«Les islamistes sont déjà au pouvoir»
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«Les islamistes sont déjà au pouvoir»
«Il y a une manipulation de la religion par le régime, dans le sens où c’est souvent devenu un instrument de prise de pouvoir», indique Saïd Sadi.
Les islamistes gagneront-ils les prochaines élections législatives en Algérie, à l’instar de ce qu’ont vécu les Tunisiens, Marocains ou Egyptiens ? La question, sur toutes les lèvres et dans tous les esprits, fait sourire Saïd Sadi, ancien président du RCD. «Si un parti islamiste arrivait au pouvoir en Algérie, il chômerait ! Tout a déjà été fait par le pouvoir en place !», s’est exclamé l’homme politique, samedi, lors des débats au Colloque Marianne/ El Khabar. Il intervenait sous le thème de «Pour être moderne, un Etat doit-il être laïc ?», aux côtés de Jean-Louis Bianco, président du Conseil général des Alpes-de-Haute-Provence, député, ancien ministre et ancien secrétaire général de l’Elysée sous François Mitterrand. Pourtant, c’est surtout d’islam qu’il s’agissait, et d’islam politique en particulier. «C’est le FLN qui a changé le week-end de samedi-dimanche, à jeudi-vendredi.
De même, c’est sous l’ère du parti unique que le code de la famille, le plus rétrograde du bassin méditerranéen, a été introduit, néantisant par là même la femme algérienne», rappelle le Dr Sadi. «Et c’est sous le régime actuel que le plus grand nombre de concessions et de compromissions ont été accordées aux islamistes. Il y a, par exemple, cette Grande mosquée d’Alger, que personne n’avait demandé», ajoute-t-il. L’ancien chef de gouvernement, Sid Ahmed Ghozali, qui assistait au débat, abonde d’ailleurs dans ce sens : «Les islamistes sont déjà au pouvoir en Algérie.» «Il y a une manipulation de la religion par le régime, dans le sens où c’est souvent devenu un instrument de prise de pouvoir», poursuit Saïd Sadi. Mais l’instrumentalisation de la religion n’est pas inhérente à la situation algérienne. «Il y a instrumentalisation de l’islam par la droite française, et tout particulièrement par Sarkozy, qui propulse cette question au cœur de la campagne présidentielle», accuse M. Bianco, en analysant la situation vécue par la France, pourtant laïc dans les textes.
«Laïcité, pas la négation de la religion»
Comment expliquer alors cette «crise» de la laïcité ? «La gauche n’a pas été faible face à cette problématique. Elle a été faible sur les conditions d’intégration des jeunes dans les cités et les banlieues, citoyens avant tout. Mais les dérives par rapport aux valeurs de base de la laïcité viennent de la droite. Pour rappel, c’est Sarkozy qui a accepté d’assister à une réunion où les hommes et les femmes étaient assis séparément», déplore le socialiste, ancien ministre à l’Intégration. Toutefois, gare aux malentendus, tiennent à préciser les intervenants. «La laïcité n’est pas la négation des religions. Mais faire en sorte qu’elles n’interviennent pas dans la gestion de la cité, qu’elles ne privent pas les citoyens de leur libre arbitre», défend M. Sadi. «L’erreur commise dans les années 1990 par le pouvoir algérien est d’avoir laissé activer un parti politique qui se réclamait investi par la divinité. Un parti qui s’est servi des règles démocratiques pour arriver au pouvoir et supprimer ces mêmes lois.
Raison pour laquelle il ne faut pas avoir peur d’édicter des lois qui régissent le pays, et dire qu’elles sont inchangeables», souligne M. Sadi. Ce dernier est conforté par M. Ghozali. «La priorité est de définir la nature de l’Etat que l’on souhaite instaurer, et qui a la charge de quoi», juge-t-il. «Dans une société en régression comme la nôtre, il faut absolument savoir dire ce qu’on pense essentiel pour le pays, avant qu’il ne soit trop tard», lui répond M. Sadi. «Si les intellectuels avaient vraiment assumé le débat sur la religion, l’identité, les choses auraient été différentes», ajoute-t-il. Et face à cette démission, l’intolérance, la xénophobie, le racisme se sont étendus. La preuve ? «La communauté noire algérienne subit de très graves discriminations, tout comme les chrétiens qui sont persécutés», conclut le Dr Sadi.
Ghania Lassal
Les islamistes gagneront-ils les prochaines élections législatives en Algérie, à l’instar de ce qu’ont vécu les Tunisiens, Marocains ou Egyptiens ? La question, sur toutes les lèvres et dans tous les esprits, fait sourire Saïd Sadi, ancien président du RCD. «Si un parti islamiste arrivait au pouvoir en Algérie, il chômerait ! Tout a déjà été fait par le pouvoir en place !», s’est exclamé l’homme politique, samedi, lors des débats au Colloque Marianne/ El Khabar. Il intervenait sous le thème de «Pour être moderne, un Etat doit-il être laïc ?», aux côtés de Jean-Louis Bianco, président du Conseil général des Alpes-de-Haute-Provence, député, ancien ministre et ancien secrétaire général de l’Elysée sous François Mitterrand. Pourtant, c’est surtout d’islam qu’il s’agissait, et d’islam politique en particulier. «C’est le FLN qui a changé le week-end de samedi-dimanche, à jeudi-vendredi.
De même, c’est sous l’ère du parti unique que le code de la famille, le plus rétrograde du bassin méditerranéen, a été introduit, néantisant par là même la femme algérienne», rappelle le Dr Sadi. «Et c’est sous le régime actuel que le plus grand nombre de concessions et de compromissions ont été accordées aux islamistes. Il y a, par exemple, cette Grande mosquée d’Alger, que personne n’avait demandé», ajoute-t-il. L’ancien chef de gouvernement, Sid Ahmed Ghozali, qui assistait au débat, abonde d’ailleurs dans ce sens : «Les islamistes sont déjà au pouvoir en Algérie.» «Il y a une manipulation de la religion par le régime, dans le sens où c’est souvent devenu un instrument de prise de pouvoir», poursuit Saïd Sadi. Mais l’instrumentalisation de la religion n’est pas inhérente à la situation algérienne. «Il y a instrumentalisation de l’islam par la droite française, et tout particulièrement par Sarkozy, qui propulse cette question au cœur de la campagne présidentielle», accuse M. Bianco, en analysant la situation vécue par la France, pourtant laïc dans les textes.
«Laïcité, pas la négation de la religion»
Comment expliquer alors cette «crise» de la laïcité ? «La gauche n’a pas été faible face à cette problématique. Elle a été faible sur les conditions d’intégration des jeunes dans les cités et les banlieues, citoyens avant tout. Mais les dérives par rapport aux valeurs de base de la laïcité viennent de la droite. Pour rappel, c’est Sarkozy qui a accepté d’assister à une réunion où les hommes et les femmes étaient assis séparément», déplore le socialiste, ancien ministre à l’Intégration. Toutefois, gare aux malentendus, tiennent à préciser les intervenants. «La laïcité n’est pas la négation des religions. Mais faire en sorte qu’elles n’interviennent pas dans la gestion de la cité, qu’elles ne privent pas les citoyens de leur libre arbitre», défend M. Sadi. «L’erreur commise dans les années 1990 par le pouvoir algérien est d’avoir laissé activer un parti politique qui se réclamait investi par la divinité. Un parti qui s’est servi des règles démocratiques pour arriver au pouvoir et supprimer ces mêmes lois.
Raison pour laquelle il ne faut pas avoir peur d’édicter des lois qui régissent le pays, et dire qu’elles sont inchangeables», souligne M. Sadi. Ce dernier est conforté par M. Ghozali. «La priorité est de définir la nature de l’Etat que l’on souhaite instaurer, et qui a la charge de quoi», juge-t-il. «Dans une société en régression comme la nôtre, il faut absolument savoir dire ce qu’on pense essentiel pour le pays, avant qu’il ne soit trop tard», lui répond M. Sadi. «Si les intellectuels avaient vraiment assumé le débat sur la religion, l’identité, les choses auraient été différentes», ajoute-t-il. Et face à cette démission, l’intolérance, la xénophobie, le racisme se sont étendus. La preuve ? «La communauté noire algérienne subit de très graves discriminations, tout comme les chrétiens qui sont persécutés», conclut le Dr Sadi.
Ghania Lassal
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Re: «Les islamistes sont déjà au pouvoir»
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