Conférence de Mourad Ouchichi à Aokas le samedi 19 novembre 2016

Sujet sensible et d’actualité, le naufrage de l’économie rentière algérienne avec ses vrais problèmes et ses fausses solutions, a drainé beaucoup de monde. De par son statut d’enseignant de l’économie politique ayant, notamment, à son actif la contribution à la rédaction de beaucoup de livres collectifs, Ouchichi avait conquis, bien avant de débuter son intervention, le public présent. Il est vrai que la crise que traverse actuellement l’Algérie incite à plus de curiosité pour…espérer voir le bout du tunnel ou, tout au moins, avoir une idée sur la situation économique du pays. L’orateur commencera par souligner que l’économie est fondamentalement politique tout en précisant qu’il reste une minorité qui la qualifie de science qui, du moins, peut être valable pour certains pays mais pas pour l’Algérie. Il fera remarquer que malgré les diverses opportunités qui se sont présentées, l’Algérie est restée au stade de sous-développement. Pour étayer ses propos, le conférencier présentera un historique de la gestion économique algérienne depuis l’ère coloniale jusqu’au jour d’aujourd’hui. Il dissertera sur l’économie assistée, sa gestion bureaucratique tout en mettant en exergue la politique du socialisme avancée par les différents gouvernements notamment un certain socialisme spécifique par rapport aux valeurs islamiques alors que l’économie algérienne n’a jamais été, selon l’orateur, une économie socialiste. L’Algérie a adopté, selon celui-ci, une économie centralement planifiée depuis l’indépendance jusqu’au soulèvement de 1988. Depuis, il y a eu une transition vers l’économie de marché. En conclusion, il dira que seule une augmentation rapide des prix du pétrole peut éviter au pays une période très dure qui s’annonce pour les prochaines années. Un débat très fructueux a suivi l’intervention de cet éminent économiste. Il est utile de souligner qu’avant sa prise de parole, un militant du mouvement associatif culturel local avait dénoncé le détournement de la vocation du centre culturel d’Aokas à des fins autres que celles pour lesquelles il a été réalisé. Il rappellera que le centenaire de Rahmani Slimane, dont le centre culturel porte le nom, a été délocalisé au complexe sportif de proximité d’Aokas car ce dernier est mal entretenu en plus du fait que l’APC préfère encourager son utilisation par les citoyens en y organisant des fêtes de mariage. C’est la raison pour laquelle, ce militant avait tenu à dénoncer cet état de fait tout en appelant à une mobilisation pour que le centre reprenne sa vocation car les élus locaux veulent l’y détourner.

Invité par le café littéraire de la localité, cet éminent universitaire et écrivain a profité de l’occasion pour révéler les limites de la rente en Algérie. Pour l’orateur, malgré les opportunités financières qui se sont présentées au pays, notamment les différentes augmentations du prix du pétrole, les décideurs n’ont pas pu faire développer l’économie algérienne.

Face à une assistance très nombreuse, l’orateur a usé, à la fois, des termes techniques et d’un langage abordable pour permettre à ces intellectuels et, surtout, aux simples citoyens de comprendre la gestion, anarchique et incompréhensible, de leurs deniers par leurs dirigeants.