Le FFS va-t-il survivre à Dda Lho ?

La tenue à partir de jeudi du 5ème congrès du front des forces socialistes (FFS) est assurément un grand événement pour le plus vieux parti d’opposition qui célèbre, à l’occasion, le 50ème anniversaire de sa création.

Le FFS n’est certainement pas un parti politique comme les autres. Son parcours, le charisme de son leader Hocine Ait Ahmed et ses positions, souvent sujettes à polémiques, font de lui une formation presque à part.

Il constituait jusqu’à il y a quelque années, un élément d’équilibre entre un pouvoir autoritaire et conservateur et une mouvance démocratique qui développe un discours flottant. C’est ce qui lui vaut cette place bien particulière dans le paysage politique nationale.

Mais au fil des années, ce parti qui incarne l’opposition à toute épreuve face au pouvoir hégémonique du FLN, a fini par s’émousser.

Son compagnonnage avec les islamistes durant les années de braises pour imposer une réconciliation nationale et éviter au pays un bain de sang l’aura éloigné de sa famille naturelle qu’est le courant démocratique.

La signature du contrat national dit de San Egidio en 1995 avec le PT de Louiza Hanoune, Djaballah, Tidjani Haddam de l’ex FIS et feu Abdelhamid Mehri au titre du FLN, aura acté son divorce politique d’avec le pouvoir d’alors.

Une traversée de désert que le FFS payera sous forme d’un boycott politique et d’une compagne médiatique parfois haineuse contre ses responsables notamment M. Ait Ahmed.

Le vieux leader assumait totalement ses choix politiques et s’en allait prêcher la bonne parole dans les quatre coins du monde. Les massacres collectifs, la gestion politique du terrorisme, la fraude électorale, l’affaire des disparus, constitueront un charbon ardent pour le leader charismatique du FFS qui tirait contre le régime d’alors.

Cet activisme lui valut des critiques acerbes des tenants du pouvoir et d’une partie de la presse algérienne globalement allergiques à la thèse du «Qui tue qui ? » devenu un programme politique.

Rendez-vous avec l’histoire

De fait, le FFS était devenu le fantôme du pouvoir incarné par le FLN «redressé» au dépend de Mehri et son frère ennemi le RND créé dans le sillage de la cure d’opposition de son aîné.

Cette posture durera jusqu’ à la présidentielle de 1999, date du retour triomphale de Hocine Ait Ahmed pour être candidat contre celui du «consensus», Abdelaziz Bouteflika.

Entre temps, le pouvoir a fini par négocier avec l’armée islamique du salut (AIS) de Madani Mezrag qui avait abouti à une trêve en 1997.

Pour Dda Lho ce fut une victoire «morale» dés lors que le pouvoir a fini par accepter- comme il le prévoyait en 1995- de négocier avec les terroristes après avoir refusé de le faire avec les politiques du FIS.

Ait Ahmed réussira un coup d’éclat en 99 en décidant de se retirer de la présidentielle en compagnie de cinq autre candidats pour dénoncer le soutien du pouvoir à Bouteflika.

Depuis, le chef charismatique est retourné «chez lui» à Genève laissant le parti tâtonnant entre une aile radicale incarnée par le «groupe de Tizi», et une autre disposée à la négociation avec le pouvoir. Le parti vivra ainsi plusieurs crises ponctuées par des purges qui auront mis dehors la crème du FFS. Le parti ne se relèvera quasiment plus de ces soucis organiques, plongé qu’il était dans de secousses plus au moins puissantes.

L’ultime acte manqué d’Ait Ahmed

Même Karim Tabou, chouchou d’Ait Ahmed qui incarnait encore l’aile dure du parti, finira par subir un coup d’état organique juste avant les législatives de mai 2012.

Ce fut le dernier acte d’une «normalisation» du FFS devenu un parti dévitalisé dont le discours pèche par une certaine illisibilité.

Pour tous les observateurs et les militants, le FFS n’est plus ce qu’il était. Ils sont convaincus que «Dda Lho» n’est plus aux manettes du plus vieux parti d’opposition qui navigue à vue avec un premier secrétaire- Laskri- totalement effacé et une ligne politique flottante au gré des circonstances.

Ce congrès qui s’ouvre jeudi devrait sans doute consacrer cette dure réalité d’un parti historique qui fait face à une épreuve de survie. La formule du «Présidium» retenu pour diriger le parti ne fait pas l’unanimité. Pour les durs, il s’agit d’un «cabinet noir» qui ne dit pas son nom. La bataille promet d’être rude.

Et l’absence annoncée de son fondateur Hocine Ait Ahmed âgé de 87 ans, met l’avenir du FFS en pointillées.

Lui-même, disait il y a une dizaine d’année que le parti ne lui survivrait pas tant il l’a façonné à son image.

http://www.algerie1.com/zoom/le-ffs-va-t-il-survivre-dda-lho/

Le FFS va-t-il survivre à Dda Lho ?