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Traduction et analyse de la poésie d’Aït Menguellet

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Message  rebai_s Sam 27 Sep - 2:47

Le premier travail de traduction et de première approche d’analyse de l’œuvre d’Aït Menguellet, lequel a eu une large audience malgré quelques imperfections qui l’affectent, a été réalisé par Tassadit Yacine en 1989. Publié aux éditions ‘’La Découverte’’, le livre ‘’Aït Menguellet chante…’’ s’est donné pour ambition de transcrire un grand nombre de poèmes de Lounis (soit 104 compositions) et d’en donner la traduction française, comme il étale sur pas moins de 80 pages une courte préface de Kateb Yacine et une longue introduction/analyse de l’auteur, Tassadit Yacine.En s’attelant à une telle entreprise, l’auteur s’expose indubitablement à plusieurs difficultés dont la confirmation ne tarde à venir à la lecture de son texte. Cela est certainement dû à des raisons objectives dont les principales sont liées à la nouveauté de la tâche, à une mauvaise compréhension de certains termes kabyles que l’auteur, originaire des Ath Braham (wilaya de Bordj Bou Arréridj), a traduits d’une manière hâtive, voire erronée (le problème s’est d’ailleurs aggravé avec le livre qu’elle a consacré à Cherif Kheddam). Dans son ‘’Avertissement’’, T. Yacine écrit : ‘’Il est aussi difficile que passionnant de travailler avec et sur un poète comme Aït Menguellet, car il est poète au vrai sens du terme. Il souhaite en particulier que son œuvre soit étudiée indépendamment de sa personne. Il est donc tout au long de cette analyse- qui n’est qu’une des lectures possibles de l’œuvre- présent et absent.’’

Le livre de Tassadit Yacine, tout en constituant une première tentative hardie de faire connaître Aït Menguellet par le moyen de l’écrit, est grevé de certains travers dus à une inexplicable hâte de tout dire en même temps. Ce qui a conduit l’auteur à procéder à une classification arbitraire des thèmes développés par les chansons de Lounis. Ainsi, un poème aussi philosophique que ‘’Addounitiw’’, qui traite du destin, du libre arbitre et de l’angoisse existentielle est classé dans les chansons dites d’ ‘’amour’’ au même titre que ‘’Azzin Arqaq’’. Nous avons souvenir d’une déclaration de Lounis à un hebdomadaire régional dans laquelle il dit ‘’ne pas se reconnaître’’ dans ce livre. L’exigence d’honnêteté du poète- qui n’exclut pas la possibilité de travailler sur ses œuvres et de les analyser selon la vision et les outils intellectuels de l’auteur- est d’autant plus recevable qu’elle porte sur des éléments ‘’techniques’’ d’une évidente simplicité. On ne peut pas faire valoir la complexité des textes de Lounis pour les ‘’malmener’’ au point d’induire en erreur le lecteur non averti.

Un autre livre parut pendant les années 80 sous la plume de feu Chabane Ouahioune et porte aussi sur la poésie de Lounis. Intitulé ‘’Ballade avec Aït Menguellet’’, l’ouvrage n’a pas de prétention universitaire ; sous forme de chronique intimiste, il savoure et fait savourer quelques aspects de la poésie lounisienne que l’auteur à éclectiquement placés dans le décor du terroir : la Kabylie.

C’est à une œuvre plus profonde, animée par le souci de pénétrer le sens de la chanson de Lounis, que nous avons affaire avec le livre de Moh Cherbi et Arezki Khouas publié par les éditions ‘’Paris- Méditerranée’’ en 1999 sous le titre ‘’Chanson kabyle et identité berbère : l’œuvre d’Aït Menguellet’’. Après une ‘’Tazwart’’ (présentation) en kabyle, les auteurs ont subdivisé le livre en trois chapitres (le contexte social, politique et culturel- histoire de la chanson kabyle- l’œuvre d’Aït Menguellet). Le tout se termine par une conclusion et un entretien avec le chanteur. Les auteurs écrivent dans le ‘’préambule’’ : «Notre ouvrage a pour ambition de contribuer à la sauvegarde et la diffusion d’un chapitre important de notre culture berbère, culture essentiellement orale qui a su se maintenir en dépit de multiples répressions au cours des siècles. Aujourd’hui, notre génération porte une lourde responsabilité : celle de sauver de l’oubli tout ce qui peut l’être encore, avant que la mort ne le happe, comme disait Mouloud Mammeri. Notre but est de permettre à un grand nombre de lecteurs, berbérophones ou non, de découvrir le rôle de la chanson kabyle contemporaine dans la sauvegarde de ce patrimoine séculaire ». Moh Cherbi et Arezki Khouas ont eux aussi, dans la présentation des textes de Lounis, procédé à une classification thématique. Mais, ici, la répartition est plus proche de la vérité que celle que nous avons rencontrée chez Tassadit Yacine. Elle a en plus le mérite d’ajouter un autre volet qui a été complètement omis ailleurs : celui de la chanson philosophique. Il y a lieu cependant de relever que le poème ‘’Siwliyid tamacahut’’ est plutôt une grande métaphore politique qui décrit l’état d’un terroriste repenti qui voudrait revivre dans ses moments de lucidité retrouvée, l’innocence que lui ont ravie ses commanditaires qui lui désignaient ses victimes. Le chapitre des poèmes philosophiques s’est bien sûr renforcé d’une manière puissante avec son dernier album sorti au début de 2005 sous le titre ‘’Yennad Umghar’’.


Traduire sans trahir ?
« Comment interpréter une poésie aussi complexe sans risquer de la ‘’banaliser’’, sans réduire la portée de son message ? Comment contrôler notre propre subjectivité, sachant l’emprise qu’exerce sur nous la poésie de Lounis ? Comment traduire ‘’l’intraduisible’’, ‘’l’inaudible’’ sans trahir la profondeur de la pensée du poète ? ». Telles sont quelques questions que les deux auteurs n’ont pas manqué de se poser. Le résultat de tant de préoccupations est un travail d’une remarquable qualité qui ne demande qu’à être renforcé et poursuivi par d’autres auteurs en actualisant le contenu du livre par les nouvelles productions de l’auteur et en approfondissant l’étude des thèmes philosophiques dans les poèmes de Lounis- qui se retrouvent même dans les chansons des années 70- et des aspects universels de son œuvre.

En 2003, l’universitaire M’hammed Djellaoui a publié aux éditions ‘’Pages Bleues’’ un ouvrage intitulé ‘’L’Image poétique dans l’œuvre de Lounis Aït Menguellet’’ laquelle est une traduction d’un livre qu’il a publié la première fois en arabe. L’étude, qui porte le sous-titre ‘’Du patrimoine à l’innovation’’, est une tentative de dégager une ‘’poétique’’ dans l’œuvre d’Aït Menguellet selon des canons plutôt universitaires. L’auteur résume en deux points l’ambition de son étude : mettre en relief ‘’la relation créative entre les œuvres du poète et l’apport patrimonial riche et diversifié de son environnement qui donne une profondeur et une authenticité à son expérience poétique’’, et ‘’son ambition innovatrice visant le développement du texte poétique amazigh ainsi que son enrichissement par des dimensions sémantiques et figuratives qui le hisse au rang des textes poétiques des littératures universelles contemporaines’’.

Le livre se subdivise en deux grands chapitres : l’image patrimoniale chez Aït Menguellet (mythes, légendes, contes populaires, adages, croyances, valeurs et principes) et l’innovation dans la figuration (figurations romantique et symboliste). Des extraits de poèmes (en kabyle et en français) illustrent les différents thèmes abordés.

C’est une étude originale qui s’appuie sur les acquis de la rhétorique et de la sémiotique et qui gagnerait à englober d’autres poètes kabyles contemporains dans un but d’étude comparative. En tout cas, malgré la discipline universitaire que s’est imposée l’auteur la lecture de ce livre nous fait découvrir des facettes insoupçonnées de l’élaboration poétique chez

Aït Menguellet.

Agent de la culture contre situation d’impasse
L’étude de Farida Aït Ferroukh portant le titre “Situation d’impasse et agents de la culture” qui fait partie d’un ouvrage collectif intitulé “Algérie, ses langues, ses lettres, ses histoires”, publié par les Editions du Tell en 2002, examine le ‘’statut’’ de deux hommes, personnages mêlés à l’histoire tourmentée de la Kabylie et qui en sont en même temps les symboles emblématiques. Il s’agit de Cheikh Mohand Oulhocine et Aït Menguellet.

L’auteur met en relief la situation d’impasse- au sens social, culturel et psychologique- qui caractérise les deux périodes respectives où ces personnages ont émergé. Ils sont des ‘’figures du sens’’ dans les situations de blocage et d’apparente aporie. « En effet, souligne l’auteur, si l’on considère l’histoire de la Kabylie on remarque qu’elle déploie face aux bouleversement de toutes sortes un mécanisme de défense en hissant à chaque époque un agent à la mesure de la situation. Le travail de ce dernier consiste à annuler une situation d’anomie ou du moins à la bloquer. Une fois sa précellence établie, cet agent qui revêt un statut précis à travers les siècles guerrier, saint , chanteur : … a pour tâche un ensemble d’opérations patientes dont l’objectif est de neutraliser chaque brèche (…) L’amusnaw, c’est donc cet intellectuel du groupe qui a pour lourde tâche d’en porter les aspirations et l’idéal, tout comme il a pour devoir de puiser dans la mémoire active et de la nourrir à son tour. C’est dans cet éclairage qu’il faut replacer l’insistance de leurs contemporains auprès de Cheikh Mohand Oulhocine et de Aït Menguellet pour qu’ils interviennent. Figures de relais du récit généalogique, ces agents qui surgissent à chaque époque et à chaque impasse sont porteurs de la Voix, celle du refuge utérin (Taqbaylit), articulant par-là même l’être-présent avec l’être-passé ».

D’autres tentatives de traduction ont été effectuées en arabe. L’une d’elles a été publiée en 2007. Il est pour le moment ardu et prématuré de porter un jugement sur la qualité du travail en l’absence d’un regard critique qui serait jeté par des personnes ou des instances qualifiées.

Il n’en demeure pas moins que l’entreprise en elle-même constitue une avancée originale dans le domaine qu’il y a lieu d’encourager.

Au vu de l’importance et de la dimension de l’œuvre d’Aït Menguellet, laquelle continue à alimenter la culture kabyle et algérienne de son verbe magique, le travail de décryptage, d’analyse, de traduction et de vulgarisation vient à peine de commencer. Cette entreprise réclame compétence et honnêteté intellectuelle. Les premiers livres que nous venons de citer ont placé quelques jalons pour une recherche plus étendue plus étoffée et plus approfondie.

Amar Naït Messaoud
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Message  liza5552 Sam 8 Jan - 14:52

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liza5552

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