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La poterie kabyle : Un art millénaire en voie d’extinction

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Message  Zhafit Lun 1 Sep - 16:26

Il a fallu donc l’assistance d’un membre d’une association culturelle kabyle, Amar, qui œuvre à la préservation du patrimoine culturel, pour pouvoir rencontrer na Tassadit.




“Une véritable artiste en poterie ! vous allez voir les merveilles qu’elle crée de ses mains !” dira Amar en nous la présentant dans son village d’Aït Ahmed situé à une encablure du chef-lieu de daïra.

Na Tassadit habite dans une maison dotée d’une cour qu’on appelle communément ici el-hara. El hara de na Tassadit est en partie couverte par un imposant pied de vigne.

C’est cette cour précisément qui fait office d’atelier pour la fabrication de poteries. Ainsi, on constate les pièces multiformes jonchant à même le sol de cette cour pour mieux sécher en attendant la fameuse cuisson (tukda). Tissebalin, tibukalin, tibakyin, el-msabih, ichmukhen... ces différents ustensiles ont été tous conçus par ces mains ridées mais créatrices de na Tassadit, qui dira en substance : “C’est en période de canicule que nous produisons le plus et vous savez pourquoi ?” “Non”, ai-je répondu pour entendre ses explications. “Tout bonnement, parce que nous n’avons plus d’autres besognes, comme les tâches agricoles par exemple. En été, nous avons talakht pour la poterie et tadbut pour le tissage.” Bien évidemment que nous ne l’ignorons pas, surtout qu’on ne peut ni polir, ni cuire les pièces en hiver. En plus, les tâches agricoles durant justement leur saison (octobre-juin) ne donnent pas de répit à nos femmes pour qu’elles puissent s’occuper de la poterie. En terminant de polir un beau vase, na Tassadit nous invite à l’accompagner au gisement à partir duquel elle s’approvisionne de cette argile ocre qu’elle affine particulièrement bien.

Il est déjà 10h. Et c’est ainsi que nous nous dirigeâmes à travers un sentier abrupte vers un champ situé non loin de son domicile en face de cet imposant Djurdjura, qui surplombe toute la région. Les rayons du soleil qui nous effleuraient deviennent brûlants. La chaleur est déjà suffocante. “Autrefois, ce sentier était quotidiennement embelli par des femmes qui y faisaient la navette pour chercher l’argile”, se rappelle na Tassadit, qui ajoute : “Aujourd’hui, plus de potières. Les jeunes filles ne s’y intéressent plus et cette pratique disparaîtra sans aucun doute avec nous. la vie moderne a eu raison de tous ces arts traditionnels.”L’argile, qui jadis faisait partie de l’environnement immédiat de tous les jours (les murs intérieurs de la maison sont crépis à la terre, modelés et décorés ; les étagères, le kanoun, les réserves de grains “ikufan” sont bâtis en terre séchée), est aujourd’hui remplacée par le béton et autres matériaux modernes.

Par analogie, il en est exactement de même pour les différents vases et ustensiles de poterie. de retour du gisement de na Tassadit, Amar, cet universitaire qui milite dans le mouvement associatif, nous rappela amèrement : “Même la fête de la poterie dont Mâatkas se vantait n’existe plus !”



La fête de la poterie : après 9 éditions, la désillusion !



La fête de la poterie, cet événement annuel qui a fait grandement sortir Mâatkas de l’anonymat est en passe de ne devenir qu’une nostalgie. Quel gâchis ! Pourtant, la consécration a eu lieu en 1999 lorsque ce rendez-vous culturel a été institutionnalisé par le ministre du tourisme et de l’artisanat d’alors.

Les raisons qui ont poussé les différents acteurs de cette grandiose manifestation culturelle et artisanale à déserter les lieux sont bien simples. Quand le politique s’en mêle, assurément c’est la débâcle dans une activité censée rester neutre. et c’est précisément ce qui s’est produit quand les sections locales et partis politiques s’en prirent à l’association pour l’organisation de la fête nationale de la poterie. Pourtant, le mérite dans la création de cette fête revient incontestablement au mouvement associatif.

En témoigne cette réponse de M. Hacène Metref à un journaliste qui l’a interviewé en juin 1999 au sujet précisément de la création de ce rendez-vous culturel. “J’avais compris que le meilleur moyen était de réveiller un patrimoine en “dormance”, sachant que Maâtkas est connue pour sa poterie millénaire... mais je pense sincèrement que c’est ma rencontre avec les responsables de l’association Taneflit qui a été déterminante. C’est avec eux que l’idée de la fête de la poterie a germé, vraiment...” Aujourd’hui, non seulement les véritables chevilles ouvrières de la fête ont changé d’horizon, mais un autre problème aussi fondamental a particulièrement surgi à Maâtkas pour l’organisation de cette fête. Il s’agit inéluctablement de l’insécurité. “Organiser la fête de la poterie sans sûreté de daïra relève de la mission impossible !” dira Amar, lui qui a participé à l’organisation des trois dernières éditions. Effectivement, il mérite de signaler que la circonscription de Maâtkas n’est pas dotée d’une sûreté, hélas, et ce, nonobstant les pressions exercées par les autorités locales pour ce faire.



Les pièces ne se vendent plus



Parmi les grands avantages de cette fête de la poterie, dont les artisans appréhendent sérieusement la disparition, c’est cette facilité avec laquelle on écoule des centaines de pièces, précisément durant cet événement. Actuellement, les rares femmes, qui continuent vaille que vaille à produire, le font beaucoup plus par amour pour ce noble métier et la production a vertigineusement chuté. Les femmes comme na Tassadit se comptent de nos jours sur les doigts d’une main. Beaucoup d’entre elles ont pris leur “retraite” surtout qu’elles ont toutes avancé en âge. La nouvelle génération ne veut pas se “salir” les mains. Les rares vases et autres ustensiles produits sont préalablement destinés, dans la plupart des cas, aux émigrés et aux Algérois qui, en venant prendre leurs vacances au bled, emportent avec eux des dizaines de pièces. “l’odeur du bled !” comme ils aiment à le répéter. En somme, Maâtkas n’est plus la capitale de la poterie berbère. Elle a malheureusement perdu cette consécration. Et pour l’heure, rien ne prédispose cette commune de Haute-Kabylie à reconquérir sa notoriété en la matière.



L’indispensable sauvegarde de l’artisanat



De l’avis même des spécialistes, les femmes kabyles sont certainement les plus imaginatives dans la création des décors qui ornent les poteries. Parler aujourd’hui de l’âge de ces pièces est très difficile, car elles ont toujours pu résister à de multiples assauts que ne cesse encore de leur asséner le temps. les techniques, les décors et l’esthétique sont toujours fidèles à une tradition ancestrale et ils sont transmis de mère en fille avec peu d’amendement depuis des millénaires. Aujourd’hui, dans certains villages à Maâtkas, nous pouvons retrouver des pièces qui remontent aux XVIIIe et XIXe siècles. Cette région a toujours revendiqué la réalisation d’un musée d’arts traditionnels.

Elle a le mérite, cependant, d’avoir abrité neuf éditions de la fête de la poterie. Mais suffira-t-il pour autant à sauvegarder ces “trésors” et à pérenniser leur pratique ? Un chercheur dans ce domaine disait fort à propos : “Nous sommes tristes aujourd’hui d’être les témoins de l’oubli, mais soyons fiers au moins aujourd’hui d’être les artisans de la mémoire !” No comment !



Par Merzouk Ouziane, Liberté
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Message  folle Mer 5 Déc - 19:54

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Message  laic-aokas Jeu 10 Aoû - 12:02

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