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Des «jeunes» hommes de 70 ans pour un dialogue national

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Des «jeunes» hommes de 70 ans pour un dialogue national Empty Des «jeunes» hommes de 70 ans pour un dialogue national

Message  laic-aokas Mar 21 Juin - 18:06

par Kamel Daoud


Proposition d’intitulé : «Commission nationale pour le Murmure». Le dialogue suppose en effet la possibilité de parler à voix haute, c’est-à-dire un âge biologique entre 18 et 50 ans. Ce n’est pas l’âge des gens qui sont invités à la Présidence pour parler de réformes, ni l’âge de ceux qui les écoutent et les reçoivent. Tout a été dit sur ce dialogue national : c’est un monologue, une formule Moussa Hadj/Hadj Moussa, une auto saisine du Pouvoir pour dialoguer avec lui-même. Il reste cependant des évidences qui choquent : tous ceux qui ont été invités à parloter (murmurer) sont vieux, font partie du système jusqu’aux amygdales, lui ont été fidèles ou proches, en mangent ou mangent à côté. Font partie de sa biographie ou de ses renvois en bas de pages au livre des souvenirs communs. Une absurdité choquante : on annonce des réformes parrainées par les gens qui sont à réformer. En Egypte ou en Tunisie, la révolution a été menée par des jeunes entre 18 et 25 ans, ici, on veut parler de l’avenir avec des gens qui ont entre 65 et 80 ans. On y retrouve Chadli, Ghozali, Soltani, etc. Grave mépris de l’avenir, mauvaise datation des fossiles.

Le pire, c’est qu’on ne sait même pas ce que ces gens se disent. Une sorte de formule qui mêle humour et mépris, veut qu’à chaque fois que l’un des murmurants sort de la Présidence, il explique qu’il a parlé et qu’un jour, dans l’avenir, il va nous dire ce qu’il a dit et ce qu’il a proposé. Il s’agit de nous, mais sans nous, au nom de nous mais sans que l’on ait le droit de savoir ce qu’on va faire de nous. Aucun des invités n’est l’enfant de Facebook, d’Internet, n’a été chômeur ou émeutier ou harrag, ni jeune désœuvré ou proche de l’âge réel de ce pays et de sa population. Tous font partie des années 90, des années 80 ou même des années 60.

D’où la question de fond : qui sont ces gens-là ? En règle générale, on peut les diviser en quatre familles. D’abord ceux qui ont refusé d’aller murmurer et qui n’y croient pas, pas plus qu’Obama ou l’Occident. Ensuite viennent les gens qui y vont mais en criant qu’ils n’y croient pas, genre Ghozali et qui savent que Bensalah n’est pas Bouteflika et que Bouteflika n’est pas le Pouvoir et que le Pouvoir est un système, pas la Constitution. Ensuite viennent les gens qui y vont en jouant le jeu, genre MSP : ceux-là savent que c’est une mise en scène mais savent aussi qu’ils en font partie et que s’ils sont encore payés, c’est pour servir ce genre de casting. Ceux-là savent qui commande, qui décide mais savent que leur rôle est de faire croire qu’il existe une vie politique algérienne, avec opposants et «apposants» et que l’objet du débat n’est pas le Pouvoir mais la Constitution.

Viennent enfin les naïfs, ceux qui ne peuvent pas s’empêcher de croire que c’est peut-être vrai, que c’est une occasion d’être visible et d’aller à la Présidence au moins une fois dans leur vie, et qu’on va les écouter puisque Benali a fui et Moubarak est tombé. Ce sont des gens qui pensent avoir un destin possible et qui croient que c’est une occasion en or pour faire partie de la vitrine, des mannequins de la vitrine ou, au moins, du prochain quota de recrutement lorsque le Pouvoir décidera de changer son personnel. La cupidité rend aveugle, et ces gens le sont.

Dans tous les cas, il s’agit de familles et pas du peuple. Le peuple, lui, est ailleurs, en terre profonde, entre la pierre et l’émeute, la matraque ou le formulaire. Il n’est représenté par personne de ces gens-là, n’a ni leur âge avancé, ni leurs salaires, ni leurs fourberies, ni leur capacité à murmurer entre eux. Question de fond : peut-on changer un pays ou réformer quand on a 70 ans ? Non. On peut seulement changer de dentier, de matelas pour le dos ou de mixeur pour les légumes durs. Quel mépris pour ce peuple que cette gérontocratie !
laic-aokas
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