Les contrastes d’un été kabyle

Les contrastes d’un été kabyle
10 septembre 2008

Quand nous disions à maintes fois que la Kabylie perd peu à peu son authenticité, voire ses repères et même sa façon de vivre - nous avions l’air de dénigrer pour le plaisir - hélàs c’est la réalité que ce soit à Tizi Wouzou ou à V’Gayet. Le constat est là...

Pour le reste, les jugements sont plus prudents , en attendant de répondre à ma question de savoir pourquoi nos frères Chaouis , contrairement aux Kabyles ,ont préféré cette terre aride. Dans l’ensemble , on peut déceler un discours d’opposition de la part d’une population confrontée , plus qu’ailleurs , à des conditions de vie difficiles . Une partie d’entre elle , pour cette raison ,a émigré vers d’autres cieux , plus généreux : les grandes cités urbaines comme Batna ou Biskra , voire l’Europe . Au même moment , l’ancienne génération ,gardienne du temple et de la mémoire, se retrouve pour exprimer ses espoirs en s’habillant de sa langue ,le Berbère ,et de lutter contre le froid culturel environnant .

“-C’est déjà ça !” ,me disent-ils , comme pour se conforter et m’encourager à revenir dans le pays de la Kahéna , prénom de ma fille .

TICHY -BELLE ET DELAISSEE-

Je quitte le coeur lourd mes hôtes pour me retrouver ,le soir même ,via Sétif , en basse-Kabylie : Bougie ou V’Gayet , décrite dans le temps , comme la perle de l’Afrique du Nord ,telle , en tout cas, qu’elle a été peinte , à la fin du XIX ° siècle par Louis Salvator de Habsbourg , Archiduc d’Autriche : Bougie avec sa mer ,son port ,sa Casbah ,le Cap Carbon , Yemma Gouraya . Plus loin , à perte de vue ,nous distinguerons Tichy , Melbou , belles contrées malmenées par le vent et abandonnées à la saleté , Souk El Thenine ,qui veille tard le soir , Aokas (requin en Kabyle).

Cette vaste région -qui borde la Soummam au Nord -jouxte Sidi Aïch ,belle province de Zinnedine Zidane , et Akbou ,chantée pour être définitivement abandonnée par la grande chanteuse Chérifa . Mais revenons vite vers Bougie,aussi belle qu’une femme allongée dans l’eau méditerranéenne où la sérénité semble revenir , au regard de cette splendide et chaude mer ,avec ses plages sablonneuses . Et c’est finalement à Tichy ( 10 km plus loin),que nous déciderons de nous installer durant deux semaines .

Notre dévolu sera jeté sur l’hôtel Alloui , sa piscine et sa plage privées , sa grande véranda qui fait office de restaurant et son espace de dancing animé tous les soirs , au milieu d’un ensemble architectural assez original dans ses formes ;assez pour retenir longtemps le regard et attirer une nombreuse clientèle . Un vrai village où il fait bon vivre , à la différence de ce que nous avons constaté en haute Kabylie ,à l’exception de sa partie maritime : Azzefoun ( ex.port Gueydon) et Tigzirt . Mais , c’est aussi un village qui ne répond pas aux normes habituelles recherchées par des familles d’émigrés : un certain nombre de ses occupants sont originaires d’Alger . Leur présence est assurée grâce à une convention liant l’hôtel à la Sonatrach .

Pour cause, la tenue vestimentaire d’aspect islamique ,tranche avec le décor ambiant . Seules les familles d’origine Kabyle contrediront cette image et c’est tant mieux pour le reste : l’avenir de la région en dépend …

Dans tous les cas de figure, cette image aussi restreinte que possible
autorise à penser que rien n’est perdu pour la Kabylie et son avenir touristique . Et qu’il est facile de deviner - à travers le langage utilisé et les habitudes vestimentaires importées d’ailleurs - que la majorité de ces habitants d’un été algérien à Bougie , n’est pas Kabyle...

Par ATCHEBA 07 sep 2008

http://www.afrique-du-nord.com/article.php3?id_article=1356