Trafic d'armes libyennes , l'Algerie est-elle en danger?

Trafic d'armes libyennes
2011-07-08

Les craintes algériennes de voir des armes détournées en Libye arriver entre les mains d'al-Qaida sont justifiées, selon des analystes.
Par Nazim Fethi pour Magharebia à Alger – 08/07/11


[Reuters/Esam Al-Fetori] Al-Qaida tente de profiter du chaos en Libye pour mettre la main sur des armes, mettent en garde responsables et experts.

Les groupes terroristes ont réussi à transporter des quantités très importantes d'armes dans le désert de Ténéré (au Mali et au Niger), constituant un stock énorme qui menace la sécurité de l'ensemble de la région du Sahel.

L'armée algérienne a renforcé sa présence le long de la frontière avec la Libye. L'ANP a récemment déployé une brigade d'infanterie d'élite et renforcé la surveillance aérienne des 900 kilomètres de sa frontière. A Alger, les autorités font part de leurs inquiétudes concernant les armes et les explosifs entrant dans le pays en provenance de Libye, où des stocks d'armes ont été pillés.

Les soldats nigériens ont récemment intercepté des terroristes d'al-Qaida transportant de grandes quantités d'armes à proximité de la frontière algérienne. Des lance-grenades antichar RPG-7, des fusils d'assaut Kalashnikov, 640 kg d'explosif Semtex et 435 détonateurs auraient été saisis dans les dépôts d'armes en Libye.

Al-Qaida pourrait "tirer parti du chaos suivant le départ de Kadhafi pour étendre son influence sur la côte méditerranéenne", a fait savoir L'Expression citant le commandant allié suprême de l'OTAN en Europe, l'amiral James Stavridis.

"Les Algériens sont très, très inquiets", a-t-il ajouté.

Les experts soulignent que les frontières algériennes sont en permanence exposées aux risques du terrorisme, de l'immigration clandestine, des trafics de drogue, d'armes et d'êtres humains, au crime organisé transfrontalier et aux conflits militaires.

La situation est particulièrement volatile actuellement, du fait des agitations politiques, des menaces terroristes et des mouvements sociaux qui perturbent l'équilibre sécuritaire dans le pays. En avril, l'Algérie a mis en garde contre le fait qu'un lot de missiles SA-7 de fabrication russe était déjà tombé entre les mains d'al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI).

Certains affirment que seule la coopération régionale, renforcée par le soutien de la communauté internationale, empêchera al-Qaida de profiter du trafic d'armes dans la région du Sahel.

Le risque de trafic d'armes libyennes a été l'un des principaux sujets lors de la récente réunion du G6 à Madrid.

"L'un des points qui paraît particulièrement préoccupant est la possible apparition d'armes de l'armée libyenne, ou de ce qu'il en reste, entre les mains des terroristes", a déclaré le ministre espagnol de l'Intérieur Alfredo Pérez Rubalacaba le 30 juin.

"La guerre civile en Libye donne à AQMI la possibilité d'accroître son influence dans la région du Sahel, où il est désormais actif après être apparu en Algérie", a-t-il ajouté.

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En septembre, l'Algérie organisera une conférence internationale consacrée à la lutte contre le terrorisme et le crime organisé dans la région du Sahel-Sahara.

Les responsables du Sahel y seront rejoints par les membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies, ainsi que par l'Italie, l'Espagne et les Pays-Bas. La Banque mondiale et la Banque africaine de développement, ainsi que des groupes de réflexion mondiaux, comme le Centre de contrôle des narcotiques de Genève et le Centre international de lutte contre le terrorisme, seront également présents.

Les quantités d'armes en transit dans la région continuent d'affluer. La semaine dernière, la France a parachuté des fusils d'assaut, des mitrailleuses, des grenades et des lance-grenades dans les régions de Libye aux mains des rebelles.

Autre source de préoccupation : des centaines de combattants touaregs maliens se seraient battus dans les rangs des forces favorables à Kadhafi. Lorsque les récents revers subis par l'armée libyenne les ont contraints à rentrer au Mali, ils l'ont fait en emportant leurs armes.

http://www.magharebia.com/cocoon/awi/xhtml1/fr/features/awi/features/2011/07/08/feature-01

Crise libyenne : l'Algérie inquiète


Le gouvernement algérien appréhende fortement les conséquences sur la sécurité et la stabilité du pays. La situation en Libye pourrait être une source de dommages collatéraux.

Les craintes de l’Algérie se fondent notamment sur des informations indiquant que le groupe terroriste d’Al Qaîda au Maghreb islamique (AQMI) cherche actuellement à se procurer des armes afin d’alimenter ses éléments qui activent au Sahel et même au-delà. « La situation actuelle en Libye peut induire des dommages collatéraux dans la région. Nous avons constaté, et nos partenaires en sont informés, qu’il y a beaucoup d’armes qui circulent en Libye. Tout le monde a remarqué également qu’il y a actuellement des mouvements d’AQMI dans la région. Si les choses perdurent, sachez qu’elles pourraient aggraver la situation dans le Sahel, surtout que celle-ci est déjà caractérisée par une activité terroriste au sud de notre pays.

Les armes qui pourraient être récupérées risqueraient d’avoir une conséquence grave. Le constat a été fait par l’Algérie mais aussi par d’autres pays, y compris des pays membres du Conseil de sécurité de l’Onu », a averti Abdelkader Messahel, le ministre délégué algérien chargé des Affaires maghrébines et africaines, lors d’une conférence de presse conjointe animée, hier à Alger, avec le ministre britannique chargé de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, Alistair Burt. M. Messahel s’est exprimé à l’issue des travaux de la 5e session de la commission politique bilatérale algéro-britannique.


M. Messahel a par ailleurs saisi l’opportunité qui lui a été offerte pour rappeler la position de l’Algérie et ainsi que celle de l’Union africaine (UA) concernant la crise libyenne. A ce propos, il a réitéré le « rejet de l’Algérie du recours à la force pour le règlement des différends » et a plaidé en faveur d’un « dialogue entre toutes les parties pour une issue pacifique qui prenne en charge les aspirations du peuple libyen frère à la démocratie (…) loin de toute forme d’ingérence ou d’interférence étrangère ». Dans ce contexte, M. Messahel a fait savoir que le Comité de Haut niveau de l’Union africaine, qui s’est réuni le 25 mars dernier à Addis-Abeba, a adopté une déclaration qui a appelé à un cessez-le-feu immédiat, à la mise en place d’un mécanisme pour l’observation et la vérification du cessez-le-feu qui n’a pas été prévu par le Conseil de sécurité de l’ONU et au maintien de la mission devant être effectuée en Libye par le Comité de Haut niveau pour nouer le dialogue entre les protagonistes de la crise. Une mission qui n’a pas obtenu les autorisations nécessaires pour son déplacements en Libye programmé pour le 20 mars dernier.

Abdelkader Messahel a également insisté sur l’idée que l’Algérie et l’UA sont favorables à « un dialogue inclusif interlibyen qui laisse le choix au peuple pour qu’il puisse exprimer librement son point de vue ». «J’ai donné au ministre britannique les raisons de l’absence de l’Algérie à la conférence de Londres sur la Libye et elles ont été bien comprises ». En d’autres termes, le gouvernement algérien, au-delà des lectures qu’il peut faire sur la crise libyenne, s’engage à respecter et à appliquer les résolutions du Conseil de sécurité de l’Onu, y compris la résolution 1973.

Toujours au titre des questions régionales, le ministre d’Etat britannique chargé du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord a affirmé, pour sa part, qu’il était également « urgent » de régler le conflit du Sahara occidental, d’autant plus qu’il y a maintenant, dans la région, des « raisons supplémentaires» pour le faire. Il est urgent de régler le conflit du Sahara occidental en prenant en considération les autres problèmes de la région », a indiqué M. Burt, allusion faite à la crise libyenne. « Nous sommes conscients que la question du Sahara occidental reste l’un des conflits non résolus jusqu’à ce jour », a ajouté le ministre britannique tout en soulignant qu’il soutenait les efforts de l’Onu pour une solution qui «soit mutuellement acceptée par toutes les parties au conflit ».

El Watan avec Le MatinDZ

http://www.lematindz.net/news/4102-crise-libyenne-lalgerie-inquiete.html