivies et traitées par la presse écrite, parlée et filmée qui a joué le rôle de relais utile dans l’information et la présentation. Ajoutez à cela deux grandes autres rencontres qui ont eu lieu spécialement sur Tahar Djaout et Jean Amrouche. Le nouveau programme de la rentrée sera connu sous peu et le cycle des rencontres suivra.

La Bibliothèque nationale décerne chaque année un prix littéraire à un roman écrit en tamazight. Une telle initiative encourage-t-elle les auteurs à produire plus et mieux?
Effectivement, la Bibliothèque décerne un prix littéraire dans les trois langues: amazighe, arabe et française. C’est le prix Apulée. Le choix porté sur le nom d’Apulée n’est pas un hasard dans la mesure où la Bibliothèque nationale veut assumer l’ensemble des richesses humaines et intellectuelles du pays. D’autres prix seront également décernés pour les autres genres comme le théâtre et la poésie et toujours dans les trois langues. Tout prix est destiné à honorer et à encourager les initiatives qui émergent.

Les observateurs ont souvent parlé de la «médiocrité» de la majorité de ce qui se publie en langue amazighe ces dernières années. Il se trouve même des auteurs en tamazight analphabètes, qui se sont fait transcrire leurs livres. Avez-vous un commentaire à émettre à ce sujet?
Il m’est difficile, voire, je m’interdis d’émettre un quelconque jugement sur telle ou telle production. Je ne peux prétendre à cela. Je considère que le meilleur juge est le public qui apprécie ou pas une oeuvre. C’est ainsi que les projets qui ne présentent aucun intérêt tomberont d’eux-mêmes en désuétude et décourageront plus d’un. La liberté de produire est à ce prix.

En dehors de la Kabylie, recevez-vous des livres écrits en tamazight au niveau de la Bibliothèque nationale?
Oui. Il y a des enregistrements qui parviennent d’un peu partout mais c’est encore trop peu. La Bibliothèque nationale envisage tout de même de contacter des organismes étrangers similaires pour des acquisitions spéciales. Cela est du domaine des relations entre institutions.

Revenons à vous, si vous permettez: vous avez vécu une grande expérience dans le domaine de l’édition du livre amazigh. Vous êtes même le premier auteur à avoir été publié par un éditeur étatique, à savoir l’Enag. Pouvez-vous nous relater brièvement votre expérience?
D’autres auteurs ont été déjà édités avant moi chez l’Enag. Je tiens tout particulièrement à témoigner que l’Enag n’affiche aucune restriction pour l’édition amazighe. Mon oeuvre est variée tant elle a traité à la fois de la linguistique appliquée et descriptive, du conte, du proverbe, de l’intérêt pour des personnages comme Chikh Mouhand, Ssi Mouhand etc. Ajoutez à cela les cours de langue que j’animais dans différents médias. Cette diversité m’a permis de mieux appréhender les initiatives d’écritureS’il est vrai que par le passé, j’ai eu un rythme quelque peu accéléré dans ma production, c’est parce qu’il y avait une urgence à satisfaire des besoins aussi nombreux que divers. C’est pour cette raison que j’ai diversifié alors mes travaux. Maintenant que l’enseignement de la langue berbère est officiel - avec toutefois les réserves émises- il était logique de ma part de laisser faire nos enseignants qui fournissent au demeurant un travail remarquable. Ma vie privée n’a jamais débordé sur ma vie de militant. Pour illustrer cela, notez que lors du tournage du film La Colline oubliée, j’ai sacrifié mon entreprise au profit du film. Cela est mon tempérament strictement personnel. Actuellement, je me consacre aux études de la société kabyle en prenant comme axe de recherche des personnages autour desquels s’articulent des valeurs sociales, linguistiques et civilisationnelles. J’aide aussi et bénévolement des groupes d’étudiants dans leurs travaux pour leurs mémoires. Je corrige au plan orthographique et règles de transcription des ouvrages qui me sont soumis. J’anime des conférences un peu partout en Kabylie et à Oran à des rendez-vous culturels calendaires. Vous comprenez alors qu’il ne me reste guère beaucoup de temps pour produire.

Comment voyez-vous l’avenir du livre amazigh en Algérie?
Toute production doit être libre et ne répondant à aucun ordre ni toute autre contrainte même celle de soi-même. Cependant, l’écrit amazigh devrait faire un saut qualitatif en matière de thématique pour ne pas s’éterniser dans les sujets habituels que nous connaissons. La langue utilisée ne doit pas se distancier de la langue courante. Le livre amazigh ne doit pas avoir comme mission d’inventer une langue dite langue de l’élite qui la tiendra loin des locuteurs en la truffant de néologismes et autres tournures à l’emporte-pièce. L’écrit doit plutôt consacrer l’esprit vivace habituel de notre langue tout en lui assurant l’ouverture. La traduction est par exemple un des axes de rénovation. Elle implique de nouvelles idées, un effort à exercer sur la langue pour rendre des modes et des genres auxquels elle n’est pas habituée, etc. Quand j’ai traduit les dialogues du film américain d’Hollywood, Douze hommes en colère, j’ai eu un net sentiment d’un apport dans la formulation et la profondeur de ma langue.

Propos recueillis par Aomar MOHELLEBI

L'Expression
ugaret
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