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LA DEMOCRATIE ET L'ISLAM !

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LA DEMOCRATIE ET L'ISLAM ! Empty LA DEMOCRATIE ET L'ISLAM !

Message  fouadA Sam 15 Oct - 12:03

Je ne vous cache pas mon étonnement face à certains activistes religieux, appartenant parfois à des formations islamistes, qui affirment que la démocratie est contraire à l’islam. Certains d’entre eux rapportent même de la part de certains savants que la démocratie procède de la mécréance, arguant que la démocratie signifie le gouvernement du peuple par le peuple, alors qu’en islam ce n’est pas le peuple qui gouverne, mais Dieu — Exalté soit-Il — uniquement, en vertu du verset « Le jugement n’appartient qu’à Dieu » [1] Ceci rappelle la position des Khawârij dans le passé ; notre maître `Alî — que Dieu honore sa face — leur répondit disant : « Voici une parole de vérité visant une fausseté. » Par conséquent, il est désormais répandu dans les milieux libéraux et chez les promoteurs de la liberté que les islamistes sont les ennemis de la démocratie et les alliés de la dictature et du despotisme.

Est-il vrai que l’islam s’oppose à la démocratie et que la démocratie est une sorte de mécréance comme certains le prétendent ? Ou bien s’agit-il d’une allégation mensongère dont l’islam est innocent ?

Il est indispensable que les juristes du courant de la médiété, qui se refusent à pécher par outrance ou par laxisme, fassent le point sur cette question afin que la lumière soit faite et que l’islam ne soit pas rendu responsable d’interprétations erronées, quand bien même elles seraient attribuées à des savants qui, en tout état de cause, sont des êtres humains faillibles.

Nous implorons Dieu de vous aider à révéler la vérité, à clarifier ce qui est juste, à dissiper les doutes et à donner les arguments décisifs. Soyez-en remercié et rétribué.
Réponse de Sheikh Yûsuf Al-Qaradâwî

Au nom de Dieu. Louanges à Dieu et que la paix et les bénédictions soient sur le Messager de Dieu.

Je regrette sincèrement cette confusion et que le vrai et le faux s’embrouillent dans l’esprit de certains individus religieux en général, et dans l’esprit de ceux qui prennent la parole au nom de la religion en particulier, de la manière décrite par notre interrogateur — que Dieu le rétribue —. Il est même devenu facile pour certains de jeter l’anathème ou d’accuser de perversion d’autres musulmans, comme si la sharî`ah ne considérait pas cela comme un crime gravissime et périlleux susceptible de rejaillir sur celui qui porte cette accusation, comme en atteste le hadîth authentique.

La question posée par notre respectable interrogateur n’est pas inhabituelle. Elle m’a été posée à diverses occasions par nos frères en Algérie et sous cette forme criante : « La démocratie procède-t-elle de la mécréance ? »
Le jugement découle de la conception

Il est étonnant que certains individus portent un jugement sur la démocratie, comme étant un vice manifeste, ou une mécréance déclarée, sans en avoir une bonne connaissance et sans en avoir appréhendé le fond, indépendamment des apparences et des appellations. Or, parmi les règles établies par nos savants anciens, il en est une qui stipule que « le jugement découle de la conception ». Ainsi quiconque porte un jugement sur une chose sans en avoir connaissance, son jugement est erroné quand bien même il tomberait sur la vérité par hasard. Cela est comparable à une flèche décochée par un individu qui n’est pas un archer. C’est pourquoi il est établi dans le hadîth que le juge qui statue par ignorance ira en Enfer, au même titre que le juge qui, tout en connaissant la vérité, rend un verdict non conforme.

La démocratie que les peuples de la terre appellent de leurs vœux, celle pour laquelle des populations nombreuses luttent en Orient comme en Occident, celle réalisée par certains peuples au prix d’une lutte âpre contre les tyrans et ayant fait couler le sang et occasionné des morts par milliers, voire par millions — comme en Europe de l’Est —, cette démocratie qui est considérée par de nombreux islamistes comme un moyen acceptable pour faire barrage à la tentation de la tyrannie, et limiter les risques du despotisme politique, que subissent nos peuples musulmans, cette démocratie est-elle un vice ou une mécréance comme le répètent certains individus superficiels au jugement hâtif ?
En quoi consiste la démocratie ?

Sans s’embarrasser de définitions et de termes académiques, la démocratie consiste essentiellement à ce que le peuple choisse celui qui dirige ses affaires, sans qu’on lui impose un dirigeant qu’il abhorre ni un régime qu’il déteste, qu’il ait le droit de demander des comptes au dirigeant lorsqu’il commet une erreur et le droit de le destituer s’il dévie, que les gens ne soient pas contraints de suivre des directions, d’adopter des méthodes économiques, sociales, culturelles, ou politiques qu’ils ne connaissent pas et qu’ils n’agréent pas et dont la critique vaudrait à ceux qui la portent d’être torturés et massacrés.

Au fond, c’est cela la démocratie. Les hommes l’ont mise en œuvre selon différentes formes et via des mécanismes pratiques variables, comme le vote, le suffrage universel, l’adoption de l’avis de la majorité, la pluralité des partis politiques, le droit de la minorité d’exprimer son opposition, la liberté de la presse, l’indépendance du pouvoir judiciaire etc.

La démocratie ainsi définie est-elle contraire à l’islam ? D’où viendrait cette prétendue opposition ? Quels arguments tirés des textes décisifs du Coran et de la Sunnah appuieraient cette thèse ?
L’essence de la démocratie s’accorde avec l’islam

En réalité, quiconque réfléchit à l’essence de la démocratie conclura qu’elle procède des principes fondamentaux de l’islam. L’islam condamne en effet que les orants soient présidés pendant la prière par un imam qu’ils détestent et qu’ils n’agréent pas. Le hadith stipule à cet égard : « Trois catégories de gens ne voient pas leur prière s’élever d’un empan au-dessus de leur tête. » [2] La première catégorie citée est : « Un imam qui officie à la prière devant des gens qui le détestent. » [3]. Ceci concerne la prière, alors que dire lorsqu’il s’agit des affaires de la vie et de la politique ? Le hadîth authentique stipule : « Les meilleurs parmi vos imams — au sens de dirigeants — sont ceux que vous aimez et qui vous aiment, et pour lesquels vous priez et qui prient pour vous. Les pires parmi vos imams sont ceux que vous haïssez et qui vous haïssent, et que vous maudissez et qui vous maudissent. » [4]

Il convient de souligner de nouveau le principe annoncé en préambule, à savoir que l’essence de la démocratie est en accord avec l’essence de l’islam, si nous la puisons dans ses références fondamentales et dans ses sources limpides que sont le Coran, la Sunnah et l’œuvre des Califes Bien-Guidés, non pas dans l’histoire des princes de la tyrannie, ni des rois malfaisants, ni des verdicts des savants à la solde des sultans, ni des sincères trop hâtifs n’appartenant pas à la catégorie des savants au pied ferme.

L’affirmation selon laquelle la démocratie signifie le gouvernement du peuple par le peuple et que cela implique le rejet du principe de la souveraineté de Dieu est une affirmation disputable. Car la promotion de la démocratie n’implique pas le rejet de la souveraineté de Dieu vis-à-vis des hommes. La plupart des promoteurs de la démocratie ne pensent pas à cela. Ils visent et veillent avant tout au rejet de la dictature, au refus de voir les despotes et autres potentats présider au destin des peuples.

En vérité, tout ce que ces gens visent par la démocratie c’est de voir le peuple choisir ses dirigeants comme il lui plaît, d’être en mesure de leur demander des comptes, de ne point leur obéir s’ils bravent la constitution de la nation — ou selon la formule islamique : lorsqu’ils enjoignent un péché —, et de pouvoir les destituer lorsqu’ils dévient et tombent dans l’injustice, tout en restant sourds aux conseils et aux mises en garde.
Le principe de la souveraineté de Dieu et son sens

À ce stade, je voudrais rappeler que la souveraineté de Dieu est un principe islamique fondamental, établi par tous les spécialistes des fondements dans leurs travaux concernant la gouvernance légale et le gouverneur. Ils sont unanimes sur le fait que Dieu — Exalté soit-Il — est le Souverain et que le Prophète a pour mission de transmettre de Sa Part. Dieu — Exalté soit-Il — est Celui Qui ordonne et interdit, déclare le licite et l’illicite, gouverne et légifère.

L’affirmation des Kharijites que « le jugement n’appartient qu’à Dieu » est vraie en elle-même, mais on leur reproche d’en user à mauvais escient lorsqu’ils y voient une preuve permettant de rejeter l’arbitrage des hommes dans les litiges, car cela est contraire aux énoncés du Coran entérinant, plus d’une fois, l’arbitrage des hommes, notamment l’arbitrage entre les époux en cas de conflit matrimonial. C’est pourquoi le Commandeur des Croyants `Alî — qu’Allâh l’agrée — leur a répliqué : « Voici une parole de vérité visant une fausseté ». Il a décrit leur parole comme étant une parole de vérité, mais leur a reproché de s’en servir pour des visées fausses. Comment pourrait-on dire que ce n’est pas une parole de vérité alors qu’elle est empruntée à la lettre du Coran : « Le jugement n’appartient qu’à Dieu » [32] ?

La souveraineté de Dieu — Exalté soit-Il — vis-à-vis des hommes est établie de manière certaine et se décline en deux sortes :

Une souveraineté universelle et de destinée, c’est-à-dire que Dieu dispose de l’univers selon Son bon vouloir, qu’Il régit les destinées, qu’Il gouverne le monde selon des lois immuables, fussent-elles connues ou inconnues, à l’instar de ce qu’énonce le verset : « C’est Dieu Qui juge et personne ne peut s’opposer à Son jugement, et Il est prompt à régler les comptes. » À l’évidence, ce que l’on entend ici c’est la souveraineté vis-à-vis de l’univers et des destinées, et non pas la souveraineté légale injonctive.

Une souveraineté légale injonctive, c’est-à-dire la souveraineté du commandement, de l’injonction et de l’interdit, celle de l’obligation et du choix, celle qui s’est manifestée dans les messages transmis de la part de Dieu par les prophètes, qui a été consignée dans Ses Livres, mise en vigueur par Ses lois, et comprend ce qu’Il a rendu licite ou illicite.

Ce second type de souveraineté ne peut guère être rejeté par un musulman ayant agréé Dieu comme Seigneur, l’islam comme religion et Mohammad — paix et bénédictions sur lui — comme prophète et messager.

Le Musulman qui fait la promotion de la démocratie y voit une forme de gouvernement permettant de concrétiser les principes politiques de l’islam relatifs au choix du dirigeant, à la concertation et au conseil, à l’injonction du bien et à la réprobation du mal, à la résistance à l’injustice et au refus des transgressions, notamment lorsque cela atteint le niveau de la mécréance manifeste (Al-Kufr Al-Bawwâh) sur des sujets tranchés par des preuves divines.

Ceci est confirmé par le fait que la constitution stipule, en sus de l’attachement à la démocratie, que l’islam est la religion de l’État et que la législation islamique est la source des lois. Or, ceci réaffirme la souveraineté de Dieu, c’est-à-dire la souveraineté de Sa loi, et qu’elle a le dernier mot. Il est également possible d’ajouter à la constitution un article explicite, stipulant la nullité de toute loi ou régulation contraire aux principes indisputés de la Sharî`ah et ce, en guise de réaffirmation de ce principe et non en tant qu’énoncé original d’un fondement nouveau.

Il ne découle donc pas de la promotion de la démocratie que la souveraineté du peuple s’oppose nécessairement à la souveraineté de Dieu, car les deux ne sont pas mutuellement exclusifs. Mais, à supposer que ce raisonnement soit correct, l’opinion retenue par les spécialistes parmi les savants musulmans stipule que les prérequis d’une doctrine ne font pas partie de la doctrine et, partant, qu’il n’est pas permis de jeter l’anathème sur les gens, ni de les accuser de perversion, au vu des prérequis de leur doctrine. Car il est possible qu’ils n’adhèrent pas à ces prérequis, voire qu’ils n’y pensent même pas.
L’arbitrage de la majorité est-il contraire à l’islam ?

Parmi les arguments avancés par cette frange d’islamistes prouvant que la démocratie est une valeur importée dénuée de tout fondement islamique, il y a le fait qu’elle est fondée sur le recours à la majorité, et le fait de conférer à cette dernière l’autorité dans le choix du dirigeant, dans la direction des affaires et dans l’arbitrage entre les opinions divergentes. En démocratie, le vote sert d’arbitre et de référence. Toute opinion jouissant de la majorité absolue, ou parfois d’une majorité restreinte, est adoptée, fût-elle erronée ou fausse.

À cela ils ajoutent que l’islam ne reconnaît pas la majorité comme un moyen de départager deux opinions ; il considère l’opinion en elle-même, est-elle juste ou erronée ? Si elle est juste, elle est adoptée, fût-elle soutenue par une seule voix, ou par aucune voix. Si elle est erronée, elle est rejetée, fût-elle soutenue par 99 % des voix !

Ils affirment aussi que les versets coraniques indiquent même que la majorité est toujours alignée sur l’erreur et la tyrannie, comme cela apparaît dans les versets : « Et si tu obéis à la majorité de ceux qui sont sur la terre, ils t’égareront du sentier de Dieu » [33] « Seulement la plupart des hommes, même si tu t’y évertuais, ne seraient pas croyants » [34] On trouve cette idée également dans la terminaison de nombreux versets comme : « Mais la plupart des hommes ne le savent pas... » [35] « Mais la plupart d’entre eux ne raisonnent pas. » [36] « Mais la plupart des gens ne croient pas » [37] « Mais la plupart des gens ne sont pas reconnaissants » [38] Les versets indiquent aussi que les gens bienfaisants sont minoritaires, comme par exemple : « Il y a peu de Mes serviteurs qui sont reconnaissants » [39] « sauf ceux qui croient et accomplissent les bonnes œuvres — cependant ils sont peu nombreux. — » [40]

Cette opinion est réfutable et se fonde sur un argumentaire spécieux. Car, à la base, nous parlons d’une société musulmane où la majorité des gens savent, raisonnent, croient et sont reconnaissants. Notre propos ne porte pas sur une société de négateurs et d’égarés de la voie de Dieu. De plus, il y a des questions qui ne sont pas soumises au vote, car elles font partie des valeurs immuables, qui n’admettent aucun changement, à moins que la société elle-même change et cesse d’être musulmane.

Il n’y a pas lieu de voter sur les choses tranchées explicitement par la Sharî`ah, ni les fondements de la religion ou les choses qui en sont connues par nécessité. Mais l’on recourt au vote dans les questions sujettes à l’ijtihâd, qui admettent plusieurs opinions, et vis-à-vis desquelles les gens sont susceptibles de diverger, comme le choix d’un candidat pour une fonction, fût-ce la fonction présidentielle, ou l’édiction d’une loi régissant la circulation et le trafic routier, ou organisant la construction des commerces, des installations industrielles, ou des hôpitaux, ou toute autre chose rentrant dans le cadre de l’intérêt général, désigné par les juristes sous le titre de Al-Masâlih Al-Mursalah. Entrent aussi dans ce cadre les déclarations de guerre ou pas, l’imposition d’un certain type de taxe ou pas, la déclaration de l’état d’urgence ou pas, la détermination de la durée du mandat présidentiel, sa rééligibilité ou non, et dans quelles limites etc.

Si les opinions venaient à diverger sur ces questions, doit-on les laisser en suspens ou les trancher ? Peut-on concevoir un arbitrage sans arbitre ? Ou bien faut-il un arbitre ?

La raison, la législation et la réalité reconnaissent la nécessité d’un arbitre. Or, l’arbitre en cas de divergence d’opinions n’est autre que la majorité, car l’opinion partagée par deux personnes est plus susceptible d’être juste que celle d’une personne seule, comme en témoigne le hadith : « Le diable accompagne l’individu seul, et il est plus éloigné d’un groupe de deux. » [41]

Il est également établi que le Prophète — paix et bénédictions sur lui — a dit à Abû Bakr et `Umar : « Si vous tombiez d’accord sur un avis, je n’en départirais pas. » [42]

Nous avons également vu le Prophète — paix et bénédictions sur lui — suivre l’avis de la majorité lors de la bataille de Uhud consistant à combattre les mécréants à l’extérieur de Médine, alors qu’il penchait personnellement, ainsi que les grands Compagnons, pour un combat dans les rues de Médine. Cela est encore plus manifeste dans la position de `Umar vis-à-vis du collège de six individus désignés pour choisir à la majorité l’un d’entre eux pour la fonction de Calife, à charge pour les autres d’écouter et d’obéir ; si le vote débouchait sur une égalité à trois contre trois, ils choisiraient un arbitre extérieur en la personne de `Abd Allâh Ibn `Umar, et s’ils ne voulaient pas de lui comme arbitre, la troïka comportant `Abd Ar-Rahmân Ibn `Awf choisirait un arbitre.

De plus, le hadith a consigné la mention du « plus grand nombre » (As-Sawâd Al-A`dham) et ordonné de le suivre. Le plus grand nombre désigne la majorité des gens, le plus grand nombre des gens du commun. Ce hadith a été rapporté par des voies multiples, dont certaines sont solides. [43]

De manière comparable, l’Imâm Al-Ghazâlî arbitre en faveur de l’opinion suivie par le plus grand nombre dans certains de ses écrits, lorsque deux opinions rivales se valent au plan de la force. [44]

Quant à la thèse consistant à dire que seule l’opinion correcte doit être suivie même si personne n’y est favorable et que l’erreur doit être rejetée même si elle est soutenue par 99 % des gens, cela ne vaut que lorsqu’il existe dans la Législation un texte authentique et explicite qui règle le différend de manière décisive et n’admet aucune opposition. Or, ceci est très rare. Et c’est à ce sujet que l’on a dit : « Le groupe correspond à ce qui coïncide avec la vérité, même si tu te retrouves tout seul. »
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