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Paradoxes des nouveaux autoritarismes

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Paradoxes des nouveaux autoritarismes Empty Paradoxes des nouveaux autoritarismes

Message  Azul Mer 21 Mar - 18:22

La revue « Journal of Democraty », éditée par le NED (National Endowmnent for Democraty) publie, dans son volume 22, un article de ivan Krastev (président du centre des stratégies libérales, Sofia, Bulgarie). Intitulé paradoxes des nouveaux autoritarismes, cet article qui traite principalement de la Russie de Poutine, peut être transposé d’une manière saisissante à l’Algérie. Résumé.

Paradoxes des nouveaux autoritarismes

L’auteur traite deux questions:
1. Pourquoi des régimes autoritaristes survivent-ils dans une ère démocratique ?
2. Pourquoi est-il si difficile de résister (s’en débarrasser) à ces autoritarismes contemporains ?

Pour ce faire, les principales observations se basent sur la Russie post communiste : un Etat fragile faiblement connecté à une société fragile.

Un autoritarisme « convivial »

Il y a trois bonnes raisons pour voir de près comment fonctionne le régime de Poutine dans le cas qui nous intéresse.

1. Ce sont tous les développements politiques dans cette région qui ont façonné les attentes sur les avancées de la démocratie et c’est l’échec de la Russie dans les années 2000 pour instaurer la démocratie qui ont changé les vues sur la globalisation de la révolution démocratique.
2. La Russie est une sorte d’autoritarisme végétatif avec une dose importante de répression, d’atteintes aux droits de l’homme et qui tolère la liberté de voyager, de surfer sur internet et d’entreprendre si on s’acquitte de « la corruption tax ». C’est aussi un régime qui adapte certaines institutions de la démocratie, notamment les élections pour ses propres intérêts.
3. Contrairement au régime chinois qui fonctionne parce qu’, à la fois, les élites et le peuple perçoivent des progrès et des succès dans la politique du pays, le régime de Poutine survit même si les élites et les gens ordinaires le considèrent comme dysfonctionnel et stagnant.

Une résilience inattendue

Pourquoi les gens sont-ils prêts à accepter cette sorte d’ « autoritarisme zombie » et que les théoriciens de la démocratie butent sur sa résilience ?

Pour cela, il faudra revenir sur les appréciations politiques qui prévalaient en occident au sujet de l’URSS communiste et l’échec du monde libre à anticiper la fin de l’Union Soviétique. On peut citer deux raisons majeures à cette problématique. La première est l’existence d’un consensus idéologique qui édicte la stabilité du système soviétique. La droite attribue la stabilité de ce système à une répression implacable et décrit les institutions soviétiques à l’image du KGB et de l’armée comme des institutions impitoyables, intelligentes et efficaces. Pour la gauche, le système offre un accès libre et égalitaire à une éducation et aux soins de santé à tous les citoyens et surestime la légitimité que tire le système d’un tel dispositif. Les illusions des uns et des autres scellent la pérennisation de l’Union soviétique.

La seconde raison découle de la première. Les experts et les politologues étudient comment le système soviétique fonctionne et non la possibilité de la voir s’effondrer. Le crash n’a été envisagé que par des dissidents, des militants politiques et des journalistes.

Il est démontré que « les autoritarismes libéraux » ne sont pas un équilibre stable. S’ils ne fonctionnent pas, ils perdent leur légitimité du moment que la performance est leur seule légitimité pour garder le pourvoir. Mais s’ils réussissent socio économiquement, ils encouragent les aspirations populaires à la démocratie, ce que ces dictatures ne peuvent réaliser sans se remettre en cause.

Les évolutions dans la situation internationale offrent un argument supplémentaire pour contrarier la survivance des régimes autoritaristes dans une ère de démocratisation.

Pourquoi alors ces régimes survivent dans une ère démocratique?

En quête d'explications

Pour les autoritarismes, l’adoption du système d'élections ne représente pas une étape pour une démocratisation mais un moyen de réduire les pressions internationales et contrer l'opposition. La fraude sauve et fragilise le système dans le même mouvement.

Pourquoi est-il difficile de résister à ces régimes et pourquoi ces derniers ne font pas face à de larges protestations de masse ? Poser le problème, exclusivement en termes d’opposition entre démocratie et autoritarisme, c’est risquer de s’enfermer dans deux hypothèses qui consistent à énoncer implicitement : primo, quand un autoritarisme s’écroule, la démocratie va triompher par défaut ; secundo, si la démocratie n’a pas pu s’instaurer, il faut blâmer les forces de l’autoritarisme.

La faiblesse dans la résistance contre les autoritarismes contemporains n’est pas que le fruit de la répression-facteur de la peur. Contrairement à des croyances répandues, l’ouverture des frontières peut, de nos jours, plus stabiliser que déstabiliser les nouveaux régimes autoritaires.

La perversité de l’ouverture des frontières

Des frontières ouvertes permettent aux populations de voir différents modes et styles de vie et ainsi lutter pour réaliser leurs aspirations. Elles permettent aussi l’aide et l’assistance de l’extérieur.

Staline avait la certitude que des frontières tenues hermétiques sont le gage de la sécurité du régime. Il a envoyé des millions de personnes au goulag dont le seul crime est d’avoir connu l’occident ou même l’Europe centrale. Mais Poutine n’est pas Staline. Il ne conçoit pas de diriger la Russie en empêchant les citoyens de voyager. Il gouverne en leur permettant de circuler librement. Pendant que cette ouverture limite les capacités du gouvernement pour manipuler l’opinion, elle offre des opportunités pour promouvoir la survie du régime. Comme le démontre Albert O. Hirschman dans « Exit, Voice et Loyalty », la détérioration d’une situation n’offre que deux alternatives : protester (voice) ou partir (exit). Quand l’alternative de partir est disponible, l’alternative de protestation diminue.

En Russie l’alternative de quitter le pays est attractive pour des pans entiers des classes moyennes qui ont travaillé pour aspirer à un modèle de consommation élevé et qui sont découragés par l’absence d’un potentiel pour une action collective. Les problèmes identitaires et le découragement font que l’option choisie est le plus souvent partir. « En votant avec ses pieds on quitte la Russie parce qu’elle est antidémocratique, en votant normalement, on ne fait pas de la Russie une démocratie ». Dans ce pays, paradoxalement la possibilité de quitter le pays et de travailler ailleurs a conduit au déclin du courant réformiste. Pour beaucoup, quitter le pays est plus facile que de changer de système. Toutes les enquêtes montrent que les classes moyennes russes préfèrent travailler à l’étranger et retourner pendant les congés pour voir amis et parents.

En comparant l’explosion d’énergie pour les réformes dans les années 1980 avec ce manque d’énergie aujourd’hui, on est bien amené à croire que la fermeture des frontières a détruit l’URSS, leur ouverture aujourd’hui aide l’autoritarisme russe à perdurer. Le système soviétique a mis ses citoyens dans une prison, changer le système est le seul moyen de changer sa vie.

Azul
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Message  Azul Mer 21 Mar - 18:22

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