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Le colonel Boudaoud était-il un harrag ?

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Message  Zhafit Mer 28 Jan - 20:15

Le colonel Boudaoud était-il un harrag ?


par Amara Khaldi

D’aucuns continuent de creuser dans tous les recoins pour retrouver les vestiges du paradis dans lequel ils pensent que nos ancêtres ont vécu sous le colonialisme, idée qui a peut-être inspiré la loi sur ses supposées hautes oeuvres civilisatrices.

Cependant, la moindre des évocations d’un lieu, d’un personnage ou d’une date, ramène avec la même obstination à la surface le hideux visage du deuxième collège où ils étaient confinés quels que soient les services rendus, ou même les sacrifices consentis dans des guerres qui ne les concernaient nullement.

L’étrange prospérité qu’ils voudraient nous faire accroire et sur laquelle ils ne cessent de fantasmer n’a jamais existé. Il n’y avait que des colons qui exploitaient les richesses de ce pays en édifiant des ouvrages à leurs dimensions, destinés à leur propre confort, et des indigènes qui trimaient du lever au coucher du soleil, sans jamais se défaire d’une faim qui ne les a quittés que grâce à Novembre 54. A part quelques plaines, propriétés de gros colons, dont la production était tournée vers les besoins de la métropole, le reste du territoire formait la réserve de chasse pour l’Administrateur de sinistre mémoire et ses laudateurs. Les quelques rares familles qui vivaient dans une relative aisance n’étaient que l’arbre qui cachait la forêt. Pour le reste de la population et à moins d’avoir été un larbin de service se contentant des reliefs de ses maîtres, prétendre le contraire relève d’une coupable amnésie.

On ne peut toutefois occulter les quelques relations humaines qui se sont établies individuellement, à titre privé surtout, avec certains enseignants recrutés pour la plupart en métropole. Leur présence a véhiculé de belles valeurs humaines et a marqué des générations entières. D’ailleurs, ils n’étaient pas en odeur de sainteté avec les pieds-noirs, qui ne pouvaient tolérer leur fréquentation des autochtones.

Les autres aspects de cette ère sont bien définis par un certain colonel de l’Armée française… Malgré les qualités exceptionnelles qui lui ont permis d’atteindre ce grade et les nombreuses distinctions arrachées de haute lutte sur les multiples champs de bataille, on ne s’est pas empêché de lui rappeler, à la moindre occasion, l’infâme statut de paria qui lui colle à la peau et surtout qu’ « Un Arabe reste quand même un arabe dut-il être le colonel Boudaoud ! ». Les sceptiques pourraient toujours essayer de nous expliquer pourquoi l’ancien combattant originaire des ex-colonies touche une pension honteusement dérisoire comparée à celle de son homologue de la métropole.

Dans l’héritage qui nous a été légué après leur départ, on trouve l’insidieux complexe du colonisé façonné par plus d’un siècle d’humiliation et de conditionnement : il se formalise verbalement par l’expression « c’est un travail arabe ! » pour tout travail bâclé, et se manifeste généralement par le dénigrement systématique de toute idée ou initiative indépendante de leur volonté. Un étrange postulat fait que tout Algérien qui sort un peu de l’anonymat devient douteux. Analysée à travers ces préjugés, notre société ne pouvait enfanter aucun responsable digne de ce nom.

Il suffit pourtant de se libérer de ces oeillères et regarder sereinement de l’autre côté de la barrière psychologique qui déforme la représentation de l’autre, pour s’apercevoir que nos cadres ne sont pas tellement différents de nous ni moins méritants que ceux des autres nations, pour peu qu’on les mette en confiance.

Quelques décades plus tard, cette suspicion à la limite de la névrose, au lieu de s’être estompée avec le temps, semble paradoxalement survivre encore et se transmettre parmi des générations qui n’ont pourtant jamais connu cette sombre période.

Disséminés dans le corps de la société et inaccessibles jusqu’au dédain pour leurs concitoyens, des chargés de mission en dénigrement, que rien de chez nous n’agrée, entretiennent perfidement le rejet de nos propres valeurs et tombent carrément en pamoison devant le dernier des nigauds qui nous vient d’ailleurs. L’auto flagellation et les honteux travers que l’on se prête sont considérés stupidement comme des signes de haute évolution démocratique. Ils constituent non seulement une gracieuse banque de données pour les étrangers, qui viennent y choisir les clichés les plus dégradants pour cataloguer notre pays dans le concert des nations, mais une pernicieuse culture de dépersonnalisation. Ainsi, les gens qui voudraient nous fréquenter ont l’embarras du choix entre les différentes casseroles qu’on s’accroche mutuellement. Ils n’ont plus qu’à nous juger à travers notre propre jugement de nous-mêmes. Reprocher aux autres de croire ce que nous disons de nous-mêmes et se désoler ensuite du peu d’empressement des investisseurs, alors qu’on fait tout pour les faire fuir, relève de l’inconscience.

Une exaltation morbide de noircir absurdement le tableau. Le seul pays au monde où l’on s’insulte copieusement sans aucune pudeur, pour le plaisir de s’auto-détruire et de faire le pitre devant celui qui, en réalité, se gausse de notre pitoyable comportement ! Malheureusement, certains n’hésitent pas à entacher l’image du pays, jusqu’à léser des intérêts nationaux et semer sournoisement ce sentiment d’infériorité et de persécution qu’on décèle chez nos jeunes, pour les amener à douter de tout ce qui constitue leur personnalité. Un matraquage systématique qu’on peut rencontrer dans toutes les strates de la société et qui a fini par atteindre des dimensions dramatiques en sapant dangereusement les fondements de nos constantes. Considérés comme des tabous archaïques que de curieux démocrates veulent briser, les garde-fous qui protégeaient notre société sont de plus en plus remis en cause, pour livrer avec armes et bagages la société à l’aventure. Bons ou mauvais, ils avaient le mérite d’exister et de servir de repères !

Demander à l’adolescent hyper choyé sur le plan matériel quel est son désir principal : neuf fois sur dix, il répondra qu’il en a marre de ce pays et qu’il n’attend que le moment propice pour la harga, même s’il est conscient de l’issue funeste de l’aventure !

Que connaît cet adolescent des problèmes de son pays pour l’abhorrer au point de vouloir le fuir à la première occasion ?

S’il survit par miracle au suicide annoncé, il arrive de l’autre côté pour une vie de damné, vivant en constante alerte d’être découvert et expulsé. Dans le meilleur des cas, il est condamné à partager avec les rats le contenu des poubelles pour se nourrir et les squats nauséabonds et surpeuplés pour s’abriter. On a rencontré des personnes qui avaient dans leur pays un salaire honorable et surtout un certain statut social, contraintes pour subsister, de vivre dans la clandestinité et de faire la plonge dans les caves des cuisines ou curer les égouts au noir ! Ces resquilleurs trouvent paradoxalement dans leur situation désastreuse et humiliante des raisons d’espérer une chimérique régularisation et l’obtention de la carte de résidence qui leur ouvrirait les portes d’un mythique eldorado ! Le niet outre-méditerranée paraît étrangement plus clément et donc porteur d’espoir que les promesses qu’on leur fait à longueur de temps.

Tout est crédible de l’autre côté de la frontière, même le rêve pour la réalisation duquel on est prêt à souffrir toutes les misères et même à consentir le sacrifice suprême, alors qu’on doute de sa propre mère ici ! Quelle est donc cette redoutable pathologie !

Croire que les raisons qui poussent nos jeunes à choisir entre devenir kamikaze ou harag relèvent principalement du chômage, ou d’une quelconque nécessité matérielle, serait se contenter de la facilité et tomber dans les mêmes erreurs d’appréciation commises pour expliquer les causes du terrorisme au départ.

Le mal est sans doute plus profond lorsqu’on apprend que la plupart des candidats à l’évasion ne sont ni analphabètes ni démunis au point de succomber au désespoir. Quelques-uns parmi eux déclarent, sans aucune fausse honte, avoir vendu leur véhicule et tout ce qu’ils possédaient pour faire le voyage ! Si c’est ainsi, la plupart des fonctionnaires ne disposent pas de voitures et l’écrasante majorité du peuple vit encore plus modestement, mais ce n’est certainement pas pour autant qu’on se laisse séduire par une aventure pareille, qui finit avec les meilleures chances dans les conditions les plus infamantes. Ou alors, il faut peut-être redéfinir les caractéristiques de la précarité ! Se satisfaire de faire semblant de « comprendre » le comportement de ces jeunes pour avoir bonne conscience et vaquer à d’autres affaires serait mésestimer en quelque sorte leur geste, qui est leur ultime cri de détresse psychologique, et relève de l’hypocrisie dangereuse. Ils ont surtout besoin d’être pris par la main et intégrés dans un système qui pourrait faire ressentir à chacun d’eux combien il a des droits, mais aussi des devoirs envers SON pays auquel il appartient, son utilité à la société et qu’il est pleinement concerné par la résolution de ses problèmes. Ces jeunes, en perte de repères, n’ont plus comme modèle à qui s’identifier que les gens qui s’enrichissent par des moyens irrationnels.

L’insolence des nouvelles et rapides fortunes, l’absence de justice sociale, le laxisme ambiant, le manque de perspective d’épanouissement et d’accomplissement et surtout de communication sincère et crédible sont récupérés, amplifiés et exploités par la rumeur entretenue par les dépositaires de la mentalité de l’éternel colonisé, jusqu’à faire intégrer dans l’esprit des jeunes que leur pays leur a été volé par plus malin qu’eux. L’image de leur environnement est assimilée ainsi à un monstre qu’il faut fuir si on ne peut plus le combattre.

Dans les rêves les plus fous de leur âge, ils ne retrouvent donc plus aucun challenge digne d’intérêt qui puisse les retenir.

Par dépit et pour se défouler de toutes les frustrations accumulées, ils choisiront pour maîtresse une ceinture explosive ou une vague dans une mer en furie.
Zhafit
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