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L'AMBASSADEUR DES ETATS-UNIS D'AMÉRIQUE À ALGER DANS UN ENTRETIEN À L'EXPRESSION

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Message  laic-aokas Jeu 25 Aoû - 12:06

L'AMBASSADEUR DES ETATS-UNIS D'AMÉRIQUE À ALGER DANS UN ENTRETIEN À L'EXPRESSION
«L'Algérie est un cas différent»


Interview réalisée par Brahim TAKHEROUBT

Fraîchement nommé et accrédité, l'ambassadeur américain à Alger, Henry S. Ensher, est une synthèse de ses deux prédécesseurs. Il est chaleureux et vivace comme Rober S. Ford. Il est méfiant et observateur comme David D.Pearce. M Ensher est un diplomate au CV impressionnant qui affectionne les capitales chaudes dans les deux sens du terme. Avant d'atterrir à Alger, il a travaillé, entre autres, à Kaboul, à Baghdad, à Damas et à Tel-Aviv. Dans cet entretien, il exprime la vision de son pays sur les relations avec l'Algérie, les réformes engagées par le Président Bouteflika, la situation en Libye et son impact sur la région.

L'Expression: Excellence, vous avez la réputation d'affectionner les capitales chaudes pour avoir travaillé à Kaboul, Baghdad, Damas, et Tel Aviv. Trouvez-vous qu'Alger est une capitale chaude?
M. Ensher: (Rire). Non, au contraire, je pense qu'il y a de grands changements, par rapport à la première fois où j'étais ici entre 1999 et 2000. On se rend compte finalement que cette période était la fin de la guerre. Mais durant toute cette période, pas seulement nous en tant qu'ambassade des Etats-Unis d'Amérique, on était au milieu d'une guerre civile en Algérie. De ce fait, il n'y avait pas du tout de contact entre nous et le peuple algérien dans une guerre civile. On était totalement concentrés sur la situation sécuritaire et la possible entraide entre l'Algérie et les Etats-Unis dans la lutte contre le terrorisme. Les Algériens et le gouvernement algérien ont réussi dans leur combat contre le terrorisme, notamment après l'élection du Président Bouteflika. Actuellement, à mon avis, il y a un changement total dans le climat social et politique comparativement à cette période. Espérons que ces changements toucheront toutes les autres contrées du pays pour que les citoyens vivent en paix et poursuivent leur activité quotidienne de manière normale. De notre côté en tant qu'ambassadeur, nous voyageons à travers le pays et nous continuerons à le faire dans le cadre de nos activités avec le peuple algérien.

Le dernier rapport du département d'Etat sur le terrorisme dans le monde a donné une mention spéciale à l'Algérie. Quelle lecture faites-vous de ce rapport?
On a effectivement lu ce rapport et en tant qu'ambassade, on a même participé à son élaboration. Je pense que ce document reflète l'avis du gouvernement américain sur la coopération entre l'Algérie et les Etats-Unis dans le domaine de la lutte contre le terrorisme. Il reflète surtout la réussite de l'Algérie dans son combat de lutte antiterroriste sur le territoire algérien. Cela est très important pour nous et nous voulons poursuivre cette coopération, surtout qu'il va y avoir à Alger une importante rencontre sur le terrorisme à laquelle nous allons participer avec une délégation de hauts responsables et d'experts américains dans le domaine de la lutte antiterroriste.

Dans le domaine des relations entre l'Algérie et les Etats-Unis, on a remarqué que l'intérêt porte un peu trop sur la lutte antiterroriste. Ne pensez-vous pas que focaliser sur l'aspect strictement sécuritaire éclipse les autres domaines?
Nous considérerons que la première responsabilité de tout gouvernement est d'assurer la sécurité de ses citoyens. Nous aussi en tant qu'Américains, nous avons cette responsabilité d'assurer notre sécurité non seulement en Algérie mais partout où existent les groupes terroristes. La sécurité des Américains commence à l'étranger et c'est ce qui explique notre relation avec l'Algérie et notre coopération dans le dossier sécuritaire. Il est vrai que nous nous concentrons sur le dossier sécuritaire mais d'un autre côté, nous constatons une grande amélioration dans le domaine sécuritaire, on voit qu'il y a une activité dans d'autres dossiers. Nous renouons les contacts avec le peuple algérien. Il y a également une amélioration dans les relations économiques et commerciales. Nous ne sommes qu'au début d'un long processus.

Excellence, qu'est-ce qui explique la réticence des investisseurs américains à venir s'installer en Algérie que d'aucuns qualifient de niche financière vierge?
Quand les investisseurs américains voient la situation actuelle, ils ont toujours en tête ces terribles moments, ils pensent toujours à la période des années 1990 et redoutent les retours de cette période d'insécurité. Il y a cette peur qui existe toujours chez ces investisseurs qui veulent une situation sécuritaire totalement assainie. A cela, il faut ajouter certaines choses, certaines lois algériennes qui sont difficiles à comprendre par les investisseurs américains. C'est ainsi qu'ils préfèrent aller dans d'autres pays de la région ou en dehors de la région. Donc, la situation sécuritaire, l'environnement des investissements et la bureaucratie sont des éléments qui influent sur leur décision. Comme vous le savez, nous en tant que gouvernement, nous n'avons pas d'influence sur leur décision.

Depuis ces derniers mois, votre pays porte un intérêt pour l'agriculture en Algérie. Pouvez-vous nous en dire plus, Excellence?
C'est une question qui me passionne personnellement du fait que je suis issu de Californie qui est un centre de l'industrie agricole aux Etats-Unis. Je vois qu'il y a les mêmes opportunités, les mêmes terres et surtout le même climat chez vous. L'Algérie aurait pu investir les marchés européens et américains, mais à présent on ne voit pas ces résultats. Au niveau de l'ambassade nous avons un expert dans le domaine agricole qui travaille avec les autorités algériennes ainsi qu'avec d'autres experts en vue de trouver les moyens de coopération dans ce domaine pour le bien des Algériens et des Américains.

Où en est le dossier le la création d'une université américaine à Alger?
A l'heure actuelle il n'y pas de projet précis. Il y a une idée, un désir d'université américaine à Alger, mais pas une opération précise. Nous sommes dans la phase de contacts, si j'ose ainsi dire. Il y a des contacts avec des experts algériens à l'intérieur du gouvernement et à l'extérieur. Il faut savoir qu'il y a le style classique d'université américaine comme c'est le cas au Caire ou à Beyrouth, mais il y a aussi la possibilité de créer des filières d'une université américaine comme c'est les cas au Qatar et aux Emirats. C'est une possibilité. Tout dépendra des besoins et des voeux que vont exprimer les Algériens. De notre côté, nous allons poursuivre les contacts.

Le Président Bouteflika a annoncé, dans son discours prononcé le 15 avril dernier, un canevas de réformes politiques. Comment appréciez-vous ces réformes et surtout le rythme d'exécution de ces réformes?
Je dois dire que nous n'avons aucun rôle dans ces réformes, dans votre régime et dans votre politique. Nous ne sommes que des observateurs, des amis du pays et du peuple et de ce fait nous voulons voir ces réformes réussir au profit du peuple algérien et surtout la relation du peuple avec le gouvernement. Il y a actuellement des changements qui s'opèrent dans la région entière. Nous appuyons la stabilité et la paix. Ainsi, nous souhaitons voir poursuivre ce changement à l'intérieur du système et de la vie politique en Algérie. En dehors de cela, nous n'avons aucun droit sur les détails de ces réformes.

Vous dites appuyer un changement à l'intérieur du système: pouvez-vous être plus explicite?
Je veux dire que nous préférons la stabilité et non l'utilisation d'actions dangereuses pour le changement. S'il y a une réforme, elle doit se faire de manière pacifique et non pas comme ce qui s'est passé en Tunisie ou en Egypte. Nous privilégions un changement dans la cadre d'une action politique sans violence.

Des islamistes radicalistes ont émis le souhait de constituer des partis politiques. Si demain ils gagnent les élections, allez-vous composer avec eux?
Nous avons des contacts avec les partis politiques agréés en Algérie, ce qui est normal pour nos ambassades dans tous les pays. Cependant, nous refusons tout contact ou relations officielles avec tout parti ou organisation qui utilise la violence comme moyen politique. Mais si un parti participe à la compétition politique sans violence, cela est tout à fait normal pour nous. Nous voulons des relations normales avec tout parti qui participe à la compétion sans utiliser la violence. La ligne rouge pour nous est l'utilisation de la violence. S'ils ont des idées différentes que celles du régime et exposent ces idées sans violence nous allons composer avec eux.

Au plan régional, la situation est chaotique en Libye. Excellence, quelle explication donnez-vous à la chute aussi rapide de Tripoli.
On ne connaît pas encore tous les détails de la situation, les informations changent pratiquement chaque heure. Notre position est que nous voulons voir le départ du régime EL Gueddafi et instaurer un régime démocratique. Nous sommes en contact permanent avec le Conseil national de transition (CNT). Ils ont surtout, surtout, la mission de maîtriser la situation sans violence contre aucune personne. Le CNT en tant que gouvernement a la responsabilité de protéger tous les citoyens libyens eux même si certains d'entre eux sont du côté d'El Gueddafi.

Mais la situation en Libye aura de graves conséquences sur la région du Sahel.
Effectivement, c'est un grand danger au Sahel si la circulation d'armes se poursuit dans cette région. C'est une situation très grave pour la sécurité des pays de la région et la sécurité internationale. La concertation entre nous et les pays de la région est plus que nécessaire surtout en ces moments. Ce dossier sera d'ailleurs étudié lors de la rencontre d'Alger sur le terrorisme en septembre prochain.

On a constaté un changement dans la position des Etats-Unis aussi bien en Tunisie qu'en Egypte. Vous avez porté à bras-le-corps les régimes des pays et vous les avez abonnés dès qu'ils ont chaviré.
En tant que gouvernement américain, nous avons la responsabilité de défendre nos intérêts dans la région et à travers. Habituellement, on a préféré la stabilité et le changement graduel. Cependant, on reconnaît en vérité que dans plusieurs cas, il y a des demandes de citoyens et quand on voit que ces changements sont nécessaires et qu'il n'y a aucune possibilité de changement à l'intérieur du système, en tant que gouvernement, il arrive qu'on change notre position envers ces régimes et appuyons les aspirations des peuples. On est arrivé à des changements dans notre position selon les conditions qu'il y avait en Tunisie et en Egypte. Cela étant, nous appuyons les principes de la démocratie à travers le monde. Si nous entrevoyons un changement démocratique n'importe où dans le monde, nous l'appuyons car nous pensons que la base de la stabilité à long terme est garantie par un régime démocratique.

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