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Miss Black France, «du militantisme esthétique»?

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Miss Black France, «du militantisme esthétique»? Empty Miss Black France, «du militantisme esthétique»?

Message  moi Lun 7 Oct - 18:07

Face au manque d'intérêt des médias et de la mode, de plus en plus d'initiatives sont lancées pour mettre en valeur les femmes noires de France.
Mise à jour du 29 avril 2012: Mbathio Beye, une étudiante franco-sénégalaise de 21 ans, résidant à Paris, est depuis le 28 avril, Miss Black France 2012. Les dauphines de Miss Black France sont Romy Niaba, 22 ans, vivant à Nantes, et Aissata Soumah, 23 ans de Troyes.

****

Ce jour là, le 19 novembre, se tiennent, à l’espace Georges V de Paris, les sélections finales de la première édition du concours Miss Black France. Les 28 candidates présentes font un rêve qui peut en surprendre plus d'un: représenter la beauté noire en France.

Miss Black contre Miss France
Lancé à l’initiative du journaliste Frédéric Royer, Miss Black France entend célébrer la beauté black sous toutes ces formes. Toute jeune femme noire âgée d’au moins 16 ans est en droit de participer à cette élection.

Qu’elles soient françaises ou étrangères, elles ont toutes la possibilité de tenter leur chance. Les jeunes candidates doivent néanmoins se présenter devant le jury avec leurs cheveux naturels.

Interrogées avant le début du concours, la plupart des jeunes candidates ont entendu parler de Miss Black France grâce au réseau social Facebook. Peu présent dans les autres médias, le concours s’est essentiellement fait connaître grâce à Internet et au bouche à oreille. Les sélections finales constituent la deuxième étape de l'élection. A l’issue de cette phase, les 20 filles sélectionnées se retrouveront en 2012 pour la finale du concours.

Frédéric Royer explique les raisons qui l’ont poussé à lancer ce concours:

«L’élection de Miss France n’est pas du tout représentative de la population française d’aujourd’hui. Il n’y a quasiment que des blanches parmi les candidates, et quand il y a une ou deux noires, elles sont métisses.»

«Il y a beaucoup d’autres élections de ce genre, mais elles ne sont pas assez médiatisées. Mon but est de faire une élection qui bénéficie d'une bonne couverture médiatique et qui engloberait tous ces concours.»

Depuis la création du concours Miss France, en 1920, cinq femmes noires ont été sacrées: Véronique de la Cruz (1993, Guadeloupe), Sonia Rolland (2000, Bourgogne), Corinne Coman (2003, Guadeloupe), Cindy Fabre (2005, Normandie) et Cholé Mortaud (2009, Midi Albigeois Midi-Pyrénées). Parmi elles, les deux ex-Miss Guadeloupe sont les seules «vraies noires», les trois autres lauréates étant métisses.

Brenda, jeune femme de 20 ans, est également métisse. La candidate raconte au jury que dans les élections dites «classiques» la beauté noire n’est pas toujours considérée à sa juste valeur:

«J’ai fait Miss Oise, j’étais la seule fille de ‘couleur’, je me sentais isolée. Le maquillage n’étais pas adapté à ma couleur de peau.»

Un témoignage appuyé par celui d’Harmonie, 21 ans, étudiante en communication:

«Quand j’étais petite, je n’avais pas de modèle en France. Je n’arrive pas à m’identifier aux élections de Miss.»

Harmonie Mauya © Mario Epanya, tous droits réservés.
Black is beautiful
Du Sénégal au Cameroun, en passant par les Antilles, Madagascar ou encore Cap-Vert, la femme noire est représentée dans toute sa diversité dans ce concours. Diversité des origines mais également des physiques. L’absence de critères permet de voir défiler sur le podium des grandes, des petites. Certaines candidates affichent une taille fine là où d’autres présentent plus de formes.

Devant le jury, les filles se succèdent et ne se ressemblent pas. En revanche, le discours, sur le fond, évolue peu:

«Je veux casser les clichés et montrer la diversité de la diaspora.»

Ou encore:

«Je souhaite être l’ambassadrice de la beauté et de la culture black.»

Sur la forme, plusieurs candidates parviennent à se démarquer des autres concurrentes. En rappelant que «les Antillaises sont aussi Africaines», Fanta, 27 ans, chef de projet informatique, marque des points auprès du jury.

Dans un autre registre, Prescilla, lycéenne d’origine antillaise, a aussi marqué les esprits. Victime d’une entorse, elle se présente devant le jury en béquilles. La personnalité enjouée de cette amatrice de théâtre séduit les juges.

Miss Black France n’est pas qu’un physique. Une bonne partie des candidates poursuit de brillantes études. Quand l'une étudie à Sciences-Po Rennes, une autre est en Maths-Sup Maths-Spé. La lauréate du concours doit aussi être au fait de la culture noire. Cela suppose, par exemple, de connaître les intellectuels qui ont contribué au rayonnement de cette culture.

Etudiante à Paris-Dauphine, université spécialisée dans les sciences économiques, Tia, 21 ans, est imprégnée de la littérature noire. Ainsi lorsque cette dernière évoque l’écrivain Maryse Condé, le jury apprécie. A l’inverse, en affirmant ne pas connaître Léopold Sédar Senghor, une autre candidate perd énormément de crédit.

Mais Miss Black France est avant tout un concours de beauté. L’occasion pour ces jeunes femmes d’aborder le sujet de la représentation de la femme noire dans l’Hexagone.

«Miss Black France permet aux noires de se montrer»
En France, la représentation de la beauté noire, notamment dans les médias ou la mode, est encore bien trop faible. Si le problème est souvent évoqué dans ces mêmes médias, les choses peinent à évoluer. Pour ces jeunes femmes, l'élection est un moyen de s'affirmer:

«Miss Black permet aux noires de se montrer», confirme Gloria, 19 ans, étudiante en éco-gestion, originaire du Togo.

Dialika a 26 ans. Sénégalaise, elle vit en France depuis 2003. Pour elle, Miss Black France n’est pas qu’un simple concours:

«Les filles qui ont le teint foncé et les cheveux naturelles ne sont pas mises en valeur. J’espère que ma candidature fera avancer les mentalités. C’est du militantisme esthétique», déclare-t-elle au jury.


Dialika Sané © Mario Epanya, tous droits réservés.
Mario Epanya est le photographe du concours Miss Black France. En 2000, il quitte son pays, le Cameroun, et s’installe en France. Après avoir exercé divers métiers dans le milieu de la mode, il s’oriente vers le milieu de la photographie.

«Fred Royer m’a contacté via Facebook et m’a parlé de son projet. J’ai tout de suite adhéré. Depuis plusieurs années, je mène un combat pour faire une petite place à la femme noire dans les médias en général. [...] Il y a une vraie communauté noire en France qui est souvent ignorée par les médias, les politiques, etc…»

«Je veux donner une autre image de la femme noire. Très souvent, dans les médias, elles sont associées à la pauvreté, la misère, la prostitution. Il n’y a pas que ça».

Ambitieux, le photographe a décidé, en 2009, de lancer Vogue Africa, édition africaine du prestigieux magazine de mode américain. Déterminé à concrétiser son projet, il réalise même de fausses couvertures:

«J’ai rencontré les responsables de Condé Nast (éditeur du magazine américain). Je leur ai parlé de mon projet de créer une édition noire de Vogue qui s’adresserait à toutes les communautés noires, des Etats-Unis à l’Afrique. J’ai demandé à obtenir une licence, ils m’ont dit non. Le marché africain ne les intéressait pas. Ils m’ont fait comprendre qu’il ne fallait pas espérer voir un jour la création d’un Vogue noir, ça ne les intéressait pas du tout.»

Aujourd’hui, le photographe est impliqué dans un nouveau projet: Winkler, le partenaire de Miss Black France. Bientôt disponible en version papier, ce magazine crée en mars 2011 s’inscrit dans la continuité de ce que souhaitait faire Mario Epanya avec Vogue.

«J’essaie de garder la même ligne éditoriale et artistique que sur le projet de Vogue Africa. Je mets en valeur la culture noire dans son ensemble.»

«Il faut donner un peu d’espoir à ces jeunes qui se battent, qui essaient de faire quelque chose dans le milieu de la mode et qui ne sont pas du tout représentés. Ils déposent leur CV ou leur book dans des agences et on leur dit tout le temps non. Cela pousse très souvent au communautarisme.»

Un repli communautaire?
Le concours Miss Black France a quelques détracteurs. D’aucuns critiquent le concept du concours qui ne s’adresse qu’à des noires. Que n’aurait-on dit si un concours réservé exclusivement à des femmes blanches avait été organisé? Mario Epanya considère que la communauté n’est pas une mauvaise chose en soi:

«Les communautés existent, c’est une évidence. Il y a une communauté juive, une communauté arabe, une communauté chinoise, une communauté blanche, une communauté noire. A chaque fois que des noirs (ou autres) se mettent ensemble pour faire quelque chose pour la communauté noire, on les taxe de communautaristes», déclare Mario Epanya.

Mais pour le photographe, un autre concours devrait être pointé du doigt:

«De façon symbolique, Miss France est communautaire. Très souvent, on n’y voit que des blondes aux yeux bleus.»

Un avis partagé par Frédéric Royer qui considère que ce «débat n’a pas lieu d’être».

Katia Bumba © Mario Epanya, tous droits réservés.
Katia, 21 ans, est étudiante en école de commerce. Plus tard, elle souhaite travailler dans l'industrie de la mode et l'évènementiel. Si la candidate dit comprendre les interrogations que peut susciter une telle élection, cette dernière préfère privilégier l'essentiel:

«Je peux comprendre que certains trouvent ce type de concours un peu communautariste. Mais Miss Black France délivre, d'abord et avant tout, un message positif».


Jacques-Alexandre Essosso

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Jacques-Alexandre Essosso


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