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Le pillage de l'Afrique, jusqu'à quand?

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Le pillage de l'Afrique, jusqu'à quand? Empty Le pillage de l'Afrique, jusqu'à quand?

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Comment la France tue, pille le Cameroun et l’Afrique - Page 10
Jeudi, 28 Avril 2011 08:37 Clics: 412 Coordonné par Fabien Eboussi Boulaga , Mathias Eric Owona Nguini et Jean-Bosco Talla
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Index de l'article
Comment la France tue, pille le Cameroun et l’Afrique
La Françafrique: conception et naissance
Cameroun: pays clef de la Françafrique
Visages et virages de la Françafrique au Cameroun
Les géniteurs et les serviteurs de la Françafrique au Cameroun
La Françafrique: une spécificité française?
Françafrique: quel changement?
Racisme français: refuser toute forme de condescendance et de dépendance
Une citadelle attaquée: Discours, stratégies et actions des organisations camerounaises opposées à la Françafrique.
Économies et diplomaties au service de la France
Chaque peuple doit connaître son histoire et en comprendre les ressorts
Françafrique: noyau dur des relations Nord-Sud
L'actualité de la Françafrique
L'avenir possible
Éléments de prospective géopolitique et stratégique sur les relations franco-africaines à l’ère de la mondialisation
Le parachutage putschiste international d’un favori néocolonial
Transformer l’Afrique en son propre centre : Utopie ou réalité ?
Toutes les pages
Page 10 sur 17
Économies et diplomaties au service de la France
La situation politique, économique et sociale de l'Afrique francophone soulève de nombreuses questions. Pourquoi tant de misère dans des pays si riches, aussi bien en matières premières qu’en ressources humaines ? À qui profite l'argent du pétrole, de l'uranium, du diamant, du bois, des minerais ? Comment expliquer la présence permanente de l'armée française dans ses anciennes colonies ? Pour quelles raisons le gouvernement français reçoit-il régulièrement, avec tous les honneurs de la République, des dirigeants africains parvenus au pouvoir par des coups d'État ou des élections truquées ? La réponse à toutes ces questions pourrait tenir en un seul mot : la « Françafrique»(1). Pour mettre à jour les mécanismes de la Françafrique, il nous faut remonter aux origines de la décolonisation(2). Dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’État français est confronté aux désirs d’émancipation de la plupart de ses colonies (Indochine, Algérie, Cameroun, etc.). Lorsque le général de Gaulle accède au pouvoir en 1958, l’opinion publique française est de plus en plus favorable à la décolonisation. Ce sentiment est partagé par les États-Unis et l’Urss qui espèrent rallier à leur cause respective les peuples décolonisés(3). Cependant, de Gaulle ne souhaite pas l’indépendance de l’empire colonial français, et ce pour trois raisons au moins, à savoir :

- une raison économique : le contrôle de la France sur ses anciennes colonies en Afrique lui garantit un accès aux matières premières stratégiques comme l’uranium ou le pétrole. Ce contrôle est également source de profits pour les sociétés françaises (cacao, bananes, bois, café, etc.).

- une raison politique : en pleine période de “Guerre froide”, la France, alliée du camp occidental, souhaite éviter la propagation du communisme dans ses colonies.

- une raison inavouable : le détournement des rentes africaines finance le mouvement gaulliste, via des circuits qui irrigueront par la suite les autres partis politiques français qui accèderont au pouvoir d’État, notamment le parti socialiste.

Toutefois, le président de Gaulle, politiquement acculé, enclenche finalement le processus de décolonisation dans les années soixante(4). Mais tout en proclamant ce nouvel état des relations internationales, il charge son bras droit Jacques Foccart de maintenir les pays d’Afrique francophones sous une forme de tutelle française par un ensemble de moyens illégaux et occultes. Jacques Foccart est à l’époque un personnage très puissant. Secrétaire général de l’Élysée, il dirige la plupart des services secrets(5), supervise les nominations aux principaux postes du parti gaulliste et de l’État, pourvoit enfin aux finances du gaullisme. Il va brillamment orchestrer cette mission de confiscation des indépendances.

Sa principale stratégie sera portée au pouvoir d’État des Africains disposés à collaborer aux intérêts de la France tout en éliminant physiquement le leadership nationaliste à la tête des mouvements indépendantistes(6). C’est suivant cette logique qu’interviendra l’assassinat du président indépendantiste togolais Sylvanus Olympio en 1963, sous la supervision des services secrets français. Son assassin, Étienne Eyadéma, fut ensuite installé au pouvoir durant plus de quarante ans et devint « l’ami personnel » du président français Jacques Chirac. Après son décès, son fils Faure Gnassingbé lui a succédé en 2005 à la faveur d’élections entachées de fraudes et suivies d’une sanglante répression consécutive à la contestation massive qui s’en est suivie(7). D’ailleurs, l’essentiel des hommes portés au pouvoir à la faveur de Foccart ont été formés dans les écoles militaires françaises. Certains appartenaient aux services secrets français, à l’instar de feu Omar Bongo Ondingba(Cool, ceci depuis... 1967 ! Une fois installés au pouvoir, ces dirigeants de pays officiellement décolonisés concluent des accords iniques qui ont pour effet de vider les indépendances fraîchement acquises de leur contenu.

Depuis plus de quarante ans, les pays francophones situés au sud du Sahara vivent avec des accords de coopération, notamment monétaires et militaires, conçus comme si ces états n’étaient jamais devenus indépendants9. Certains accords comportent des clauses non publiées au Journal officiel et donc ignorées du Parlement français(10). Ces accords secrets prévoient généralement l’organisation, l’encadrement et l’instruction des forces armées des États ‘’décolonisés’’, ainsi qu’une intervention militaire française en cas de menace extérieure. Enfin, des bases militaires françaises sont implantées sur le continent africain de manière permanente. Actuellement, celles-ci sont situées à Dakar (Sénégal), N’Djamena (Tchad)(11), Djibouti, Libreville (Gabon) et Abidjan (Côte d'Ivoire). Elles regroupent un total de plusieurs milliers de soldats. Lorsque la France ne peut agir directement, l’utilisation de mercenaires complète le dispositif. Les plus célèbres sont Bob Denard et Paul Barril, impliqués dans de nombreux ‘’coups tordus’’ aux Comores, au Bénin, au Gabon, en Angola, au Zaïre, etc. (12).

Jacques Foccart élabore ainsi un réseau contrôlé depuis l’officieuse cellule africaine de l’Élysée et entretenu par une série de correspondants : officiers des services secrets, hommes d’affaires, fonctionnaires, conseillers, etc. Chaque président africain est encadré par les services secrets français, soi-disant chargés de sa sécurité, et par de multiples conseillers. Pour éliminer tout risque d’opposition intérieure, des polices politiques tortionnaires sont mises en place, formées à l’école française et aux méthodes expérimentées en Algérie.

Cette stratégie permet de maintenir le système de domination et d’exploitation coloniale tout en donnant l’impression de l’existence d’une indépendance, puisque c’est un homme originaire du pays qui gouverne. Elle permet également à la France de maintenir sa position dominante dans les institutions internationales, telles que l’Onu, les États d’Afrique francophone, officiellement indépendants, s’alignant généralement sur les choix de l’ancienne métropole.

La domination politique et militaire des anciennes colonies s’accompagne enfin d’une domination économique, via le franc Cfa, contrôlé par la Banque de France. Initialement « franc des Colonies Françaises d’Afrique », il sera rebaptisé en 1960 « franc des Communautés financières Africaines » pour le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée- Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo, « franc de la Coopération financière d’Afrique centrale » pour le Cameroun, la République centrafricaine, la République du Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale et le Tchad. Le franc Cfa était convertible directement en franc français jusqu’en 1993, ce qui facilitait entre autres l’évasion monétaire. En janvier 1994, il sera brutalement dévalué officiellement, sur décision unilatérale de la France, de 50% (de 100% en réalité), décision entraînant des conséquences lourdement dommageables sur les populations des pays concernés.
Le modèle colonial de la Zone franc

En effet, la France a initialement imposé le franc comme monnaie légale dans ses possessions coloniales, le privilège d’émission monétaire étant détenu par la Banque centrale de France. Au milieu du XIXe siècle, la France décida d’organiser une déconcentration de l’émission monétaire dans ses possessions coloniales en en confiant le privilège à des banques privées comme la Banque du Sénégal créée le 21 décembre 1853 et remplacée ensuite par la Banque d’Afrique occidentale (Bao) le 29 juin 1901. Le transfert par la France de ce privilège d’émission monétaire des banques privées à des établissements publics fut opéré progressivement en particulier par la création en 1941 de la Caisse Centrale de la France libre, ensuite par son remplacement en 1955 par l’Institut d’émission de l’Afrique-Occidentale Française et du Togo ainsi que par l’Institut d’émission de l’Afrique équatoriale Française et du Cameroun. Ces deux (2) instituts seront respectivement remplacés en 1959 par la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) et par la Banque Centrale des États de l’Afrique Équatoriale et du Cameroun (Bceaec). Les sièges de ces organismes sont alors fixés à Paris.

Pour avoir l’assurance que l’émission monétaire (distribution du crédit et circulation fiduciaire) est faite dans le but d’optimiser ses intérêts économiques, politiques et stratégiques exclusifs dans ses possessions coloniales, la France a imposé un contrôle étroit et strict des banques et/ou des instituts d’émission à travers le profilage de leurs instruments juridiques organiques (textes de création et statuts) et la mise en place de mécanismes garantissant l’unicité de l’émission monétaire par l’échange des monnaies émises (les subdivisions du franc) à parité fixe avec celle émise (le franc) par la Banque de France. Ces mécanismes fondés sur l’unicité de la banque centrale française (Banque de France et ses banques satellites dans les colonies) se résument par les quatre (4) principes fondamentaux suivants:

l’instauration de la parité fixe entre la monnaie émise par la Banque de France (le franc) et chacune des monnaies émises par les banques des possessions coloniales (les subdivisions du franc) ;

la convertibilité illimitée à parités fixes dans les deux (2) sens entre le franc métropolitain et ses subdivisions dans les colonies ;
la libre circulation de capitaux au sein de l’ensemble constitué de la France et ses possessions coloniales ; et enfin la centralisation en propriété par la France des réserves de change à Paris, d’où la création dès le début des années 20 des comptes d’opérations (comptes spéciaux du trésor français) tenus par la Banque de France permettant de gérer l’interface avec les banques d’émission des possessions coloniales.

L’attribution officielle du nom «Zone franc » à cet ensemble le 9 septembre 1939 dans le cadre des mesures liées à la déclaration de guerre et la création le 26 décembre 1945 du franc des colonies françaises d’Afrique (franc Cfa) et du franc des colonies françaises du Pacifique (franc Cfp) ne sont que des éléments d’encrage et d’affirmation de la puissance économique, géopolitique et stratégique de la France. L’affinement administratif et politique du modèle colonial de la « Zone franc » va se poursuivre par la création en 1951 du Comité technique de coordination qui sera rebaptisé en 1955 le Comité monétaire de la Zone franc.

Les parités fixes par rapport au franc des monnaies émises de Paris pour les possessions coloniales sont décidées par la France en fonction de ses seuls intérêts. C’est ainsi que les parités du franc Cfp et du franc Cfa vont évoluer respectivement de 2,4 francs et 1,7 franc le 26 décembre 1945, à 5,5 francs en septembre 1949 pour le franc Cfp et 2 francs le 17 octobre 1948 pour le franc Cfa, et à 0,055 franc et 0,020 franc le 26 décembre 1958.

Le modèle des accords de coopération monétaire

En dehors des pays dont le leadership politique a permis de sortir de l’enfer monétaire colonial, à savoir le Liban (1948), l’Algérie, la Tunisie et le Maroc (1956 – 1962), la Guinée (1958), l’Indochine (1954), la Mauritanie et Madagascar (1973), la France a réussi à imposer dans les autres pays africains la reconduction et la préservation totales et intégrales de l’esprit et de la lettre du modèle monétaire colonial de la Zone franc malgré les indépendances. Les accords de coopération monétaire signés en 1959 et 1962 n’avaient strictement rien modifié sur les structures et mécanismes en vigueur.
La Bceao et la Bceaec ont continué à fonctionner exactement comme à l’époque coloniale. Le comité monétaire de 1955 a été maintenu(13). L’affichage du rayonnement politique et stratégique de la France est fait depuis mars 1965 par une réunion semestrielle des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales des pays de la Zone franc tenue en prélude aux réunions statutaires des institutions de Bretton Woods. C’est sur la pression du Fonds Monétaire International et de la Banque Mondiale que la France va décider de dévaluer de 50% le franc Cfa et de 33% le franc comorien le 11 janvier 1994. Sous la pression de l’Union Européenne dans le cadre du passage à l’euro et l’abandon du franc, la France va se battre comme un diable, qualifiant ces accords de coopération budgétaire et non plus monétaire, l’objectif étant d’obtenir le 23 novembre 1998 le rattachement à parité fixe du franc CFA (1 euro = 655,957) et du franc comorien (1 euro = 491, 96775) à l’euro le 1er janvier 1999 avec in fine la préservation de son modèle monétaire colonial.

Le modèle monétaire colonial est ontologiquement criminel, car il charrie l’expropriation, l’oppression et la répression économiques des pays africains dits du « précarré »(14). Le liement de l’aide économique et militaire accordée à un pays est un moyen certain de garantir l’appropriation et/ou l’expropriation abusive des bénéfices par le pays donateur. Les structures et les mécanismes monétaires de la Zone franc constituent pour la France une technique fine et subtile de liement de l’aide au développement des pays africains. Donc, la Zone franc est manifestement un modèle criminel d’aide liée qui permet à la France de garantir durablement l’acquisition et la maximisation illicite des privilèges et avantages économiques, politiques et stratégiques sur les pays membres au moyen de l’installation, l’entretien, le soutien, l’encadrement et le renouvellement d’un leadership politique usurpateur et par conséquent corrompu, car soumis aux pouvoirs publics français en lieu et place des peuples de ces pays africains. La violence monétaire opérationnelle de la Zone franc est sans précédent et sans pareil dans le monde contemporain. En effet, il s’agit d’un modèle qui garantit, même pas le sous-développement, mais le non-développement pur et simple des pays africains.

Près d’un demi-siècle après les indépendances, quatre (4) indicateurs permettent d’illustrer l’iniquité de ce modèle : la démographie des entreprises, la distribution du crédit, les réserves de change et l’influence politique, diplomatique et stratégique.

1-La démographie des entreprises.

Suivant les statistiques de l’Insee, la France comptait au 1er janvier 2008 un total de 2 974 700 entreprises hors secteur agricole, soit un ratio d’une entreprise pour plus de 21 habitants (population française en fin 2006 : 63 185 925 habitants). Par contre, au Cameroun par exemple, la France compte 360 entreprises (160 filiales et 200 entreprises créées par les français) soit un ratio d’une entreprise pour 14 français (nombre de français au Cameroun : 5 000). Les Français sont donc plus entrepreneurs au Cameroun qu’en France ! En fait, les mécanismes de prédation du modèle criminel d’aide liée font du Cameroun et des autres pays de la Zone franc un espace préférentiel d’investissement et d’exploitation abusive des marchés de biens et services ainsi que des ressources naturelles. La France se vante ainsi d’être premier investisseur, premier fournisseur, premier bailleur de fonds, etc. en Zone franc.
2- La distribution du crédit.

Le crédit est la contrepartie essentielle de la monnaie. Ne pas avoir accès au crédit est synonyme d’exclusion du bénéfice des avantages de la monnaie. À l’époque coloniale, la France contrôlait 100% de l’encours de crédit en Zone franc(15). Le rationnement systémique du crédit est la caractéristique principale du modèle monétaire criminel de la Zone franc. La crise structurelle, violente et aiguë du crédit, c’est-à-dire son extrême rareté pour le plus grand nombre d’agents économiques nationaux, en constitue une donnée permanente de répression et de paupérisation. Ainsi, du fait de la France, la majorité des 130 millions d’Africains des quinze (15) pays concernés n’a pas accès au crédit et est donc exclue du système monétaire(16).

3-Les réserves de change.

À l’époque coloniale, la France s’appropriait 100% des réserves de change de ses possessions coloniales. Aujourd’hui, un demi-siècle après les indépendances, la France continue à s’approprier de manière fondamentalement illicite (dépôts obligatoires), et sans contrepartie équitable et soutenable, la majorité des réserves de change appartenant aux pays et citoyens africains(17). Le plus grave est que la rémunération servie par le trésor français sur ces avoirs extérieurs des Africains est égale au taux d’intérêt de la facilité marginale de la Banque Centrale européenne soit 2,25% actuellement et 3,75% en octobre 2008. Pourtant, le coût d’opportunité de ces réserves de change (différence entre la rémunération imposée par la France et la rémunération d’un meilleur investissement alternatif desdites réserves) est estimé en référence au coût effectif d’emprunts extérieurs à plus de 6-7%. Un tel niveau de pertes financières subies par les pays africains au profit de la France sans contrepartie révèle de la criminalité financière d’État.
4-L’influence politique, diplomatique et stratégique. Alimenté, optimisé et sécurisé par le modèle d’aide militaire liée consacrée par les accords secrets de défense et de coopération militaire, le modèle monétaire criminel de la Zone franc permet à la France d’avoir une influence politique, diplomatique et stratégique tant à l’Onu et ses organismes spécialisés qu’au sein des institutions de Bretton Woods et autres organisations internationales tant mondiales que régionales. En effets, les leaderships politiques étant articulés pour être médiocres, corrompus et rigoureusement, mais finement, instrumentés notamment grâce aux accords secrets de défense et de coopération militaire, les pays africains de la Zone franc s’alignent quasi systématiquement sur les positions de la France dès lors que les intérêts essentiels de celle-ci sont en jeu. L’initiative étant réservée exclusivement à la France, les réformes monétaires pourtant absolument indispensables au regard des difficultés de financement des entreprises, ménages et paysans africains, sont d’office exclues de l’agenda politique et économique des dirigeants africains. En contrepartie de cette cession illégale de souveraineté et de responsabilités monétaires de nos pays, l’enrichissement illicite de ces dirigeants africains et des membres de leurs réseaux françafricains ainsi que leur tendance au maintien à tout prix des systèmes anti-démocratiques et de pouvoir totalitaire sont des crimes activement soutenus et protégés de façon indéfectible par la France.

À l’heure actuelle, du fait de la force de l’euro, le franc Cfa est surévalué de 30 à 40% soit un niveau comparable à celui de 1993. Les coûts économiques et sociaux exorbitants de cette surévaluation artificielle pour les pays africains sont à mettre à l’actif de la France. Le problème essentiel ne se pose pas en termes de dévaluation, mais plutôt en termes d’inadéquation fondamentale, principielle et intrinsèque des mécanismes monétaires de la Zone franc. Pourtant, le 22 septembre 2008 à New York lors d’une réunion des Nations Unies sur les besoins de l’Afrique, le président Sarkozy a déclaré que : « Au moment où le Secrétaire général nous recommande d’accélérer le recours à l’aide budgétaire, je pose la question : pourquoi voit-on de nouveaux bailleurs de l’Afrique – qui sont par ailleurs les bienvenus - multiplier l’aide sous forme de projets ? Européens et Africains se sont entendus sur le déliement de l’aide. Pourquoi revenir sur ce principe avec des bailleurs d’autres continents ? Les mêmes causes produiront les mêmes effets. Ne recommençons pas les erreurs du passé ». Il nous semble évident qu’en matière d’aide liée, la France est mal placée pour donner des leçons.

Parallèlement, sous l’impulsion des États-Unis émerge le concept de développement : les pays occidentaux sont incités à aider leurs anciennes colonies, rebaptisées pays sous-développés. La France met ainsi en place toute une gamme d’institutions chargées de la coopération et du développement. Les dépenses affectées à cet effet sont rassemblées sous l’appellation Aide publique au Développement (Apd)(18). L’État français y consacre 30 à 40 milliards de francs chaque année. Loin d’œuvrer pour le développement de l’Afrique, l’Apd a en réalité plusieurs fonctions : soutenir financièrement les régimes ‘’amis’’ de la France, et si possible étendre leur influence.

favoriser le détournement des ressources africaines, en améliorant l’exploitation des matières premières (meilleurs outils de production, construction de voies d’accès, corruption des élites locales) : pétrole, uranium, manganèse, bois exotiques, or, cobalt, diamants, cacao, café, pétrole, banane, coton, etc.

aider à vendre un certain nombre de productions françaises réalisées par quelques grandes entreprises avec des marges confortables, parfois inouïes, bien souvent accompagnées de ‘’pots-de-vin’’ pour des partis politiques français. Ce sont par exemple les aides dites liées : leur octroi est conditionné au choix d’une entreprise française pour la réalisation du projet.

Le reste de l’Apd sert à la promotion commerciale, à la défense de la Francophonie, au prestige de la France, voire même aux bourses scolaires des enfants d’expatriés, ou encore au coût de la rétention et de l’expulsion des immigrés clandestins. Au final, seuls quelques pourcentages de l’aide visent réellement à réduire l’extrême misère qui touche les anciennes colonies françaises.

Malgré tout, certains coopérants et Ong de développement subventionnés par l’Apd font du bon travail, peu coûteux. Nombre d’actions de base, en particulier dans la santé, sont utiles et peu onéreuses. Mais cette facette ‘’vertueuse’’ du développement légitime tout le reste. En réalité, le développement est littéralement saboté. Malgré les dépenses gigantesques officiellement consacrées aux États d’Afrique francophone, la situation catastrophique de ces pays après quatre décennies de “coopération” est révélatrice : on devine que l’aide au développement a très peu profité aux populations. Le financement du contrôle des anciennes colonies ne pouvait se faire qu’illégalement. Ainsi, des firmes françaises chargées d’approvisionner l’Hexagone en matières stratégiques sont investies par les services secrets. La société Elf est créée en 1967 par Pierre Guillaumat(19), ancien militaire et agent secret, pour servir entre autres de couverture au financement et à l’action des services secrets en Afrique. Elle a organisé le drainage d’énormes marges occultes sur l’exploitation de l’or noir africain : production non déclarée au large des côtes, surfacturation des investissements et des prestations, arnaque sur le préfinancement des productions futures, etc. Tout cet argent permet le contrôle des pays producteurs : corruption des décideurs locaux, co-organisation de scrutins truqués, achat de la complicité de la classe politique française, financement de polices politiques, de gardes dictatoriales, de milices ou de mercenaires, implication dans des coups d’État ou des guerres civiles(20). Elf (désormais Total) a cogéré de cette manière au moins le Gabon, le Congo-Brazzaville et le Cameroun. Elle a joué un rôle déterminant dans la politique française au Nigeria et en Angola. Par exemple, Elf finançait les deux parties en conflit dans la guerre civile angolaise qui opposait depuis 1975 le gouvernement et un mouvement rebelle, l’Unita. Ce double jeu permettait, entre autres, d’affaiblir la capacité de négociation de l’État au moment de vendre son pétrole.

En plus des trafics de drogue et du blanchiment d’argent via les loteries, casinos ou paris hippiques, quantité de Pme et de petites entreprises (fournitures, armements, trafics divers) financent les services secrets. Une partie des fonds gigantesques de la rente du pétrole ou des matières premières, et des commissions sur les ventes d’arme est récupérée par ces services qui multiplient ainsi les crédits votés à leur intention par le Parlement français. Enfin, la prolifération des paradis fiscaux permet l’évasion de capitaux et le blanchiment d’argent, en toute opacité. La Françafrique, confiscation des indépendances, s’installe durablement en Afrique francophone. Une génération de décideurs, en France comme en Afrique, s’habitue ainsi au détournement des richesses africaines.

Lorsqu’en 1974, le président Giscard d’Estaing limoge Jacques Foccart(21), le réseau pyramidal de ce dernier, privé de tête, semble voué à l’éclatement. L’effondrement du bloc soviétique et de l’apartheid vont également fragmenter les enjeux politiques africains. Le réseau initial de Jacques Foccart, dont la stratégie de Raison d’État était directement contrôlée par l’Élysée, va apparemment se dissoudre en plusieurs réseaux développant leurs propres stratégies. La politique africaine de la France semble désormais ne plus relever de décisions centralisées, fussent-elles inavouables, mais être le résultat aléatoire d’un ‘’jeu de fléchettes’’ autour d’enjeux alléchants : le détournement de l’aide publique au développement, l’exploitation lucrative des matières premières, le financement parallèle de la vie politique française, un “terrain de jeux”, de primes et de promotions pour les militaires, le blanchiment d’argent, le trafic d’armes et de drogues. La Françafrique se transforme en une nébuleuse d’acteurs économiques, politiques et militaires, en France et en Afrique, organisée en réseaux et en lobbies, parmi lesquels nous citerons :

Des réseaux politico-affairistes, dont le néo-gaullisme constitue la ‘’colonne vertébrale’’. Les plus puissants seront ceux de Charles Pasqua et de Jacques Chirac. Ce dernier réussit en 1986 à s’accaparer une grande partie des réseaux françafricains en nommant Jacques Foccart son conseiller personnel à Matignon, profitant ainsi de son ‘’héritage’’ et de ses conseils. Valéry Giscard d’Estaing et François Mitterrand, dont le fils dirigea de 1986 à 1992 la cellule africaine de l’Élysée, ont aussi développé leurs propres réseaux, articulés aux précédents. D’autres personnalités politiques ont également cherché à cultiver des réseaux françafricains, de moindre importance : Alain Madelin, Michel Rocard, Michel Roussin après son émancipation du giron chiraquien, etc. Tous ces réseaux se tissent avec une complicité entre la droite et la gauche de l’échiquier politique. Réactivés généralement à l’approche des élections, ils permettent -entre autres- le financement occulte de partis politiques.

La cellule africaine de l’Élysée et le COS (Commandement des Opérations Spéciales), deux structures directement reliées au président de la République et agissant en dehors de tout contrôle démocratique.

Les principaux services secrets. La Dgse (contre-espionnage) est très présente en Afrique, mais aussi la Drm (renseignement militaire), la Dst (surveillance du territoire), le Sctip (coopération et renseignement policiers au service des ministres de l’Intérieur), ou encore la Dpsd (sécurité militaire), des membres de celle-ci s’étant illustrés dans le trafic d’armes et le recrutement de mercenaires. En France, le fonctionnement et le financement de ces services restent opaques, sans contrôle démocratique.
Le lobby militaire. Le haut état-major français est majoritairement constitué d’officiers ayant fait une carrière accélérée en Afrique. Pour ces derniers, il est hors de question que l’armée française se détache d’une Afrique qui constitue en quelque sorte leur identité, la source de nombreux privilèges.

Des multinationales aux stratégies de monopole : TotalFinaElf, Bouygues et Suez (Btp, eau), Bolloré(22) (transports), Rougier(23) (bois), Pinault (distribution), Castel (boissons), etc.

L’extrême droite et les mercenaires. Les passerelles sont nombreuses entre des sociétés de mercenaires agissant en Afrique et le fameux ‘’Département Protection Sécurité’’ (Dps) du Front national. Notons le recours de plus en plus fréquent aux sociétés de mercenaires, dotées d’armement lourd, dans les “zones grises” de la planète – dont beaucoup en Afrique.

Un certain nombre d’excroissances de la franc-maçonnerie, notamment la Grande Loge nationale française (Glnf). Située très à droite, c’est la seule grande obédience française rattachée à la très puissante franc-maçonnerie américaine. Presque tous les ‘’présidents’’ agréés par la Françafrique y ont été initiés (Bongo, Sassou N’Guesso, Biya, Déby, Compaoré...) ainsi qu’un panel de plus en plus déterminant de personnalités françaises de la politique, la finance, les industries sensibles (c’est-à-dire ?), l’armée, les services secrets, les médias (Tf1 en tête), la justice(24). Pour gérer autant d’actions illégales et générer, faire circuler et répartir autant d’argent sale, il faut des réseaux d’initiés, habitués au secret.

Ajoutons enfin des Ong de façade, des trafiquants en tout genre et bien sûr la mafia transnationale : dans un contexte de concurrence exacerbée entre grandes puissances, la criminalité financière et internationale (russe, israélienne, libanaise, chinoise, américaine) convoite à son tour le continent africain, drainant un cortège de marchands d’armes, intermédiaires, spéculateurs, trafiquants, blanchisseurs d’argent, etc.

Ces réseaux s’entremêlent. Gage d’assistance mutuelle et d’omerta, des ‘’solidarités’’ se sont tissées entre la classe politique, la hiérarchie militaire, les Services, la justice, les médias, les groupes industriels, la haute finance, les administrations. En témoigne le parcours de certains acteurs incontournables de la Françafrique, tel Michel Roussin, ancien n°2 de la Dgse, proche de la Glnf, directeur du cabinet de Jacques Chirac à la mairie de Paris (et à ce titre mis en cause dans la gigantesque razzia sur les marchés publics franciliens), ministre de la Coopération en 1993, haut responsable du groupe français Bolloré (qui a, entre autres, le monopole des transports en Afrique francophone), “Monsieur Afrique” du Medef. Ou encore Jérôme Monod, ancien Pdg de Suez-Lyonnaise des Eaux, ancien secrétaire général du Rpr, éminence grise de Jacques Chirac, expert à la Banque Mondiale. Citons également Bernard Courcelle, ancien membre du groupe 11 (elf en allemand), groupe de mercenariat actif en Afrique, ancien responsable de la sécurité du groupe Luchaire (qui a fourni des armes à l’Irak et l’Iran). De 1990 à 1993, il est chargé de la sécurité du musée d’Orsay (où Anne Pingeot, madame Mitterrand bis, est conservatrice), puis, en 1994, il devient directeur du Dps de Jean-Marie Le Pen, avant d’être brièvement directeur de la garde présidentielle du président congolais (Congo-Brazzaville) Denis Sassou Nguesso, et, enfin, chargé de la sécurité des installations pétrolières françaises au Gabon. Nous pourrions multiplier les exemples. Toute cette illégalité prospère confortablement : en Afrique francophone, les contrôles sont impossibles, tant les traces écrites et leur conservation restent peu développées. Summum de l’opacité, les paradis fiscaux constituent la pierre de voûte de ce système en permettant le blanchiment de l’argent ‘’Françafricain’’ en toute impunité. L’énorme masse d’argent détournée installe ces réseaux dans une formidable opulence et capacité corruptrice. Ils s’autonomisent en un système quasi mafieux. En arrière plan, un insondable mépris à l’égard des populations africaines de ces pays.

L’Afrique francophone est d’une importance majeure pour les entreprises françaises(25). En 2003, le solde (bénéfices) du commerce extérieur de la France en Afrique était de 3,2 milliards d’euros, soit l’équivalent du solde avec l’Europe. En 2002, le nombre de filiales d’entreprises françaises en Afrique s’élevait à 2637, en hausse de 13% par rapport à l’année précédente. Au Congo Brazzaville et au Gabon, le pétrole enrichit TotalFinaElf, qui affichait, en 2005, un bénéfice record de 12 milliards d’euros. Au Cameroun, au Congo Brazzaville et au Gabon, le bois fait la fortune de Bolloré (1 milliard de chiffres d’affaires en 2004) et de Rougier. Meubles en Okoumé, planchers en Azobé, escaliers et portes en Sapelli ou Moabi, toutes ces essences menacées de disparition sont largement utilisées en France, premier importateur européen de bois africain. Au Mali, l’or est une manne pour la Somadex, une filiale de Bouygues(26). Au Niger, l’uranium est exploité par la Cogema, assurant plus de 50% de l’approvisionnement des centrales françaises. Nous pourrions encore citer le commerce du diamant en Centrafrique, du gaz en Algérie(27), des phosphates au Togo et au Maroc. Mais également les produits agricoles (café, ananas, cacao, arachide, canne à sucre...) et les services (transport, eau, Btp, télécoms...). En 2004, Bouygues a réalisé 1,2 milliards de chiffres d’affaires en Afrique. Enfin, le commerce des armes est très lucratif. Entre 1996 et 2003, les exportations d’armes de la France en Afrique ont représenté 30 milliards d’euros (Dassault, Lagardère...).

Françafrique. L’astuce du jeu de mots ferait presque sourire : France-Afrique, France-à-fric(28)… Depuis quarante ans, la politique française en Afrique vise essentiellement à exploiter ses ressources naturelles et politiques. Les profits sont immenses. C’est pourquoi les armes importent peu : la corruption, le meurtre, la manipulation et la guerre. Ainsi, la France, soi-disant « patrie des droits de l’Homme », a soutenu les inspirateurs et auteurs du génocide rwandais(29), dans un silence médiatique assourdissant. Depuis 1998, de nombreuses publications ont étayé les analyses de La Françafrique. Les mobilisations militantes se sont multipliées (L’association Survie compte près de 1800 adhérents). Des artistes ont rejoint la lutte (Tiken Jah Fakoly, Tryo, Dub Incorporation...). Une Commission d’Enquête Citoyenne a démontré l’implication de la France lors du génocide rwandais (30). Peu à peu, les médias sont obligés de réadapter leur discours. Désormais, pour les ‘’spécialistes officiels’’ des questions africaines, « la Françafrique n’existe plus ». Elle existait donc... Mais serait morte ? Pourtant, répétons-le, les dictatures sont toujours en place, l’armée française toujours en situation d’ingérence, la misère des peuples africains toujours criante, tandis que l’argent du pétrole remplit les coffres des paradis fiscaux. Plus que jamais, nous devons dénoncer la politique africaine de la France. Plus que jamais, nous devons soutenir et tisser des passerelles avec les résistances africaines.
Cependant, la fin de la Françafrique viendra essentiellement de son rejet par les populations africaines. Mais si la France continue à éliminer ou reléguer ceux qui veulent changer les choses, cela prendra peut-être dix ou quinze ans de plus. Durant cette période, combien de guerres ou de massacres peuvent se produire ?
Georges Noula NANGUE
1-En 1998, François-Xavier Verschave, alors président de l’association Survie, publie La Françafrique, le plus long scandale de la République. Cette enquête dévoile la face cachée des relations franco-africaines : la confiscation des indépendances, le pillage des matières premières, le soutien de dictatures, la complicité de génocide au Rwanda. Cette analyse sera progressivement étayée par une dizaine d’ouvrages dont Noir Silence (2000), L’envers de la dette (2001), Négrophobie (2005), etc.
2-« Je suis fier de l’œuvre coloniale de la France. Il n’y a que les intello-gaucho-masochistes pour critiquer cela. C’est pourtant une image superbe de la France ». Jacques Chirac, Libération, 12/03/1988
3-Pour plus de détails sur les ambitions des deux superpuissances à cette époque, cf. L’an 501, la conquête continue, Noam Chomsky, Écosociété, 1995 ; une histoire populaire des États-Unis, Howard Zinn, Agone, 2002.
4 Seront exclus de ce processus les entités qui seront par la suite dénommées « Territoires d’outre-mer », comme la Nouvelle-Calédonie, ainsi que quelques points d’appui stratégiques comme les Comores et Djibouti.
5-Petite anecdote : en 1969, Le Canard enchaîné dévoilait l’existence d’un dispositif permettant à Jacques Foccart d’enregistrer les conversations du palais de l’Élysée. L’affaire fut connue sous le nom de ‘’commode à Foccart’’... Notons que Jacques Foccart publia ses sulfureuses mémoires politiques deux ans avant sa mort (Foccart parle, Fayard, 1995).
6-La guerre contre les indépendantistes camerounais (1957-1970) fut la plus violente, avec des méthodes dignes de la guerre du Vietnam : des centaines de milliers de victimes, l’assassinat des leaders Ruben Um Nyobé en 1958, Félix Moumié en 1960, Ouandié en 1970. Cette guerre servit de leçon à tous ceux qui pouvaient avoir des velléités de résistance.
7-cf. Le choix volé des Togolais, L’Harmattan, 2005 ; le Togo : de l’esclavage au libéralisme mafieux, Gilles Labarthe, Agone, 2005. En septembre 2006, Faure Gnassingbé a été reçu en France, avec tous les honneurs de la République 8-Son fils Ali Bongo lui a succédé à la présidence du Gabon, par voie d’élections dont les résultats demeurent à ce jour fortement contestés par l’opposition. 9-Citons l’Accord de défense du 24 avril 1961 entre la France, la Côte d’Ivoire et le Niger concernant les « matières premières et produits stratégiques » (hydrocarbures, uranium, lithium...). Cet accord stipule que ces pays, « pour les besoins de la défense, réservent par priorité leur vente à la République française après satisfaction des besoins de leur consommation intérieure, et s’approvisionnent par priorité auprès d’elle » et « lorsque les intérêts de la défense l’exigent, elles limitent ou interdisent leur exportation à destination d’autres pays ».
10-Par exemple, le Journal officiel du 21 novembre 1960 précise que « la République gabonaise a la responsabilité de sa défense intérieure, mais elle peut demander à la République française une aide dans les conditions définies par les accords spéciaux. ».
11- La base de N’Djamena a fermé récemment dans le cadre d’un redéploiement militaire français en Afrique.
12-cf. La privatisation de la violence. Mercenaires et Sociétés militaires privées au service du marché, Xavier Renou, Agone, 2006 ; le boom du mercenariat, ouvrage collectif, Damoclès, 2001.
13-La réforme cosmétique et de maquillage à outrance consacrée par les accords de coopération monétaire du 22 novembre 1972 (BEAC remplace BCEAEC) et du 4 décembre 1973 (BCEAO) qui restent en vigueur à ce jour, n’a strictement rien touché sur l’esprit et la lettre du modèle monétaire colonial de la Zone franc. D’ailleurs, le transfert effectif du siège de la BEAC de Paris à Yaoundé au Cameroun n’aura lieu qu’en janvier 1977 et celui de la BCEAO de Paris à Dakar au Sénégal qu’en juin 1978.
14-Cf. Tchundjang Pouémi, Monnaie, servitude et liberté : la répression monétaire de l’Afrique, 2e éd., menaibuc, 2000
15-En prenant l’exemple de la zone BEAC, pour garantir prioritairement le financement de ses entreprises, la France y contrôle 51% de l’encours total de crédit (international + intérieur) en fin 2007 soit 4 183 millions de $US sur un total de 8 204 millions de $US.
16- Les paysans, agriculteurs, éleveurs des années 30, 40 et 50 totalement exclus de la monnaie ne sont guère différents de ceux des années 60, 70, 80, 90 et 2000. Pour les entreprises en général, en moyenne 80% des PME n’ont pas accès au crédit dans ces pays comme le confirme le rapport financier de novembre 2008 du ministère des finances camerounais.
17-Sur les 7 007 milliards de FCFA d’avoirs extérieurs de la BEAC au 30 septembre 2008, 61% étaient abusivement détenus par le trésor français soit 4 273 milliards de FCFA. Sur les 4 335 milliards de FCFA d’avoirs extérieurs de la BCEAO au 30 septembre 2008, 52% étaient abusivement détenus par le trésor français soit 2 254 milliards de FCFA. Au total, 6 527 milliards de FCFA sur les 11 342 milliards de réserves de change des deux banques centrales soit 58%.
18 « ... l’APD n’existe pas : personne ne la conçoit, ne l’organise ou la supervise. Ce qu’on appelle APD est seulement un chiffre établi après coup par nos comptables publics. Ils y intègrent l’ensemble des dépenses relatives aux relations avec un quelconque pays du ‘Sud’ (y compris la Corée du Sud ou Israël…). Ils se demandent seulement si l’étiquette ‘développement’ qu’on pourrait accoler à ces dépenses n’est pas tellement aberrante qu’elles seraient rejetées par le jury – le Comité d’Aide au Développement de l’OCDE. Inutile de le préciser, les administrations qui ont ordonné ces dépenses n’ont, très généralement, jamais songé à inscrire leur action dans une stratégie de développement. Comme tous les pays industrialisés pratiquent le même habillage, le jury est très coulant : on y discute par exemple de la recevabilité de la remise des dettes liées à des achats d’armes. » F.X. Verschave, La Françafrique, éd Stock, 1998
19-Auparavant, Pierre Guillaumat était administrateur général du Commissariat à l’Énergie atomique. Il orchestrait les recherches secrètes sur la bombe atomique (cf. brochure Nucléaire : jusqu’ici tout va bien, Les rens. généreux).
20-cf. L’édifiante affaire Elf. Pour un aperçu pédagogique, voir le documentaire Elf, une Afrique sous influence, Fabrizio Calvi, 136 mn, 2000 ; ne pas manquer également l’excellente pièce Elf la pompe Afrique, www.unpasdecote.org
21-Jacques Foccart fut ensuite conseiller pour l’Afrique du président Georges Pompidou, puis conseiller personnel de Jacques Chirac à Matignon (1986-1988), puis à l’Élysée de mai 1995 jusqu’à sa mort en 1997
22-cf. Bolloré : monopole, service compris, ouvrage collectif, L’harmattan, 2000.
23-cf. Les pillards de la forêt, exploitations criminelles en Afrique, F.X. Verschave, Arnaud Labrousse, Agone, 2002.
24-Née au début du XXe siècle, la GLNF s’est appelée la Grande Loge de France et des Colonies, et abritait le lobby colonial en son siège de Neuilly. cf. Les frères invisibles, de G.Ottenheimer et R.Lecadre, Albin Michel, 2001.
25-« La France, économiquement, n’a pas besoin de l’Afrique ». Nicolas Sarkozy en visite au Mali, Le Figaro, 19 mai 2006
26-cf. documentaire Le prix de l’or, Camille de Vitry, 94mn, 2004
27-cf. La Françalgérie, Lounis Aggoun, Jean-Baptiste Rivoire, La Découverte, 2004
28-Notons que le terme Françafrique a initialement été inventé en 1955 par Houphouët Boigny, pour définir les bonnes relations qu’il voulait établir avec la France coloniale.
29-cf. documentaire Tuez-les tous, La France au Rwanda, Raphaël Glucksmannn, 94 mn, 2005.
30-cf. L’horreur qui nous prend au visage, Commission d’Enquête Citoyenne, Karthala, 2005.
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Le pillage de l'Afrique, jusqu'à quand? Empty Re: Le pillage de l'Afrique, jusqu'à quand?

Message  azemour Dim 31 Juil - 2:40

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