Jeffrey England (NDI) : « la nouvelle loi…risque d’isoler davantage l’Algérie et ses citoyens. »

Jeffrey England, socio-économiste formé à l’université de Yale (USA), occupe les fonctions de directeur supérieur des programmes pour l’Afrique du nord au sein du NDI (National Democratic Institute) qui a vu ses activités perturbées en Algérie depuis 2006. Cette ONG vient d’annuler un colloque prévu à Alger les 16, 17 et 18 février 2012 faute de visas. En dépit de cette méfiance, Alger s’est résignée à inviter le NDI pour l’élection du 10 mai. Le délai limité et l’impossibilité de contrôler le fichier électoral sont un dilemme pour ces ONG qui hésitent entre la nécessité de mettre un pied dans un pays fermé et l’appréhension de servir de caution dans un scrutin joué d’avance. Entretien:



Algérie-Express : Il y a quelques semaines, le ministre algérien des affaires étrangères Mourad Medelci a annoncé avoir invité des ONG étrangères pour assurer la surveillance des prochaines élections législatives. Votre ONG, le NDI, confirme-t-elle réception de l’invitation du gouvernement algérien?
Jeffrey England: Oui. Le 2 février 2012 le NDI a reçu une lettre d’invitation de la part de l’Ambassadeur algérien aux Etats-Unis, M. Abdallah BAALI.


Comptez-vous venir en Algérie et combien de fonctionnaires allez-vous envoyer?
Nous sommes toujours en train de considérer la question et l’envergure d’une éventuelle mission d’observation.

Au vu de votre expérience en matière de surveillance des élections, pensez-vous qu’à moins de trois mois de la tenue des législatives il est possible d’assurer une bonne surveillance d'un processus électoral ?
L'observation électorale représente certainement plus que le simple jour de l'élection, et plus le temps d’observation est long mieux c’est. Mais toute opportunité d’observation peut contribuer à l'amélioration à long terme du processus électoral. Le facteur le plus critique est que les observateurs aient accès à tous les aspects du processus, sans entrave ni ingérence ni menace de représailles. Ceci dit et plus important encore que la participation d'observateurs internationaux, est la capacité des citoyens algériens eux-mêmes d'organiser une observation indépendante de leurs élections.

Les ONG n’ont pas bonne presse auprès des autorités algériennes. Comment travaillez-vous dans un environnement aussi hostile ? N’y rencontrez-vous pas des contraintes et de quel type?
En réponse aux demandes d'assistance technique par les divers partis politiques, élus et organisations de la société civile algériens, le NDI a dû relever certains défis. Cependant, le plus grand défi a été l’impossibilité d’accéder librement et rapidement au pays par des experts techniques et le staff du NDI étant donné les processus, assez strictes, de demande de visa.

Les associations algériennes sont interdites d’avoir un contact ou un financement de la part d’une ONG étrangère sans l’aval des autorités. Un commentaire
Bien que nous soyons toujours en train d'analyser la nouvelle loi sur les associations ainsi que ses implications, elle semble être très restrictive selon les normes internationales et les tendances observées ailleurs. Elle risque d’isoler davantage l’Algérie et ses citoyens à un moment où les questions régionales et mondiales nécessitent encore plus d’échange et de partage entre les peuples.



Sofiane Ouchikhen

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