Le repas du courage
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Le repas du courage
Un morceau de pain, un verre d’eau, une cigarette se sont transformés en symboles de rébellion, samedi à Tizi-Ouzou. Dans cette grande ville de Kabylie, en Algérie, cinq cents personnes ont décidé de braver tout à la fois l’État, la religion et la tradition en organisant un repas pendant le ramadan.
Provocation ? Il ne fallait pas manquer d’un certain courage, dans ce pays où ceux qui ne respectent pas le jeûne sont persécutés ou condamnés, y compris quand ils ne sont pas musulmans. En cassant la croûte en public, ils veulent aussi casser la chape d’islamisation rampante qui s’est abattue sur ce pays. Il y a 30 ans, pendant le ramadan, les restaurants étaient ouverts à midi, et y mangeait qui voulait. Mais la guerre civile a laissé des traces, bousculé les mentalités, et les rigoristes extrémistes gagnent du terrain, imposent leurs principes et trouvent auprès de l’État une trop grande bienveillance…
Les convives de Tizi-Ouzou ne demandent rien d’autre que le respect des libertés individuelles, cette laïcité qui est, en France, notre joyau républicain. Ce n’est du reste pas par hasard que ce repas se soit déroulé en Kabylie. Ce pays n’a jamais eu l’échine souple, pas plus avec les conquérants arabes que Français. En 1980, on avait même vu un «printemps kabyle», oublié aujourd’hui. La Kabylie a eu ses martyrs, comme le chanteur Lounès Matoub assassiné en 1998…
Cela montre aussi que le monde musulman ne veut pas forcément être un monde islamiste, et l’on voit, ici et là, des signes qui ne trompent pas. La révolte égyptienne contre Morsi signifie bien que le peuple s’est senti dupé et ne veut pas passer sous la coupe des Frères Musulmans. En Tunisie aussi, un petit vent frais est en train de souffler. Tandis que l’exécutif montre une coupable faiblesse vis-à-vis des salafistes, la justice fait bien son travail en rendant un non-lieu au doyen Habib Kazdaghli et en libérant la Femen Amina.
La laïcité doit être défendue toujours et partout pied à pied. C’est d’ailleurs le sens du rapport du Haut conseil à l’Intégration, révélé par Le Monde d’hier. Il entend entre autres, bannir le voile au sein des universités. Et dénonce aussi toutes ces forces rampantes qui tentent de s’incruster dans les interstices de la démocratie pour diffuser leur propagande religieuse. Dans certaines universités, «des écrits de Voltaire, de Pascal ou de Camus peuvent être rejetés». Les extrémistes chrétiens y contestent Darwin et prônent le créationnisme. Ils sont les héritiers directs de ceux, qui, il y a trois ou quatre siècles, allumaient des bûchers.
Dominique Delpiroux
Provocation ? Il ne fallait pas manquer d’un certain courage, dans ce pays où ceux qui ne respectent pas le jeûne sont persécutés ou condamnés, y compris quand ils ne sont pas musulmans. En cassant la croûte en public, ils veulent aussi casser la chape d’islamisation rampante qui s’est abattue sur ce pays. Il y a 30 ans, pendant le ramadan, les restaurants étaient ouverts à midi, et y mangeait qui voulait. Mais la guerre civile a laissé des traces, bousculé les mentalités, et les rigoristes extrémistes gagnent du terrain, imposent leurs principes et trouvent auprès de l’État une trop grande bienveillance…
Les convives de Tizi-Ouzou ne demandent rien d’autre que le respect des libertés individuelles, cette laïcité qui est, en France, notre joyau républicain. Ce n’est du reste pas par hasard que ce repas se soit déroulé en Kabylie. Ce pays n’a jamais eu l’échine souple, pas plus avec les conquérants arabes que Français. En 1980, on avait même vu un «printemps kabyle», oublié aujourd’hui. La Kabylie a eu ses martyrs, comme le chanteur Lounès Matoub assassiné en 1998…
Cela montre aussi que le monde musulman ne veut pas forcément être un monde islamiste, et l’on voit, ici et là, des signes qui ne trompent pas. La révolte égyptienne contre Morsi signifie bien que le peuple s’est senti dupé et ne veut pas passer sous la coupe des Frères Musulmans. En Tunisie aussi, un petit vent frais est en train de souffler. Tandis que l’exécutif montre une coupable faiblesse vis-à-vis des salafistes, la justice fait bien son travail en rendant un non-lieu au doyen Habib Kazdaghli et en libérant la Femen Amina.
La laïcité doit être défendue toujours et partout pied à pied. C’est d’ailleurs le sens du rapport du Haut conseil à l’Intégration, révélé par Le Monde d’hier. Il entend entre autres, bannir le voile au sein des universités. Et dénonce aussi toutes ces forces rampantes qui tentent de s’incruster dans les interstices de la démocratie pour diffuser leur propagande religieuse. Dans certaines universités, «des écrits de Voltaire, de Pascal ou de Camus peuvent être rejetés». Les extrémistes chrétiens y contestent Darwin et prônent le créationnisme. Ils sont les héritiers directs de ceux, qui, il y a trois ou quatre siècles, allumaient des bûchers.
Dominique Delpiroux
insoumise- Nombre de messages : 1288
Date d'inscription : 28/02/2009
Re: Le repas du courage
http://www.ladepeche.fr/article/2013/08/06/1684901-le-repas-du-courage.html
insoumise- Nombre de messages : 1288
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