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L’école algérienne: Raisons d’un échec programmé

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Message  laic-aokas Mar 20 Mar - 18:29

par Nabil Raci
Raisons d’un échec programmé

Le texte est un commentaire sur l’échec du système éducatif algérien.

L’école algérienne est en panne. Le constat est fait par tous les acteurs politiques et par tous les pédagogues qui s’en tiennent à la norme scientifique et à la réalité du terrain. Les égarés semblent vouloir sceller le sort de générations entières. Ces générations sont vouées à l’échec et à la démission. Renversement de toutes les valeurs, instauration de l’unanimisme, bannissement de la critique et de la réflexion au nom de la religion et de l’Histoire sont les constantes d’une institution qui semble être exploitée par l’idéologie officielle et par les acteurs politiques pris par la logique d’un régime décidé à prendre le peuple pour un mineur éternel. Les élèves et les étudiants sont réduits à des automates qui doivent intégrer le cours de la société et fouler, par conséquent, ce que leur exige leur savoir. Je me restreindrai à l’explication de deux facteurs qui ont été à l’origine de l’échec de l’école algérienne.

D’abord, les langues maternelles sont en proie à une offensive idéologique des plus sauvages. Le berbère, avec tous ses composants, est chassé de l’école et remplacé par l’arabe classique qui assurera la médiocrité et l’échec. L’arabe ne peut pas être une langue de progrès, ceci pour plusieurs raisons. La proportion de la production artistique et technique du monde arabe par rapport à la production mondiale est insignifiante. Le monde arabe, ou arabo-musulman, ne propose aucun modèle culturel, il vit sur des vestiges mortifères. Jugulée par l’imaginaire social dont le pivot est la religiosité, la création artistique ou technique échoue et le sort de toute une Nation est hypothéqué par une logique qui ne révolte que les déserteurs des camps de la schizophrénie. Les textes philosophiques remontent au douzième siècle. Ces textes ont subi un autodafé et une inquisition. Averroès a rendu sa plume sous le soleil inspirateur de Grenade, qui incitait les lames à s’aiguiser. Quant à l’expiation, elle réussit puisque les ouvrages philosophiques n’existent plus et les lecteurs n’ont jamais vu le jour. La confiscation de la morale par l’idéologie officielle achève tous les espoirs. La tension entre la technique et la morale donna lieu à la sempiternelle question du savoir orienté, canalisé et endoctriné. La thèse fera les beaux jours des doctes qui se lamentent sur le sort d’un peuple « mineur » que l’occident chrétien a merveilleusement trompé. Les langues étrangères sont le couvent « lumineux », l’accès à la technique est conditionné par la maîtrise des ces langues. La caste dirigeante ne croit pas que les langues étrangères soient importantes pour les élèves. Ces langues subirent un maccarthysme tranquille. Des pédagogues dociles, sans autorité, issus de confréries hermétiques, sont sollicités pour donner un cachet « scientifique » au forfait. Les voix discordantes étaient marginales, elles ont préféré parer au plus pressé, c’est-à-dire assurer à « ses enfants » un enseignement crédible. Les élites ont manqué à leur mission : la langue arabe convenait à la masse qui était inculte et incapable d’intégrer la modernité. De tous ceux qui dénonçaient l’arabisation décrétée de l’enseignement et la mise à l’écart des langues étrangères, seules quelques figures souffrent avec la basse société, assument ce qu’elles avancent et maintiennent l’idée de fond qu’est la démocratie.

Le travail de Lacheraf[1] n’a pas abouti parce que ce personnage ne jouissait que d’une valeur académique, il refusait tout engagement politique. Arguant qu’il voulait arrêter le massacre, Lacheraf n’eut pas l’audace de défendre le droit des Algériens à choisir le programme qu’ils croient leur convenir. La révolution tranquille qu’il prétendait vouloir mener contre les baâthistes[2] était de la poudre aux yeux. Fallait-il que Lacheraf quitte son fauteuil pour pouvoir comprendre ce que ressentira un jour le peuple algérien ? Lacheraf a été contraint de piloter la réforme scolaire, mais il a été autorisé à ne pas se révolter contre les orientations du régime. L’école algérienne est confiée à des pédagogies zélés qui ont été promus par un nationalisme-paternalisme original. Ceux-ci nièrent leurs engagements professionnels et leurs obligations morales. Ayant perdu leur premier repère, les élèves sont dans l’obligation de vivre un déracinement légitimé par la religion et par le cours de l’Histoire. L’école institue des comportements au nom du savoir alors que le temple fait la même chose au nom du sacré. Dire que l’école est un temple serait une récompense au mal érigé par les doctes. Décréter la langue arabe comme langue d’enseignement au prétexte vicieux et néanmoins abject qu’elle véhicule les valeurs d’Islam est une absurdité. Chasser les langues étrangères sous prétexte qu’elles émanent d’un Occident « pervers » est la première victoire de l’idéologie nationaliste arabe qui venait de réussir une offensive contre le savoir. A l’issue de sa formation, l’étudiant constate qu’il est non seulement amoindri en matière de connaissance, mais qu’il ne peut plus surmonter ses retards. La cause en est qu’il a contracté de très mauvaises habitudes académiques.

D’autre part, le combat pour l’école laïque est mené par des lettrés épars et ne fait pas unanimité au sein d’une classe politique minée par le code idéologique que lui impose le régime. Perçue comme l’antithèse de la religion, la laïcité est sabotée par ses adeptes. Une seule formation politique se dit préoccupée par la réforme de l’école. Cette formation a essuyé des échecs politiques terribles et le combat qu’elle mène n’a aucune chance d’aboutir. L’anarchie intellectuelle qui s’empare de la scène politique ne laisse aucun espace à la réflexion et au débat. Pire, les passions l’emportent sur la raison. Les réseaux de la propagande fanatique décident de l’orientation des débats et il en résulte des appels incendiaires au crime et au chaos. Le projet politique qui prend en charge la laïcité ne fait pas l’unanimité dans l’aile moderniste de la classe politique, le radicalisme des uns fait reculer la modération des autres. Disons, un fond commun peine à se construire, des enjeux immédiats neutralisent tout travail, des ambitions récupèrent les sacrifices de tout un peuple. La société est poussée à l’extrémisme à chaque fois qu’un espoir perce l’obscurité. Face à l’espoir, l’on brandit le chaos et l’immoralisme. Les fanatiques canalisent les colères, proposent des modèles culturels extrémistes, rassurent le régime quand celui-ci accomplit le forfait civilisationnel. Des lettrés se décrètent comme les tuteurs de la Nation. L’on a vu plusieurs fois des romanciers, des poètes et des dramaturges s’ériger en autorité scientifique alors que ce sont les didacticiens et les pédagogues qui devraient être sollicités pour arrêter l’hémorragie et donner à l’enseignement sa première mission. Sauf que les idéologues contrôlent tout. C’est fait.

[1] Lacheraf : ancien ministre de l’éducation du temps de Boumédiène.

[2] Baâthiste : courant politique fondé sur le nationalisme arabe.
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Message  laic-aokas Mar 20 Mar - 18:30

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