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Un 3 Août, pour rentrer dans l’Histoire

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Un 3 Août, pour rentrer dans l’Histoire Empty Un 3 Août, pour rentrer dans l’Histoire

Message  insoumise Dim 11 Aoû - 19:40

Cet article est une synthèse de la pensée des initateurs, assortis de commentaires de quelques citoyens, dont des penseurs. Les passages qui sont des citoyens sont mis entre guillemets.

Enfin ce 3 Août. Depuis le temps qu’on en passe, des ramadans, à subir la dictature fermeture – surconsommation – hypocrisie – sous développement – répression.

Enfin demain est un jour nouveau.

Tizi a accueilli l’initiative avec un naturel déconcertant. Les initiateurs eux-mêmes en sont perplexes. Jamais, au grand jamais, ils n’avaient pensé que l’idée aurait un tel succès populaire. Par l’espoir qu’elle a suscité, l’engouement, l’union autour de l’idée, c’est déjà une victoire politique et idéologique monstrueuse sur le pouvoir et le système.

Nous sommes tout de même encore dans le post 2001. La démobilisation en Kabylie aurait pu avoir raison de l’idée de venir, aussi parlante soit-elle pour nous tous.

Tizi a tout simplement renoué avec ses traditions de contestation. Et le renouement a été instantané. La prise de conscience et le sentiment de ras-le-bol ont pris, subitement, mais vraiment subitement, dans cette Kabylie qu’on croyait entièrement blasée.

L’heure de commencer à affronter l’ennemi a sonné. Le fantôme du salafisme, relais et bras droit du pouvoir. Tizi, n’aie pas peur. Confronte l’ennemie. Cette plaie qui saigne et menace de te vider de ton sang, il est temps que tu la soignes. Elle se cicatrisera et tu te régénèreras.

Si tu as peur, rappelle-toi combien ce ramadan fasciste te rend triste.

Tu es cette ville qu’on voulait assassiner.

Tes journées insoutenables sont placées sous le signe de la soumission à la loi de l’hypocrisie et du silence. Tu es astreinte à la loi de l’obéissance aveugle, à appliquer sans questionner. Tu fermes des restaurants qui pourraient nourrir et offrir des conditions de travail à des centaines de malades, enfants, chrétiens, athées, musulmans qui ont décidé de manger ce jour-là, femmes enceintes, personnes âgées... soucieux de continuer à vivre, un tant soit peu durant ces 30 jours. Ces restaurants payent leurs impôts : l’état les taxe, suivant très logiquement une constitution qui n’oblige aucunement les restaux à fermer. Et pourtant ils ferment. Tu vis l’absurdité et tu la ravales. Impuissante devant ce monstre qui te dévore.

Tes cafés ferment. C’est le deuil permanent pendant 30 jours. Un rendez-vous de travail. Un rancard amoureux. Par une chaleur insupportable, les rendez-vous sont annulés. Rendez-vous alternatif tous chez nous, chacun chez soi, pour végéter.

On ne peut ni manger, ni boire, ni s’aimer, ni se reposer. Ni rire, ni jouir, ni penser.

Tous tes petits, tous petits plaisir de la vie kabyle, te sont retirés. Et tu te sens impuissante.

Ta nature est baffouée. Tu es plongée dans le déni et l’asservissement. Mais le wali et la gendarmerie démentent : Tu n’es point inquiétée et tout va bien chez toi.

Serai-je en train de délirer, te demandes-tu ?

« Quoi de plus infernal que tes journées, Tizi-chérie? Eh bien tes nuits voyons. Il faut y être pour y croire. Triste spectacle de surconsommation, de frustration sexuelle, d’épuisement et de surmenage. En sandwich entre l’arrogante inégalité économique et les prêches haineux et moyenâgeux des tarawihs. Les visages fatigués de tes habitants en train de se demander ce qu’ils font là. Ce qui doivent vivre et subir à cause des autres, ces autres qui les oppriment et qui les obligent à faire ramadan ou faire semblant de le faire, à avoir le fric pour consommer, consommer et surconsommer. Se payer ces glaces, ces crèpes, ces qelbelluz, tellement chers, mais sans aucune saveur quand la vie n’a aucun sens. Tes habitants pensent à ce que les autres les obligent à vivre, ces autres qui sont pourtant aussi opprimés qu’eux –par les autres, aussi … dans un cercle vicieux que même les dieux berbères ne pourraient briser. Le ramadan fasciste est une grande fête qui ne concerne personne, dans laquelle personne ne rit, que nul n’apprécie. » (Mekiusa, 50 ans, Ait Wa3ban)

Etonnant les chiffres du rapport d’un centre de recherche égyptien sur les comportements sociaux pendant le ramadan ? Surprenant que la prostitution soit multipliée par 3 durant le mois de ramadan fasciste ? Et la drogue, quelqu’un peut-il imaginer que sa consommation est multipliée par 6 ?

Pourquoi un mois de jeûne engendrerait-t-il une telle situation ?

« Tout simplement parce qu’il est aux mains de fascistes. Qui l’utilisent naturellement à des fins fascisantes. Ils en font une période où nous sommes fatigués, frustrés, désespérés, illogiques, déséquilibrés, envieux, exaspérés, abrutis et violents –nous qui le sommes bien assez. Au lieu d’être une religion qui lie les croyants individuellement à leur Dieu, la collectivisation du ramadan, c’est-à-dire son élévation au rang de loi socio-économique, équivaut à son utilisation comme arme de destruction massive.

Et contre ça, avons-nous un autre choix que de dire stop ? Nous portons la responsabilité historique de construire une terre où le respect est une valeur indiscutable. Il faut aussi se souvenir que sans cette donnée, ni l’argent, ni le pouvoir, ni aucune acquisition matérielle ne pourra donner un quelconque goût à notre existence. Tant que nous ne menons pas les batailles élémentaires –mais en fait essentielles- de pratiquer des libertés simples mais véritables (comme celle de boire de l’eau en pleine rue par 45 degrés, ramadan ou pas, sans être taxé de provocateur ou risquer une arrestation), nous vivrons sans dignité et nous serons condamnés à vivre malheureux. Il nous restera de choix que de fuir et aller nous entasser dans des pays où ces combats contre les fascismes ont été menés, avec des millions morts pour les honorer. Y serons-nous les bienvenus ? » (D., 25 ans, Sidi 3ic)

Le combat historique que le 3 Aout 2013 va inaugurer n’est pas un combat qui concerne les non-jeûneurs. C’est un combat qui concerne la liberté individuelle. Il concerne la liberté de conscience. Il concerne la tolérance de l’autre et de ses convictions. C’est pour cela que c’est un combat qui concerne tous les citoyens. C’est un combat dont la portée va tellement plus loin que la symbolique consommation de sandwichs et boissons, qui n’est qu’une façon pratique de poser un vrai problème : celui de la montée de l’intolérance, le piétinement des libertés démocratiques, et la mise sur pied d’une dictature islamiste fasciste qui n’ira que vers des restrictions plus « graves ».

Au nom du même raisonnement, que le pouvoir et les salafistes font accepter à la société, sur le fait de manger en cachette « par respect au pays musulman que nous sommes », demain la société civile sera mûre pour reculer sur toutes ses libertés. « Par respect au pays musulman que nous sommes », la société civile devra aussi–devra, dans le sens obligation- arrêter de chanter, casser ses paraboles, faore porter le hidjab à ses filles à partir de deux ans et interrompre le travail aller faire les 5 prières. Les citoyens qui aiment boire un coup dans le bar du coin après une rude journée pourront se réjouir de voir instaurer l’interdiction de boire, non pas pour leur santé –mais parce qu’ici c’est un pays musulman et qu’il faut en respecter les préceptes. Exactement les mêmes arguments qui nous empêchent de boire de l’eau par 45 degrés.

Et quand on sera arrivé au fondamentalisme, il sera trop tard pour en revenir –ou ça sera du moins infiniment plus difficile. Il ne nous restera que l’alcool (clandestin), la drogue, et les séries télé pour oublier.

Evidemment notre situation semble difficile à briser. Mais il faut se souvenir que les fascismes dans le monde se sont succédé et que dans leurs méthodes, ils se ressemblent beaucoup. Franco en Espagne, Batista à Cuba, Videla en Argentine, Pinochet au Chili, Hitler en Allemagne en sont des exemples. Ils consistent toujours en l’oppression de la liberté d’être, de critiquer, de s’affirmer, d’aimer et de s’entraider. Les fascismes sont toujours les ennemis du bonheur et de l’accomplissement. En ce sens, et même si la vie menée à Tizi en 2013 parait être un enfer (et elle l’est), elle doit juste prendre son destin en main (exactement comme l’ont fait les cubains, les chiliens ou les catalans) et opposer la résistance populaire.

Dire non, non et non. Le créneau du ramadan est un choix de choix. Rétorquer aux provocations du pouvoir –ne jamais minimiser, ni ignorer ses exactions, qui sont en fait une façon de marquer son territoire et de dompter la Kabylie, c’est-à-dire une stratégie de fond. « La regrettable décision du comité de village de Tifra de calmer le jeu au lieu de monter au créneau, devant la honteuse intrusion de la gendarmerie ne doit plus se reproduire. La volonté populaire doit sanctionner toute ingérence des autorités dans ses libertés à vivre comme elle l’entend », (Tin Hinan, 35 ans, At Yahia).

Nous sommes des kabyles, nous avons une culture multimillénaire et nous sommes un peuple. Nous avons des symboles, des références et des valeurs. Nous n’avons nul besoin d’autorités corrompues, obscurantistes et assassines pour nous apprendre à vivre ensemble et à nous respecter. Comme nous avons dit non à la colonisation française, nous dirons non à la colonisation arabo-islamiste.

Une fois enclenchée dans une dynamique libératrice, la société civile ira de l’avant. Elle gagnera du terrain et elle le sentira d’année en année. Les répliques populaires détiendront le pouvoir et le salafisme. La récupération de notre liberté est un devoir sacré pour honorer la mémoire de nos ancêtres, pour nous et pour nos enfants.

Devant cette initiative, comme le disait Said Meqbel, on a peur et on a le trouillomètre à zéro. Mais la peur est humaine, répondait Idir Ounoughène. Ceux qui se sont contentés de ce qui est possible n’ont jamais pu faire un seul pas, racontent les murs de Mai 68. Ceux qui sont morts pour une cause n’ont besoin que d’un seul hommage : que l’on continue leur combat, disait Miguel Enriquez, assassiné par Pinochet. Il faut savoir que la liberté coute cher, et qu’il faut être prêt soit à la payer à son prix, soit à vivre sans elle, avait dit avant lui José Martí.

Vivre. Sans liberté. Vivre sans liberté ? Vivre sans liberté ! Vivre .. sans liberté. Ou la payer à son prix.

Aimé Césaire, un professeur de Franz Fanon le disait aussi clairement : chaque génération doit découvrir sa mission, l’honorer ou la trahir. Quelle est la mission des kabyles un samedi 3 Aout 2013 sinon un déjeuner républicain en public ?

Et le plus connu de tous, le plus cher, qui a payé le prix parmi les premiers pour la construction de cette théocratie fascistes, nous disait en parant : Si tu dis tu meurs, si tu dis pas tu meurs, alors, dis et meur.

Non au fascisme, non à l’instrumentalisation de l’islam !

Vive la Kabylie libre, plurielle et laïque !

Toutes et tous à Tizi et Aoqas pour la dignité et la fraternité !

Les initiateurs du 3 Aout à Tizi, rapporté-e-s par Samia Ait Tahar.
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Message  insoumise Dim 11 Aoû - 19:40

http://kabyle.com/articles/un-3-aout-pour-rentrer-dans-lhistoire-22002-02082013
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