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Le Président Ferhat Mehenni à Tanger : Les Amazighs au cœur du changement

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Message  laic-aokas Lun 25 Juil - 17:51

Le Président Ferhat Mehenni à Tanger : Les Amazighs au cœur du changement Siteon0

ANAVAḌ AQVAYLI UΣḌIL
GOUVERNEMENT PROVISOIRE KABYLE
PROVISIONAL GOVERNMENT OF KABYLIA


Présidence


Les Amazighs au cœur du changement


Le Président de l’Anavad est l’invité de la grande association Twiza de Tanger qui, depuis plus de sept ans, organise chaque année un festival de la culture amazighe. Cette année, fait inédit, elle organise "la rencontre de Tanger" regroupant des responsables et personnalités amazighes venant d’Egypte (Amani Al Wahachy), de Libye (Fethi Khalifa, membre du CNT Libyen), de Tunisie (Khadidja Bensaidane), Ahmed Ahermouche (Maroc) et Ferhat Mehenni dont voici la contribution sur le thème des "Amazighs au coeur du changement".


Le Maroc vient de se doter d’une nouvelle constitution qui fait de ses langues amazighes des langues officielles, autrement dit des langues de l’Etat.

Les Amazighs libyens auxquels, il fut un temps, le régime de Kadhafi interdisait de parler leur langue même au téléphone sont l’un des piliers de l’insurrection armée et, en intégrant le Conseil National de Transition ont pu faire en sorte que leur langue soit déjà à la télévision de la rébellion soutenue par une coalition internationale. S’ils baissent la garde d’ici la chute de Kadhafi, il n’est pas sûr que la Libye de demain soit encline à l’enseigner.

Les Berbères tunisiens commencent à peine à se structurer et à se prendre en charge. Dans un pays où la fragilité des équilibres politiques peine à convoquer une constituante, les Amazighs ont intérêt à se positionner dès maintenant à Matmata et Djerba pour imposer la prise en compte de leur existence dans une Tunisie aux cultures, aux langues et aux croyances religieuses plurielles.

En Egypte, la communauté amazighe de Siwa (23 000 hbts), est si infime face aux 80 millions d’Egyptiens que, sans un minimum d’autonomie politique, aura toujours du mal à faire entendre sa voix.

Dans tous ces pays où des évolutions heureuses sont aujourd’hui soit en cours (Maroc), soit possibles (Tunisie, Libye), les Amazighes ont intérêt à entamer leur propre mutation pour passer du statut de forces de contestation à celui de forces de proposition. La démocratie est leur voie et leur allié naturel ; les valeurs universelles leur pilier.

Ceci pourrait aussi être valable pour les Touaregs qui ont souvent été tentés par l’aventure militaire (l’Azawad) et qui commencent à formuler des revendications plus cohérentes et plus claires, avec soit des autonomies, soit des indépendances pour leurs territoires.

Rappelons cependant que les Amazighs se doivent d’être présents dans le changement auquel ils ont tant aspiré, et non en dehors de lui. S’ils ne sont pas les artisans de ce qui arrive, ceci étant le fait de la dynamique historique de l’humanité comme le pressentait Tocqueville, ils y ont grandement contribué depuis plus de 50 ans.

En quoi les bouleversements actuels relèvent-ils de la mécanique de l’Histoire ?

L’Humanité est à une nouvelle phase de la mondialisation. Celle-ci commencée par la colonisation dont la mission était, rappelons-le, d’intégrer tous les continents dans le système marchand européen, elle fut renforcée par les Etats de la décolonisation et la création de l’ONU. Deux obstacles s’étaient dressés sur sa route : le nazisme et le soviétisme mais la mondialisation s’accommode davantage de la liberté. Et c’est cette dernière qu’elle a tant bien que mal érigée sur les ruines des deux systèmes totalitaires qui voulaient la maîtriser. La chute du Mur de Berlin est une sentence de l’Histoire contre la dictature qui consubstantielle à l’Etat issu de la colonisation. C‘est parce que la phase actuelle de la mondialisation ne peut plus supporter l’absence de liberté que la fin des Etats post-coloniaux est aujourd’hui à l’ordre du jour. Les changements dont nous traitons aujourd’hui n’en sont qu’un début d’illustration.

Je tiens à remercier l’association TWIZA de Tanger de nous avoir invité à en débattre, ne serait-ce que sur leur volet touchant les peuples amazighs.

La fin des Etats issus de la décolonisation peut reconduire l’architecture et les frontières préexistantes, mais en change fondamentalement la nature et les missions. Au lieu de contrôler et de réprimer leurs peuples, ces Etats seront amenés à servir et protéger leurs citoyens. Le droit (politique, économique, social et culturel) remplace l’interdit, le dialogue et le débat l’emportent sur l’autoritarisme. Rappelons enfin, pour clore cette parenthèse sur un sujet largement développé dans « Le siècle identitaire » (Ed Michalon), disons que nous n’en sommes qu’au début d’un processus induisant des bouleversements géopolitiques sans précédent et qui bientôt qui, bientôt, vont affecter tous les pays d’Afrique et d’Asie anciennement colonisée

Pour revenir à l’Algérie replaçons les éléments du décor : Une junte militaire qui s’est installée par la force depuis 1962, gère toujours le pays avec les réflexes des anciens colonisateurs. Le changement a du mal à montrer le bout du nez, et ce malgré les pressions amicales de certains pays occidentaux. Les peuples amazighes ont des mobilisations et des aspirations communes quant à la reconnaissance de leur identité mais différenciées politiquement. La Kabylie en est le fer de lance, surtout depuis le Printemps berbère d’avril 1980.

Le poids de la sociologie, aggravé par la stigmatisation permanente des Kabyles en vue de leur isolement du reste des Algériens, la gestion clanique sur une base régionale, voire népotique de l’Etat, le tout conjugué à la répression qui frappe la Kabylie depuis 1963, ont empêché la construction d’une nation algérienne. Les dégâts générés sur ce plan ne permettent plus la redéfinition d’un contrat national sans la reconnaissance officielle de l’identité de chaque région et de son droit à s’autogouverner, à maîtriser son destin. Il est révolu le temps où l’unité nationale s’obtenait par la force des armes, la terreur politique, la torture et la prison... La contrainte cède enfin le pas à la libre adhésion qui se fait sur la base des intérêts bien compris de chacun des peuples composant le pays.

Bien que le vent du changement ait violemment soufflé début janvier 2011 sur l’Algérie, le régime a survécu à la bourrasque. Fort de ses réserves de change que lui procure la manne pétrolière qu’il dilapide sans vergogne, le régime pense que la tempête est derrière lui et qu’il peut de nouveau se montrer méprisant et arrogant envers les citoyens. La grande différence entre le Maroc et l’Algérie, réside essentiellement dans le fait que les tenants du pouvoir algérien n’aiment pas leur pays. Ils se comportent en colonisateurs étrangers qui, un jour ou l’autre doivent partir.

Ce sont donc des pays occidentaux qui ont, à maintes reprises, pressé les autorités du pays à introduire au plus vite des changements pour mettre le pays au diapason des nouvelles exigences de la mondialisation. Enfin, en avril dernier et du bout des lèvres, il est annoncé une révision constitutionnelle. Une mascarade de consultations eut lieu où le FLN a discuté avec le FLN et les problèmes essentiels furent évacués. La Kabylie n’a à aucun moment été conviée à exprimer son point de vue.

Cette révision constitutionnelle aura probablement lieu avant la fin de l’année. Ce qui va lui imposer quelques changements conséquents ce ne sont pas les pressions occidentales mais la nouvelle constitution marocaine. Désormais, l’Algérie ne peut plus être en reste des évolutions survenues chez le voisin. Cela veut dire probablement que le générique « langue amazighe » sera consacré par un statut de langue officielle, du moins sur papier. Et si ce sera le cas ce n’est que pour contrer le MAK (Mouvement pour l’Autonomie de la Kabylie) devenu sur le terrain la force politique principale de la Kabylie et dont le cheminement l’a porté à mettre sur pied un Gouvernement Provisoire Kabyle en exil le 1er juin 2010.

Là où, une fois de plus le pouvoir algérien se trompe est le fait que le registre revendicatif kabyle n’émarge plus à la page linguistique et culturelle mais à celle de sa propre existence politique. La revendication d’une autonomie régionale pour la Kabylie passe avant celle de la langue ou de la culture. Par ailleurs, la Kabylie ne veut plus se cacher derrière son doigt amazigh. Son identité première est sa kabylité car elle induit autant son algérianité que son amazighité dans lesquelles elle se sent un peu trop diluée.

Bref le train des revendications des années 90 a quitté la gare de la Kabylie depuis le Printemps Noir de 2001, lorsque le pouvoir algérien a tiré sur nos enfants faisant plus de 12O morts. Désormais, ce n’est plus celui qu’elle va prendre. Et personnellement, j’ai peur que celui d’aujourd’hui ne parte sans l’Algérie qui, alors, sera confrontée à sa propre agonie.

Enfin, si la volonté existe de ne plus louvoyer avec les aspirations profondes de la Kabylie et des Amazighes d’Algérie, des solutions sont toujours possibles. Cela se fera dans la transparence et avec toutes les garanties nécessaires dont l’implication des instances internationales. Le référendum pour l’autodétermination de la Kabylie revendiqué lors de la grandiose marche du 20 avril 2011 est devenu un passage obligé pour tous.

Alors, comme pour les autres Amazighs, les Kabyles seront enfin force de proposition et participeront autant à la prise de décision qu’au partage équitable des richesses du pays dans la démocratie et la liberté.

Tanger le 22/07/2011

Ferhat Mehenni
Président de l’Anavad, le Gouvernement Provisoire Kabyle.




—30—

Site officiel du Gouvernement Provisoire Kabyle
http://www.kabylie-gouv.org
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